MONTOIT
LE TOUR DU JARDIN
PIERRE GINGRAS
JARDINER
Unhibiscusqui change
soudainement de cou-
leur,deuxépinettes de
formes différentes qui
émergentdumêmetronc,un
amélanchierqui produitunsor-
bier,décidémentlemonde des
plantesétonneratoujours.
Parexemple,Guy Buisson, de
Lavaltrie, se demande pourquoi
un de sesconifères arbustifs
donnedeuxsortesd’épinettes.
Curieuxhasard, depuis deux ou
troisans,undemes mélèzes pro-
duit justement unelongue bran-
cheaufeuillagecomplètement
différent desautres. Et j’ai même
évitédecouper l’excroissance
inusitée pour expliquercequi se
passait auxamisdepassage au
jardin.
C’estque le phénomènesur-
prendtoujoursmêmes’ilest
assez répandu.Cette curiosité
esthabituellementattribuable au
fait quel’arbre de M. Buisson,
commec’est le casdemon mélèze,
estune plante greffée. Parexem-
ple, lesrosiers hybrides de thé
sont grefféssur un porte-greffe,
habituellement un rosier cultivé
àcette fin, quileurdonne une
plus grande rusticité. Il arrive
assez souventd’ailleurs quel’hy-
bridedethé meurtàlasuite d’un
hiverdifficile, mais quelabase
du plantproduise ànouveaudes
tigesaux fleurs très différentes,
habituellement beaucoupmoins
spectaculaires.Ilnes’agitpas
d’un miracle mais plutôt de roses
produitespar le porte-greffe qui,
lui, asurvécu au tempsfroid.
La situationest similairepour
unefoule de variétéd’arbres
décoratifs sans oublierévidem-
ment lesarbresfruitiers.Selon les
photos de M. Buisson, le curieux
végétalest uneépinette
nainedel’A lberta,Picea
glauca «Conica»,unarbuste
de deux àtrois mètres,au
feuillagedélicat,une plante
très populairemêmesi
elle atendanceàjaunir
au coursdel’hiver quand
elle estexposée au vent.Or
«Conica» estsouventgreffé
surune épinette blanchequi
produira parfoisundrageon.
S’il n’estpas coupé,cedrageon
émergeradufeuillagedonnant
l’impressionque deux arbres
proviennentdumêmetronc.
Plus encore,latigeforméepar le
porte-greffe sera beaucoupplus
vigoureuse quelegreffon et le
dominera rapidement.
Dans mon jardin,lemélèze
«Diana », un mutant d’origine
européenne auxbranchestor-
dues et feuilles irrégulières(les
aiguilles d’un conifèresont en
réalités desfeuilles), aproduit
àlabaseune branchedemélèze
laricin, d’aspect complètement
différent et couverte de petites
cocottes. Cetarbre acheté au
Jardin de Jean-Pierre, àSaint-
Christine, près d’ActonVale, aété
greffé suruntronc de mélèze lari-
cincar «Diana »nerésisterait pas
ànotreclimat.Le hic, c’estque
la nouvelle branchepousseàune
vitesse phénoménaleetatteint
actuellement plus de 3m (les
autres atteignent rarement 2m).
Si elle n’estpas éliminéeunjour,
sa longueur pourrait dépasser la
hauteurdel’arbre.
Phénomènerépandu,vous
disais-je. De nombreux caraganas
pleureursproduisent souvent,
un jour ou l’autre, desbranches
dresséesàlabasedutronc.Elles
émergentduporte-greffeformant
un caragana …dressé. Il faut
donc lescouper dèsque possible.
Mêmesituation dans le casdes
arbres fruitiers, notammentles
poiriers.
Je me souviens parailleurs d’un
amélanchiergreffésur tige qui
avaitperdu la tête au coursd’une
bourrasque de vent.Surprise !La
base de l’arbres’était mise àpro-
duire… un sorbier. Un pépinié-
ristem’a alorsexpliquégentiment
quecetyped’amélanchier était
greffé surun… sorbier.
Situationplutôtinusitéeaussi
chez Michel Fortier, de Montréal,
dont l’hibiscus d’intérieuradonné
unenouvelle brancheproduisant
desfleursaux colorisdistincts
desautresfleursdel’arbuste.
Normalement, la floraisondeson
hibiscus estdecouleur orangée
alorsque la branchemystérieuse
donnedes fleurs rose foncé. Le
plantest âgéde28ans.
Spécialistedes hibiscus,l’hor-
ticulteurFrançoisParéexplique
qu’ils’agitprobablementd’une
mutation,cequi estrelativement
fréquent chez cetteespèce(Hibiscus
sinensis). Deux de sesplantsont
d’ailleurs le même comporte-
ment,dit-il. «Lechangementde
couleurest parfoistemporaire
mais souvent, il persisteetreste
stable.Habituellement, lesnou-
velles couleurs sont plus pâles,
peuintéressantes,comme cela
se produitdanslaplupart des
casdemutation.»Toutefois,sile
nouveaucolorisest intéressant,il
suffit de fairedes boutures avec
la branchemutante pour obtenir
desplantspossédant lesmêmes
caractéristiques. Unefoule de
nouvellesvariétéssont d’ailleurs
issues de mutation.C’est le cas
notammentdel’épinettenaine de
l’Alberta.
Curiosités végétales
PHOTO FOURNIE PAR
MICHEL FORTIER
L’hibiscusdeMichel
Fortieracommencé
àproduire des
fleurs rose foncé,
vraisemblablement
àlasuited’une
mutation.
PHOTO RÉMI LEMÉE, LA PRESSE©
La branche inusitée produiteparle porte-greffe àlabase demonmélèze
«Diana»pousse àvued’œil.
Une pensée parmilesorchidées
Ses fleurs ressemblent à
unepensée géante et déga-
gent un agréable parfum
de citronnelle. L’orchidée
portelenom de Miltoniopsis
«Herralexandre ». Elle aété ache-
téeenbourgeons prêtsàouvrir
lors de l’OrchidExpo,aucollège
Maisonneuve,le25marsdernier.
La dernière fleurest tombéeàla
finjuin,soitaprès un bontrois
mois de floraison.
La plante m’aété recommandée
parceque la pièceoùj’installemes
orchidéesest plutôt fraîchelanuit
(15à17C,aucours de l’hiver),
qu’ellesecultive aussifacilement
queles phaleanopsis et bien sûr,
en raisondeson parfum.
Parfoisappelés «orchidées-pen-
sées»les miltoniopsis sont très
voisinsdes populaires miltonias
et la distinctionentre lesdeux
groupesfaitappel àdes subtilités
quiéchappentàlaplupart des
amateurs.Ils sont d’ailleurs ven-
dusindifféremment sous l’un ou
l’autrenom.
Relativement peu connus,les
miltoniasetleurs cousinsattei-
gnent60cm, fleurissent souvent
deux fois parannée,auprintemps
et en automne, et ont desexigen-
cessemblablesaux phaleanopsis.
Mais il estconseillédeleurépar-
gner,danslamesuredupossible,
lesgrandeschaleursestivales en
lesplaçant dans un endroit fais.
Ellesvont d’ailleurs tomber en
dormance au-dessus de 27 C. La
plupartdes variétés sont parfu-
mées et émettent habituellement
uneodeur de citronnelletrès
perceptible.Les fleurs auxcoloris
spectaculaires atteignent un bon
10 cm de diamètre,dumoins chez
«Herralexandre »–qui doit son
nomincidemment àundeses
parents, le miltonia «Alexandre
Dumas».Assez répandu, le culti-
var«Herralexandre» a été enregis -
tréen1992.
Certains estiment queces espè-
cessont relativement difficiles à
fairerefleurir,maisilsuffithabi-
tuellement de leur donner un coup
de poucelorsque lesnouvelles
poussescommencentàfaire leur
apparition,dansles semaines
suivantlafin de la floraison. Une
fertilisation avec uneformule 30-
10-10(engrais àthuya)ouencore
avec engraisbalancé (20-20-20)
devrait fairel’affaire.
Lesmiltonias sont peu fré-
quents dans lesgrandessurfaces
àcause de la relative fragilité de
leursfleurs. On lestrouvedans
lespépinières et lesjardineriesqui
accordentune certaine importance
auxorchidées de même quechez
le producteur de Laval, le Paradis
desorchidées.Ils coûtentde25à
50$, parfoisdavantage selonl’âge
et l’envergureduplant.
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Unhibiscuspanaché
Malgrélapluie desder-
niersjours,lejardin
estdansune forme
splendidemêmesi
lesbouleaux, particulièrement
le bouleaunoir, se sont délestés
de nombreuses feuilles durant la
période de grandeschaleursàla
mi-juin.
Plusieursannuelles poussent
merveilleusement bien notam-
ment lesfameusesExceptionelles,
du moinscellesque j’affection-
nais particulièrement commeles
euphorbes«DiamondFrost», les
pattes de kangourou, lescléomes
«SenoritaRosalita», lespens-
temon«PhoenixRed», toutes
desplantesqui curieusement
ne semblent pasavoir connuun
grandsuccèsauprèsdes consom-
mateurs, exceptionfaite de
l’euphorbe.Pourtant, ellessont
jolies et très florifères.D’ailleurs
en findesemaine dernière,
aucune Exceptionnelle ne figurait
dans lesseptjardinsouverts au
public dans le cadreduSymposium
Arts et JardinsdeBoucherville.
Autrenouveauté, provenant
cette fois lors de ma tournéeàla
JardinièreduNord,àSaint-Félix-
de-Valois, unemaisonréputée pour
sesannuelles,n’a pasconnu le suc-
cèsattendu.Ils’agitdel’hibiscus
acetosella «HaightAshbury», au
feuillagepanaché,une splendeur à
monavis, en raisondeses feuilles
rougebourgogne marbrées de
taches rose clair. D’origineafricaine,
leshibiscusacetosellasont vendus
commeannuelles,avant tout pour
leur feuilles découpées, semblables
àcellesdel’érableouencore,dela
marijuana, mais de couleurrouge
très foncé. Du nomducélèbrequar-
tier de SanFrancisco, le cultivar
«HaightAshbury» se démarque
desautrescultivars acetosella.Il
atteintunbon mètreetl’automne
venu,ilpeutentreràlamaisonet
devenir plante d’intérieurcomme
lesautreshibiscusdugroupe,
dit-on.Une expérienceque je n’ai
cependant pasréalisée faute d’es-
pace.Ces plantesproduisent rare-
ment desfleurssousnos climats.
Autres sujets de satisfaction:les
criocèresdulis ont semblé moins
nombreux cet étépar rapport au
passéetles lisont commencéleur
floraisonsansque leur feuillagene
soit trop dégarni. Incidemment, on
peutfacilementsedébarrasserdes
larves en arrosant le feuillageavec
un jetd’eau puissant commeonle
fait pour éliminerles pucerons.
Parailleurs mon jardin alpin,
aménagéàlafin de l’étédernier,
me ravittousles jours. Facile à
construire,ilest surélevé,logedans
un petitespaceetcompte uneving-
tained’espèces de plantes. Un beau
projet pour le mois d’août ... Si cela
vous tente, je vous en reparle.
PHOTOBERNARD BRAULT,LA PRESSE©
Les feuilles del’hibiscus«HaightAsbury»sontmarbrées derose.
La planteatteintenviron 1m.
PHOTO ARMAND TROTTIER,LA PRESSE©
Lemiltoniopsis «Herralexandre »
émetundoux parfumdecitronnelle.
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LA PRESSEMONTRÉALSAMEDI 14 JUILLET2007 MONTOIT7