Parmi les amibes libres de l’environnement, certains genres ont été plus étudiés et
sont connus pour tolérer de grandes gammes de variation de température, osmolarité, pH,
salinité (e.g. Acanthamoeba) alors que d’autres y sont plus sensibles (e.g. Naegleria)
(Trabelsi
et al., 2012)
. D’autres genres n’ont pour leur part, pas encore fait l’objet d’études (e.g.
Willaertia, Micriamoeba, Echinamoeba).
Nous formulons l’hypothèse que les amibes présentes dans des sols fortement
anthropisés (soumis à divers stress chimiques et/ou physiques), sont des réservoirs de
bactéries porteuses de pompes à efflux et que dans ces conditions, l’interaction avec les
amibes est susceptible de faire émerger des bactéries au phénotype MDR.
Objectifs et programme de thèse
Le travail doctoral se positionne dans un contexte d’interaction bactéries – micro-
eucaryotes du sol. Il s’intéressera aux amibes libres du sol en tant que réservoirs d’espèces
bactériennes porteuses de pompes à efflux et à l’identification de conditions favorables à
l’émergence du phénotype MDR dans le contexte de cette interaction.
Les objectifs seront i) d’étudier la diversité génotypique et phénotypique des amibes
présentes et celles des populations bactériennes associées aux amibes à partir de sols en
recherchant plus particulièrement les bactéries porteuses de pompes à efflux ii) de
caractériser l’interaction amibes – populations bactériennes porteuses de pompes (survie,
multiplication), iii) d’étudier l’expression des systèmes d’efflux bactériens dans le contexte
de l’interaction bactéries - amibes.
Démarche expérimentale :
Diversité des amibes et de leur microbiome
À partir d’échantillons de sols récoltés de situations contrastées (soumis à différents
stress chimiques, physiques), les populations amibiennes indigènes seront isolées par
approche culturale et identifiées. Les populations bactériennes porteuses de pompes à
efflux seront isolées par approche culturale et caractérisées génétiquement (contenu en
pompes à efflux) et phénotypiquement (phénotype de résistance aux antibiotiques). La
prévalence des populations amibiennes et bactériennes sera mise en regard des
caractéristiques physico-chimiques des sols.
Interaction amibes – populations bactériennes porteuses de pompes à efflux
L’étude de la survie et de la multiplication des bactéries dans les amibes sera réalisée
par microscopie ou quantification après marquage des souches bactériennes associées aux
amibes précédemment isolées.
En parallèle, l’étude de la caractérisation de l’interaction sera conduite sur l’espèce S.
maltophilia pour laquelle nous disposons de souches dont les génomes ont été séquencés et
dont les phénotypes de résistance sont disponibles (et différents). Les tests d’interaction
seront menés avec différents genres d’amibes (Acanthamoeba, Willaertia, Micriamoeba,
Echinamoeba, Naegleria).
Expression des systèmes d’efflux lors de l’interaction bactéries - amibes
Des souches bactériennes caractérisées pour leur contenu en pompes à efflux seront
mises en contact avec les amibes modèles en présence de stress différents (e.g.
température, éléments traces métalliques, …). Après application du stress, un suivi temporel
sera réalisé afin d’évaluer d’une part le niveau d’expression des pompes à efflux par mesure
du taux de transcrits en fonction des conditions testées et d’isoler d’autre part, les bactéries
et décrire les phénotypes de résistance associés.
Ce projet sera co-encadré par Bénédicte Coupat-Goutaland (UMR CNRS 5240) et sera
environné par les programmes de recherche des deux équipes d’accueil.