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LeS SecTeuRS de LA NOuVeLLe cROiSSANce : uNe PROjecTiON à L’hORizON 2030
adéquates se portera mieux que celui qui ne le fait pas. Cette approche n’est pas
erronée en elle-même mais elle peut conduire à une prospective des « si… »,
ou à une invocation trop rituelle de l’économie de la connaissance. On ne peut
se contenter d’affirmer qu’il faut investir dans le matériel et l’immatériel : il faut
dire qui le fera, et avec quelles contraintes de financement et de faisabilité.
Pour aller plus loin, il faut s’essayer à identifier à la fois les secteurs qui
seront créateurs et destructeurs d’emplois à long terme, et les conditions
dans lesquelles la dynamique des activités pourra ou non se déployer.
Quels ressorts endogènes, quels facteurs de renouvellement entraîneront un
mouvement de destruction créatrice ? Inversement, comment les incertitudes
macroéconomiques influeront-elles sur les activités économiques ? C’est
l’ambition du présent rapport que de répondre à ces questionnements.
La scénarisation s’appuie sur le modèle NEMESIS développé par le laboratoire
Érasme. Elle repose sur un double postulat. Le premier, c’est que les
interrogations sur la croissance peuvent être éclairées à partir de ce que l’on
sait dès à présent des ajustements à venir. Nous connaissons certains des
chocs susceptibles d’affecter les économies et nous avons pu estimer par le
passé les réactions moyennes à ces derniers. Cette connaissance doit être
mobilisée pour réduire l’incertitude.
En second lieu, nous avons choisi, pour cet exercice modélisé, de travailler
la croissance pour ainsi dire « en épaisseur », c’est-à-dire en introduisant la
problématique sectorielle. Cela a pour principal avantage de permettre de sortir
de l’abstraction du PIB agrégé. Cela confère à l’exercice une réalité physique.
La croissance de demain sera le fait de spécialisations, de la mobilisation de
compétences bien précises. Elle résultera de l’interaction entre les secteurs
et de leur capacité à gagner des parts de marché.
Interroger la dynamique sectorielle, c’est se poser la question des capacités
de notre tissu économique à résister dans la crise et à nourrir la croissance
de demain. C’est aussi une manière d’identifier les moyens d’accompagner
les changements : il s’agit non seulement de mettre en place les nécessaires
reconversions de métiers qu’ils impliquent mais aussi de faciliter cette
transition par des politiques incitatives micro ou macroéconomiques. Il est des
secteurs qui doivent faire l’objet d’une attention particulière non seulement
parce qu’ils constituent des moteurs essentiels de notre économie à moyen
et long terme, mais aussi parce qu’ils sont particulièrement vulnérables
à la concurrence internationale comme aux conditions de financement. Leur
déclin éventuel pourrait durablement affecter les ressorts de notre croissance