SOMMAIRE - APEF-74

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la feuille
Cette année, la FAO (Organisation des Nations
Unies pour l’alimentation et l’agriculture) a décidé de braquer les projecteurs sur les sols, ces alliés
silencieux de l’humanité. Voici donc l’occasion de pointer du doigt les risques qu’ils encourent et de
souligner la nécessité qu’il y a de les préserver.
SOMMAIRE
2Haro sur le chat !
3Qui a vu le cincle plongeur ?
4La vie de chevêche
5L’Apef proche de vous
6Les Galles, qui sont-elles ?
7La visite du Sidefage
8Une courte vie de lynx
L'agriculture d’aujourd'hui est dans une impasse. L'intensification n'a pas été capable d'arrêter la famine, mais elle a épuisé des millions d'hectares de sol et dégradé la qualité
nutritive des aliments. Fondée sur une conception très réductrice du sol considéré comme un
support inerte, l'agronomie n'a pas su développer une agriculture durable. Elle s'enlise dans
les OGM – qui menacent la biodiversité et rendent les agriculteurs prisonniers des semenciers
– ainsi que dans les agro-­‐carburants qui provoquent une hausse brutale du prix des denrées agricoles affectant plus particulièrement les pays les moins développés. Cette situation a
engendré les émeutes de la faim en 2007-­‐2008 (Jean Ziegler, rapporteur des Nations Unies
pour le droit à l’alimentation, parla même de crime contre l’humanité). Heureusement, il existe des expériences réussies d'autres formes d'agricultures, dites
biologiques, biodynamiques, permacoles, agroforestières, basées sur les dernières recherches
en microbiologie du sol. Ainsi, Claude et Lydia Bourguignon proposent une nouvelle voie pour
l'agriculture du XXIe siècle : l'agrologie, sciences de l'agriculture écologique, fondée sur une
perception fine des relations complexes qui unissent le sol, les bactéries, les plantes, les
champignons, les animaux et l'homme. Elle développe l'usage de nouvelles espèces déjà
sélectionnées par la nature pour leur aptitude à restructurer les sols, à récupérer les engrais
lessivés par les pluies, à pousser sur des sols pauvres ou arides, remettant en cause le labour,
et exposent une nouvelle évolution verte qui, par l'application des lois de la biologie des sols,
permet de restaurer une fertilité durable grâce à des techniques comme le semis direct sous
couvert, le BRF (bois raméal fragmenté, mélange non composté de résidus de broyage de
branches), le compost, etc.
Le paysan devenu exploitant agricole doit maintenant devenir un véritable agriculteur qui
pour la première fois dans l'histoire, cultivera la terre sans l'éroder, en l'aimant et en la
respectant comme un être vivant.
Pour en savoir plus sur la problématique des sols, visionnez
les explications de Claude Bouguignon en cliquant sur l’icône :
Retrouvez toute l’actualité et les anciennes parutions de
l’Apef sur www.apef74.org, ou en cliquant… sur la souris !
Journal numérique de l’ APEF, association pour la protection de l’environnement de Feigères – mars 2015
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la feuille
Haro sur le chat !
Le comité de l’Apef
a la chance d’avoir comme membre un naturaliste confirmé, Marius Vuagnat. Sa thèse pour l’obtention du titre de «bachelor en gestion de la nature» porte sur la prédation du
chat domestique. En amoureux des chats Marius ne voulait pas se
contenter de raconter leur côté de grâce charmante, mais aussi se
faire une idée plus précise de leur côté prédateur.
Une revue fouillée de la littérature sur le sujet avait convaincu
Marius que le chat domestique est une espèce invasive, un
redoutable prédateur qui peut perturber les écosystèmes jusqu’au déclin d’espèces indigènes. En effet, le chat, étant un animal
domestique, n’a pas d’ennemis naturels…
Le chat est reconnu pour être la cause de l’extinction de 33 espèces d’oiseaux dans des îles. De multiples études en milieux urbain et rural
ont été réalisées dans différentes contrées, mais pas encore en
France continentale. Le travail de Marius est donc une innovation.
Cette thèse, dont nous donnons ici quelques résultats, est
remarquable par sa méthode, ses analyses fines de toutes les
variables, son originalité et ses conclusions.
Comment s’y prend-on pour réaliser une étude afin que les résultats
apportent des indices fiables sur la prédation du chat domestique ?
Tout d’abord, Marius a décidé d’effectuer sa recherche dans le village
de Feigères (milieu péri-urbain). Puis il a opté pour 2 axes différents:
l’un a consisté à déterminer le domaine vital de 5 chats autour de
leur domicile, afin d’étudier l’espace de divagation des chats; l’autre,
à mener une enquête auprès de 30 propriétaires (concernant 44
chats) en leur demandant de récolter leurs observations du nombre
et des espèces de proies ramenées à domicile, et tout ceci sur une
période de 3 mois (période choisie en fonction de la nidification des
oiseaux et de l’éclosion des petits), ce qui lui a permis de quantifier
les proies en fonction du nombre de chats. Le nombre d’espèces d’oiseaux recensées officiellement sur Feigères est de 111. Dès lors, il
pouvait évaluer la dangerosité des prises du chat à l’encontre des
espèces d’oiseaux. 9 espèces d’oiseaux ont été
relevées parmi les 69 proies : 40
moineaux, 9 merles, 4 mésanges
(indéterminées), 3 fauvettes à tête noire, 3 rouges-queues noires, 1
hirondelle rustique, 1 mésange bleue, 1 tourterelle turque, 1 verdier,
etc… Ce sont toutes des espèces qui nichent à Feigères. En Europe,
toutes ces espèces ont des effectifs en augmentation, sauf les
moineaux dont les effectifs qui ont beaucoup diminué entre 1980 et
1995 sont stables depuis lors.
Pour généraliser ses résultats à l’ensemble de la commune, Marius a
déterminé le nombre de chats sur une surface continue en zone UB
de 4,22 ha (en faisant du porte à porte). Il y en a trouvé 29. Par
extrapolation sur la surface totale type UA et UB de la commune, de
81,33 ha, cela donne pour notre village une population d’environ 559 chats domestiques ! Soit une densité de 6,87 chats à l’ha. Quant au nombre de proies, Marius calcule que les chats domestiques ont tué,
sur une période de 3 mois, entre mi-avril et mi-juillet, 2068 proies,
dont 878 oiseaux, 1090 micro-mammifères et 100 reptiles… A
première vue, ces résultats sont pour le moins… terrifiants !
A la suite de ces observations, Marius ne pouvait qu’être conforté dans ses convictions que le chat domestique est un prédateur qui
peut menacer les écosystèmes naturels et, à la fin de son travail, il
propose quelques pistes permettant de protéger les oiseaux.
Cependant le travail de Marius nous invite également à une autre
lecture : il n’est en effet pas évident que la prédation des chats,
comme elle a été démontrée, soit dommageable sur la population
des oiseaux, puisque l’on constate que les espèces concernées sont
actuellement en progression. Et si la prédation des petits mammifères se révélait bénéfique pour nos activités humaines, alors on
pourrait affirmer qu’il y a, dans nos régions, un équilibre entre la
faune sauvage et la population de nos chats domestiques. Dans ce
sens, le chat ne serait pas ce redoutable prédateur perturbant nos
écosystèmes !
Pour connaître leur domaine vital, les chats choisis pour l’étude ont
été munis d’un collier émetteur qui permettait de savoir si le chat
était actif ou non et de le localiser par radio télémètrie, et ceci par
tranche de 6 heures, nuits comprises.
Pour chacun des 5 chats, l’auteur a collecté 72 points de localisation, couvrant 6 cycles de 24 heures. Les résultats montrent que chaque
chat reste dans son périmètre d’activité, qu’il n’est pas très grand (sauf pour l’un des chats) et que les périodes où il est le plus actif
sont le matin et la soirée (période estivale).
Quant aux enquêtes, un questionnaire a été remis aux propriétaires
de chats, volontaires pour cette recherche; ils devaient donner d’une part les caractéristiques de leurs chats et d’autre part relever le nombre de proies ramenées à domicile. Le total des proies identifiées
par les propriétaires est de 163, dont 86 micro-mammifères, 69
oiseaux, et un reptile. Un quart de l’effectif des chats n’a ramené aucune proie à domicile et un quart en a tué plus de la moitié!
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Journal numérique de l’ APEF, association pour la protection de l’environnement de Feigères – mars 2015
la feuille
L
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Le petit plongeur de la Folle
La biodiversité feigeroise abrite une multitude d’êtres vivants, des TEXTE : Romain
Buenadicha
PHOTO : Jean Bisetti
plus bavards aux plus discrets. En voici l’exemple avec un petit merle d’eau timide et bien particulier, le cincle plongeur, aperçu pour la première fois sur la commune début 2014…
Défiant la course folle du courant, nous sommes l’âme de la rivière.
Venez, patients et respectueux des lieux, nous observer le long de la Folle.
Randonneurs ! Depuis notre nid en forme de dôme situé au raz de
l’eau, ou perchés sur une pierre au milieu de la Folle, ma compagne
et moi vous avons longuement observés. Timides, nous avons
néanmoins décidé de nous montrer furtivement ce printemps à deux
promeneurs habitués et respectueux des lieux.
Préférant aux bruits de l’homme la tranquillité des cours d’eaux, ce n’est pas tout à fait par hasard que nous avons élu domicile dans ce
havre de paix le long de La Folle, car parmi les nombreuses
discussions à tire d’aile de nos semblables à plumes, nous avons eu vent d’une nichée de chevêches à Feigères : de si jolis poussins
demandent un environnement calme et préservé pour éclore. Cela
tombait à pic ! Nos exigences vis-à-vis de notre biotope sont aussi
très élevées. Nous avons tout de suite décidé de prospecter cette
commune, et quel bonheur de l’avoir trouvée! Combien de ruisseaux bétonnés, pollués ou bruyants avons-nous dû
traverser ! Mais nous y voilà. Rapide et peu profonde, la Folle semble
remplir toutes les conditions pour notre future famille.
C’est en tirant de petites révérences depuis un poste au milieu du lit de la rivière que nous développons notre technique si particulière.
Agrippant les pierres du fond de la Folle, nous remontons le courant
la tête baissée en fouillant le lit de la rivière. La force du courant,
appuyant sur notre dos courbé, nous maintient collés sur le fond.
Oui, nous chassons en nageant sous l’eau ! Mais nos ailes restent
l’outil principal pour nous y mouvoir. De temps à autre, quand cela nous chante, nous chassons des insectes au-dessus de la rivière avec
un vol droit et rasant.
Ma compagne pond en mars-avril de quatre à six œufs blanc brillant. Au bout de quinze jours, les premiers cris se font entendre dans le
nid moussu. Mais le doux bruit de l’eau nous camoufle des prédateurs. Vingt-cinq jours plus tard, nos poussins sont fin prêts
pour l’envol et pour mener leurs propres aventures.
Nous espérons qu’eux aussi puissent trouver un jour une rivière aussi saine que la Folle …
Pour nous reconnaitre ? Pas facile… Ma compagne et moi sommes quasiment identiques. Petits merles d’eau à plastron blanc et au bec
noir serait une bonne description. Mais notre comportement de
chasse saura vous aider à nous repérer.
Journal numérique de l’ APEF, association pour la protection de l’environnement de Feigères – mars 2015
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la feuille
TEXTE & PHOTOS
Elsbeth Zürcher
L’été de nos chevêches
Le
village de Feigères comprend de nombreux observateurs
d’oiseaux aguerris. L’une d’entre eux, passionnée et mandatée par
la LPO, s’est particulièrement intéressée à la présence des chevêches (voir nos articles dans la Feuille 2014) sur la commune. Elle a tenu
un petit journal de ses observations, en y intégrant les confidences
d’une des petites chevêches, murmurées dans le silence de la nuit
tombante (en italique). Ce journal était destiné à une famille voisine
de leur arbre et non à être publié. Cependant, nous en avons
obtenu l’exclusivité.
24.06.2014
Chère famille hôte de nos chevêches d'Athéna !
Nous avouons que, pour un temps qui nous a semblé interminable,
nous avions des doutes. Que se passe-t-il dans ce chêne ? Que se
passe-t-il dans le nichoir ? Depuis deux soirs maintenant, il y a du
mouvement, un aller-retour ininterrompu des deux adultes qui
semble indiquer qu'il y a bel et bien une couvée cette année
également. Enfin… croisons les doigts.
À partir du moment où les parents commencent à nourrir les
poussins, il faut compter quatre semaines avant que ce jeune monde
sorte, encore peu agile et sautillant d'une branche à l'autre.
Disons... dernière semaine en juillet ? Nous vous tiendrons au
courant, dès que nous avons des nouvelles plus précises.
04.07.2014
Et bien non, aucune de nous, chevêche, n’a adopté un des nouveaux nichoirs posés un peu éparpillés dans la commune… Ce sont trois fois des mésanges qui s’y sont installées. Patience, peut-être l'année
prochaine… car en juin il y avait à nouveau des jeunes sortis du
nichoir près de la ferme ! Combien ? Je ne sais toujours pas
compter, mais il me semble que nous sommes trois. Celui qui est sorti
le premier se repose souvent sous le toit de la grange à côté du
Chêne. Il prend son bain de soleil et se réfugie vite dans le tas de bois
quand il se sent en danger.
On aimerait beaucoup remercier le fermier qui a protégé les troncs
des deux chênes, et ses vaches qui se sont mises discrètement dans le
champ à côté quand nous étions encore vraiment petits et incapables
de voler… Merci mille fois !
08.07.2014
Ce soir, après la pluie, je suis allée voir…
Deux adultes et au moins deux jeunes. Les jeunes volent, un peu
comme de légères boules au ralenti, se posent sur un pilier à quatre
mètres de ma voiture, se frottent l'un contre l'autre, chassent ensuite
dans un jardin privé. Un des jeunes est nourri par un adulte, puis se
pose à trois mètres de moi sur un poteau : un regard intense, curieux,
confiant, aux grands yeux jaune citron… un peu audacieux ? Un va-etvient incessant entre la grange, le chêne et un immense tilleul ;
difficile de suivre – et de compter – les individus.
15.07.2014
Ouf, enfin les fêtes de Feigères sont passées, le 14 juillet aussi avec
ses feux et bruits artificiels qui nous impressionnent… Depuis quelques
jours nous sommes sortis de notre nichoir et nous nous trouvons
éparpillés dans notre Chêne. Combien sommes-nous ? Eh bien nous
ne le savons pas encore, car ces prochaines semaines vont être
difficiles pour nous… Beaucoup de prédateurs espèrent nous attraper,
comme le couple de corneille noire, peut-être aussi une fouine qui
grimperait le Chêne ? Et nous sommes un peu insouciants, nous
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sautillons et voletons d'une branche à l'autre... et c'est vite fait de
tomber dans l'herbe.
Ne soyez pas surpris si ces jours plusieurs personnes viennent voir
notre Chêne, car la LPO s'organise ! Et comme ce sont des gens
sérieux, ils veulent prospecter où mettre un deuxième nichoir pour
nous les jeunes, car nos parents, fin été, vont nous dire : "Maintenant
ça suffit, il faut devenir grand et indépendant !" C'est-à-dire trouver
un autre logement, un trou dans un arbre, ou un nichoir construit par
un groupe de l’APEF pour la LPO, ce que nous préférerions, bien
évidemment.
31.07.2014
Ce soir, la famille est complète : deux adultes, deux jeunes. Les
jeunes quémandent, les adultes se nettoient. Un jeune se hasarde
dans des acrobaties périlleuses dans l'arbre. Soudain une querelle
éclate entre un jeune et un adulte qui poursuit le jeune d'une
branche à l'autre, souvent retourné et accroché par les serres,
plusieurs cris inhabituels... La nuit tombe, tout le monde commence à
chasser.
Serait-ce déjà le début du moment où les adultes expulsent les
jeunes ? Pauvres petits... ils ont encore leur visage naïf... la vie sera
dure.
06.08.2014
Bonjour famille voisine !
Comment est l'été pour vous ? Ça ne doit pas être très facile de
ramasser l'herbe, le foin et tout ce dont vous avez besoin pour
l'hiver... Nous, par contre, on mange beaucoup de vers de terre qui,
eux, adorent la pluie.
A la prochaine, de je-ne-sais-pas-où...
18.09.2014
En nettoyant notre nichoir nos deux ornithophiles ont récupéré la
litière "sale"... Il y avait un œuf écrasé, très malodorant, au fond de la litière. Est-ce que c'était un petit frère qui n'est pas sorti de sa
coquille ? Et aussi beaucoup de poils et des os de rongeurs, des
plumes, des pelotes. Bref, quelqu'un de la LPO s'intéressera et
étudiera ce que nous avons mangé pendant toute une année... Enfin,
nous avons reçu une couche de litière fraiche. Quel plaisir !
Nos
deux
jeunes
adolescents
semblent être partis chercher
un nouvel appart et un
territoire... l'hiver sera
difficile. Bonne chance !
Puis, il y a deux jours,
pour nous procurer plus
de soleil, la LPO a
déplacé le nichoir de
quelques mètres dans un
autre grand chêne et
nous avons maintenant
la vue sur le Vuache
avec soleil du soir. Et
pour faire plaisir à nos
collègues
les
pics
épeiches, un joli nichoir
a remplacé l'appartement qui nous était
destiné.
Journal numérique de l’ APEF, association pour la protection de l’environnement de Feigères – mars 2015
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Pique-nique champêtre
au Stand du Tir
Une vingtaine de personnes ont répondu dimanche, en fin de
journée, à l’invitation lancée par l’association pour la protection de l’environnement de Feigères (Apef), qui organisait un piquenique champêtre à l’ancien stand de tir réhabilité. Une initiative pour encourager l’activité pédagogique, sauver la zone humide et
favoriser les visites.
A l’entrée du site, un panneau didactique et informatif a été installé. On y apprendra que dans l’histoire de Feigères, l’eau est prépondérante, que la source de ce site ne se tarit pas, même en
été, et que l’eau était si pure que les passants pouvaient la boire.
Ce site est doté d’une grande biodiversité naturelle qui favorise l’approche de l’environnement patrimonial. On est donc passé
ainsi du fusil (les hommes s’entraînaient à tirer dans cet ancien stand de tir) aux jumelles pour observer une nature préservée.
A noter aussi que les arbustes, avec des fleurs mellifères ou des
baies, sont utiles pour la faune. La mare abrite insectes, poissons,
batraciens et reptiles.
Michel Sallin, quatrième adjoint au maire, était présent ainsi que
Jean-Claude Rey, conseiller municipal et vice-président du
Syndicat mixte du Salève, qui a tenu à remercier toute l’équipe de l’Apef, les enseignants de l’école primaire qui avaient planté une haie indigène en 2010 avec les enfants, et Michelangelo
Flückiger, biologiste de formation et professeur de psychologie à
l’Université de Genève, pour sa contribution scientifique.
Par Corinne Kolter, in Dauphiné Libéré
La journée des vergers
L’Apef a participé à la journée des vergers à St-Julien. Si l’on a pu Le jour de la nuit
déplorer le manque de visiteurs pour les films et les conférences, le
stand central (où étaient exposés des quantités de pommes et
poires) était magnifique et comme les fruits pouvaient être goûtés
sur place, les visiteurs y flânaient volontiers. Notre stand a
également connu un franc succès : les visiteurs alléchés par la
confiture de cornouille et de prunes se sont intéressés d’abord au cornouiller (si la plupart des gens ne connaissaient pas cet arbre, un
certain nombre en avait vu, mais personne ne savait que ses fruits
donnaient de si bonnes confitures), nous pouvions ensuite aborder
d’autres thématiques, telles les haies indigènes, le Stand du Tir et les actions de l’Apef.
Rendez-vous était donné cette année au Stand du Tir. La soirée
est douce, couverte ; les nuages réfléchissent énormément les
lumières de Genève et d’Annemasse : notre nuit est trop claire.
La présence inattendue de 14 enfants invités par l’un des leurs à un anniversaire, met une joyeuse animation. La plupart des
enfants avaient participé à la plantation de la haie et
connaissaient Elsbeth, la dame aux planètes. C’est l’occasion de leur expliquer le rôle de l’Apef sur ce site et de leur proposer une animation au sujet de notre environnement.
Une collation bienvenue et copieuse (environ 30 participants) est
couronnée par un délicieux vin chaud.
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la feuille
TEXTE & PHOTOS
Ce que nous cachent les galles
Les avez-vous vues, dressées comme des pépins sur les feuilles de
tilleul ou comme des petites pommes suspendues à des feuilles de
chênes ? Ce sont des galles. En langage de naturaliste, des cécidies.
Est-ce une maladie de la plante, une sorte de tumeur puisqu’il y a prolifération anormale des cellules de la plante ? Non, il ne s’agit pas d’une tumeur, cette anormalité de la plante n’est pas due à une pathologie.
Si vous prenez une galle et que très délicatement vous la coupez,
vous y verrez nicher une ou plusieurs larves. Est-ce alors l’effet d’un parasitisme d’un insecte dans la plante (organisme qui vit au détriment du végétal) comme les cocons de chenilles de papillons ou
d’araignées sur les végétaux dont elles se nourrissent jusqu’à dévorer la plante et la détruire ? En fait, même si elles se nourrissent de la
sève de la plante, les larves contenues dans ces galles ne sont pas des
parasites de cet ordre; dans la nature, les végétaux ainsi parasités ne
souffrent pas. Une galle est produite par la combinaison entre
espèces (interspécifique) d’œufs puis de larves d’insectes dans un végétal qui leur sert d’hôte pour leur développement ; la plante n’est ni détruite ni affaiblie par les larves qu’elle héberge.
Isabelle Flückiger
Là, voici sur une feuille de hêtre une galle
qui ressemble à un pépin d’orange (Mikiola fagi) ; elle est ovoïde, terminée
en pointe de consistance ligneuse.
Chacune de ces galles ne contient qu’une larve. A maturité, les galles se détachent
de la feuille et tombent sur le sol où
l’insecte passe l’hiver.
Sur l’euphorbe petit-Cyprès, cette galle
est due à un insecte qui ressemble à un
petit moucheron et dont nom
scientifique est Bayeria capitigena; il
pond sur la pousse terminale de
l’euphorbe ce qui la transforme en un amas globuleux, comme un artichaut, de
feuilles élargies et soudées, blanches ou
rouges .
On connaît un nombre considérable d’insectes cécidogènes (qui ne
peuvent se reproduire que grâce aux galles qu’ils induisent) ainsi qu’un nombre non moins important de végétaux qui les hébergent. Un même végétal peut être l’hôte de nombreuses galles. Le chêne,
par exemple, peut héberger une centaine d’espèces de galles différentes. Certains insectes ne choisissent qu’un hôte, d’autres des
espèces du même genre. De nombreux autres organismes (bactéries,
nématodes, champignons) produisent également des galles. Ici nous
ne parlerons que des galles induites par des insectes, de celles qui
sont tout-à-fait reconnaissables par tout observateur. Chaque type
de galle est spécifique d’ une espèce d’insecte. Cette galle de l’églantier est poilue ; son
nom commun est bégéda (le nom
scientifique est Diplolepis rosae). Ces
galles peuvent atteindre de grandes
tailles. Elles ont été utilisées dans la
pharmacopée d’autrefois contre les troubles digestifs, les affections urinaires,
et réduites en miettes elles ont servi de
tabac. Elles sont fixées sur les tiges, et
persistent sur le rameau tout l’hiver.
Comment se forment-elles ?
Les insectes cécidogènes (très souvent de très petites guêpes de
moins de 4 mm) reconnaissent tout d’abord le végétal qui leur convient, pondent leurs œufs dans une partie très jeune à fortes potentialités de croissance. L’organe végétal choisi, qui va continuer à se développer jusqu’à maturité, peut être une feuille, une tige, un bourgeon, une fleur. Là où l’insecte a pondu, la plante va former des couches de cellules nourricières enveloppant les œufs et enfermant les larves écloses comme dans une chambre fortifiée, laquelle aspire
à l’organe végétal la sève qui devient la seule source de nourriture des larves. Ces couches de cellules sont en contact direct
avec la ou les larves. Puis, par différenciation de cellules, d’autres couches se forment, formant des tissus plus durs, de cellules épaisses
lignifiées ou des cellules formant des filaments, des chevelures.
Arrivées à maturité, les galles tombent par terre et les larves les
quittent, ou bien elles restent accrochées au végétal permettant aux
larves de passer l’hiver en étant protégées.
Une des galles du chêne, très commune, est due à Quercus folii, une
très petite guêpe d’à peine quelques millimètres. Sa galle se développe l’été sur la face inférieure des feuilles, sur une nervure ;
elle tombe en automne avec les feuilles. La petite guêpe, cynips, qui
en sortira en plein hiver est une femelle parthénogénétique (se
reproduisant par parthénogénèse) qui pond (donc sans être fécondée
par un mâle) au début
du printemps, dans les
bourgeons, en formant
une toute petite galle,
d’où naîtront, en maijuin des cynips sexués ;
après accouplement les
femelles vont pondre
sur les nervures de
feuilles de chêne et le
cycle recommence. Ces
galles ont servi pour
tanner le cuir et
produire de l’encre.
Comment un tissu végétal peut-il produire un nouvel organe,
harmonieusement structuré, qui n’obéit plus du tout au programme de croissance et de différenciation de son génome ? La question n’est pas entièrement élucidée, mais une chose est certaine, la présence
des larves est indispensable pour que la galle se forme ; ainsi, si la
larve est retirée ou tuée dans la galle, celle-ci cesse de grandir. Une
partie de l’explication tient aux mouvements de la larve, et à sa production de certains produits chimiques pouvant induire cette
transformation du tissu végétal.
Vous pouvez admirer, autour de nous, de nombreuses formes de
galles. En voici quelques exemples très fréquents :
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Laissez-vous émerveiller par la complexité de ces curiosités de la
nature, où sont intimement intriqués les végétaux, les insectes et leur
drôle de manière de se reproduire. Si vous voulez aller un peu plus
loin, rendez-vous sur insectes-net.fr.
Journal numérique de l’ APEF, association pour la protection de l’environnement de Feigères – mars 2015
la feuille
Comment s’en débarrasser ? De quoi ?
De nos déchets, pardi !
PHOTOS : Jean
Couturier
Après avoir étudié l’enquête publique du Conseil Général pour un plan de prévention et
de gestion des déchets non dangereux de
Haute-Savoie jusqu’en 2025, après avoir constaté, à notre stupéfaction, que sur toute la
Haute-Savoie, seules 4 groupes de personnes,
dont nous, se sont intéressés à ce problème qui
touche pourtant tout le monde, nous avons
estimé que notre rôle, à l’APEF, était aussi de sensibiliser nos proches. C’est ainsi qu’en partenariat avec la municipalité, l’Apef a organisé le 22 octobre 2014 une visite publique
de l’usine Excoffier-Recyclage, à Villy le Pelloux,
laquelle collabore avec le Sidefage.
Sur place, une ambassadrice accueille notre
petite équipe de 11 personnes et nous explique
le fonctionnement de l’usine. Puis nous entrons dans l’usine pour mieux comprendre ce que
devient le contenu de nos poubelles et plus
particulièrement de ce qu’on jette dans les bennes de tri sélectif. De partout, des tapis
roulants secouent ces déchets divers: papiers,
cartons, bouteilles en plastique, cannettes en
aluminium ou en acier, briques en carton (le
verre n’est pas traité ici). Ces différents tapis passent par des filtres, des tamis cylindriques,
des appareils qui trient optiquement, par
couleurs, par granulométrie, par taille, par
matière, (un aimant retenant les métaux
ferreux). Sont ainsi triés 6 tonnes de déchets par
heure. Mais les machines font tout de même des
erreurs, et à la fin du parcours, ce sont des
hommes et des femmes qui rejettent, à la main,
les déchets qui ont été mal orientés. Finalement,
ces diverses matières sont compactées par des
presses à balles qui seront envoyées à d’autres usines pour le recyclage.
L’intérêt des personnes présentes était si grand
qu’elles se réjouissent déjà de la visite prévue au début de l’été prochain, de l’usine d’incinération des déchets à Bellegarde.
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la feuille
TEXTE : Romain
Une trop courte vie de lynx
Vendredi 2 Janvier 2015, 20:00, dans les gorges du Bréda (Savoie).
Talo, un jeune lynx allant sur sa troisième année tente une énième
fois de franchir ce « large sentier bruyant et malodorant » qui
traverse son territoire. En quelques secondes, un véhicule le heurte
et le laisse sans vie.
Buenadicha
PHOTO : Laurent Geslain
Ce jeune lynx, qui a dû sa survie aux soins dont il avait fait l'objet, était
redevenu un animal parfaitement adapté à la vie sauvage. Cependant,
son parcours tragique démontre l'importance pour la biodiversité du
maintien d'un réseau de voies naturelles permettant à la faune d'assurer
ses déplacements vitaux… C'est là tout l'enjeu des contrats de
corridors biologiques transfrontaliers qui
réunissent les collectivités publiques de la
région autour de cet objectif. En
rétablissant les connections interrompues
pour les animaux, les contrats corridors
permettent de préserver des espèces qui,
comme le lynx, ont besoin d'un grand
territoire pour survivre. Ils augmentent
également la sécurité des automobilistes en
réduisant les risques de collisions sur les
routes les plus fréquentées.
Trois contrats corridors ont déjà été signés
le 12 novembre 2012 par la Communauté
de communes du Genevois (France) et par
la République et canton de Genève (Suisse),
et de nouveaux partenariats sont en cours
d'élaboration. Ce contrat comporte au total
33 mesures françaises (4'388'356 €) et 24
mesures suisses (3'906'406 CHF), avec
comme exemple de mesures, celui de
« Réduire les risques de collisions avec la
grande faune » - Fiche Action n°20 (voir
cahier n13-62, ci-dessous) - Volet Travaux
Né au printemps 2012 et découvert en décembre de la même
année par un garde-faune vaudois, Talo, tout juste un an, n’est pas
très en forme. Son avenir paraît sombre : affaibli, victime d’une infection, une canine cassée, il est de surcroît sans doute trop jeune
pour avoir appris à chasser. Recueilli, ce jeune lynx apparemment
orphelin ou émancipé trop tôt se rétablit à proximité de congénères
captifs après quelques mois de soins.
Le 21 mai 2013, muni d’un collier émetteur, il est relâché et retrouve une liberté surveillée sur le canton de Genève parmi les forêts de
l’Allondon. Après y avoir séjourné une semaine, Talo entame une longue errance. Le 28 mai, à une heure du matin, et après deux
heures d’observation, il traverse l’autoroute du Pays de Gex pour gagner les crêtes voisines du Jura gessien, où il fait ses premières
expériences en capturant un blaireau. Son itinéraire prend ensuite un
tour totalement inattendu : au lieu d'explorer son massif natal, il
traverse le Rhône et longe le pied du Vuache. Ce n'est qu'après une
marche d'un mois qu'il capture sa première grande proie, un chamois
âgé, au nord d'Annecy. Ce premier succès sera confirmé dans les
mois qui suivent, qu'il passe dans les environs du lac d'Annecy. Il
explore ensuite le massif de la Tournette et la Chaîne des Aravis, se
nourrissant d’ongulés sauvages, nombreux dans ces zones montagneuses. Les coordonnées recueillies par GPS indiquent qu'à
plusieurs reprises Talo a séjourné tout près de villages ou de sentiers
de randonnées, passant pourtant largement inaperçu. En dépit de
cette proximité, grâce à ses talents de chasseurs, il s'est toujours
tenu éloigné des moutons et n'aura occasionné aucune nuisance…
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Cette mesure vise à limiter les accidents liés
au franchissement des infrastructures routières et ferroviaires qui
émaillent notre territoire.
Ces déplacements engendrent de la mortalité au niveau de la faune
sauvage (cerfs, chevreuils, sangliers), notamment dans certains
secteurs déjà identifiés par les chasseurs. Des dispositifs anticollisions
vont donc continuer à être posés dans ces zones (sortes de "boîtes de
conserves" posées sur des poteaux, qui réfléchissent la lumière des
phares en-dehors des voies).
Pour plus d’informations :
http://www.grand-geneve.org/contrats-corridors
cahier n°13-62 : contrat corridors Champagne-Genevois
(page 66 du document PDF)
http://www.cc-genevois.fr/contrat_corridor.htm
Journal numérique de l’ APEF, association pour la protection de l’environnement de Feigères – mars 2015
Journal numérique de l’ APEF, association pour la protection de l’environnement de Feigères – mars 2015
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