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baudrier ou d’un ceinturon. Ils sont de la même
époque que les épaulettes.
Les épaulettes sont conformes au règlement du 1er
messidor, an XI (20 juin 1803) sur « les uniformes des
généraux, des officiers des états-majors des armées
et des places, des officiers du corps du génie… »
(Chapitre IV, article 1er). Ce règlement reprend les
mêmes dispositions pour les épaulettes que les
règlements du 24 messidor, an VIII (13 juillet 1800)
et du 4 floréal, an V (24 avril 1797). Elles sont
entièrement en passementerie, fils, cannetilles et
paillettes en métal doré. Elles ont des franges rigides
dites « graines d’épinard », spécifiques aux
épaulettes d’officier supérieur. Sur les plats, sont
représentés une cuirasse et un pot-en-tête à
l’antique, symbole de l’arme du génie.
Né au Louroux-Bottereau près de Nantes, Vincent-
Yves Boutin poursuit ses études dans cette ville puis
à Paris. En 1793, il est reçu à l’Ecole de Mézières.
Après un an de scolarité, il rejoint l’armée de Sambre
et Meuse. Nommé capitaine en 1795, il participe à
différents sièges. En 1798, il prend le
commandement d’une compagnie de sapeurs et
poursuit sa carrière en Italie, en Hollande puis à
Raguse où il est fait prisonnier par les Anglais. Libéré,
il est envoyé auprès du sultan de Turquie pour
défendre Constantinople menacée par la flotte
anglaise. Les travaux entrepris par Boutin mettent un
terme aux tentatives de l’ennemi. Il sert ensuite
comme instructeur dans l’armée du Sultan qui
combat les Russes dans les Balkans. Promu chef de
bataillon en 1807, il est choisi pour mener des
reconnaissances autour de la ville d’Alger en vue de
la conquête de cette ville. Après plusieurs mois
d’observation, il est fait prisonnier par les Anglais lors
de son retour en France et emprisonné à Malte. Au
moment de sa capture, et pour éviter d’être
reconnu, il détruit ses notes. Il réussit à s’évader et
de retour à Paris, il reconstitue de mémoire un
rapport très documenté sur l’état des défenses
d’Alger, sa population, ses ressources, son économie
etc. Ce mémoire servira de base à l’expédition
française pour la conquête d’Alger en 1830.
Promu colonel en 1810, il est envoyé au Proche-
Orient afin de rendre compte de la situation
politique et militaire en Egypte et au Liban. Il est
assassiné en 1815 par la tribu des Haschischins dans
les monts Ansariès en Syrie. Son corps n’a jamais été
retrouvé. Lady Stanhope, une anglaise très influente
dans la région avec laquelle il s'était lié d'amitié, le
vengera en faisant exterminer cette tribu par les
soldats du pacha Soliman.
En 1930, à l’occasion du centenaire de la conquête
de l’Algérie, un monument est inauguré à Dély-
Ibrahim près d’Alger. En 1962, la plaque de ce
monument rappelant le souvenir du colonel Boutin,
est confiée à la garde de l’École du Génie.
Ingénieur, diplomate, agent secret, archéologue, le
colonel Boutin possède toutes les qualités pour être
donné en exemple aux officiers du Génie.
Nous remercions, une fois encore, les propriétaires
de nous avoir confié ces précieux souvenirs.
Photos Yves BARTHET
Extrait de la carte d’Algérie de 1844