Pr Franck Chauvin,
cancérologue et professeur de santé
publique.
Vivre : Comment peut-on prévenir
un cancer du foie?
Franck Chauvin : L’alcool et les virus
hépatiques sont les facteurs de risque
les plus importants pour ce cancer.
La première chose est donc de limiter
sa consommation d'alcool. Pour lutter
contre les virus des hépatites B et C, l’idéal
est d’éviter les comportements à risque,
qui sont les mêmes que pour le VIH.
Il existe aussi un vaccin très efficace
contre l’hépatite B.
Où en est le dépistage?
F. C. : Il n’y a pas de dépistage organisé,
comme pour le cancer du sein ou le cancer
colorectal. Seules les personnes à risque
sont concernées par le dépistage du cancer
du foie : celles ayant une affection
chronique du foie comme la cirrhose liée
à la consommation d'alcool ou à une
hépatite virale. Le dépistage d'une
contamination par les virus de l'hépatite
concerne, lui, les personnes ayant
des rapports sexuels non protégés,
les toxicomanes ainsi que certains
professionnels de santé qui peuvent être
contaminés dans leur travail. Je précise
que le dépistage est anonyme et gratuit.
Et qu’il peut être prescrit par le médecin
traitant.
Quels sont les traitements ?
F. C. : Dépisté assez tôt, un cancer du foie
peut être traité par chirurgie ou détruit
par voie cutanée, par ultrasons par exemple.
Lorsque la tumeur est plus étendue,
et puisqu’il est impossible de vivre sans foie,
il faut le remplacer. Lorsque le cancer est
à un stade plus évolué, on fait appel
à la chimiothérapie et, de plus en plus,
aux thérapies ciblées qui permettent
de détruire la tumeur en préservant les
cellules saines.
contre lequel il n’existe pas de vaccin. De
même, une attention particulière doit être por-
tée aux tatouages et piercings qui, pratiqués
avec des aiguilles, nécessitent un personnel
formé aux conditions d’hygiène et de salubrité.
Ces aiguilles, si elles sont réutilisées, transpor-
tent des matériaux biologiques qui favorisent la
transmission des virus des hépatites. Afin d’évi-
ter tout risque de contamination, ils doivent
donc être réalisés chez des professionnels recon-
nus avec du matériel stérilisé.
Bien entendu, il ne faut pas attendre de res-
sentir des douleurs au foie ou la survenue d'un
événement grave liée à la consommation d'al-
cool pour prendre conscience d’un problème au
foie. Ceci est d’autant plus vrai que le cancer du
foie se développe souvent silencieusement. Les
symptômes n’apparaissent généralement que
lorsque le cancer est évolué. Grande fatigue,
perte d’appétit, perte de poids, affaiblissement
général, douleurs abdominales et jaunisse
comptent parmi les symptômes de ce cancer.
Mais il arrive que des personnes atteintes d'un
cancer du foie avancé ne présentent aucun
symptôme. Ce qui explique malheureusement
la découverte souvent tardive de ce cancer, et
par conséquent son mauvais pronostic. On
comprend alors mieux tout l’intérêt et l’effica-
cité de la prévention. ■
Éric Maunoir
* Source : Projection de l’incidence et de la mortalité par
cancer en France en 2010. Rapport consultable sur le site
www.invs.sante.fr/applications/cancers/projections2010
VIVRE_JUIN 2011_23
3 questions à…
IL EST IMPÉRATIF DE SAVOIR SI ON EST PORTEUR D’UN
VIRUS HÉPATIQUE OU NON. POUR CELA, DES CENTAINES
DE CENTRES DE DÉPISTAGE EXISTENT EN FRANCE.
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