N° d’ordre : 3948 THESE présentée à L'Université des Sciences et Technologies de Lille Pour obtenir le titre de DOCTEUR Spécialité : MICROONDES ET MICROTECHNOLOGIES Par Guillaume ANDRIEU Elaboration et Application d’une Méthode de Faisceau Equivalent pour l’Etude des Couplages Electromagnétiques sur Réseaux de Câblages Automobiles Soutenue le 20 décembre 2006 devant la commission d’examen : Président : M. Michel Cauterman Professeur à l’ENIB Rapporteurs : M. Marc Hélier Professeur de l’université Pierre et Marie Curie M Alain Reineix Directeur de recherche CNRS Directeur de thèse : M. Bernard Démoulin Professeur à l’université de Lille 1 Examinateurs : M. Frédéric Bocquet Ingénieur de Recherche RENAULT M. Jean-Philippe Parmantier Ingénieur – DEMR ONERA M. Olivier Maurice Ingénieur – CCR EADS Remerciements Cette thèse a été effectuée dans le cadre d'une convention CIFRE (Convention Industrielle de Formation par la Recherche) qui a réuni la société Renault et le groupe TELICE (Télécommunications, Interférences et Compatibilité Electromagnétique) du laboratoire IEMN (Institut d’Electronique, de Microélectronique et de Nanotechnologie) de l’université de Lille1. Ce travail a également fait l’objet d’une collaboration avec l’équipe DEMR (Diffraction Electromagnétique et Radar) de l'ONERA (Office National d'Etudes et de Recherches Aérospatiales). Je tiens à commencer ces remerciements en exprimant toute ma reconnaissance et ma gratitude à mon directeur de thèse, M. Bernard Démoulin, professeur et responsable de l’équipe CEM du groupe Telice. Je le remercie profondément pour m’avoir toujours accordé le temps nécessaire à l’avancée de mes travaux en me donnant de précieux conseils. Il a ainsi contribué à mon épanouissement scientifique en me donnant le goût du travail de recherche. Recevez donc l’expression de ma plus profonde gratitude. L’encadrement de ce travail au sein de la société Renault a été réalisé par Frédéric Bocquet, ingénieur de recherche, que je remercie fortement pour avoir marqué un intérêt constant pour mon travail et m’avoir également aidé sur de nombreux aspects administratifs. Je lui suis reconnaissant également pour son soutien, sa confiance et l’autonomie qu’il m’a toujours accordé. Cette thèse présente de nombreuses mesures expérimentales qui n’auraient pu être effectuées sans l’aide précieuse de Lamine Koné, ingénieur de recherche au Telice. Néanmoins, il serait injuste de ne pointer que les aspects expérimentaux dans l’aide que m’a apportée Lamine. Merci donc pour tout. Je remercie également très chaleureusement Jean-Philippe Parmantier de l’Onera qui a toujours montré un grand enthousiasme par rapport à l’avancée de mes travaux. Merci beaucoup Jean-Philippe pour tes nombreuses idées, ta rigueur scientifique, ta gentillesse … et tes corrections pour les articles en anglais ! Je tiens ensuite à exprimer ma grande reconnaissance à M. Michel Cauterman, professeur à l’école nationale d’ingénieurs de Brest (ENIB), pour avoir accepté d’assurer la présidence du jury. Je remercie également M. Marc Hélier, professeur de l’université Pierre et Marie Curie, pour m’avoir fait l’honneur de juger mon travail en qualité de rapporteur. M. Alain Reineix, directeur de recherche CNRS au laboratoire Xlim de Limoges, a également accepté d’effectuer le travail de rapporteur, je l’en remercie chaleureusement. Je n’oublie pas que c’est M. Reineix qui m’a conseillé de postuler pour ce sujet de thèse à l’été 2003 puis qui, trois ans plus tard, m’a également proposé de continuer dans le domaine de la CEM au sein du laboratoire Xlim. Mes remerciements vont également à M. Olivier Maurice, ingénieur au CCR d’EADS à Suresnes, qui a accepté d’évaluer cette thèse en qualité d’examinateur. Je le remercie de l’intérêt qu’il a porté à mon travail et de la qualité scientifique des commentaires et des remarques qu’il a fait. Ce travail de recherche s’est déroulé en majeure partie au sein de l’équipe CEM-RF du Technocentre Renault de Guyancourt. Je tiens donc ici à remercier chaleureusement Anselmo Soria, pour m’avoir accueilli au sein de cette équipe et d’avoir mis tous les moyens nécessaires à ma disposition pour la bonne avancée de mes travaux. Je remercie également Péniamin Matossian, responsable de l’équipe CEM ainsi que tous -3- les membres de l’équipe CEM-RF qui ont tous contribué, qu’ils soient ingénieurs, techniciens, stagiaires à créer une ambiance de travail agréable chez Renault. Par peur d’en oublier certains, je préfère ne pas citer tout le monde. Néanmoins, et au nom de la solidarité entre thésards, il me semble important de remercier tout particulièrement les différents doctorants que j’ai côtoyés au sein de l’équipe. Je commence donc par Xavier Bunlon qui a, tout au long de mon travail, montré un intérêt constant pour mes travaux. Ses remarques et ses conseils m’ont toujours été d’un précieux secours. J’adresse ici, à ce grand œnologue, tous mes remerciements et également tous mes encouragements pour réussir, avec l’aide de l’Onera, l’application industrielle de ce travail. Je remercie ensuite chaleureusement Madjid Mahmoudi, pour ses encouragements constants tout au long de mon travail et sa bonne humeur communicatrice. Malheureusement, malgré ses efforts, il n’a en revanche pas réussi à me convertir en danseur de salsa! Mais ceci eut été un miracle… En plus des remerciements qu’ils méritent pour leurs qualités humaines et leurs encouragements à mon égard au cours de ma dernière année de travail, j’adresse mes plus vifs encouragements aux thésards qui n’en ont pas encore terminé : Martine et Loïs. Qu’ils sachent que je suis convaincu que les résultats de leurs travaux seront brillants. Il me paraît également important de remercier les secrétaires C. Alberola, C. Saenger et la responsable des thèses Cifre M. Godefroid pour leur grand professionnalisme. Ce travail fut également réalisé au sein du groupe Telice de l’IEMN : j’en remercie donc son directeur, le professeur Pierre Degauque. Je remercie ensuite tous les permanents de l’équipe qui ont su m’accueillir chaleureusement : Sylvie Baranowski, Marine Démoulin, Martine Liénard, Virginie Dégardin, Pierre Laly, Daniel Dégardin, Philippe Mariage, Christian Semet et Jacques Baudet. J’adresse également une mention spéciale à notre bédéphile, Emmanuelle Gillmann pour sa gentillesse. Je remercie également les différents thésards de l’équipe qui ont tous permis de créer une ambiance de travail sympathique et motivante : Sébastien Bazzoli, Marc Olivas-Carrion, Youssef Bouri, Stéphane Egot, Andrea Cozza, Tarik Hammi, Samuel Leman et Abdou Nasr. Je n’oublie bien sûr pas Nedim Ben Slimen sans qui la vie au labo n’aurait pas été tout à fait la même ! Je remercie également les mécaniciens Jean-Claude et Christophe ainsi que Jocelyne qui a assuré la reprographie de cette thèse. Ce travail a également été réalisé grâce à l’aide de l’équipe DEMR de l’ONERA. Je remercie ainsi tout particulièrement Solange Bertuol, spécialiste ès Cripte et Nutla pour sa grande disponibilité et sa rapidité pour répondre à mes nombreux mails. Je fus également touché par sa convivialité et son professionnalisme lors de mes deux visites à Toulouse. Qu’elle sache que notre « bœuf » à la guitare tient toujours, peut-être lors d’un prochain congrès CEM, si je progresse bien sûr ! Merci également à Isabelle Junqua, spécialiste ès RandomOP, qui n’a pas hésité à décortiquer mes simulations pour trouver les éventuels problèmes permettant de réduire l’écart entre mesure et simulation. Je souhaite également remercier Johan Panh, mon responsable de stage de DESS du CNES qui a su, au cours de l’été 2003, me donner goût à la CEM et détecter chez moi la fibre du « chercheur ». Je garde un excellent souvenir de ce stage qui a fortement contribué à mon envie de faire une thèse en CEM. -4- En dehors du monde professionnel, de nombreuses personnes ont contribué à la réussite de ce travail en me permettant notamment de surmonter les moments difficiles et en m’encourageant dans la dernière ligne droite. Je commencerai donc tout d’abord par mes parents qui m’ont toujours soutenu pendant mes longues années d’étude. Je remercie également les autres membres de ma famille : ma grand-mère, mes deux soeurs Laurence et Raphaëlle, mon beau-frère Loïc, mes neveux Yann et Lucas et ma petite nièce Anaëlle. Mes remerciements suivants vont aux courageux (voire aux inconscients) qui n’ont pas hésité à accomplir l’aller-retour Limoges – Lille en deux jours pour assister à ma soutenance : Sabrina, Aurélien et Sébastien. Mes autres amis ont également contribué, de près ou de loin, à la réussite de ce travail : Laurent, Angélique, Rub’s, Laëtitia, Mickaël, Léo, Alexandra et bien sûr … le petit Rocky ! Merci donc à vous tous pour votre soutien et pour m’avoir permis de me changer les idées pendant ces trois années. Je termine mes remerciements envers celle qui a su accompagner les hauts et les bas d’un thésard acariâtre tout au long de ces trois années grâce à sa gentillesse, sa patience et sa générosité. Merci Céline. "La science est une chose merveilleuse … tant qu’il ne faut pas en vivre !" Albert Einstein -5- -6- Table des matières INTRODUCTION GÉNÉRALE .....................................................................................................- 9 1 PRÉSENTATION DU CONTEXTE ET DES OUTILS DE SIMULATION ................................- 13 1.1 PRÉSENTATION DE LA CEM AUTOMOBILE ............................................................................... - 13 1.1.1 Présentation du contexte automobile.........................................................................- 13 1.1.2 La directive européenne 2004/104 ............................................................................- 14 1.1.3 Le cahier des charges CEM Renault .........................................................................- 17 1.1.4 Simulation numérique de tests d’immunité rayonnée ................................................- 18 1.2 OUTILS POUR LA SIMULATION ................................................................................................ - 19 1.2.1 Equations de Maxwell ................................................................................................- 19 1.2.2 Résolution numérique des équations de Maxwell......................................................- 21 1.2.3 Présentation de la Topologie de câblages .................................................................- 30 1.2.4 Présentation des logiciels utilisés ..............................................................................- 46 1.3 CONCLUSION DU CHAPITRE 1 ................................................................................................ - 50 2 PROBLÉMATIQUE DE LA MODÉLISATION DES COUPLAGES ÉLECTROMAGNÉTIQUES HAUTES FRÉQUENCES SUR UN FAISCEAU DE CÂBLES MULTICONDUCTEUR .............- 51 2.1 ONDES ÉLECTROMAGNÉTIQUES PARTICULIÈRES ..................................................................... - 51 2.2 LIMITES FRÉQUENTIELLES DE L’APPROCHE COUPLÉE CODE 3D / LIGNES DE TRANSMISSION ........ - 52 2.2.1 Limites HF de la théorie des lignes de transmission..................................................- 52 2.2.2 Limites d’application des modèles de couplage champ-câble ...................................- 54 2.2.3 Pertes par rayonnement électromagnétique en HF ...................................................- 57 2.3 INFLUENCE DES IMPÉDANCES TERMINALES ............................................................................. - 59 2.4 MODÉLISATION DE FAISCEAUX MULTICONDUCTEUR EN MOM ................................................... - 62 2.4.1 Justification du choix de la MoM ................................................................................- 62 2.4.2 Discrétisation des éléments filaires et surfaciques en MoM ......................................- 62 2.4.3 Etude des performances de la MoM pour la modélisation de faisceaux de câbles multiconducteur ......................................................................................................................- 62 2.5 QUANTIFICATION DES PERTES DIÉLECTRIQUES ENGENDRÉES PAR LES GAINES ISOLANTES ......... - 65 2.6 CONCLUSION DU CHAPITRE 2 ................................................................................................ - 72 3 EDIFICATION DE LA MÉTHODE DU FAISCEAU ÉQUIVALENT .........................................- 73 3.1 PRINCIPE ET OBJECTIFS DE LA MÉTHODE ................................................................................ - 73 3.2 RAPPELS SUR LA THÉORIE MODALE ........................................................................................ - 74 3.3 CONSTITUTION DE GROUPES DE CONDUCTEURS ..................................................................... - 75 3.3.1 Critère retenu pour la constitution des groupes .........................................................- 75 3.3.2 Détermination de la variable Zmc ................................................................................- 76 3.4 DÉTERMINATION DES MATRICES LINÉIQUES DU FAISCEAU RÉDUIT ............................................. - 78 3.4.1 Hypothèses simplificatrices........................................................................................- 78 3.4.2 Conventions adoptées pour les démonstrations ........................................................- 78 3.4.3 Détermination de la matrice inductance du faisceau réduit .......................................- 79 3.4.4 Détermination de la matrice capacité du faisceau réduit ...........................................- 83 3.5 CONSTRUCTION DE LA GÉOMÉTRIE DE SECTION DROITE DU FAISCEAU RÉDUIT ........................... - 85 3.6 CHARGES TERMINALES DU FAISCEAU RÉDUIT .......................................................................... - 87 - -7- 3.6.1 Charges reliées à la référence de masse ..................................................................- 87 3.6.2 Charges différentielles ...............................................................................................- 88 3.7 CONCLUSION DU CHAPITRE 3 ................................................................................................ - 91 4 VALIDATIONS NUMÉRIQUES ET EXPÉRIMENTALES DE LA MÉTHODE DU FAISCEAU ÉQUIVALENT ............................................................................................................................- 93 4.1 PRÉCISIONS UTILES AUX PROTOCOLES DE VALIDATION ............................................................ - 93 4.2 VALIDATIONS NUMÉRIQUES ................................................................................................... - 94 4.2.1 Description du faisceau de référence.........................................................................- 94 4.2.2 Faible contraste de la valeur des charges terminales du faisceau de référence .......- 95 4.2.3 Fort contraste de la valeur des charges terminales du faisceau de référence...........- 98 4.2.4 Impact de la méthode sur les temps de calculs .......................................................- 107 4.2.5 Etude de l’influence de la non uniformité des faisceaux de câblages ......................- 108 4.3 VALIDATION EXPÉRIMENTALE EN CHAMBRE ANÉCHOÏQUE ....................................................... - 111 4.3.1 Description du dispositif expérimental......................................................................- 111 4.3.2 Modélisation du dispositif expérimental en MoM .....................................................- 113 4.3.3 Validation de la confrontation sur un faisceau multiconducteur ...............................- 118 4.4 VALIDATION EXPÉRIMENTALE EN CHAMBRE RÉVERBÉRANTE À BRASSAGE DE MODES ............... - 125 4.5 CONCLUSION DU CHAPITRE 4 .............................................................................................. - 128 5 EXTENSION DE LA MÉTHODE DU FAISCEAU ÉQUIVALENT AU CAS DE RÉSEAUX ARBORESCENTS ...................................................................................................................- 129 5.1 PROCÉDÉ D’EXTENSION AU CAS DE RÉSEAU ARBORESCENT ................................................... - 129 5.2 VALIDATION NUMÉRIQUE ..................................................................................................... - 131 5.2.1 Présentation du cas test ..........................................................................................- 131 5.2.2 Comparaisons des courants induits aux extrémités des deux réseaux ...................- 132 5.2.3 Bilan des ressources informatiques nécessaires .....................................................- 133 5.3 MODÉLISATION D’UN RÉSEAU DE CÂBLES SIMPLIFIÉ INSTALLÉ SUR UNE MAQUETTE DE VÉHICULE- 134 5.3.1 Description du contexte topologique ........................................................................- 134 5.3.2 Modélisation de la structure en MoM .......................................................................- 137 5.3.3 Validation en chambre anéchoïque..........................................................................- 138 5.3.4 Analyses complémentaires sur le couplage Onde / Véhicule ..................................- 150 5.3.5 Validation en CRBM.................................................................................................- 154 5.4 CONCLUSION DU CHAPITRE 5 .............................................................................................. - 155 CONCLUSION GÉNÉRALE ....................................................................................................- 157 ANNEXE A...............................................................................................................................- 161 ANNEXE B...............................................................................................................................- 163 ANNEXE C...............................................................................................................................- 165 ANNEXE D...............................................................................................................................- 169 BIBLIOGRAPHIE.....................................................................................................................- 173 PUBLICATIONS DE L’AUTEUR .............................................................................................- 179 - -8- Introduction générale Introduction générale Apparue dans les années 1980 sur quelques équipements sécuritaires (ABS, Airbag,…), l’électronique occupe de nos jours une place en constante augmentation dans le monde de l’automobile. Les équipements électroniques actuels concernent désormais également l’amélioration du confort de conduite (aide au parking,…), la préservation de l’environnement (calculateurs d’injection,…) ou l’augmentation du confort de vie à bord du véhicule à travers les équipements multimédias (GPS,…). Tous ces nouveaux équipements ont pour but de répondre aux attentes de la clientèle dans un marché automobile de plus en plus concurrentiel et compétitif. En parallèle au développement de l’électronique dans le domaine automobile, ces dernières années ont également vu fortement augmenter le nombre de liaisons radioélectriques présentes dans l’environnement du véhicule. Celles-ci proviennent des applications contenues dans le véhicule mais aussi des appareils apportés par les passagers (téléphone portable,…) ou présentes dans l’environnement pour d’autres applications (radar,…). La figure 1 présente un panorama non exhaustif des applications susceptibles de se trouver actuellement et dans un futur proche à bord des véhicules RENAULT : Aujourd’hui dans l’automobile Radio satellite (USA) 2300 Aujourd’hui, amené par le client Demain, dans l’automobile AM FM 0,14 0,29 VSC 0,125 PO 1,7 0,5 87 108 890 960 1452 47 68 CB 174 230 26,9 27,4 470 862 866 100 kHz 1 MHz 10 MHz TV analogiques puis DVBT (TV numérique) 1492 GPS 1,57 1 GHzGalileo 100 MHz DAB 5800 Bluetooth Wifi 2400 2500 3600 1900 2700 6 GHz UMTS Signal d’alerte (IVHW) SSPP : Système de surveillance de pression des pneus VSC : Véhicule sans clé PO : Petites ondes Télépéage DCS 1710 1880 GSM SSPP VSC 433 Boucle locale Radio Figure 1 : Panorama non exhaustif des liaisons radioélectriques susceptibles de se trouver dans un véhicule RENAULT actuellement ou dans le futur Malheureusement, cette augmentation du nombre de liaisons radioélectriques dans l’environnement d’un véhicule automobile se traduit également par une augmentation des risques liés à la Compatibilité Electromagnétique (CEM). En effet, chaque liaison radioélectrique peut également être considérée en CEM comme une source potentielle de perturbation capable de provoquer, par couplage électromagnétique sur le réseau de câblages d’un véhicule, le dysfonctionnement d’un équipement électronique du véhicule. -9- Introduction générale En effet, le réseau de câblages joue un rôle tout à fait particulier en CEM du fait qu’il connecte tous les équipements électroniques du véhicule entre eux. Il peut ainsi, par analogie, être assimilé à une antenne réceptrice ou émettrice des perturbations électromagnétiques ainsi que le vecteur de propagation de ces perturbations. Les incidents de type CEM pouvant être préjudiciables aux constructeurs automobiles en terme de coût et d’image, une nouvelle problématique est donc apparue depuis quelques années pour l’industrie automobile et plus généralement pour tous les secteurs du monde du transport. Cette problématique intervient dans un contexte où les constructeurs automobiles sont soumis à des contraintes de plus en plus fortes afin de répondre au mieux aux besoins des consommateurs. Ainsi, alors que la complexité du réseau de câblages des nouveaux modèles de véhicules ne cesse d’augmenter, les constructeurs s'imposent des délais de conception de plus en plus courts. De plus, dans le cadre d’une politique de réduction des coûts, les constructeurs entendent également réduire le nombre de phases très coûteuses utilisant des véhicules prototypes. Ces raisons ont naturellement amené la modélisation numérique dans le domaine de la CEM au centre des préoccupations de l’industrie automobile. Celle-ci a donc emboîté le pas des industries militaire et aéronautique, pionnières dans ce domaine pour l’étude notamment de la protection contre l’IEMN (Impulsion ElectroMagnétique Nucléaire), la foudre ou les champs forts (HIRF – High Intensity Radiated Fields) ([1], [2], [3]). Les premiers travaux réalisés par Renault dans le domaine de la simulation numérique en CEM ont notamment permis de valider une approche couplée permettant de calculer les niveaux de perturbations conduites ou rayonnées en entrée des équipements électroniques sur le véhicule complet ([4], [5]). Cette approche utilise un code de calcul tridimensionnel résolvant les équations de Maxwell dans l’espace et le formalisme de la Topologie Electromagnétique développée au début des années 80 sous l’instigation de C.E. Baum ([6], [7], [8]), chercheur à l’Air Force Research Laboratory. La Topologie Electromagnétique repose sur la décomposition d’un problème complexe en plusieurs sous-problèmes élémentaires résolus séparément, le problème global étant alors résolu à l’aide d’un formalisme de réseau. Dans le cas de réseaux de câblages multiconducteur, la Topologie de câblages, dérivée de la Topologie Electromagnétique, permet, à l’aide de la théorie des lignes de transmission (MTLN – Multiconductor Transmission Line Network), de prendre en compte les phénomènes de propagation et de couplages sur et entre tous les fils conducteurs du réseau. Aujourd’hui, la modélisation numérique de l’agression électromagnétique d’un véhicule entièrement câblé dans la bande de fréquence allant de 20 à 300MHz est rentrée dans un processus industriel applicable au cours du développement des futurs modèles de la gamme ([9]). L’objectif principal de ces modélisations numériques est de diminuer le nombre d’essais à effectuer lors des phases d’homologation vis-à-vis des exigences réglementaires (directive européenne, cahier des charges CEM RENAULT,…) en préconisant les configurations « pire cas » à effectuer en priorité. La mesure reste donc toujours indispensable afin de s’assurer de l’absence de dysfonctionnement des équipements électroniques en présence d’une agression électromagnétique. Ces dernières années, l’augmentation de la fréquence des perturbations électromagnétiques pouvant potentiellement agresser le réseau de câblages encourage désormais Renault à étendre les simulations numériques d’immunité vers les « hautes fréquences » (HF). Cette volonté se heurte malheureusement à la limitation en fréquence de la MTLN. En effet, ce formalisme, basé sur l’hypothèse de la propagation des modes de type transverse électromagnétique (TEM) au sein des faisceaux de câblages, ne convient plus lorsque la hauteur des conducteurs par rapport à la référence de masse devient proche du cinquième de la longueur d’onde. La MTLN ne permet donc pas d’intégrer les modes de propagation d’ordre supérieur ([10]) faisant leur apparition - 10 - Introduction générale avec l’augmentation de la fréquence ainsi que les pertes par rayonnement électromagnétique très importantes en hautes fréquences. A ces fréquences, l’utilisation de codes de calculs tridimensionnels résolvant les équations de Maxwell dans l’espace se révèle alors obligatoire. Malheureusement, ceuxci sont peu adaptés pour traiter le cas de faisceaux de câblages multiconducteur. En effet, ils requièrent une discrétisation fine de chaque conducteur du faisceau en segments dont la longueur est usuellement égale au dixième de la longueur d’onde. Les temps de calculs deviennent alors prohibitifs dès que le nombre de conducteurs du faisceau est important. Les travaux de cette thèse sont donc axés sur la mise en œuvre de techniques de simulation simplifiées permettant d’étudier les couplages électromagnétiques sur des faisceaux de câblages multiconducteur à l’aide de codes de calculs tridimensionnels. Il faut donc trouver des hypothèses simplificatrices permettant de diminuer la complexité des faisceaux de câblages sans toutefois diminuer la précision des calculs. L’objectif final est de prouver la faisabilité d’une telle approche sur un véhicule complet en vue d’une application industrielle en HF. Concrètement, Renault souhaite, comme en « basse fréquence », pouvoir effectuer une comparaison entre différentes configurations d’illuminations sur le niveau de perturbations induites en entrée des équipements électroniques. Il ne s'agit donc en aucun cas de pouvoir prédire, en fonction du niveau de perturbation calculé en entrée d’équipement, un éventuel dysfonctionnement des calculateurs électroniques. Ce serait, à l'heure actuelle, trop ambitieux alors que beaucoup de paramètres ne sont pas encore suffisamment maîtrisés sur les équipements eux-mêmes. Cependant, depuis quelques années, de nombreux travaux sont réalisés pour la compréhension des phénomènes provoquant le dysfonctionnement d’équipements électroniques placés en extrémité de câblages ([11], [12], [13]). Cette thèse, réalisée dans le cadre d’une convention CIFRE entre l’entreprise RENAULT et le laboratoire TELICE de l’université des sciences et techniques de Lille et également avec l’ONERA dans le cadre d’un partenariat, comporte deux phases distinctes. Dans un premier temps, notre travail concerne le développement d’une méthode simplifiée permettant de modéliser un faisceau de câblages multiconducteur, définis comme une liaison de câbles point à point, en HF à l’aide de ressources informatiques raisonnables. Dans un second temps, notre attention se portera sur l’extension de cette méthode au cas de réseaux de câblages arborescents. Pour la réussite de ce travail, il nous est apparu indispensable de réaliser des mesures. Celles-ci doivent tout d’abord permettre de mettre en évidence et de comprendre les phénomènes physiques importants se produisant sur les faisceaux de câblages multiconducteur en HF puis de valider les méthodes de simulation mises en œuvre. Dans le premier chapitre de cette thèse, nous rappelons tout d’abord le contexte industriel de ce travail. Pour cela, nous présentons les différents types de tests d’immunité rayonnée réalisés sur véhicule complet ou sur équipements isolés pour l’homologation et la validation des nouveaux modèles de véhicules. Ensuite, nous présentons les simulations numériques d’immunité rayonnée effectuées par Renault à l’heure actuelle sur la bande de fréquence 20 – 300 MHz. Enfin, nous procédons à une description théorique des différentes méthodes de calculs tridimensionnelles ainsi que de la Topologie Electromagnétique et de sa dérivée, la Topologie de câblages. Le chapitre se termine par une présentation succincte des différents logiciels de calcul utilisés au cours de ce travail. Dans le second chapitre, nous mettons en évidence les limitations fréquentielles de la méthodologie de couplage champ-câble utilisée en basse fréquence. Il s’agit ainsi de - 11 - Introduction générale montrer en particulier la limitation de la MTLN lorsque la fréquence augmente. Ensuite, nous montrons l’importance des pertes diélectriques ou des pertes par rayonnement électromagnétique des faisceaux de câblages en hautes fréquences. Enfin, le chapitre se termine par une mise en évidence de la difficulté de prise en compte des faisceaux de câblages comprenant un grand nombre de conducteurs à l’aide de la méthode des moments (MoM – Method of Moments). Le troisième chapitre de ce manuscrit présente les fondements théoriques d’une méthode que nous appelons « méthode du faisceau équivalent » développée au cours de la thèse. Cette méthode permet de définir un faisceau équivalent contenant un nombre réduit de « conducteurs équivalents » à partir d’un faisceau initial contenant un grand nombre de conducteurs. Les quatre étapes nécessaires à la définition des caractéristiques électriques et géométriques du faisceau équivalent sont présentées de façon détaillée. Dans le quatrième chapitre, nous procédons aux validations numériques puis expérimentales de la méthode. Les validations numériques ont pour but de montrer l’identité d’un faisceau initial et du faisceau correspondant appelé « faisceau réduit ». La validation expérimentale permet ensuite de comparer, lors de tests d’immunité réalisés sur une large bande de fréquence, le courant de mode commun mesuré aux extrémités d’un faisceau multiconducteur au courant calculé par une méthode des moments aux extrémités du faisceau réduit correspondant. Ces validations expérimentales sont effectuées à l’intérieur de deux moyens d’essais : une chambre anéchoïque et une chambre réverbérante à brassage de modes (CRBM). Le cinquième et dernier chapitre présente tout d’abord les aménagements à apporter à la méthode du faisceau équivalent pour l’étendre au cas de réseaux de câblages arborescents de type automobile. A ce titre, une validation numérique est effectuée sur un réseau de câblages arborescent placé sur un plan de masse infini. Ensuite, nous présentons les résultats obtenus lors d’une campagne expérimentale réalisée sur une maquette simplifiée de véhicule à l’échelle ½ et nous les comparons aux résultats numériques obtenus par l’application de la méthode sur le réseau de câblages placé à l’intérieur de la maquette. Dans la conclusion de cette thèse, les principaux résultats obtenus sont rappelés de façon synthétique ainsi que les perspectives scientifiques et industrielles soulevées par ces travaux. - 12 - Chapitre 1 – Présentation du contexte et des outils de simulation Chapitre 1 1 Présentation du contexte et des outils de simulation Ce chapitre présente le contexte de ce sujet de thèse ainsi que les moyens numériques utilisés au cours de ce travail. Dans un premier temps, nous présentons le contexte industriel de ce sujet de cette thèse à travers la description des textes normatifs en vigueur dans la CEM automobile et de l’état de l’art de la simulation CEM automobile réalisée actuellement chez RENAULT. Dans un second temps, nous présentons les équations de Maxwell sous forme générale et les principes théoriques des méthodes numériques tridimensionnelles (« 3D ») qui permettent de les résoudre. Nous introduisons ensuite le formalisme de la Topologie de câblages à travers la description du formalisme de la théorie des lignes de transmission et des modèles de couplage champ-câble. Nous terminons ce chapitre par une présentation rapide des différents logiciels de calcul utilisés au cours de ce travail. 1.1 Présentation de la CEM automobile 1.1.1 Présentation du contexte automobile Les équipements électroniques d’une automobile sont connectés entre eux par des faisceaux de câblages. Ces faisceaux, dont la complexité dépend de la gamme du véhicule et de son niveau d’équipement, peuvent être d’une grande complexité. Par exemple, certains faisceaux peuvent contenir plusieurs centaines de conducteurs, notamment au niveau du tableau de bord où se trouve la majorité des équipements électroniques. Ainsi, un véhicule peut contenir jusqu’à plusieurs kilomètres de fils électriques mis bout à bout. Malheureusement, ces faisceaux de câblages, en plus de propager les signaux électriques utiles au fonctionnement des équipements électroniques, se comportent comme autant de structures susceptibles d’émettre, d’induire ou de propager des perturbations électromagnétiques. Dans le cas d’une perturbation électromagnétique illuminant le véhicule, les courants parasites induits sur le réseau de câblages et guidés jusqu’à l’entrée des équipements électroniques peuvent être à l’origine de dysfonctionnements de ces équipements. Le domaine qui est en charge d‘anticiper ces éventuels problèmes est la compatibilité électromagnétique (CEM) qui caractérise l’aptitude d’un appareil ou d’un système à fonctionner dans son environnement électromagnétique de façon satisfaisante (immunité) sans produire lui-même des perturbations intolérables pour tout ce qui se trouve dans cet environnement (émission). - 13 - Chapitre 1 – Présentation du contexte et des outils de simulation Dans le domaine automobile, les constructeurs doivent donc s’assurer que les véhicules mis en vente répondent aux trois critères suivants : • le véhicule ne doit pas être la cause d’interférences avec des systèmes électroniques extérieurs • le véhicule ne doit pas être vulnérable (susceptible) aux perturbations électromagnétiques extérieures • les équipements électroniques du véhicule ne doivent pas interférer entre eux Ainsi, Renault, comme tous les constructeurs automobiles, doit vérifier la conformité de ces nouveaux modèles de véhicules vis-à-vis de la directive européenne 2004/104 avant de pouvoir procéder à la mise sur le marché de ses véhicules. Cette directive décrit des procédures de tests qui, associées à des niveaux de sévérité et de gravité, visent à reproduire de façon non exhaustive l’ensemble des perturbations électromagnétiques présentes dans l’environnement du véhicule. En plus des exigences de la directive, Renault établit un cahier des charges CEM, décrivant les procédures de tests nécessaires à la validation et à l’homologation interne des équipements et du véhicule. Son objectif principal est de s’assurer de la satisfaction des clients et donc de maintenir la bonne réputation de Renault sur le marché. En effet, les niveaux de sévérité et de gravité imposés par ce cahier des charges sont bien plus contraignants que les exigences de la directive européenne. Les tests imposés par la directive et le cahier des charges CEM de Renault s’appuient généralement sur des normes automobiles élaborées par des groupes de travail internationaux réunissant les constructeurs, les fournisseurs et les représentants des états. Cette thèse étant axée sur l’immunité des véhicules vis-à-vis d’une perturbation électromagnétique extérieure, nous ne présentons par la suite que les tests d’immunité rayonnée imposés par la directive européenne et le cahier des charges CEM Renault sur véhicules complets ou sur équipements isolés. 1.1.2 La directive européenne 2004/104 Dans le domaine de la CEM automobile, les constructeurs doivent respecter la directive européenne 2004/104 publiée le 14 octobre 2004 au journal officiel de la communauté européenne. Cette directive, appelée communément « directive CEM automobile », est obligatoire pour tous les nouveaux modèles de véhicules. La directive 2004/104 décrit les essais d’immunité, et les niveaux de sévérité associés, à réaliser sur le véhicule complet (annexe VI) puis sur les sous-ensembles électriques/électroniques (annexe IX) avant de procéder à l’homologation d’un nouveau véhicule. 1.1.2.1 Tests d’immunité rayonnée sur véhicules Les tests d’immunité rayonnée sur véhicules imposés par la directive européenne, dans la bande de fréquence 20 MHz – 2 GHz, sont réalisés conformément à la procédure de test décrite dans la norme ISO 11451-2. La figure 2 présente la configuration des essais effectués en chambre anéchoïque (ceux-ci peuvent également être réalisés en site ouvert) : - 14 - Chapitre 1 – Présentation du contexte et des outils de simulation Figure 2 : Test d’immunité rayonnée sur un véhicule Une antenne d’émission en polarisation verticale, placée généralement en face du véhicule, est chargée de produire un champ électrique de 30 V/m sur au moins 90 % des points de mesures et au minimum égal à 25 V/m sur chacun de ces points. Le véhicule, situé sur un banc à rouleaux, est placé en condition de roulage à une vitesse généralement égale à 50 km/h. L’étalonnage du champ électrique est effectué, comme l’indique la figure 3, par la méthode de substitution qui consiste à calibrer le champ électrique en l’absence du véhicule : Figure 3 : Calibrage du champ électrique (Méthode de substitution) La puissance P0 à fournir à l’antenne d’émission pour obtenir le niveau de champ électrique souhaité à l’endroit du point de référence est ainsi relevée à chaque fréquence de mesure. Ensuite, le véhicule est illuminé par l’antenne d’émission en entrée de laquelle on fournit la puissance P0 mesurée lors de la phase de calibrage. L’objectif de ces essais est de vérifier, au moyen d’une caméra placée à l’intérieur de la chambre, que les équipements électroniques sécuritaires du véhicule fonctionnent correctement malgré un environnement électromagnétique fortement perturbé. La perturbation électromagnétique ne doit pas entraîner, par exemple, une modification de la vitesse du véhicule ou une défaillance d’une fonction électronique sécuritaire (blocage du volant, déclenchement de l’Airbag,…). Un équipement est défini comme sécuritaire - 15 - Chapitre 1 – Présentation du contexte et des outils de simulation lorsque sa fonction est liée à la commande directe du véhicule, à la protection du conducteur, des passagers et des autres usagers de la route. 1.1.2.2 Tests d’immunité rayonnée sur équipements isolés Les tests d’immunité rayonnée sur équipements isolés imposés par la directive européenne, dans la bande de fréquence 20 MHz – 2 GHz, peuvent être réalisés à l’aide de cinq moyens d’essais différents. Le tableau 1 indique, pour chaque moyen d’essais, les niveaux de tests minimums sur toute la bande de fréquence préconisés par la directive et la norme à laquelle se réfère la procédure de test : Moyens d’essais Niveaux de tests minimums Normes Chambre anéchoïque 25 V/m ISO 11452-2 Cellule TEM 62,5 V/m ISO 11452-3 Injection de courant (BCI) 50 mA ISO 11452-4 Cellule stripline (150mm) 50 V/m ISO 11452-5 Cellule stripline (800mm) 12,5 V/m ISO 11452-5 Tableau 1 : Moyens d’essais possibles pour la réalisation de tests d’immunité rayonnée sur équipements isolés La figure 4 présente une vue schématique des essais effectués en chambre anéchoïque sur équipements isolés : Figure 4 : Test d’immunité rayonnée sur un équipement isolé Une antenne d’émission, en polarisation verticale, illumine les équipements électroniques sous tests (EUT). Les EUT, allumés et stimulés de manière à se trouver dans des conditions normales de fonctionnement, sont disposés sur un plan de masse métallique. Comme dans le cas des essais sur véhicules, le calibrage du champ est réalisé à l’aide de la méthode par substitution. L’EUT est déclaré conforme lorsque aucune dégradation de performance des fonctions de l’équipement liées à l’immunité n’est constatée lors de ces essais. L’objectif de ces tests est donc de vérifier la qualité de conception CEM de l’équipement et ainsi d'anticiper les éventuels dysfonctionnements pouvant survenir sur les véhicules. - 16 - Chapitre 1 – Présentation du contexte et des outils de simulation 1.1.3 Le cahier des charges CEM Renault Le cahier des charges CEM de Renault impose également des essais d’immunité rayonnée sur véhicules et sur équipements isolés. Dans le processus de validation CEM de Renault, les tests sur équipements sont réalisés en premier afin d’anticiper les éventuels problèmes survenant lors des essais sur véhicules. 1.1.3.1 Tests d’immunité rayonnée sur véhicules Les essais d’immunité rayonnée sur véhicules imposés par le cahier des charges Renault s’appuient également sur la procédure de tests décrite par la norme ISO 11451-2. Cependant, par rapport aux essais imposés par la directive européenne, quelques différences apparaissent. En effet, les essais doivent être réalisés dans la bande de fréquence 1 MHz - 2 GHz sur tous les équipements électroniques. Quatre positions de l’antenne d’émission par rapport au véhicule (face avant, face arrière, côté droit et gauche) sont testées en polarisation horizontale et verticale. Les équipements électroniques sont classés en trois catégories selon leur niveau de gravité vis-à-vis de la sécurité et du confort des usagers. Le tableau 2 répertorie le niveau du champ électrique perturbateur requis suivant le niveau de gravité de l’équipement : Niveau de gravité Niveau du champ électrique perturbateur 0 30 V/m 1 50 V/m 2 100 V/m Tableau 2 : Amplitude du champ électrique perturbateur suivant le niveau de gravité de l’équipement 1.1.3.2 Tests d’immunité rayonnée sur équipements isolés Les essais d’immunité rayonnée sur équipements isolés imposés par le cahier des charges Renault sont effectués en chambre anéchoïque. Ils s’appuient également sur la procédure de tests décrite par la norme ISO 11452-2. Contrairement aux exigences de la directive européenne, les tests doivent être pratiqués à la fois en polarisation verticale entre 200 MHz et 2 GHz et en polarisation horizontale entre 400 MHz et 2 GHz. Comme pour les essais sur véhicules, les équipements sont testés à trois niveaux différents d’amplitude de champ électrique (60, 100 et 200 V/m) suivant leur degré de criticité. Le lecteur remarquera que ces niveaux sont doublés par rapport aux niveaux exigés lors des essais sur véhicule (cf tableau 2). Il faut noter qu’il existe également un essai d’immunité rayonnée sur la bande de fréquence 20 Hz-100 kHz qui consiste à générer un champ magnétique important au voisinage de l’équipement. - 17 - Chapitre 1 – Présentation du contexte et des outils de simulation 1.1.4 Simulation numérique de tests d’immunité rayonnée 1.1.4.1 Rôle de la simulation numérique Depuis quelques années, l’entreprise Renault s’est orientée vers la simulation numérique afin de modéliser les tests d’immunité rayonnée préconisés par la directive européenne ou son propre cahier des charges CEM ([4], [9]). Ce dernier préconise de réaliser les tests d’immunité rayonnée sur véhicules complets pour quatre orientations de l’antenne d’émission en polarisation horizontale et verticale soit huit configurations de tests. Compte tenu du coût très élevé de ces tests et du nombre de véhicules important à tester, l’objectif principal de la simulation numérique est de préconiser les quelques configurations les plus pénalisantes (« pire cas ») à effectuer en priorité lors des tests d’immunité rayonnée afin de réduire le nombre de tests effectués. La détermination des configurations pire cas est effectuée en fonction des niveaux de courant de mode commun calculés en entrée des équipements électroniques pour chaque configuration de test. 1.1.4.2 Description de la chaîne de calcul Pour la modélisation numérique de tests d’immunité rayonnée réalisée sur un véhicule complet, il faut tout d’abord connaître la géométrie de toutes les parties métalliques du véhicule créée à partir d’un logiciel de CAO (Conception Assistée par Ordinateur). Celle-ci est alors discrétisée à l’aide d’un logiciel de maillage pour être prise en compte lors d’un calcul 3D qui va permettre de déterminer les champs électriques tangentiels présents sur tout le parcours du réseau de câblages du véhicule. Ce calcul, réalisé en l’absence du réseau de câblages, est effectué par un code FDTD (Finite Difference Time Domain). Enfin, un code de calcul utilisant le formalisme de la théorie des lignes de transmission est utilisé pour calculer les courants et tensions de mode communs induits aux extrémités de chaque faisceau constituant le réseau de câblages. Pour cela, les champs électriques tangentiels calculés par le code 3D sont transformés en générateurs de tension équivalents, sources du modèle de lignes, à l’aide du modèle de couplage champ-câble d’Agrawal ([14], [15]). 1.1.4.3 Exemple de cas traité actuellement chez Renault Renault réalise actuellement des simulations de tests d’immunité rayonnée pour chaque nouveau modèle de véhicule sur la bande de fréquence 20 - 300 MHz. Par exemple, pour la nouvelle LAGUNA, 6 architectures différentes du véhicule ont été modélisées et illuminées par trois ondes planes d’orientation et de polarisation différentes. Les figures 5 à 7 présentent quelques vues numériques du maillage du véhicule et du réseau de câblages qu’il contient : - 18 - Chapitre 1 – Présentation du contexte et des outils de simulation Figure 5 : Maillage FDTD du véhicule et localisation du réseau de câblages Figure 6 : Zoom sur la planche de bord du véhicule Figure 7 : Zoom sur le compartiment moteur du véhicule Pour ce véhicule, la longueur totale des faisceaux de câblages est de 112 m tandis que la longueur des conducteurs mis bout à bout est proche de 2 km. Chaque faisceau de câblages contient en moyenne 20 conducteurs. Un faisceau de câblages situé au niveau de la planche de bord contient néanmoins 230 conducteurs. Ces modélisations ont permis de comparer, pour chaque illumination, le courant de mode commun en entrée de cinq équipements électroniques considérés comme sécuritaires : l’Airbag, l’ABS, le calculateur d’injection, l’UCH (Unité Centrale Habitacle) et l’UPC (Unité de Protection et de Commutation) dont les positions au sein du réseau de câblages sont précisées sur la figure 8 : Figure 8 : Position des équipements électroniques sécuritaires testés 1.2 Outils pour la simulation 1.2.1 Equations de Maxwell Au 19ème siècle, James Clerk Maxwell a énoncé un système de quatre équations aux dérivées partielles couplées qui résument à elles seules les propriétés de l’électromagnétisme. Ce système d’équations, qui constitue une synthèse harmonieuse des diverses lois expérimentales découvertes par ses prédécesseurs (lois de l’électrostatique, du magnétisme, de l’induction,…) fut publié dans sa forme définitive en 1873 dans l'ouvrage Electricity and Magnetism. 1.2.1.1 Equations générales Les équations générales de Maxwell relient, dans un milieu caractérisé par sa conductivité σ (exprimé en S/m), sa permittivité ε (F/m), et sa perméabilité µ (H/m), les - 19 - Chapitre 1 – Présentation du contexte et des outils de simulation r r champs électrique E (V/m) et magnétique H (A/m) aux termes qui sont les r sources 3 2 densités volumiques de charges ρ ( Cb / m ) et de courant J ( A / m ). Toutes ces r équations font intervenir deux autres grandeurs : l'induction électrique D (Cb/m²), et r l'induction magnétique B (Wb/m²) qui caractérisent l’influence des champs électrique et magnétique au sein d’un milieu ou d’un matériau. Elles s’écrivent, dans le cas d’un milieu linéaire homogène isotrope : r r D = εE r r B = µH (Eq. 1) (Eq. 2) La permittivité et la perméabilité d’un milieu sont généralement exprimées de façon relative, par rapport à leurs valeurs dans le vide : εr = ε ε0 avec ε 0 = µr = µ µ0 avec µ 0 = 1 .10 −9 F/m, permittivité du vide 36.π (Eq. 3) 1 .10 −9 H/m, perméabilité du vide 36.π (Eq. 4) L’équation de Maxwell-Faraday indique que l’intégrale du champ électrique autour d’une boucle fermée est égale à la dérivée négative par rapport au temps du flux de l’induction magnétique à travers cette boucle : r r ∂B rot E = − ∂t → (Eq. 5) L’intégrale du champ magnétique autour d’une boucle fermée est égale à la somme du courant traversant la boucle, d’après l’équation de Maxwell-Ampère : r r r ∂D rot H = J + ∂t → (Eq. 6) La troisième équation indique que le flux de l’induction magnétique à travers une surface fermée est toujours nul : r divB = 0 (Eq. 7) L’équation de Maxwell-Gauss, indique que le flux de l’induction électrique à travers une surface fermée est égal à la densité de charge à l’intérieur de la surface : r divD = ρ (Eq. 8) De plus, l’équation de conservation de la charge permet de relier les termes sources entre eux : r ∂ρ =0 divJ + ∂t (Eq. 9) 1.2.1.2 Equations en régime harmonique Dans ce cas, les grandeurs sont exprimées en notations complexes car elles varient de façon sinusoïdale en fonction du temps. Les équations de Maxwell fréquentielles deviennent alors : - 20 - Chapitre 1 – Présentation du contexte et des outils de simulation U ( M , t ) = U ( M , t ).e jωt avec ( j 2 = −1 ) (Eq. 10) Les équations de Maxwell étant linéaires et homogènes, il est possible de s’affranchir des exponentielles temporelles. Le système d’équations de Maxwell en régime harmonique s’écrit donc : → rot E + jωµ H = 0 → r r r rot H − jωεE = J r divB = 0 r ρ divE = (Eq. 11) (Eq. 12) (Eq. 13) (Eq. 14) ε Quant à l’équation de conservation de la charge, elle devient : r divJ + jωρ = 0 (Eq. 15) 1.2.2 Résolution numérique des équations de Maxwell Les méthodes de calculs résolvant les équations de Maxwell de façon numérique dans un espace en 3 dimensions sont nombreuses. Celles-ci sont généralement appelées méthodes tridimensionnelles ou 3D. Il existe tout d’abord les méthodes dites « intégrales » car elles résolvent les équations de Maxwell exprimées sous la forme intégrale. Elles ne nécessitent généralement pas de mailler le volume de calcul total mais seulement les structures filaires et les surfaces. Ces méthodes, résolues par la méthode des moments (MoM – Method of Moments), sont présentées au cours du paragraphe 1.2.2.1. Il existe ensuite les méthodes dites « différentielles » qui résolvent les équations aux dérivées partielles. Ces méthodes sont souvent qualifiées de volumiques car elles travaillent généralement sur un volume englobant l’objet à traiter et fermé par des frontières absorbantes simulant l’espace libre. Les plus connues sont les méthodes de type différences finies (FDTD - Finite Difference Time Domain), présentées au cours du paragraphe 1.2.2.2, et de type éléments finis (FEM - Finite Element Method). Les méthodes de type éléments finis [16] n’étant pas adaptées à notre sujet, nous ne les présentons pas dans ce document. En effet, le temps de calcul augmente très rapidement lorsque la fréquence ou la taille de la structure augmentent. Il existe également des méthodes « asymptotiques » dont les plus connues sont l’optique physique (OP), la théorie géométrique de la diffraction (GTD) [17], la théorie uniforme de la diffraction (UTD) [18]. Ces méthodes, en simplifiant les équations de Maxwell à l’aide d’hypothèses hautes fréquences ([19], [20], [21], [22]), permettent de traiter efficacement les objets surdimensionnés par rapport à la longueur d’onde. Cependant, ces méthodes ne sont pas présentées dans ce document car elles ont peu de chances de converger vers la solution exacte à l’intérieur d’une cavité telle que la structure diffractante d’un véhicule. En effet, ces techniques sont mieux adaptées au calcul de domaines externes pour lesquels le nombre de réflexions des ondes reste limité. - 21 - Chapitre 1 – Présentation du contexte et des outils de simulation Il faut préciser qu’il n’existe pas une famille de méthodes qui surclasse les autres pour tous les types de problèmes possibles. Le choix de la méthode la plus appropriée dépend donc de la nature du problème à résoudre ([23]). 1.2.2.1 Méthodes intégrales 1.2.2.1.1 Principe général Les méthodes intégrales, proposées par Harrington [24] dans les années 1960, permettent de résoudre les équations de Maxwell dans le domaine fréquentiel. Le principe de ces méthodes peut être expliqué simplement à l’aide de la figure 9 : Source électromagnétique quelconque Champ rayonné par la surface S ( E ray , H ray ) ( Einc , H inc ) J Objet de surface S Figure 9 : Description d’un problème résolu par une méthode intégrale Une source électromagnétique (définie par le couple de courant J Einc , H inc ) induit une densité à la surface d’un objet de surface S. Cette densité de courant J crée à son tour un champ électromagnétique rayonné ( E ray , H ray ) qui, additionné au champ incident provenant de la source, constitue le champ total présent dans l’environnement : r r r Etot = Einc + Eray r r r H tot = H inc + H ray La relation entre la densité de courant J (Eq. 16) (Eq. 17) induite sur la surface de l’objet, inconnue du problème, et le champ électromagnétique incident ( Einc , H inc ) est exprimée à l’aide d’une équation intégrale de frontière qui, une fois exprimée sous la forme d’un système linéaire d’équations, peut être résolue par la méthode des moments. 1.2.2.1.2 Equations intégrales Les démonstrations complètes des formules intégrales de rayonnement donnant, à partir des équations de Maxwell, la forme générale des champs électromagnétiques rayonnés par une densité surfacique de courant J sont présentées dans l’annexe A. Ainsi, les champs électromagnétiques rayonnés au point d’observation r par la densité de courant J circulant sur une surface S (à laquelle appartient le point r’) s’écrivent sous la forme générale suivante : - 22 - Chapitre 1 – Présentation du contexte et des outils de simulation Eray (r ) = − j ( ) H ray (r ) = 1 ( ) r r r r 2 k ∫∫ J (r ').G (r , r ′) ds + ∇ ∇.∫∫ J (r ').G (r , r ′) ds 4πωε S S µ rot A = k 2 = εµω 2 . Ces équations r r espace libre G (r , r ′) : où 1 4π ∫∫ (J (r ').G (r , r ') ).ds (Eq. 18) (Eq. 19) S font également apparaître la fonction de Green en (− jk r r r −r ′ e r r G (r , r ′) = r r r − r′ ) (Eq. 20) En appliquant certaines conditions aux limites [25], ces formules intégrales de rayonnement permettent alors de formuler le problème à résoudre. 1.2.2.1.2.1 Equation intégrale de type EFIE Le champ électrique tangentiel étant toujours nul à la surface d’un matériau conducteur, l’EFIE (Electrical Field Integral Equation) impose la condition aux limites suivante sur toute surface métallique S contenant le point r’ : [E inc ] (r ' ) + E ray (r ' ) tan = 0 (Eq. 21) Cette condition permet alors d’obtenir la forme générale de l’EFIE établissant la relation entre le champ électrique incident Einc (r ') = + ( Einc et la densité de courant surfacique J : ) ( ) r r r r 2 k ∫∫ J (r ').G (r , r ′) ds + ∇ ∇.∫∫ J (r ').G (r , r ′) ds 4πωε S S j (Eq. 22) L'EFIE peut être appliquée aux objets ouverts ou fermés, aux surfaces infiniment minces ainsi qu’aux structures filaires. 1.2.2.1.2.2 Equation intégrale de type MFIE La seconde possibilité consiste à imposer la condition aux limites suivante sur la surface des matériaux : [ ] n ∧ H inc (r ' ) + H ray (r ' ) = J (r ' ) (Eq. 23) Cette condition permet d’établir la forme générale de la MFIE (Magnetic Field Integral Equation) établissant la relation entre le champ magnétique incident densité de courant surfacique J H inc et la sur la surface de l’objet : n ∧ H inc (r ' ) = J (r ' ) − n ∧ 1 4π ∫∫ (J (r ').G (r , r ') ).ds (Eq. 24) S La MFIE ne peut s'appliquer qu'à des surfaces fermées ne contenant pas de structure filaire. - 23 - Chapitre 1 – Présentation du contexte et des outils de simulation 1.2.2.1.2.3 Equation intégrale de type CFIE La condition aux limites exprimée par l’équation 25 permet d’établir la forme générale de la CFIE (Combined Field Integral Equation) qui est une combinaison linéaire de l’EFIE et de la MFIE : [ ] [ ( )] α Einc ( r ' ) + E ray ( r ' ) tan + (1 − α )η n ∧ H inc ( r ' ) + H ray ( r ' ) = (1 − α )η J ( r ' ) (Eq. 25) où α est un nombre compris entre 0 et 1. Logiquement, cette formulation ne peut être utilisée que dans le cas où la MFIE peut elle-même être appliquée. 1.2.2.1.2.4 Forme générale d’une équation intégrale Les trois équations intégrales peuvent être écrites sous la forme générale suivante : () r r L J = X inc (Eq. 26) où X inc représente le champ électromagnétique incident. Le terme L est appelé opérateur intégro-différentiel. Le paragraphe suivant présente la méthode des moments qui permet de résoudre ce type d’équations. Il faut également préciser que la notion d’impédance de surface permet de prendre en compte les pertes surfaciques pour chacune de ces trois formulations ([26]). 1.2.2.1.3 Méthode des moments (MoM) 1.2.2.1.3.1 Principe de la méthode L’application de la méthode des moments ([27], [28], [29]) sur une structure conductrice nécessite au préalable la discrétisation (maillage) de cette structure en éléments sous-dimensionnés par rapport à la longueur d’onde d’excitation. Les éléments filaires sont discrétisés en segments et les surfaces en triangles. La densité de courant J sur une structure complexe correspond donc à la somme d’un nombre fini de termes égal au nombre d’inconnues du système : ( ) r r N J = ∑α n f n n =1 Dans cette expression, les fonctions (Eq. 27) fn , appelées fonctions de base, sont pondérées par des coefficients αn qui sont alors les nouvelles inconnues du problème. En injectant cette expression dans l’équation intégrale, le problème à résoudre s’écrit ainsi : N ∑α n =1 n (L( f )) = X n inc (Eq. 28) Cette unique équation, contenant N inconnues, ne peut pas être résolue en l’état. Pour cela, il faut effectuer le produit scalaire de cette équation avec N fonctions φ m , afin d’obtenir un système de N équations à N inconnues. Ces fonctions, appelées fonctions tests ou de pondération, sont indépendantes et doivent être judicieusement choisies. Par exemple, la méthode de Galerkin, qui est la plus couramment utilisée, préconise de choisir les fonctions tests égales aux fonctions de base. Pour la kième fonction test, l’équation intégrale s’écrit alors sous la forme suivante : - 24 - Chapitre 1 – Présentation du contexte et des outils de simulation ( ) r r < φk , L f n > =< φk , X inc > N ∑α n =1 n (Eq. 29) La généralisation de cette équation aux N fonctions test permet d’obtenir le système matriciel linéaire suivant : ( fr ) > (f )> r < φ1 , L r < φ2 , L M r < φ , L 2 r 1 1 (f )> r 1 ( fr ) > (f )> r < φ1 , L r < φ2 , L O L r 2 2 ( f ) > α r L < φ1 , L O M O M r L < φ2 , L r < φ1 , X inc > α 2 < φ2 , X inc > M = M r α f N > N < φ N , X inc > N 1 (Eq. 30) ( ) Ce système peut également être noté sous la forme condensée suivante : [Z ][. I ] = [V ] (Eq. 31) Dans ce système, la matrice [Z] est appelée matrice interaction du système. Elle quantifie l’interaction de toutes les inconnues du système entre elles. Le vecteur [I] contient les amplitudes αn de la densité de courant sur toutes les inconnues du système tandis que le vecteur [V] correspond à l’excitation appliquée à la structure. La résolution de ce système consiste alors à inverser la matrice d’interaction [Z] afin de déterminer la densité de courant sur chaque élément du système : [I ] = [Z ] .[V ] −1 (Eq. 32) 1.2.2.1.3.2 Temps de calculs et espace mémoire requis Le temps de calcul nécessaire à la résolution d’un système complexe par la MoM, est principalement dominé par le temps nécessaire aux phases d’assemblage de la matrice [Z] (proportionnel à N2 où N est le nombre d’inconnues du problème) et d’inversion de celle-ci (proportionnel à N3). De plus, la résolution du système étant réalisée dans le domaine fréquentiel, ces opérations doivent être réalisées pour chaque point de fréquence souhaité. L’espace mémoire requis par la MoM dépend du nombre d’inconnues du système à résoudre. Chaque arête d’un triangle est associée à une inconnue. Cependant, chaque arête délimitant la séparation entre deux triangles (hormis pour les triangles situés en extrémités d’une surface), chaque triangle est donc associé à environ 1,5 fonction de base. Une inconnue est également associée à chaque jonction entre deux segments ou pour chaque point de connexion entre un segment et un triangle. Ainsi, dans le cas d’un système comprenant X triangles et Y segments, le nombre d’inconnues N du système peut être évalué à l’aide de l’équation 33 : N ≈ 1,5 X + Y (Eq. 33) L’espace mémoire E requis pour stocker la matrice [Z] de dimension N2 dépend donc du nombre k d’octets servant à exprimer chaque terme numérique : E ≈ (1,5 X + Y ) * k 2 (Eq. 34) Ainsi, en MoM, un raffinement par deux du pas de maillage multiplie le nombre d’inconnues par 4, la mémoire nécessaire par 16 tout comme le temps nécessaire à l’assemblage de la matrice [Z]. Le temps d’inversion de la matrice [Z] est alors multiplié par 64. - 25 - Chapitre 1 – Présentation du contexte et des outils de simulation 1.2.2.1.4 Fast Multipole Method (FMM) La méthode des moments, résolvant de façon rigoureuse les équations issues du formalisme intégral, est néanmoins limitée en hautes fréquences dans le cas de problème de grande taille à cause du temps de calcul qu’elle nécessite et de l’espace mémoire qu’elle requiert pour stocker la matrice d’interaction [Z]. Ces dernières années ont ainsi vu apparaître de nombreuses méthodes permettant de réduire à la fois le temps nécessaire à l’assemblage et à l’inversion de la matrice [Z]. De toutes ces méthodes, la Fast Multipole Method (FMM) est aujourd’hui la plus largement utilisée ([30], [31], [32]). La détermination de la matrice d’interaction [Z], à l’aide de la MoM, consiste à calculer les interactions entre tous les éléments du problème pris deux à deux. Afin de réduire la complexité de cette phase d’assemblage, la FMM regroupe les éléments du système en paquets d’éléments. Les termes relatifs à deux éléments appartenant au même paquet ou à deux paquets géographiquement proches sont calculés de façon rigoureuse. En revanche, les termes relatifs à deux éléments appartenant à deux paquets géographiquement éloignés sont calculés de façon approchée. Pour cela, on calcule tout d’abord la fonction de radiation de chaque paquet d’éléments qui correspond, de façon simplifiée, à l’influence globale du paquet d’éléments. Ensuite, on calcule la fonction de transfert entre deux paquets d’éléments éloignés. Enfin, la phase de reconstruction permet de calculer l’effet du premier paquet d’éléments sur chaque élément du second paquet. La figure 10 présente schématiquement le traitement de deux paquets d’éléments géographiquement éloignés en FMM : 3 - Reconstruction Eléments 2 - Transfert 1 - Radiation Paquet n°1 Paquet n°2 Figure 10 : Traitement de deux paquets d’éléments éloignés par la méthode FMM La FMM est généralement utilisée en multi-niveaux. Elle est alors désignée dans la littérature par l’acronyme MLFMA (Multi Level Fast Multiple Algorithm). Dans ce cas, le système complexe à traiter est découpé de façon récursive en paquets de plus en plus petits. La figure 11 présente un exemple de découpage à trois niveaux sur une structure complexe : Niveau 0 Niveau 1 Niveau 2 Figure 11 : Illustration du découpage multi-niveaux - 26 - Niveau 3 Chapitre 1 – Présentation du contexte et des outils de simulation Dans le cas de la FMM multi-niveaux, le temps d’assemblage de la matrice d’interaction [Z] et l’espace mémoire requis pour le stockage de cette matrice deviennent alors proportionnels à N*(lnN), où N est le nombre d’inconnues de la structure. Une fois la matrice [Z] assemblée, la résolution du système d’équations linéaires est réalisée à l’aide d’un algorithme itératif. Cet algorithme consiste à résoudre un système Ax=b en calculant, à partir d’une valeur initiale x0, une suite de solutions approchées qui convergent vers la solution x du problème et permet de réduire sensiblement le temps de calcul. Il faut cependant évoquer les problèmes possibles de convergence dans le cas de volumes très fermés. 1.2.2.2 Différences finies dans le domaine temporel La méthode des différences finies dans le domaine temporel (Finite Difference Time Domain ou FDTD) a été introduite en 1966 par Yee ([33]). Elle est aujourd’hui très utilisée en raison de son efficacité et de sa robustesse. Cette méthode effectue une résolution temporelle des équations de Maxwell dans un volume décrit par un système de coordonnées cartésiennes. La méthode résout le système d’équations différentielles présenté sur les équations 35 à 40 (où les paramètres µ, ε et σ sont considérés comme indépendants du temps) : ∂H x 1 ∂E y ∂E z − = ∂t ∂y µ ∂z (Eq. 35) 1 ∂E z ∂E x − µ ∂x ∂z (Eq. 36) ∂H z 1 ∂E x ∂E y = − ∂t ∂x µ ∂y (Eq. 37) ∂E x 1 ∂H z ∂H y − − σE x = ∂t ∂z ε ∂y (Eq. 38) ∂H y ∂t ∂E y = 1 ∂H x ∂H z − − σE y ε ∂z ∂x (Eq. 39) ∂E z 1 ∂H y ∂H x = − − σE z ∂t ∂y ε ∂x (Eq. 40) ∂t = Le volume de calcul est ainsi découpé en mailles élémentaires parallélépipédiques le plus souvent cubiques. Chaque maille est repérée par le triplet d’entiers (i, j, k ) = (i∆x, j∆y, k∆z ) où ∆x, ∆y et ∆z sont respectivement les pas de discrétisations suivant les directions Ox, Oy et Oz. Dans ce maillage, les grandeurs dépendantes du temps et de l’espace, c’est-à-dire les champs électrique et magnétique, sont discrétisées selon le modèle suivant : F n (i, j , k ) = F (i∆x, j∆y, k∆z , n∆t ) (Eq. 41) où n est un entier et ∆x le pas temporel de calcul. A partir de là, on peut remplacer les dérivations qui apparaissent dans le système précédent par des termes de différences finies centrées dans le cas du schéma de Yee : - 27 - Chapitre 1 – Présentation du contexte et des outils de simulation ∂F n (i, j , k ) F n (i + 1 2 , j , k ) − F n (i − 1 2 , j , k ) = + a (∆x 2 ) ∂x ∆x ∂F n (i, j , k ) F = ∂t n+ 1 2 (i, j, k ) − F n− 1 ∆t 2 (i, j, k ) + b(∆t ) 2 (Eq. 42) (Eq. 43) où a et b sont des nombres réels. Ces termes sont obtenus à l’aide de développements de Taylor d’ordre deux, ce qui conduit à un système en espace et en temps d'ordre deux. En appliquant ce formalisme aux équations de Maxwell, les inconnues de chaque maille, qui sont les composantes des champs électrique et magnétique, sont disposées comme indiqué sur la figure 12 : (i+1,j+1,k+1) Hx Ez Hy Ey z Hz y (i,j,k) Ex (i+1,j,k) x Figure 12 : Schéma de Yee sur une maille élémentaire Les composantes du champ électrique ( E x , E y , E z ) sont situées au milieu des arêtes de chaque maille et colinéaires à celles-ci. Les composantes du champ magnétique ( H x , H y , H z ) sont situées au centre des faces et orientées normalement par rapport à celles-ci. Le calcul des inconnues s’effectue selon un schéma temporel itératif, appelé « saute-mouton » (ou « leap frog » en anglais), à des intervalles de temps successifs espacés de ∆t/2. Ainsi, les composantes du champ électrique sont calculées aux instants t n = n ∆t tandis que les composantes du champ magnétique sont calculées aux instants t n +1 2 = (n + 1 2 ) ∆t . Ainsi, les résultats obtenus à un instant donné dépendent des résultats obtenus à l’instant précédent. La stabilité du modèle est assurée si la condition CFL (Courant, Friedrich, Levy), reliant le pas de discrétisation temporelle et les pas de discrétisation spatiaux, est respectée : - 28 - Chapitre 1 – Présentation du contexte et des outils de simulation c.dt < 1 1 1 1 + 2 + 2 2 dx dy dz (Eq. 44) où c est la vitesse de la lumière dans le vide. Le volume de calcul étant fini, il faut imposer des conditions aux limites sur les faces des mailles délimitant celui-ci ([34], [35]). Des couches absorbantes, censées représenter l’espace libre, vont ainsi annuler la réflexion des ondes sortantes vers l’intérieur du volume de calcul. Si la structure est illuminée par une agression électromagnétique quelconque, l’agression sera simulée à l’aide d’une surface équivalente utilisant le principe de Huygens entourant le système. Ces couches sont ensuite entourées d’une paroi métallique servant à délimiter le volume de calcul. La figure 13 résume donc la structure du volume de calcul utilisé en FDTD : Couches absorbantes Surface métallique ferrmée Volume de calcul Objet à traiter Surface de Huygens Figure 13 : Schéma descriptif du volume de calcul utilisé en FDTD L’espace mémoire nécessaire à la résolution d’un problème à l’aide de la méthode FDTD est proportionnel au nombre de cellules contenues dans le volume de calcul tandis que le temps de calcul est proportionnel au nombre de cellules et au nombre d’itérations temporelles. Cette méthode temporelle présente également l’avantage de pouvoir couvrir une large bande de fréquence à l’aide d’un seul calcul. Les résultats obtenus peuvent ainsi être convertis dans le domaine fréquentiel après calcul de la transformée de Fourier des données de sortie temporelles. La fréquence maximale du calcul impose le pas de discrétisation spatial minimal. Généralement, le critère adopté est de choisir un pas spatial égal à λ min 10 . Ainsi, plus la fréquence maximale est élevée, plus les pas spatial et temporel sont faibles, d’où une augmentation sensible du temps de calcul. A titre d’exemple, lorsque l’on décide de réduire par deux le pas de maillage dans les trois directions de l’espace, la mémoire nécessaire est alors multipliée par un facteur 8 et le temps de calcul par un facteur 16. - 29 - Chapitre 1 – Présentation du contexte et des outils de simulation 1.2.3 Présentation de la Topologie de câblages 1.2.3.1 Présentation de la Topologie Electromagnétique Aujourd’hui, dans les domaines automobile et aéronautique, le calcul des niveaux de perturbations induits sur un réseau de câblages en fonction d’une agression électromagnétique quelconque est aujourd’hui réalisé à l’aide du formalisme de la Topologie Electromagnétique. Ce formalisme, dont les bases théoriques ont été initiées aux Etats-Unis au début des années 80 par les travaux de Carl E. Baum de l’Air Force Research Laboratory ([6], [7], [8]), est adapté pour la modélisation numérique des couplages électromagnétiques sur systèmes complexes (véhicule automobile, avion, hélicoptère,…). Nous présentons les principes généraux de la Topologie Electromagnétique dans les paragraphes suivants. 1.2.3.1.1 Principe de l’approche topologique La modélisation d’un système complexe par l’approche topologique est basée sur la décomposition du système en plusieurs sous-systèmes simples résolus séparément. Des approximations dûment justifiées sur les transferts d’énergie entre les différents sous-systèmes permettent alors de résoudre le problème global à l’aide du formalisme général des réseaux électriques. 1.2.3.1.2 Volumes, diagrammes et graphes topologiques Lors de l’étude d’un système de grande dimension, la première étape consiste à découper la structure en plusieurs sous-structures appelées « volumes topologiques ». Ce découpage est effectué en observant la géométrie de la structure, les parois métalliques (« surfaces topologiques ») servant de limites entre deux volumes topologiques. La figure 14 présente un exemple de structure complexe contenant plusieurs volumes topologiques : V1 V2 V3 Figure 14 : Exemple de découpage topologique naturel Il faut préciser que chaque volume topologique peut également contenir des sousvolumes appelés sous-volumes propres. La notion de « diagramme topologique » permet alors de représenter de façon schématique les différents volumes topologiques d’une structure complexe. La figure 15 présente le « diagramme topologique » correspondant au découpage topologique présenté figure 14 : V1 V2 V3 Figure 15 : Diagramme topologique associé à la structure précédente - 30 - Chapitre 1 – Présentation du contexte et des outils de simulation Le graphe topologique est la forme duale du diagramme topologique. Par sa plus grande simplicité, le graphe topologique permet une analyse plus rapide d’un système complexe. Les volumes topologiques sont représentés par des noeuds et les transferts d’énergie à travers les surfaces topologiques par des arêtes. La figure 16 présente le « graphe topologique » correspondant au découpage topologique présenté figure 14 : V1 V2 V3 Figure 16 : Graphe topologique associé à la structure précédente Le formalisme de la théorie des graphes permet ensuite la description informatique d’un diagramme ou d’un graphe topologique associée à l’étude de la structure complexe. 1.2.3.2 Modèle des lignes de transmission La détermination des niveaux de couplage en CEM ne peut s’affranchir du rôle primordial joué par les réseaux de câblages. En effet, ils constituent une antenne de réception susceptible de capter les différentes agressions électromagnétiques présentes dans l’environnement et de les guider directement jusqu’à l’entrée des équipements électroniques. Ils constituent également une source rayonnante, grâce aux signaux utiles et parasites qu’ils peuvent véhiculer. Pour appliquer le formalisme de la Topologie Electromagnétique dans le domaine de la CEM automobile, la Topologie de câblages basée sur le formalisme des réseaux de lignes de transmission multiconducteur a été développée. A notre connaissance, la Topologie de câblages est la seule application quantitative de la Topologie Electromagnétique dans une gamme de fréquence allant du continu au GHz. La théorie des lignes de transmission multiconducteur appliquée à des réseaux (MTLN – Multiconductor Transmission Line network) est basée sur l’hypothèse de la propagation exclusive d’ondes transverses électromagnétiques (TEM ou quasi-TEM) le long d’un faisceau de câblages. L’hypothèse fondamentale de la MTLN est que la distance entre les deux conducteurs, supports de la propagation de l’onde, est faible par rapport à la longueur d’onde. Le principal intérêt de ce modèle réside dans sa facilité d’utilisation et dans un temps de résolution relativement court par rapport à la résolution du problème à l’aide d’un code de calcul 3D. 1.2.3.2.1 Modèle de ligne de transmission monofilaire Une ligne monofilaire est une ligne composée d’un conducteur unique et d’un élément de référence (conducteur ou plan de masse) séparés par un milieu diélectrique. La MTLN permet de modéliser une section de longueur infinitésimale de la ligne soumise à un champ électromagnétique sous la forme du schéma électrique présenté figure 17 : - 31 - Chapitre 1 – Présentation du contexte et des outils de simulation Vs(z).dz + L.dz R.dz Is(z).dz V(z) G.dz z V(z+dz) C.dz z+dz Figure 17 : Schéma électrique équivalent d’une section de ligne infinitésimale d’une ligne de transmission monofilaire Les paramètres linéiques (définis par unité de longueur) composant ce schéma sont la résistance R, l’inductance L, la capacité C et la conductance G. Les sources linéiques de tension et de courant correspondent à une source externe ou localisée sur la ligne. Les lois des mailles et des nœuds permettent d’obtenir les équations de propagation des tensions et courants le long de la ligne : ∂V ( z ) = − Z .I ( z ) + V s ( z ) ∂z (Eq. 45) ∂I ( z ) = −Y .V ( z ) + I s ( z ) ∂z (Eq. 46) où les grandeurs Z et Y dépendent des paramètres linéiques de la ligne : Z = R + jLω (Eq. 47) Y = G + jCω (Eq. 48) En différentiant les deux équations de propagation précédentes et en les combinant, on obtient les équations des télégraphistes en tension et en courant : ∂ 2V ( z ) ∂V s ( z ) Z Y V z − = . . ( ) − Z .I s ( z ) ∂z 2 ∂z (Eq. 49) ∂ 2 I ( z) ∂I s ( z ) − Y .Z .I ( z ) = − Y .V s ( z ) 2 ∂z ∂z (Eq. 50) Les solutions des équations 49 et 50 sont de la forme : V ( z ) = Vi .e −γzr + Vr .e + γz (Eq. 51) I ( z ) = I i .e −γzr + I r .e + γz (Eq. 52) Ces solutions font apparaître la constante de propagation complexe γ de la ligne : γ = α + jβ = Z .Y = ( R + jLω ).(G + jCω ) (Eq. 53) La partie réelle α (népers/m) correspond à l’atténuation le long de la ligne tandis que la partie imaginaire β (rad/m) est la constante de phase. On définit également l’impédance caractéristique Zc de la ligne qui correspond au rapport de la tension et du courant en tout point de la ligne : - 32 - Chapitre 1 – Présentation du contexte et des outils de simulation Zc = Vi = Ii R + jLω G + jCω Z = Y (Eq. 54) 1.2.3.2.2 Modèle de lignes de transmission multifilaires Les lignes ou faisceaux multiconducteur sont composés de plusieurs conducteurs et d’une référence séparés par un milieu diélectrique. La généralisation du schéma électrique équivalent d’une ligne monofilaire au cas d’un faisceau multiconducteur aboutit au schéma électrique équivalent présenté figure 18 : V1s(z).dz I1(z) I2(z) V2s(z).dz I3(z) V1(z) V3s(z).dz V2(z) I1(z+dz) I2(z+dz) [Z] I3(z+dz) I1s(z)dz I2s(z)dz I3s(z)dz [Y] V3(z) V1(z+dz) V2(z+dz) V3(z+dz) z Figure 18 : Schéma électrique équivalent d’une section de ligne infinitésimale d’une ligne de transmission multiconducteur Pour le premier conducteur du faisceau, l’équation de Kirchhoff en tension s’écrit : n ∂V1 ( z ) = − Z11.I1 ( z ) − ∑ Z1i .I i ( z ) + V1s ( z ) ∂z i=2 (Eq. 55) Les deux premiers termes traduisent les contributions respectives de l’impédance linéique du conducteur 1 et des couplages avec les conducteurs voisins. Le troisième terme correspond à la fem (force électromotrice) linéique due à l’induction magnétique provoquée par l’onde résultante. La forme matricielle de l’équation de Kirchhoff en tension s’obtient en généralisant cette équation à tous les autres conducteurs du faisceau : ∂[V ( z )] = −[Z ][ . I ( z )] + V s ( z ) ∂z [ ] (Eq. 56) Par dualité, la forme matricielle de l’équation de Kirchhoff en courant s’écrit : ∂[I ( z )] = −[Y ][ . V ( z )] + I s ( z ) ∂z [ ] (Eq. 57) Les équations 56 et 57 permettent d’écrire l’équation d’onde sous forme matricielle : [ ] [ [ ] [ ∂ 2 [V ( z )] ∂ V s ( z) [ ][ ][ ] Z . Y . V ( z ) − [Z ]. I s ( z ) − = ∂z ∂z 2 ∂ 2 [I ( z )] ∂ I s ( z) . Z ][ . I ( z )] = − [Y ]. V s ( z ) − [Y ][ 2 ∂z ∂z - 33 - ] (Eq. 58) ] (Eq. 59) Chapitre 1 – Présentation du contexte et des outils de simulation Par analogie avec le cas de la ligne monofilaire, la matrice de constante de propagation [γ] et la matrice impédance caractéristique [Zc] peuvent être définies : [γ ] = [Z ][. Y ] (Eq. 60) [Z C ] = [γ ][. Y ]−1 = [γ ]−1 .[ Z ] (Eq. 61) Un changement de variable permet alors de définir les vecteurs onde [V(z)]+ et [V(z)]- en fonction des vecteurs tension [V(z)] et courant [I(z)] usuels : [V ( z )]+ = [V ( z )] + [Z c ][. I ( z )] [V ( z )]− = [V ( z )] − [Z c ][. I ( z )] (Eq. 62) (Eq. 63) Le vecteur [V(z)]+ correspond à une onde progressive et le vecteur [V(z)]- à une onde rétrograde. Cette transformation permet d’écrire l’équation de Kirchhoff en tension sous la forme de deux équations différentielles du premier ordre indépendantes. Ces équations, appelées équations de Kirchhoff en ondes, séparent les ondes progressives des ondes rétrogrades : ∂[V ( z )]+ + [γ ][ . V ( z )]+ = V s ( z ) + ∂z ] (Eq. 64) ∂[V ( z )]− − [γ ][ . V ( z )]− = V s ( z ) − ∂z (Eq. 65) [ [ ] Il faut noter que la même opération pour l’équation de Kirchhoff en courant donnera les mêmes équations en ondes. Un autre changement de variable z ' = l − z pour l’onde rétrograde [V(z)]- permet alors de considérer les deux extrémités de la ligne comme les points de départ de deux ondes progressives de directions de propagation opposées. Les solutions des équations de Kirchhoff en ondes, pour une ligne de longueur L, se résument alors aux relations : [V ( z = L)]+ = e −[γ ]. L L [ ] (Eq. 66) [ ] (Eq. 67) .[V ( z = 0)]+ + ∫ e −[γ ].( L − z ) . V s ( z ) + .dz 0 [V ( z ' = L)]+ = e −[γ ]. L L .[V ( z ' = 0)]+ + ∫ e −[γ ].( L − z ') . V s ( z ' ) + .dz 0 1.2.3.3 L’approche topologique d’un réseau de câblages multiconducteur En Topologie de câblages, un faisceau multiconducteur est modélisé par un tube unique sur lequel se propage une onde progressive et une onde rétrograde. Ce tube constitue à la fois le support d’agression et de propagation des perturbations. Il est terminé par des jonctions qui vont permettre de connecter des charges (impédances équivalentes d’extrémité) ou bien d’interconnecter des tubes entre eux afin de créer un réseau de lignes de transmission multiconducteur. Les tubes et les jonctions correspondent respectivement aux nœuds et aux arêtes du graphe topologique. Le fait de représenter un faisceau multiconducteur sous forme d’un tube unique simplifie la représentation graphique des réseaux de câblages. - 34 - Chapitre 1 – Présentation du contexte et des outils de simulation 1.2.3.3.1 Représentation d’un réseau de câblages Un réseau de câblages est représenté sous forme de jonctions et de tubes sur lesquels se propagent une onde progressive et une onde rétrograde. Pour faciliter la mise en équation du réseau, on fait appel aux notions de supervecteur (vecteur de vecteurs) et de supermatrice (matrice de matrices). Les sources d’agression peuvent être localisées (source de tension ou de courant) ou réparties (perturbation électromagnétique dans l’environnement) sur un ou plusieurs tubes du réseau. La figure 19 présente un exemple de représentation d’un réseau de câblages multiconducteur obtenu à l’aide du logiciel CRIPTE : Figure 19 : Représentation topologique d’un réseau de câblages multiconducteur 1.2.3.3.2 Les tubes Au point de coordonnée z, les deux ondes se propageant sur un tube sont calculées en fonction des tensions et courants présents sur les différents conducteurs du faisceau : [W (z )] = [V (z )]+ = [V (z )] + [Z c ].[I (z )] (Eq. 68) La figure 20 présente la représentation des ondes progressive et rétrograde sur un tube : W1(z=0) 1 Jonction 1 W1(z=L) 2 Tube W2(z’=L) W2(z’=0) Jonction 2 Figure 20 : Définition des ondes se propageant sur un tube La propagation d’une onde le long d’un tube repéré par l’indice i s’écrit sous la forme suivante : [Wi (L )] = [Γi ].[Wi (0)] + [W s ] i - 35 - (Eq. 69) Chapitre 1 – Présentation du contexte et des outils de simulation où l’on définit les termes suivants : • le vecteur des ondes progressives [Wi(0)] en z=0 • le vecteur des ondes progressives [Wi(L)] en z=L [W ] représentant l’agression extérieure s • le vecteur d’ondes sources • la matrice de propagation [Γ] du tube i 1.2.3.3.3 Les jonctions Une jonction n d’un réseau de câblages est caractérisée par sa matrice de répartition [Sj]n reliant les ondes entrantes aux ondes sortantes de la jonction. Une jonction peut être représentée par un fichier de paramètres Z, Y ou S. Il existe deux types de jonctions. Les jonctions « idéales » permettent de connecter directement les tubes, et donc les conducteurs, entre eux. Les jonctions terminales de type circuit qui permettent de prendre en compte des éléments linéaires de type résistance, inductance et capacité. Celles-ci permettent ainsi de définir des réseaux d’impédances d’extrémités complexes reliant les conducteurs du tube à la référence de masse ou reliant directement deux conducteurs du tube (charges différentielles). Une jonction, repérée par l’indice n, est définie par la relation suivante : [W (0)] = [S ] .[W (L )] n n j n (Eq. 70) où l’on définit les termes suivants : • la matrice caractéristique [Sj]n de la jonction n • le vecteur des ondes entrantes [W(0)]n de la jonction n • le vecteur des ondes sortantes [W(L)]n de la jonction n 1.2.3.3.4 L’équation BLT La généralisation de l’équation de propagation sur un tube à l’ensemble du réseau de câblages s’écrit : [[W (L )]] = [[Γ]].[[W (0)]] + [[W s ]] (Eq. 71) Dans cette équation sont définis : • le supervecteur des ondes sortantes des jonctions [[W(0)]] • le supervecteur des ondes entrantes des jonctions [[W(L)]] • le supervecteur d’ondes sources [[WS]] • la supermatrice de propagation [[Γ]] L’équation de répartition généralisée du réseau de câblages, où [[S]] désigne la supermatrice de répartition du réseau, s’écrit : [[W (0)]] = [[S ]].[[W (L )]] (Eq. 72) La combinaison des deux relations précédentes permet d’aboutir à l’équation BLT caractéristique du réseau portant l’acronyme de ses promoteurs (Baum, Liu, Tesche) [36] : ([I ] − [[S ]].[[Γ]]).[[W (0)]] = [[S ]].[[W s ]] (Eq. 73) où [I] est la matrice identité. L’inconnue de cette équation est le supervecteur d’ondes sortantes caractérisant les ondes issues des jonctions. La solution de l’équation BLT s’obtient par inversion, soit : - 36 - Chapitre 1 – Présentation du contexte et des outils de simulation [[W (0)]] = ([I ] − [[S ]].[[Γ]])−1.[[S ]].[[W s ]] (Eq. 74) Une fois le supervecteur d’ondes sortantes [[W(0)]] déterminé, les paramètres tension et courant assignés à chaque conducteur du réseau peuvent être calculés simplement. 1.2.3.4 Matrice des paramètres linéiques L’application du formalisme de la MTLN à un réseau de câblages nécessite la connaissance préalable des matrices de paramètres linéiques [R], [L], [C], [G] de chaque faisceau multiconducteur du réseau. Ces matrices servent à la construction de la supermatrice de propagation [[Γ]] du réseau. 1.2.3.4.1 Analyse physique des matrices de paramètres linéiques Dans cette partie, les relations entre les paramètres physiques des différents conducteurs d’un faisceau et les termes présents au sein des matrices linéiques [R], [L], [C] et [G] du formalisme MTLN sont définies. Les matrices de paramètres primaires d’un faisceau contenant N conducteurs ont une taille égale à N*N. Cependant, ces paramètres primaires sont toujours définis par rapport à un conducteur de référence constitué le plus souvent d’un plan de masse ou du blindage d’un câble. Ainsi, le système comprend N+1 conducteurs. Dans les démonstrations suivantes, les paramètres physiques entre les différents conducteurs sont identifiés par l’indice p. 1.2.3.4.1.1 Matrice inductance [L] La forme générale de la matrice [L] d’un faisceau multiconducteur est définie à partir de la figure 21 qui présente l’exemple d’un faisceau comprenant 3 conducteurs : I1(z) L11p I2(z) V1(z) M 12p M 1p−ref p 23 M M 2p−ref p 3− ref I2(z+dz) V1(z+dz) I3(z+dz) L33p V2(z) V3(z) M 13p L22p M I3(z) I1(z+dz) p Lref V2(z+dz) Iretour(z) V3(z+dz) z Figure 21 : Inductances physiques dans un faisceau contenant 3 conducteurs Dans cette figure, plusieurs types de termes inductifs sont définis : Liip • chaque terme • chaque terme correspond à l’inductance propre du conducteur d’indice i M ijp correspond à l’inductance mutuelle des conducteurs d’indices i et j • chaque terme M ip−ref correspond à l’inductance mutuelle entre le conducteur d’indice i et la référence • le terme p Lref correspond à l’inductance propre de la référence. - 37 - Chapitre 1 – Présentation du contexte et des outils de simulation En négligeant les pertes résistives des conducteurs, la première équation des télégraphistes permet d’introduire la matrice inductance de ce faisceau : ∂[V ( z )] = − j.ω [L][ . I ( z )] ∂z (Eq. 75) L’hypothèse fondamentale du modèle de ligne de transmission consiste à considérer que le courant de retour circulant sur le plan de masse est égal au courant de mode commun du faisceau multiconducteur. Pour l’exemple décrit sur la figure 21, cette hypothèse s’écrit : I retour = I 1 + I 2 + I 3 (Eq. 76) Cette hypothèse permet d’obtenir après simplification les relations suivantes : ∂V1 p p = jω (L11p + Lref − 2 M 1p− ref )I 1 + jω (M 12p + Lref − M 1p− ref − M 2p− ref )I 2 ∂x p + jω (M 13p + Lref − M 1p− ref − M 3p− ref )I 3 (Eq. 77) ∂V2 p p = jω (M 12p + Lref − M 1p− ref − M 2p− ref )I 1 + jω (L22p + Lref − 2 M 2p− ref )I 2 ∂x p + jω (M 23p + Lref − M 2p− ref − M 3p− ref )I 3 (Eq. 78) ∂V3 p = jω (M 13p + Lref − M 1p− ref − M 3p− ref )I 1 ∂x p p + jω (M 23p + Lref − M 2p−ref − M 3p− ref )I 2 + jω (L33p + Lref − 2M 3p− ref )I 3 (Eq. 79) − − − La matrice de ligne inductance [L] du faisceau peut être obtenue à l’aide d’une identification terme à terme des équations 77, 78 et 79. Chaque terme de la matrice [L] est donc défini en fonction des inductances propres et mutuelles des conducteurs du faisceau. Ainsi, les termes diagonaux et extradiagonaux de la matrice [L] peuvent être exprimés par les relations générales suivantes : p Lii = Liip + Lref − 2 M ip− ref (Eq. 80) p Lij = M ijp + Lref − M ip− ref − M jp− ref (Eq. 81) 1.2.3.4.1.2 Matrice résistance [R] Les pertes résisitives d’un faisceau multiconducteur sont contenues dans la matrice [R] du formalisme MTLN. Par analogie avec les termes de la matrice [L], les termes de la matrice [R] dépendent des résistances propres et mutuelles des différents conducteurs et de la référence : Rii = Riip + Rrefp − 2 Rip− ref (Eq. 82) Rij = Rijp + Rrefp − Rip−ref − R jp− ref (Eq. 83) 1.2.3.4.1.3 Matrice capacité [C] La matrice capacité d’un faisceau multiconducteur relie les charges électriques aux tensions entre conducteurs : - 38 - Chapitre 1 – Présentation du contexte et des outils de simulation [q] = [C ][. V ] (Eq. 84) L’exemple d’un faisceau comprenant 3 conducteurs, présenté figure 22, est à nouveau utilisé pour définir la forme générale de la matrice [C] d’un faisceau multiconducteur : V12 1 V13 2 C12p C 23p C13p V1 V23 3 C11p p 11 C V2 V3 C33p Figure 22 : Définition des capacités physiques dans un faisceau à 3 conducteurs Les charges sur chaque conducteur peuvent être exprimées en fonction des différences de potentiel et des capacités physiques présentes entre les différents conducteurs du faisceau : ( ) q1 = C11p .V1 + C12p .V12 + C13p .V13 = C11p + C12p + C13p .V1 − C12p .V2 − C13p .V3 ( ) q 2 = C 22p .V2 − C12p .V12 + C 23p .V23 = −C12p .V1 + C12p + C 22p + C 23p .V2 − C 23p .V3 ( ) q3 = C 33p .V3 − C13p .V13 − C 23p .V23 = −C13p .V1 − C 23p .V2 + C13p + C 23p + C 33p .V3 (Eq. 85) (Eq. 86) (Eq. 87) La matrice [C] du faisceau à trois conducteurs peut être obtenue à l’aide d’une identification terme à terme des équations 85, 86 et 87 : C11 [C ] = C 21 C31 C12 C 22 C32 C13 C11p + C12p + C13p C 23 = − C12p C33 − C13p − C12p C12p + C 22p + C 23p −C p 23 − C13p − C 23p p p p C13 + C 23 + C33 (Eq. 88) La forme générale des termes diagonaux et extradiagonaux de la matrice [C] d’un faisceau multiconducteur peut être déduite de l’équation précédente : N Cii = ∑ Cijp (Eq. 89) C ij = −C ijp (Eq. 90) j =1 1.2.3.4.1.4 Matrice conductance [G] La matrice [G] d’un faisceau multiconducteur permet de tenir compte des pertes diélectriques provoquées par les gaines isolantes enrobant les conducteurs. Par analogie avec la matrice capacité, les termes diagonaux et extradiagonaux des termes de la matrice [G] peuvent s’écrire dans le cas général : - 39 - Chapitre 1 – Présentation du contexte et des outils de simulation N Gii = ∑ Gijp (Eq. 91) G ij = −G ijp (Eq. 92) j =1 1.2.3.4.2 Détermination des matrices linéiques 1.2.3.4.2.1 Calcul analytique Ce paragraphe présente les formules analytiques permettant de caractériser les matrices de paramètres primaires d’un faisceau multiconducteur. 1.2.3.4.2.1.1 Matrice inductance [L] En utilisant l’approximation des fils minces, selon laquelle le diamètre des conducteurs est supposé petit par rapport à la distance les séparant, des formules analytiques simples permettent de déterminer les inductances propres et mutuelles de conducteurs situés au-dessus d’un plan de référence infini, parfaitement conducteur. Lii = Lij = µ 0 4.hi . ln 2π d i µ 0 4.hi .h j . ln 1 + d ij2 2π (Eq. 93) (Eq. 94) Dans ces équations, les paramètres hi et hj correspondent respectivement à la hauteur des conducteurs d’indice i et j par rapport à la référence. Le paramètre dij correspond à la distance entre les conducteurs i et j. Les formules analytiques sont très utiles pour calculer la matrice [L] d’un faisceau multiconducteur du fait que le calcul d’une inductance propre ou mutuelle ne dépend pas de son environnement électrique, c’est à dire de la présence d’autres conducteurs ou de milieux diélectriques différents du milieu ambiant. Cependant, la précision de ces formules analytiques diminue lorsque le rayon des différents conducteurs devient faible devant leurs distances respectives. 1.2.3.4.2.1.2 Matrice résistance [R] La matrice résistance [R] d’un faisceau multiconducteur sert à exprimer les pertes résistives des conducteurs. Celles-ci sont composées des pertes statiques constantes avec la fréquence et des pertes par effet de peau augmentant avec la fréquence. Cette matrice peut être caractérisée à l’aide de formules analytiques que nous présentons cidessous. Les pertes statiques correspondent à la résistance linéique d’un conducteur en basse fréquence. Ces pertes très faibles et donc généralement négligées dépendent de la résistivité ρ (Ω.m), de la section (m2) et de la longueur (m) du conducteur : Rstatique = ρ .l s (Eq. 95) A titre d’exemple, la résistance d’un conducteur de cuivre de longueur 1m, de résistivité 1,7.10-8 Ω.m et de section 1mm2 est égale à 17mΩ. Les pertes par effet de peau proviennent du fait, qu’en hautes fréquences, le courant ne circule pas de manière homogène sur toute la section d’un conducteur. Ainsi, - 40 - Chapitre 1 – Présentation du contexte et des outils de simulation la densité de courant décroît de façon exponentielle lorsque l’on s’éloigne de la surface de ce conducteur. Une grandeur appelée épaisseur de peau et notée δ traduit la diminution de la section conductrice du conducteur comme l’indique la figure 23 : d δ Figure 23 : Epaisseur de peau dans un conducteur cylindrique L’épaisseur de peau d’un conducteur de résistivité ρ et de perméabilité relative µr à la fréquence f est déterminée par la relation suivante : 1 δ= µ 0 .µ r . f ρ (Eq. 96) La diminution de la section conductrice utilisée par le courant pour se propager le long du fil, entraîne une augmentation de la résistance du conducteur. L’expression de la section efficace pour un conducteur cylindrique s’écrit : S effective = π .δ .(d − δ ) (Eq. 97) La résistance linéique d’un conducteur, en HF, prenant en compte les pertes par effet de peau, devient : RHF = ρ 1 S effective =ρ 1 π .δ .(d − δ ) (Eq. 98) L’équation précédente montre que les pertes par effet de peau sont proportionnelles à la racine de la fréquence. A titre de comparaison avec les pertes statiques, la résistance du conducteur de cuivre de longueur 1m, de résistivité 1,7.10-8 Ω.m et de section 1mm2 tenant compte des pertes par effet de peau devient égale à 1,31Ω à la fréquence de 1GHz. 1.2.3.4.2.1.3 Matrice capacité [C] L’expression analytique de la capacité d’un fil, de diamètre d, situé à une hauteur h par rapport à un plan infini, parfaitement conducteur, s’écrit : C= 2π .ε 0 .ε r 4.h ln d (Eq. 99) D’après le théorème des images électriques, cette capacité est identique à celle existant entre deux fils séparés par une distance 2h. Malheureusement, cette formule analytique n’est plus valable lorsque le nombre de conducteurs est strictement supérieur à deux car la capacité entre deux conducteurs dépend fortement de son environnement électrique et donc de la présence d’autres conducteurs. La solution consiste alors à - 41 - Chapitre 1 – Présentation du contexte et des outils de simulation calculer la matrice [C] à partir du calcul préalable de la matrice [L] et de l’inversion de cette matrice : [C ] = 1 [L]−1 2 v (Eq. 100) Cette relation est toutefois subordonnée à l’égalité de toutes les vitesses de propagation, condition qui n’est vérifiée qu’en présence d’un milieu environnant homogène. Dans un milieu hétérogène, la détermination rigoureuse de la matrice [C] nécessite une résolution numérique à l’aide d’un algorithme de calcul électrostatique. 1.2.3.4.2.1.4 Matrice conductance [G] La matrice conductance d’un faisceau multiconducteur sert à prendre en compte les pertes diélectriques dues aux gaines diélectriques enrobant les conducteurs. Contrairement aux pertes ohmiques, ces pertes sont assez difficiles à évaluer et sont donc bien souvent négligées dans les modèles. Cependant, la relation analytique suivante permet d’exprimer la matrice [G] à partir de la matrice [C] du faisceau et de la tangente de pertes tanδ du milieu diélectrique : [G ] = ω. tan δ .[C ] (Eq. 101) Malheureusement, cette formule, dont la démonstration complète est présentée dans l’annexe B, n’est valable que dans le cas d’un milieu diélectrique homogène. De plus, la tangente de pertes d’un milieu diélectrique est supposée constante sur toute la bande de fréquence alors que dans la réalité, cette valeur est bien souvent mal connue et est, de plus, dépendante des conditions environnementales (température, humidité,…). 1.2.3.4.2.2 Caractérisation numérique Dans le cadre d’une démarche numérique exacte, les formules analytiques sont insuffisantes. Un calcul à l’aide d’une méthode électrostatique constitue donc la seule technique suffisamment rapide et efficace permettant de traiter le cas d’un faisceau multiconducteur. Cette approche consiste à déterminer tout d’abord la matrice capacité [C]0 du faisceau multiconducteur en l’absence de diélectriques. La matrice inductance [L] est ensuite calculée à l’aide de la relation suivante : [L] = 1 [C ]0−1 2 c (Eq. 102) Dans le cas où la ligne ne contient pas de diélectrique, la matrice capacité [C] recherchée est égale à la matrice capacité [C]O. Dans le cas contraire, un nouveau calcul en présence des diélectriques est effectué. 1.2.3.4.2.3 Caractérisation expérimentale Il est également possible de déterminer les matrices de paramètres primaires d’un faisceau multiconducteur à l’aide de mesures. Les deux techniques les plus couramment utilisées sont la méthode directe et la méthode utilisant un analyseur de réseau. La méthode directe consiste à mesurer un par un les différents paramètres primaires du faisceau multiconducteur par des mesures de courants et de tensions. On détermine tout d’abord les termes propres (éléments diagonaux des matrices) puis les termes mutuels (éléments extra-diagonaux). - 42 - Chapitre 1 – Présentation du contexte et des outils de simulation La deuxième méthode consiste à utiliser un analyseur de réseau. La connaissance des relations de passage entre les paramètres S mesurés et les impédances ramenées en extrémité de ligne permet ensuite de calculer les termes des matrices linéiques. Malheureusement, la détermination expérimentale des matrices de paramètres primaires devient extrêmement fastidieuse et donc inenvisageable pour des faisceaux de câbles comprenant un nombre important de conducteurs. En effet, le nombre de mesures à effectuer pour un faisceau contenant N conducteurs croît en N2. Pour cette raison, la caractérisation expérimentale de matrices linéiques de faisceaux multiconducteur n’a pas été effectuée au cours de cette thèse. 1.2.3.4.3 Termes sources du modèle Lors de l’utilisation du formalisme de la MTLN, il faut exprimer la perturbation électromagnétique réelle agressant le réseau de câblages à l’aide de générateurs perturbateurs équivalents de tension et ou de courant. Cette opération est effectuée à l’aide d’un des trois modèles de couplage champ-câble existants : les modèles d’Agrawal, de Taylor et de Rachidi. Ces trois modèles sont théoriquement équivalents mais ont été développés pour des applications différentes. Ils sont basés sur les mêmes approximations faites à partir des équations de Maxwell et assimilent les champs électromagnétiques incidents agressant la ligne à des générateurs de tension et ou de courant équivalents. Ces générateurs sont distribués sur tout le réseau de câblages agressé et placés à intervalles réguliers sur celui-ci (généralement tous les λ /10). Nous détaillons ici le principe théorique de ces trois modèles de couplage ainsi que leurs conditions d’application. 1.2.3.4.3.1 Modèle de couplage champ-câble d’Agrawal Dans ce modèle [15], les équations des télégraphistes s’écrivent sous la forme suivante : dV dif ( z ) + Z .I ( z ) = Vs ( z ) dz (Eq. 103) dI ( z ) + Y .V dif ( z ) = 0 dz (Eq. 104) Les inconnues des équations des télégraphistes sont alors la tension diffractée Vdif(z) et le courant total Itot(z) le long de la ligne dans ce modèle. La tension diffractée correspond à la tension induite le long de la ligne par les générateurs perturbateurs équivalents. Pour connaître la tension totale recherchée, il faut donc lui rajouter la tension naturelle d’espace libre induite par le champ électromagnétique incident. Dans le modèle d’Agrawal, les générateurs de tension perturbateurs équivalents sont calculés à partir du champ électrique incident : V s ( z ) = E zinc ( x, z ) − E zinc (0, z ) (Eq. 105) Le modèle d’Agrawal, représenté figure 24, comprend un générateur de tension par cellule élémentaire : - 43 - Chapitre 1 – Présentation du contexte et des outils de simulation Einc (Einctg(h,z)- Einctg (0,z)).∆z k inc H I(L) V1 V2 h Z1 x y I(0) Z2 ∆z z Figure 24 : Modèle de couplage équivalent d’Agrawal Lors de l’utilisation de ce modèle et quelles que soient les charges d’extrémités de la ligne, il faut rajouter les deux sources de tension perturbatrices équivalentes V1 et V2 sur les deux brins verticaux situés aux extrémités de la ligne, ce qui permet de rester cohérent avec la loi de Faraday dans la boucle que constitue la ligne de transmission : h V1 = ∫ E xinc ( x,0).dx (Eq. 106) 0 h V2 = ∫ E xinc ( x, l ).dx (Eq. 107) 0 La tension totale Vtot en extrémité de ligne est alors calculée en retranchant les sources de tension situées sur les brins verticaux à la tension diffractée : h V (0) = V dif (0) − V1 = V dif (0) − ∫ E xinc ( x,0).dx 0 h V ( L) = V dif ( L) − V2 = V dif ( L) − ∫ E xinc ( x, L).dx 0 (Eq. 108) (Eq. 109) 1.2.3.4.3.2 Modèle de couplage champ-câble de Taylor Les équations des télégraphistes prennent, dans ce modèle [37], la forme générale suivante : dV ( z ) + Z .I ( z ) = Vs ( z ) dz (Eq. 110) dI ( z ) + Y .V ( z ) = I s ( z ) dz (Eq. 111) Les inconnues des équations des télégraphistes sont alors la tension totale Vtot(z) et le courant total Itot(z) le long de la ligne. Les générateurs de courant et de tension perturbateurs équivalents sont calculés respectivement à partir des composantes du champ électrique et magnétique incident : h Vs( z ) = + jωµ 0 ∫ H yinc ( x, z ).dx 0 h Is( z ) = − jωC ∫ E xinc ( x, z ).dx 0 (Eq. 112) (Eq. 113) où C représente la capacité linéique de la ligne. Le modèle de Taylor, représenté figure 25, comprend un générateur de tension et un générateur de courant équivalent par cellule élémentaire : - 44 - Chapitre 1 – Présentation du contexte et des outils de simulation Einc Vs.∆z k I(0) I(L) inc H V(0) Z1 h Is.∆z Z2 V(L) x y ∆z z Figure 25 : Modèle de couplage équivalent de Taylor 1.2.3.4.3.3 Modèle de couplage champ-câble de Rachidi Dans ce modèle [38], considéré comme la version duale du modèle d’Agrawal, les équations de propagation des télégraphistes prennent la forme suivante : dV ( z ) + Z .I dif ( z ) = 0 dz (Eq. 114) dI dif ( z ) + Y .V ( z ) = I dz (Eq. 115) Les inconnues des équations des télégraphistes sont la tension totale Vtot(z) et le courant diffracté Idif(z) le long de la ligne. Le courant diffracté est défini comme étant le courant induit sur la ligne par les générateurs perturbateurs équivalents. Il diffère du courant total recherché car il ne prend pas en compte le courant induit par le champ électromagnétique incident au niveau de la ligne dans le milieu environnant. Les générateurs de courant perturbateurs équivalents sont calculés à partir du champ magnétique incident : I s ( z) = − µ0 L ∫ h 0 ∂H xinc ( x, z ) .dx ∂y (Eq. 116) où L représente l’inductance linéique de la ligne. Le courant diffracté ne se différencie du courant total que par la conductivité du milieu ambiant. Le courant total Itot recherché est alors calculé à chaque extrémité de la ligne à partir des relations suivantes où Is1 et Is2 sont les générateurs de courant équivalents de la première et de la dernière cellule élémentaire de la ligne de transmission. I ( 0) = − V ( 0) + I s1 Z1 (Eq. 117) I ( L) = − V ( L) + I s2 Z2 (Eq. 118) Le modèle de Rachidi, représenté figure 26, comprend un générateur de courant par cellule élémentaire : - 45 - Chapitre 1 – Présentation du contexte et des outils de simulation Einc k Hinc V(0) x y I(0) Z1 Is1 I(L) Is2 h Is.∆z z Z2 V(L) ∆z Figure 26 : Modèle de couplage équivalent de Rachidi 1.2.3.4.3.4 Généralisation multiconducteur des modèles aux faisceaux Dans le cas d’un faisceau de câbles multiconducteur, l’application des trois modèles de couplage champ-câble est possible au moyen d’une approximation. Elle consiste à considérer que le champ électromagnétique incident est identique pour tous les conducteurs du faisceau et suppose donc que la dimension transversale du câble reste petite par rapport à la longueur d’onde. Pour des câbles industriels contenant un grand nombre de conducteurs, cette approximation est impossible à vérifier mais est considérée comme non rédhibitoire. 1.2.3.4.3.5 Comparaison des 3 modèles Dans le cas de la simulation numérique de l’agression d’un réseau de câblages par une perturbation électromagnétique quelconque, le modèle d’Agrawal est le plus utilisé en raison de deux avantages principaux qu’il apporte vis-à-vis des deux autres modèles [39]. Tout d’abord, c’est le seul modèle dont les générateurs perturbateurs équivalents ne dépendent pas des caractéristiques de la ligne agressée. Ils sont en effet calculés directement à partir des champs électriques tangentiels présents sur le parcours du réseau de câblages. Ainsi, les caractéristiques physiques de la ligne étudiée peuvent être modifiées sans qu’il soit nécessaire de recalculer les termes sources. Ensuite, le modèle nécessite le calcul et le stockage d’une seule composante du champ électromagnétique par cellule élémentaire. La quantité d’informations à stocker est donc pratiquement divisée par deux par rapport aux deux autres modèles. En revanche, pour la détermination expérimentale de termes sources, le modèle de Taylor est souvent privilégié. En effet, la détermination du champ électrique tangentiel au plan nécessaire au modèle d’Agrawal est très délicate. 1.2.4 Présentation des logiciels utilisés Durant cette thèse, de nombreux logiciels de simulation ont été mis en oeuvre. Nous avons utilisé principalement des outils développés à l’ONERA ainsi que des logiciels commerciaux disponibles chez RENAULT. Une brève description des fonctionnalités spécifiques des différents logiciels utilisés est présentée dans les paragraphes suivants. 1.2.4.1 FEKO Le logiciel FEKO, utilisé chez Renault depuis l’année 2002 et commercialisé par la société EMSS, résout la formulation intégrale de type EFIE à l’aide de la méthode des moments. FEKO propose un algorithme de résolution par inversion directe de type LU - 46 - Chapitre 1 – Présentation du contexte et des outils de simulation ainsi qu’un algorithme de résolution de FMM accompagné d’un solveur itératif. Le logiciel propose également des modules d'hybridation avec des méthodes asymptotiques telles que l’optique physique ou la théorie uniforme de la diffraction (UTD). Les données de sorties possibles sont nombreuses : courants surfaciques, paramètres S, calcul des champs en un point (champ proche) ou en champ lointain… Pour notre application, un des principaux avantages du logiciel est qu’il permet de prendre en compte une gaine diélectrique enrobant un élément filaire à l’aide de deux techniques différentes présentées en détail dans le chapitre suivant. 1.2.4.2 CRIPTE CRIPTE (Calcul sur Réseaux des Interactions Perturbatrices en Topologie Electromagnétique) fut le premier logiciel fondé sur la théorie de la Topologie Electromagnétique. Il fut développé à l’ONERA à la fin des années 80 suite aux travaux de recherche de JP Parmantier [40]. L’objectif était d’utiliser la théorie de la Topologie de câblages, dérivée de la Topologie Electromagnétique, pour le traitement de couplage électromagnétique sur des réseaux de câblages multiconducteur complexes. Les travaux menés par l’ONERA ont ainsi donné lieu à la programmation du code CRIPTE avec une interface graphique depuis 1994. CRIPTE a fait l’objet de nombreuses validations en comparant ses résultats à des mesures effectuées sur des systèmes complexes (voilure d’avion Mirage III [41], avion EMPTAC de l’US Air Force [1] [3],…). CRIPTE travaille dans le domaine fréquentiel et ne peut donc pas traiter de modèles non-linéaires. Les sources peuvent être localisées (sources de tension ou de courant) ou réparties (agression par une onde plane par exemple) sur l’ensemble du réseau de câblages. Il est également possible de prendre en compte des champs électromagnétiques incidents, issus de logiciels de calcul 3D, transformés en générateurs perturbateurs de tension et de courants à l’aide de modèles de couplage champ-câble. Les résultats fournis par CRIPTE peuvent être les courants et tensions sur chaque conducteur d’un réseau de câblages mais également des matrices de paramètres [S]. Ces dernières années, un module de calcul de rayonnement a également été intégré à CRIPTE. Ce calcul est effectué à partir de la connaissance du courant sur chaque conducteur élémentaire de chaque tube du réseau. 1.2.4.3 LAPLACE Le code LAPLACE est un code de calcul électrostatique, développé à l’ONERA, permettant de déterminer les matrices inductance [L] et capacité [C] d’une ligne de transmission multiconducteur. Pour les calculer, le code résout, à l’aide de la méthode des moments, la formulation intégrale de la coupe transversale (géométrie de section droite) du faisceau multiconducteur. La géométrie de section droite du faisceau est donc constituée de conducteurs isolés, entourés ou non de gaines diélectriques, plongés dans l’air ambiant et situés au-dessus d’un plan de masse ou à l’intérieur d’un blindage. Les matrices [L] et [C] du faisceau peuvent alors être prises en compte par le logiciel CRIPTE. 1.2.4.4 NUTLA Les codes de calcul utilisant le formalisme de la théorie des lignes de transmission (CRIPTE par exemple) prennent uniquement en compte des faisceaux multiconducteur uniformes où tous les conducteurs du faisceau ont une hauteur constante par rapport à - 47 - Chapitre 1 – Présentation du contexte et des outils de simulation la référence de masse et une position inchangée par rapport aux autres conducteurs sur tout le parcours du faisceau de câblages. Or, dans la réalité, les réseaux de câbles présentent obligatoirement des non uniformités (hauteur variable, position aléatoire des conducteurs au sein du faisceau, référence de masse non plane, …). Ainsi, à partir des années 90, de nombreux travaux se sont consacrés à la modélisation de faisceaux non uniformes ([42], [43], [44]). Dans ce cadre, le code NUTLA (Non Uniform Transmission Lines Algorithm), développé à l’ONERA dans le cadre de la thèse de C. Castanié [45], tente de prendre en compte l’effet des non uniformités d’un faisceau multiconducteur dans le cadre de la Topologie Electromagnétique. Pour cela, un faisceau multiconducteur non uniforme est discrétisé en tronçons uniformes reliés entre eux par des jonctions idéales (sans pertes). Le comportement du faisceau initial est alors calculé en chaînant les matrices de transfert des différents tronçons. NUTLA permet, par exemple, de générer des faisceaux multiconducteur torsadés (dont tous les conducteurs présentent une rotation régulière vis-à-vis du centre du faisceau) ou aléatoires corrélés (où la section d’un tronçon dépend de la section du tronçon précédent) qui sont physiquement les plus réalistes. Il est ainsi possible de calculer la réponse fréquentielle des faisceaux créés par NUTLA à une agression de type localisée ou répartie. Les résultats de sortie du logiciel correspondent soit aux courants et tensions situés en tout point de chaque conducteur du faisceau soit à une matrice de paramètres S pouvant ensuite être insérée sous forme de jonctions dans CRIPTE. 1.2.4.5 RandomOP RANDOMOP est un code de calcul développé à l’ONERA qui permet, à l’aide d’une méthode appelée « méthode réciproque » ([46], [47], [48], [49]) que nous avons utilisée au cours de ce travail, de calculer les contraintes (tension et courant) induites sur un système placé en chambre réverbérante ou soumis à une agression électromagnétique haute fréquence (de type champs forts ou micro-ondes de forte puissance). Il faut préciser que RandomOP possède une autre option appelée « Power Balance » que nous ne développerons pas dans ce manuscrit. La méthode réciproque repose sur le théorème de réciprocité que nous rappelons brièvement. Soit un premier état « de référence », présenté figure 27 où une structure quelconque est illuminée par des sources électriques Jref et magnétiques Mref créant, dans un volume V délimité par la surface fermée S, les champs électrique magnétique H ref : (Jref, Mref) (Eref, Href) Volume V de frontière S fermée I Z1 Z2 Figure 27 : Etat de référence - 48 - E ref et Chapitre 1 – Présentation du contexte et des outils de simulation Cet état correspond à l’illumination de la structure en chambre réverbérante à brassage de modes (CRBM). Soit un deuxième état, présenté figure 28, dit « état d’émission » où la structure émet dans le même volume les champs électrique Eémis et magnétique H émis : (Eémis, Hémis) + - V0 (Jémis, Mémis) Z1 Z2 Figure 28 : Etat d’émission Le théorème de réciprocité, sous hypothèse de linéarité des 2 états, s’écrit de la manière suivante : ( ∫∫ (E émis ) ∧ H ref − E ref ∧ H émis .dS ) S = ∫∫∫ H émis .M ref − Eémis .J ref − H ref .M émis + Eref .J émis .dV (Eq. 119) V En introduisant le générateur de tension V0 de l’état d’émission et le courant I induit sur la structure dans l’état de référence tels qu’ils sont décrits sur les figures 27 et 28, on peut écrire la relation suivante après quelques développements : I =− ( ) 1 .∫∫ Eémis ∧ H inc − Einc ∧ H émis .n.dS V0 S (Eq. 120) Si l’on restreint maintenant la surface S à la surface du câble, l’équation 120 devient : I =− 1 .∫ I émis .Einc .dl V0 I (Eq. 121) Le terme I émis , obtenu à l’aide d’un code de calcul 3D ou de lignes de transmission, correspond aux courants induits le long de la structure par le générateur de tension V0 dans l’état d’émission. Pour comparer aux mesures réalisées en CRBM, le générateur de tension V0 doit être placé à l’endroit où la mesure a été effectuée en CRBM. Le terme E inc est obtenu à l’aide du logiciel RandomOP par la génération du spectre d’ondes planes aléatoires censé représenter l’environnement électromagnétique présent dans une CRBM. Chaque onde plane aléatoire dépend de trois variables aléatoires que sont l’amplitude, l’incidence et la polarisation : - 49 - Chapitre 1 – Présentation du contexte et des outils de simulation − E θj . sin (θ j ) N − j .k .r E inc (r ) = ∑ e .− E ϕj . sin (ϕ j ) + E θj . cos(ϕ j ). cos(θ j ) j =1 − E ϕ . cos(ϕ ) + E θ . sin (ϕ ). cos(θ ) j j j j j j Dans cette expression, le vecteur d’onde kj (Eq. 122) s’écrit : cos(θ j ) 2.π kj = .cos(ϕ j ). sin (θ j ) λ sin (ϕ j ). sin (θ j ) (Eq. 123) Les densités de probabilités des variables aléatoires sont choisies de façon à ce que chaque onde plane élémentaire se propage de n’importe quel point de la sphère unité avec la même probabilité. Chaque onde plane est ainsi définie par six variables aléatoires dont les densités de probabilités sont les suivantes : - ϕj suit une densité de probabilité uniforme entre 0 et 2π - θj=acos(1-2α) où α suit une densité de probabilité uniforme entre 0 et 1 - Eθ=Mθ.ejφ(θ) où (Mθ)2 suit une loi du χ2 à 2 degrés de liberté et φ(θ) une densité de probabilité uniforme entre 0 et 2π - Eϕ=Mϕ.ejφ(ϕ) où (Mϕ)2 suit une loi du χ2 à 2 degrés de liberté et φ(ϕ) une densité de probabilité uniforme entre 0 et 2π Une fois les termes I émis et E inc connus, il est alors possible de procéder au calcul de l’intégrale de réciprocité. Il faut préciser que lorsque l’on souhaite un calcul de courant à l’endroit de la mesure en CRBM, il est impératif d’avoir placé sur la structure un générateur de tension lors du calcul d’émission et inversement. 1.3 Conclusion du chapitre 1 Ce premier chapitre a permis tout d’abord de présenter le rôle de la simulation numérique CEM d’immunité réalisée actuellement chez Renault sur chaque nouveau modèle de véhicule. Un exemple de calcul réalisé actuellement a permis notamment de montrer les bandes de fréquences concernées par ces calculs (20 - 300 MHz) et de définir les observables. Ensuite, les méthodes tridimensionnelles résolvant les équations de Maxwell aptes à traiter le couplage d’une onde électromagnétique sur une structure diffractante de grande dimension ont été présentées théoriquement. Il s’agit des méthodes intégrales résolues par la méthode des moments et des méthodes différences finies. Nous avons ensuite présenté les avantages de la Topologie de câblages en montrant que ce formalisme était parfaitement adapté au traitement « basse fréquence » de réseaux de câbles complexes. Dans la suite de ce manuscrit, nous allons maintenant aborder les problèmes posés par la réalisation de calculs d’immunité en « hautes fréquences ». - 50 - Chapitre 2 – Problématique de la modélisation des couplages électromagnétiques hautes fréquences sur un faisceau de câbles multiconducteur Chapitre 2 2 Problématique de la modélisation des couplages électromagnétiques hautes fréquences sur un faisceau de câbles multiconducteur En « basse fréquence », les niveaux de perturbation induits sur un réseau de câblages multiconducteur par une perturbation électromagnétique quelconque sont généralement calculés à l’aide d’une approche couplée utilisant un code tridimensionnel (3D) et un modèle de lignes de transmission. A l’aide de quelques configurations canoniques, nous proposons de mettre en évidence les limitations fréquentielles de cette approche. L’utilisation d’un code de calcul 3D semblant alors nécessaire en « hautes fréquences », nous présentons sur un exemple simple les problèmes engendrés par cette nouvelle approche. 2.1 Ondes électromagnétiques particulières Ce chapitre présente de nombreuses simulations numériques relatant le couplage électromagnétique entre une onde plane et un faisceau de câblages. Par souci de clarté, nous nous sommes limités à des ondes planes particulières présentées ci-dessous. En effet, trois polarisations remarquables de l’onde incidente sont généralement distinguées. Dans le cas du couplage hybride présenté figure 29, la direction de propagation de l’onde perturbatrice est parallèle à l’axe du conducteur : r E r H Extrémité 1 Extrémité 2 r k z=0 z=L z Figure 29 : Illumination d’un faisceau de câblages en couplage hybride Cette orientation permet de reproduire les conditions d’essais obtenues en cellule TEM. Dans ce cas, c’est l’action simultanée des champs électrique et magnétique qui induit des courants et tensions sur la ligne. Sur la figure 29, nous avons également porté - 51 - Chapitre 2 – Problématique de la modélisation des couplages électromagnétiques hautes fréquences sur un faisceau de câbles multiconducteur les conventions utilisées pour dissocier les deux extrémités de n’importe quel faisceau de câblages, défini comme une liaison de câbles point à point. Dans le cas du couplage électrique présenté figure 30, la direction de propagation de l’onde plane est parallèle au plan et perpendiculaire à l’axe du conducteur : r E r k Extrémité 1 Extrémité 2 r H z=0 z z=L Figure 30 : Illumination d’un faisceau de câblages en couplage électrique La composante électrique de l’onde, normale au plan, est alors à l’origine de l’induction sur la ligne. Dans le cas du couplage magnétique présenté figure 31, la direction de propagation de l’onde plane est normale au plan et perpendiculaire à la direction des conducteurs : r H Extrémité 1 r k z=0 r E Extrémité 2 z=L z Figure 31 : Illumination d’un faisceau de câblages en couplage magnétique La composante magnétique de l’onde, tangentielle au plan, est alors à l’origine de l’induction sur la ligne. Il est à noter que toute onde plane d’incidence quelconque peut être considérée comme la combinaison linéaire de ces trois ondes particulières. 2.2 Limites fréquentielles de l’approche couplée code 3D / lignes de transmission 2.2.1 Limites HF de la théorie des lignes de transmission Dans la modélisation numérique des tests d’immunité rayonnée effectuée par Renault en « basse fréquence » (f < 300 MHz), les courants et tensions aux extrémités des conducteurs constituant le réseau de câblages sont calculés à l’aide de la théorie des lignes de transmission (MTLN : Multiconductor Transmission Line Network). Les sources du modèle de lignes sont des générateurs de tension obtenus après application du modèle de couplage champ-câble d’Agrawal. Ces générateurs sont calculés à partir des champs électriques tangentiels aux parcours des câbles calculés au préalable par un code de calcul 3D. Les deux lignes monofilaires présentées figure 32 sont utilisées afin de démontrer la limitation fréquentielle de la MTLN : - 52 - Chapitre 2 – Problématique de la modélisation des couplages électromagnétiques hautes fréquences sur un faisceau de câbles multiconducteur rayon=1mm L=1m 10Ω h=3 ou 10cm 1kΩ I(0) Figure 32 : Caractéristiques des deux lignes monofilaires testées Les deux lignes, disposées sur un plan de masse infini, sont illuminées par une onde plane d’amplitude 3 V/m en couplage hybride. Le courant I(0) à la première extrémité de la ligne est calculé à l’aide de la théorie des lignes de transmission et de la méthode des moments (MoM – Method of Moments) jusqu’à la fréquence de 2 GHz. Sur ces deux lignes monofilaires, le calcul MoM est considéré comme le résultat de référence afin de juger de la qualité du calcul MTLN sur toute la bande de fréquence. Les résultats obtenus pour chaque ligne sont présentés sur les figures 33 et 34 : Figure 33 : Ligne de hauteur 3cm Figure 34 : Ligne de hauteur 10cm Pour ces calculs, comme dans tout le second chapitre, les simulations MTLN et MoM ont été respectivement réalisées à l’aide des logiciels CRIPTE et FEKO présentés au cours du premier chapitre. Pour chacune des deux lignes, la MTLN constitue un modèle tout à fait satisfaisant en basse fréquence pour calculer le courant induit sur une ligne monofilaire illuminée par une onde électromagnétique quelconque. Toutefois, les deux courbes s’écartent l’une de l’autre à une fréquence d’environ 900 MHz pour la ligne de hauteur 3 cm et d’environ 300 MHz pour la ligne de hauteur 10 cm mettant ainsi en évidence la limite fréquentielle de la MTLN. Trois raisons permettent d’expliquer cette limite. Tout d’abord, la non prise en compte du rayonnement de la ligne en MTLN ne permet pas d’observer l’atténuation des résonances de la ligne observée en MoM. Ensuite, la prise en compte des parties verticales d’une ligne de transmission dans le formalisme MTLN explique le décalage des fréquences de résonance observées sur les deux lignes par rapport au calcul de référence. En effet, les brins verticaux sont - 53 - Chapitre 2 – Problématique de la modélisation des couplages électromagnétiques hautes fréquences sur un faisceau de câbles multiconducteur considérés en MTLN comme des lignes de transmission placées en extrémités de la section horizontale de la ligne [50] comme l’indiquent les figures 35 et 36 : Evertical1 Ehorizontal Ehorizontal2 Ehorizontal3 Evertical2 Ehorizontal Ehorizontal Ehorizontal3 Evertical1 I(0) L h Evertical2 I(L) Figure 35 : Agression réelle d’une ligne de transmission I(0) L h I(L) h Figure 36 : Prise en compte de l’agression d’une ligne de transmission par le formalisme MTLN Enfin, aux fréquences limites mentionnées plus haut, l’hypothèse fondamentale de la MTLN qui impose que la distance entre la ligne et la référence de masse soit inférieure au cinquième de la longueur d’onde est proche d’être remise en cause. Lorsque cette hypothèse n’est plus respectée (2 GHz pour la ligne de hauteur 3 cm et 600 MHz pour la ligne de hauteur 10 cm), la propagation des modes d’ordre supérieur, jusqu’alors évanescente, devient entretenue et la MTLN qui ne considère que la propagation de modes de type TEM ne peut alors les prendre en compte. Dans ce manuscrit, on désigne donc par l’acronyme BF (basses fréquences) la bande de fréquence où le formalisme de la MTLN peut être appliqué de façon correcte et par HF (hautes fréquences) la bande de fréquence où le formalisme de la MTLN ne peut pas être appliqué. 2.2.2 Limites d’application des modèles de couplage champcâble 2.2.2.1 Approximation effectuée par ces modèles Dans un véhicule automobile, les équipements électroniques placés aux extrémités du réseau de câblages présente généralement une géométrie complexe. Ils sont, dans la pratique, composés de parties métalliques et plastiques. Dans la simulation d’immunité BF réalisée chez Renault, la géométrie des équipements électroniques est prise en compte de façon simplifiée lors du calcul des champs électriques tangentiels le long des parcours de câbles par un code 3D comme l’indique la figure 37. En revanche, la figure 38 montre que la géométrie des équipements électroniques est modélisée à l’aide de brins verticaux lors de l’application du modèle de lignes : - 54 - Chapitre 2 – Problématique de la modélisation des couplages électromagnétiques hautes fréquences sur un faisceau de câbles multiconducteur Equipement électronique Agression électromagnétique quelconque Etan Etan I(0) h L I(L) Figure 37 : Etape 1 – Calcul 3D des champs électriques tangentiels à la ligne Z1 I(0) L h I(L) Z2 Figure 38 : Etape 2 – Calcul MTLN du courant aux extrémités de la ligne Il faut étudier l’impact de cette hypothèse simplificatrice sur toute la bande de fréquence. Dans les paragraphes suivants, et par souci de simplification, un exemple d’équipement électronique est symbolisé à l’aide d’une équerre conductrice. 2.2.2.2 Mise en évidence de l’influence de terminaisons métalliques complexes La première étape de ce travail consiste à étudier l’influence de terminaisons métalliques complexes sur le courant induit aux extrémités d’une ligne monofilaire. Pour cela, nous définissons les deux structures représentées sur les figures 39 et 40 : I(0) 10Ω L=1m h=3cm L=1m I(L) 10Ω I(0) 1kΩ Figure 39 : Structure n°1 h=3cm 1kΩ I(L) Figure 40 : Structure n°2 La structure n°1 est une ligne monofilaire de rayon 1mm dont le raccordement au plan de masse est effectué à l’aide de deux brins verticaux. La structure n°2 est une ligne monofilaire de rayon identique et dont le raccordement au plan de masse est effectué à l’aide de deux équerres métalliques de hauteur 12cm et de largeur 8cm. L’illumination des deux structures est réalisée par une onde plane d’amplitude 3V/m orientée en couplage hybride. La figure 41 présente le courant I(0) induit sur chacune de ces deux structures et calculé par la MoM jusqu’à 1 GHz : - 55 - Chapitre 2 – Problématique de la modélisation des couplages électromagnétiques hautes fréquences sur un faisceau de câbles multiconducteur Figure 41 : Comparaison du courant I(0) induit sur les deux structures L’influence des deux équerres métalliques est très faible sur le courant I(0) jusqu’à environ 200 MHz. En revanche, à partir de cette fréquence, les écarts entre les deux simulations deviennent très importants et peuvent atteindre ensuite plusieurs dizaines de dB. A ces fréquences, le champ électromagnétique agressant la ligne est fortement perturbé par la présence des deux équerres. Cet exemple simple met en évidence l’influence très importante d’un équipement électronique à la géométrie complexe sur le courant induit aux extrémités d’un faisceau de câbles lorsque la fréquence augmente. 2.2.2.3 Mise en évidence des limites d’utilisation des modèles de couplage champ-câble La deuxième étape de ce travail consiste à étudier si l’utilisation d’un modèle de couplage champ-câble permet de tenir compte de l’effet des équerres métalliques de la structure n°2 (cf figure 40) au-dessus de 200 MHz. Le champ électrique tangentiel au parcours de la ligne horizontale de la structure n°2 est donc calculé à l’aide de la MoM en l’absence de la ligne. Ensuite, le courant induit I(0) aux extrémités de la ligne est calculé par la MTLN après application du modèle de couplage champ-câble d’Agrawal. Le courant obtenu est comparé au courant de référence calculé lorsque la structure n°2 est modélisée entièrement en MoM. Les deux courants obtenus sont présentés sur la figure 42 pour une illumination hybride de la ligne identique au paragraphe précédent : - 56 - Chapitre 2 – Problématique de la modélisation des couplages électromagnétiques hautes fréquences sur un faisceau de câbles multiconducteur Figure 42 : Comparaison du courant I(0) calculé en MoM et à l’aide d’une approche couplée MoM-MTLN La figure 42 permet de constater que l’utilisation du modèle de couplage champcâble d’Agrawal permet de reproduire l’allure du courant I(0) calculé de manière exacte par la MoM jusqu’à 400 MHz. Rappelons nous que la structure n°1 du paragraphe précédent (cf figure 39) ne permettait pas de modéliser correctement le courant I(0) audessus de 200 MHz. En revanche, au-dessus de 400MHz, cette approche demeure insuffisante du fait de l’utilisation de la MTLN lors de l’approche couplée. 2.2.3 Pertes par rayonnement électromagnétique en HF Au cours du paragraphe 2.2.1, nous avons évoqué que la MTLN engendrait des erreurs en HF par rapport aux méthodes rigoureuses basées sur la résolution des équations de Maxwell en ne prenant pas en compte le rayonnement électromagnétique des faisceaux de câbles. Pour valider cette hypothèse, nous souhaitons mettre en évidence la forte augmentation du rayonnement électromagnétique d’un faisceau de câblages de façon expérimentale et numérique lorsque la fréquence augmente. Pour réaliser cela, nous étudions les deux lignes monofilaires dont les caractéristiques principales sont présentées sur la figure 43 : L=80cm 50Ω h=3 ou 10cm rayon=1mm 50Ω Figure 43 : Caractéristiques des deux lignes monofilaires utilisées Ces deux lignes ne contenant pas de gaines isolantes sont placées sur un plan de masse fini de longueur 1m et de largeur 60cm. Les paramètres S de chaque ligne ont été mesurés entre les deux extrémités de chaque ligne à l’analyseur de réseau puis calculés à l’aide de la MoM. Le coefficient de - 57 - Chapitre 2 – Problématique de la modélisation des couplages électromagnétiques hautes fréquences sur un faisceau de câbles multiconducteur pertes de la ligne peut être calculé à partir des paramètres S11 et S21 à l’aide de la relation 124 : Pertes(%) = Pdissipée Pincidente ( 2 * 100 = 1 − S11 − S 21 2 )*100 (Eq. 124) Ce coefficient exprime le pourcentage de la puissance rayonnée par une ligne de transmission en fonction de la puissance incidente fournie de cette ligne. En effet, les deux lignes ne contenant pas de gaines diélectriques, l’énergie non absorbée sur l’un des deux ports de la ligne ne peut qu’avoir été dissipée dans l’espace sous forme de rayonnement électromagnétique. Les figures 44 et 45 présentent la comparaison du coefficient de pertes obtenu en mesure et en simulation pour chaque ligne : Figure 44 : Ligne n°1 (hauteur = 3cm) Figure 45 : Ligne n°2 (hauteur = 10cm) En dessous de 150 MHz pour la ligne n°1 et de 100 MHz pour la ligne n°2, le rayonnement de la ligne est très faible. L’utilisation de la MTLN à ces fréquences ne génère donc pas une erreur importante par rapport à un calcul utilisant une méthode tridimensionnelle exacte. Le rayonnement électromagnétique de chaque ligne se manifeste ensuite de façon significative à la première résonance en demi-longueur d’onde de chaque ligne située aux alentours de 150 MHz. Par exemple, pour la ligne n°2, la puissance rayonnée à cette fréquence correspond à environ 13¨% de la puissance fournie en entrée de la ligne. Ainsi, l’atténuation des résonances du courant induit sur une ligne par une perturbation extérieure peut s’expliquer par le rayonnement électromagnétique de la ligne à ces fréquences particulières. Aux fréquences supérieures à la résonance fondamentale de la ligne, la puissance rayonnée augmente significativement jusqu’à atteindre à la fréquence de 2 GHz environ 40 % de la puissance fournie à l’entrée de la première ligne et 60 % de la seconde. Ainsi, à ces fréquences, l’utilisation de la MTLN n’étant plus du tout adaptée, nous choisissons donc d’utiliser un code de calcul 3D prenant en compte le rayonnement électromagnétique de chaque ligne. - 58 - Chapitre 2 – Problématique de la modélisation des couplages électromagnétiques hautes fréquences sur un faisceau de câbles multiconducteur 2.3 Influence des impédances terminales Dans ce paragraphe, des simulations numériques permettent de mettre en évidence l’influence des charges terminales sur le courant induit par une perturbation électromagnétique aux extrémités d’une ligne monofilaire puis d’un faisceau multiconducteur. 2.3.1.1 Ligne monofilaire La figure 46 présente les caractéristiques géométriques de la ligne monofilaire étudiée : rayon=0,5mm L=1m Z1 h=2cm Z2 I(0) Figure 46 : Caractéristiques de la ligne monofilaire étudiée Le tableau 3 présente les quatre configurations de charges connectées successivement aux extrémités de la ligne : n°1 n°2 n°3 n°4 Z1 CC (courtcircuit) CC 50Ω 200Ω Z2 CC CO (circuit ouvert) 50Ω 50Ω Tableau 3 : Configurations de charges terminales de la ligne La figure 47 présente le courant I(0) issu d’un calcul MTLN induit par une onde plane d’amplitude 3V/m en couplage hybride pour chaque configuration de charges : - 59 - Chapitre 2 – Problématique de la modélisation des couplages électromagnétiques hautes fréquences sur un faisceau de câbles multiconducteur Figure 47 : Comparaison du courant I(0) calculé par la MTLN pour chaque configuration de charges Cette figure montre l’influence très importante des charges d’extrémités sur le courant induit aux extrémités d’une ligne monofilaire illuminée par une onde plane. Lorsque la ligne est court-circuitée à ses deux extrémités (configuration n°1) autorisant le passage du courant, les résonances de la ligne (148, 244, 348 MHz) sont très marquées. De plus, elles se produisent lorsque la longueur L de la ligne est égale à un multiple de la demi-longueur d’onde d’excitation tel que l’indique l’équation suivante : L = k. λ 2 avec k nombre entier (Eq. 125) Lorsqu’un circuit ouvert est placé à une extrémité de la ligne bloquant le passage du courant (configuration n°2), les résonances de la ligne (72, 216, 360 MHz) très prononcées se produisent lorsque la longueur L de la ligne est égale aux valeurs décrites par l’équation 126 : L = (2k + 1). λ 4 avec k nombre entier (Eq. 126) Dans ces deux premiers cas, les conditions de charges étant extrêmes, l’onde se propageant le long de la ligne est réfléchie en totalité à ses extrémités provoquant l’apparition d’ondes stationnaires et donc de résonances très prononcées aux extrémités de la ligne. En revanche, lorsque la ligne est chargée par des résistances proches de l’impédance caractéristique de la ligne, les résonances sont fortement atténuées (configurations n°3 et 4). La ligne est alors bien adaptée et l’énergie est majoritairement absorbée par les impédances terminales au lieu de subir des réflexions multiples à ses extrémités. 2.3.1.2 Faisceau multiconducteur Dans ce paragraphe, la ligne monofilaire du paragraphe précédent est remplacée par un faisceau de câbles contenant quatre conducteurs de rayon 0,5mm. Les autres - 60 - Chapitre 2 – Problématique de la modélisation des couplages électromagnétiques hautes fréquences sur un faisceau de câbles multiconducteur paramètres géométriques (longueur et hauteur) sont inchangés. Le tableau 4 présente les conditions de charges terminales appliquées à chaque conducteur du faisceau : N° du conducteur 1 2 3 4 Extrémité 1 CC CC 50Ω CC Extrémité 2 CC CO 50Ω 1pF Tableau 4 : Configuration de charges terminales du faisceau multiconducteur La figure 48 présente le courant de mode commun ainsi que les courants sur chaque conducteur induit à la première extrémité du faisceau par une onde plane d’amplitude 3V/m en couplage hybride. Il faut préciser que le courant de mode commun est défini comme la somme algébrique des courants induits sur chaque conducteur. Figure 48 : Comparaison du courant de mode commun et du courant sur chaque conducteur calculés par la MTLN à l’extrémité du faisceau La valeur du courant de mode commun induit sur le faisceau est très proche du courant induit sur le premier conducteur du faisceau court-circuité à ses deux extrémités. Le deuxième conducteur influence également le courant de mode commun du faisceau aux fréquences correspondant à ses résonances propres. En revanche, les deux derniers conducteurs du faisceau ont très peu d’influence sur le courant de mode commun du faisceau car ils sont chargés par des impédances terminales du même ordre de grandeur que l’impédance caractéristique du faisceau. Cette simulation numérique permet donc de tirer deux enseignements majeurs : • le courant de mode commun d’un faisceau multiconducteur est principalement dépendant du courant induit sur les conducteurs chargés par des impédances terminales de valeurs extrêmes (court-circuit ou circuit ouvert) très éloignées de l’impédance caractéristique de mode commun du faisceau. • le comportement basse impédance d’un faisceau multiconducteur est assuré lorsqu’un seul conducteur de ce faisceau est chargé par une faible impédance à chaque extrémité. Le courant de mode commun d’un faisceau multiconducteur est ainsi moins dépendant des charges terminales qu’une ligne monofilaire. - 61 - Chapitre 2 – Problématique de la modélisation des couplages électromagnétiques hautes fréquences sur un faisceau de câbles multiconducteur 2.4 Modélisation de faisceaux multiconducteur en MoM 2.4.1 Justification du choix de la MoM Compte tenu des résultats obtenus au cours du paragraphe 2.2, la modélisation de faisceaux de câblages multiconducteur en HF doit être effectuée à l’aide d’un code de calcul 3D résolvant de façon numérique les équations de Maxwell. Nous avons choisi, au cours de notre thèse, d’utiliser la MoM plutôt que la FDTD pour effectuer ce genre de calculs. Ce choix a été effectué en comparant les forces et les faiblesses de ces deux méthodes par rapport à l’application industrielle visée. En effet, on rappelle que l’objectif final de ce travail de thèse est de modéliser des configurations de tests d’immunité rayonnée sur un véhicule entièrement câblé. L’avantage principal de la MoM par rapport à la FDTD est de ne pas nécessiter le maillage entier du volume de calcul, ce qui est intéressant vis-à-vis du temps de calcul total. De plus, l’utilisation de la FMM multi-niveaux permet de réduire considérablement le temps de calcul dans le cas de structures complexes. La MoM permet, de plus, de réaliser un maillage des structures filaires plus conformes à la réalité que la FDTD où les fils doivent être situés sur les arêtes des mailles. 2.4.2 Discrétisation des éléments filaires et surfaciques en MoM La résolution d’un problème en MoM nécessite au préalable la discrétisation (maillage) des éléments filaires en segments et des éléments surfaciques en triangles. Ce maillage doit respecter certains critères que nous présentons ci-dessous. Le premier critère impose que chaque élément filaire soit discrétisé en segments de longueur sous-dimensionnée par rapport à la longueur d’onde. En pratique, un découpage des éléments filaires en λ/10 est généralement préconisé. Le deuxième critère nécessite que la longueur de chaque segment soit plus de cinq fois supérieure à son rayon afin de respecter l’approximation des fils minces. Il s’agit ainsi d’une limitation haute fréquence de la MoM. Le troisième critère concerne la dimension des arêtes des triangles surfaciques. En général, il est conseillé que la longueur de chaque arête soit inférieure au sixième de la longueur d’onde. 2.4.3 Etude des performances de la MoM pour la modélisation de faisceaux de câbles multiconducteur 2.4.3.1 Description du cas test Dans ce paragraphe, l’objectif est d’étudier les performances de la MoM lors de la modélisation de faisceaux de câblages multiconducteur. L’éprouvette de test est constituée de quatre faisceaux multiconducteur comprenant respectivement un, quatre, sept et dix conducteurs plongés dans un milieu homogène. La figure 49 présente la description schématique de la géométrie de section droite du faisceau de dix conducteurs et la figure 50 une vue de la modélisation de ce faisceau en MoM : - 62 - Chapitre 2 – Problématique de la modélisation des couplages électromagnétiques hautes fréquences sur un faisceau de câbles multiconducteur 1,3mm 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 Rayons des conducteurs =0,5mm 3cm Figure 49 : Géométrie de section droite du faisceau de 10 conducteurs Figure 50 : Modélisation du faisceau de dix conducteurs en MoM La ligne monofilaire contient uniquement le conducteur 1, le faisceau à quatre conducteurs les conducteurs 1 à 4 et ainsi de suite. Les conducteurs de ces quatre faisceaux, de longueur 1m et de rayon 0,5mm, sont placés à 3cm au-dessus d’un plan de masse infini. L’écart séparant deux conducteurs voisins est, comme l’indique la figure de 0,3mm. Le tableau 5 recense la configuration des impédances terminales placées aux extrémités de chaque conducteur : N° du conducteur 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 Extrémité 1 50Ω 110Ω 50kΩ 2Ω 2kΩ 50Ω 1Ω 3nH 2pF 500Ω Extrémité 2 10kΩ 5Ω 200Ω 400Ω 10Ω 50Ω 1pF 4pF 100kΩ 10nH Tableau 5 : Configuration de charges terminales des quatre faisceaux testés Les réseaux d’impédances connectés aux extrémités du faisceau sont constitués d’éléments fortement disproportionnés par rapport à l’impédance caractéristique de mode commun du faisceau. Ce choix a été établi de manière à mieux faire ressortir la diversité des couplages mutuels exercés entre les conducteurs. 2.4.3.2 Analyse de la précision de la MoM La modélisation des quatre faisceaux de câbles a été effectuée en MTLN et en MoM jusqu’à la fréquence de 500MHz où la longueur d’onde est de 60cm. En raison de la bande de fréquence étudiée et compte tenu de la hauteur des faisceaux de câbles par rapport à la référence de masse, le calcul MTLN est considéré comme le résultat de référence sur toute la bande de fréquence. Il permet donc d’évaluer la précision de la modélisation MoM sur le calcul du courant de mode commun aux extrémités du faisceau. Pour les simulations MoM, les conducteurs sont maillés longitudinalement en segments de longueur 1cm. Les conducteurs sont ainsi largement surmaillés sur toute la bande de fréquence. Les éventuels écarts présents entre les deux simulations ne peuvent donc pas être imputés à un maillage insuffisant des conducteurs. Les figures 51 à 54 comportent le courant de mode commun calculé à la première extrémité des quatre faisceaux lorsque ceux-ci sont illuminés par une onde plane en couplage hybride d’amplitude 3V/m : - 63 - Chapitre 2 – Problématique de la modélisation des couplages électromagnétiques hautes fréquences sur un faisceau de câbles multiconducteur Figure 51 : Ligne monofilaire Figure 52 : Faisceau de 4 conducteurs Figure 53 : Faisceau de 7 conducteurs Figure 54 : Faisceau de 10 conducteurs Les quatre figures mettent en évidence la bonne corrélation des deux simulations pour chacun des faisceaux malgré une légère dérive au niveau des résonances lorsque le nombre de conducteurs augmente. Les deux calculs étant dans tous les cas très proches en dessous de 100MHz où le rayonnement du faisceau est faible, ces écarts à plus hautes fréquences correspondent à la prise en compte du rayonnement du faisceau par le calcul MoM. En conclusion, la MoM permet de calculer avec précision le courant de mode commun d’un faisceau multiconducteur comprenant au moins dix conducteurs y compris lorsque les conducteurs du faisceau sont très proches les uns des autres. 2.4.3.3 Analyse des ressources informatiques nécessaires à l’exécution du calcul Dans ce paragraphe, nous analysons les ressources informatiques nécessaires aux simulations MoM présentées dans le paragraphe 2.4.3.2 et réalisées sur un ordinateur de processeur 2,66 GHz et disposant d’une mémoire RAM de 1,5 Go. Le tableau 6 présente le temps de calcul total ainsi que les temps nécessaires à la phase d’assemblage et d’inversion de la matrice d’interaction [Z] pour chacun des quatre faisceaux. L’espace mémoire requis par le logiciel est également présent dans le - 64 - Chapitre 2 – Problématique de la modélisation des couplages électromagnétiques hautes fréquences sur un faisceau de câbles multiconducteur tableau. Ces données correspondent à 301 itérations de fréquences réparties uniformément entre 1MHz et 1GHz : Nombre de conducteurs du faisceau Nombre d’inconnues du problème Temps de calcul total (s) Assemblage de la matrice [Z] (s) Inversion de la matrice [Z] (s) Espace mémoire requis (Mo) 1 107 30,3 28,9 0,9 0,2 4 428 494 460 27,9 2,9 7 749 1533 1398 122 8,8 10 1070 3205 2853 327 17,8 Tableau 6 : Temps de calculs et espace mémoire requis pour la modélisation des quatre faisceaux de câblages en MoM Le temps de calcul en MoM est principalement dominé par le temps nécessaire à l’assemblage et à l’inversion de la matrice d’interaction [Z]. Ces données permettent de vérifier que la phase d’assemblage est proportionnelle à N2 et que la phase d’inversion est proportionnelle à N3, N étant le nombre d’inconnues du problème. L’espace mémoire requis est également proportionnel à N2. Sur ces quatre exemples, les autres phases du calcul (vérification de la géométrie, calcul du second membre,…) n’entraînent pas de temps de calcul significatif. Ainsi, le temps de calcul total est de 30 secondes dans le cas de la ligne monofilaire et de plus de 53 minutes dans le cas du faisceau de dix conducteurs soit une multiplication par un facteur supérieur à 100, l’espace mémoire requis augmentant dans les mêmes proportions. Cet exemple simple illustre le fait que la modélisation précise de la complexité du réseau de câblages d’un véhicule automobile, bien que théoriquement réalisable, est totalement inenvisageable sur les ordinateurs actuels. 2.5 Quantification des pertes diélectriques engendrées par les gaines isolantes Les gaines isolantes, entourant chaque conducteur d’un faisceau de câblages et assurant une protection à la fois électrique, mécanique, chimique et thermique, engendrent également des pertes diélectriques. Compte tenu de la densité importante de gaines isolantes présentes dans un faisceau multiconducteur automobile, nous avons tenté de les chiffrer sur une large bande de fréquence. Ensuite, nous avons vérifié que la MoM était capable de les prendre en compte en HF. 2.5.1.1 Définition des grandeurs caractéristiques d’un milieu diélectrique Un milieu purement diélectrique est un milieu isolant de conductivité nulle où aucun courant de conduction ne peut circuler. En réalité, les gaines diélectriques entourant les conducteurs d’un faisceau automobile ont une faible conductivité qui va engendrer des pertes appelées communément « pertes diélectriques ». Un milieu diélectrique peut être défini à l’aide de deux paramètres que sont la permittivité relative, noté εr, et la tangente de pertes, noté tanδ. - 65 - Chapitre 2 – Problématique de la modélisation des couplages électromagnétiques hautes fréquences sur un faisceau de câbles multiconducteur La permittivité relative εr d’un milieu diélectrique est définie par rapport à la permittivité absolue ε de ce milieu et de celle du vide ε0, soit : εr = 1 ε où ε 0 = .10 −9 pF/m ε0 36π (Eq. 127) Lorsque les pertes diélectriques se manifestent, et pour une excitation sinusoïdale, εr est une grandeur complexe exprimée par la convention suivante : ε = ε '− jε ' ' (Eq. 128) La tangente de pertes du milieu diélectrique est alors définie par le rapport des parties imaginaire et réelle de la permittivité relative complexe : tan δ = ε '' ε' (Eq. 129) En pratique, la permittivité relative et la tangente de pertes d’une gaine diélectrique sont des grandeurs souvent mal connues puisqu’elles ne participent pas aux données fonctionnelles des conducteurs. De plus, d’un point de vue physique, la tangente de pertes peut varier en fonction de différents facteurs tels que la fréquence, la température, l’humidité, la pression atmosphérique…Ceci explique pourquoi les pertes diélectriques sont bien souvent négligées dans les modèles basses fréquences. 2.5.1.2 Détermination expérimentale des caractéristiques d’une gaine isolante 2.5.1.2.1 Permittivité relative (εr) Pour déterminer expérimentalement la permittivité relative d’une gaine isolante enrobant un conducteur, la méthode proposée consiste à enrober la gaine isolante d’un câble coaxial d’un blindage métallique externe comme l’indique la figure 55 : Gaine isolante (tenue mécanique) Blindage externe rajouté Gaine diélectrique Conducteur central Figure 55 : Section du câble coaxial créé Le blindage du câble coaxial est maintenu fermement à l’aide d’un ruban adhésif isolant afin d’assurer l’homogénéité du milieu présent entre le conducteur central et le blindage. L’objectif est de mesurer la partie imaginaire de l’impédance ramenée par le câble coaxial de longueur L à l’entrée de l’appareil de mesure (l’autre extrémité du câble coaxial étant court-circuitée). La figure 56 présente la mesure obtenue pour un câble de longueur 705mm : - 66 - Chapitre 2 – Problématique de la modélisation des couplages électromagnétiques hautes fréquences sur un faisceau de câbles multiconducteur Figure 56 : Mesure de la partie imaginaire de l’impédance ramenée par le câble coaxial Théoriquement, l’impédance ramenée par le câble coaxial considéré comme sans pertes peut s’écrire : Z = j.Z coaxial . tan (β .L ) (Eq. 130) Ainsi, la première fréquence de résonance f0 intervient lorsque le terme tan (βL) est maximal, c'est-à-dire lorsque le cosinus de ce terme est nul. Après quelques calculs simples, la vitesse de propagation v de l’onde TEM se propageant le long du câble coaxial peut ainsi être exprimée en fonction de f0 et de L : v = 4. f 0 .L (Eq. 131) Il est alors possible de déterminer la permittivité relative εr de la gaine isolante à l’aide de la relation suivante : v= c (Eq. 132) εr où c représente la vitesse de propagation dans le vide. Les résultats obtenus pour notre échantillon sont les suivants : f 0 = 63,4 MHz (Eq. 133) v = 1,78.108 m.s −1 (Eq. 134) ε r = 2,8 (Eq. 135) Pour la suite de cette thèse, la valeur de référence utilisée pour définir la permittivité relative εr d’une gaine isolante d’un câble automobile sera donc 2,8. 2.5.1.2.2 Tangente de pertes (tan δ) Pour déterminer expérimentalement la tangente de pertes d’une gaine diélectrique enrobant un conducteur, on mesure l’admittance du câble coaxial utilisé précédemment, la deuxième extrémité du câble étant cette fois-ci placée en circuit ouvert. L’admittance - 67 - Chapitre 2 – Problématique de la modélisation des couplages électromagnétiques hautes fréquences sur un faisceau de câbles multiconducteur ramenée à l’entrée de l’appareil de mesure par le câble coaxial, qui n’est plus considéré comme sans pertes, s’écrit alors : Ymesure = 1 . Z coaxial + Z ch arg e .(th(γ .L )) Z coaxial Z ch arg e + Z coaxial .(th(γ .L )) (Eq. 136) Dans le cas où la longueur de la ligne est faible devant la longueur d’onde, l’admittance mesurée peut s’écrire sous la forme suivante : Ymesure = Ycoaxial .(γ .L ) (Eq. 137) L’admittance du câble coaxial Ycoaxial peut être exprimée simplement en fonction de sa capacité linéique C et de sa conductance G : Ycoaxial = G + j.C.ω (Eq. 138) D’après la démonstration théorique présentée dans l’annexe B, la tangente de pertes d’un milieu diélectrique homogène est égale à : tan δ = G C.ω (Eq. 139) Cette relation permet de déterminer la tangente de pertes de la gaine diélectrique à partir de la mesure directe de l’admittance du câble coaxial : tan δ = Re(Ycoaxial ) Re(Ylmesure ) = Im(Ycoaxial ) Im(Ymesure ) (Eq. 140) La figure 57 montre l’échantillon connecté à l’analyseur de réseau : Figure 57 : Vue du montage expérimental La figure 58 présente la tangente de pertes mesurée sur la bande de fréquence allant de 1 à 400 MHz pour deux échantillons du câble coaxial de longueurs respectives 20 puis 90 mm : - 68 - Chapitre 2 – Problématique de la modélisation des couplages électromagnétiques hautes fréquences sur un faisceau de câbles multiconducteur Figure 58 : Tangente de pertes du câble coaxial mesurée pour deux longueurs de l’échantillon La courbe noire représentant la tangente de pertes obtenue pour l’échantillon de longueur 20mm est très bruitée en dessous de 100 MHz en raison du sousdimensionnement trop important de l’échantillon par rapport à la longueur d’onde. En revanche, entre 100 et 350MHz, la tangente de pertes obtenue apparaît clairement non bruitée autour d’une valeur de 0,02 (ou 2%). Au-delà de 350 MHz, la longueur de l’échantillon ne pouvant plus être considérée comme faible devant la longueur d’onde d’excitation, les phénomènes de propagation au sein de l’échantillon entraînent l’apparition de résonances qui interdisent l’application de cette méthode simple, basée sur une approximation basse fréquence. Pour le second échantillon de longueur 90mm où la tangente de pertes est représentée par la courbe rouge, celle-ci, proche de celle mesurée sur le premier échantillon, peut être lue de manière convenable sur la bande de fréquence 50-150 MHz. Cette méthode de mesures a ainsi permis de caractériser, de manière précise, la tangente de pertes d’une gaine diélectrique enrobant un conducteur de type automobile jusqu’à la fréquence de 300MHz. Malheureusement, et pour des raisons techniques évidentes, il n’a pas été possible de la mesurer pour des fréquences supérieures. Néanmoins, pour la suite de cette thèse, la valeur moyenne de référence utilisée pour définir la tangente de pertes d’une gaine diélectrique sera donc égale à 0,02. Il faut préciser cependant que les valeurs de εr et de tan δ mesurées dans ces deux paragraphes ne concernent que le type de câbles utilisé pour ces mesures. En effet, il n’est pas exclu qu’il y ait une grande dispersion de ces valeurs sur d’autres modèles de câbles. Pour vérifier cela, il faudrait réaliser une analyse exhaustive sur un grand nombre de câbles utilisés dans le secteur automobile. 2.5.1.3 Effet de la gaine isolante enrobant un conducteur 2.5.1.3.1 Méthode expérimentale Après avoir mesuré les caractéristiques d’une gaine isolante de câble automobile, nous regardons l’effet de cette gaine sur le courant induit sur le câble par une perturbation électromagnétique. Lors de la mesure effectuée en chambre anéchoïque, - 69 - Chapitre 2 – Problématique de la modélisation des couplages électromagnétiques hautes fréquences sur un faisceau de câbles multiconducteur une antenne log-périodique placée à une distance de trois mètres illumine le faisceau en couplage électrique. L’éprouvette de test, présentée figure 59, est constituée d’une ligne monofilaire, court-circuitée à ses deux extrémités, de longueur 76cm, de hauteur 3 cm et située sur un plan de masse fini : Figure 59 : Ligne monofilaire sous test A l’aide d’une sonde de courant, le courant I(0) induit sur la première extrémité du câble est mesuré lorsque celui-ci est enrobé de la gaine isolante ou lorsqu’il en est dépourvu. La figure 60 présente les résultats obtenus jusqu’à 1 GHz : Figure 60 : Effet de la gaine isolante sur le courant I(0) mesuré sur la ligne Les mesures montrent clairement que la gaine diélectrique isolante a pour effet de réduire sensiblement les fréquences de résonance de la ligne. En effet, sur la mesure pratiquée avec le conducteur nu, la fréquence de résonance fondamentale de la ligne se situe à 201 MHz et passe à 194 MHz avec la gaine diélectrique. Compte tenu de la valeur des charges d’extrémités très inférieures à l’impédance caractéristique de la ligne, cette résonance fondamentale se produit lorsque la fréquence est telle que sa demi-longueur d’onde coïncide avec la longueur de la ligne. La fréquence de résonance fondamentale de la ligne peut ainsi être reliée à la vitesse de propagation v et à la longueur du conducteur par l’équation 141 : v = λ fondamental . f fondamental = 2.L. f fondamental - 70 - (Eq. 141) Chapitre 2 – Problématique de la modélisation des couplages électromagnétiques hautes fréquences sur un faisceau de câbles multiconducteur Ainsi, la vitesse de propagation est diminuée d’environ 5 % lorsque la gaine diélectrique est présente. Ce résultat semble tout à fait concordant avec les propriétés diélectriques de la gaine. Il faut également ajouter que le décalage des fréquences de résonance devient de plus en plus important lorsque l’ordre des résonances augmente. Le deuxième effet lié à la présence de la gaine est malheureusement peu mis en évidence sur la figure 60. En effet, la gaine isolante devrait théoriquement provoquer, par le biais de sa tangente de pertes, une atténuation des résonances. Seules les trois dernières résonances de la ligne montrent une légère atténuation du courant mesuré. 2.5.1.3.2 Modélisation numérique Dans ce paragraphe, les caractéristiques de la mesure du paragraphe précédent sont reproduites numériquement en MoM. La seule différence avec la configuration expérimentale est que l’amplitude de la perturbation électromagnétique est constante et égale à 3V/m. Précisons également que la gaine isolante modélisée a une épaisseur de 0,5mm, une permittivité relative εr de 2,8 et une tangente de pertes de 0,02. Le logiciel FEKO prend en compte la gaine isolante d’une structure filaire par le biais de deux aménagements de la MoM n’ayant pas d’impact significatif sur le temps de calcul. Le premier, dérivé des travaux de Popovic ([51], [52]), consiste à insérer une inductance linéique fictive répartie sur toute la longueur du conducteur et à ajuster la capacité linéique de ce conducteur en modifiant son rayon. Cependant, ce procédé exclut la prise en compte de pertes diélectriques lorsque le conducteur est situé dans l’air car il impose que la tangente de pertes de la gaine diélectrique soit identique à celle du milieu environnant. Le second procédé [53] introduit, sur toute la longueur du conducteur, un terme supplémentaire représentant la densité de courant de polarisation engendrée par la gaine diélectrique. Ce procédé ne peut pas être appliqué lorsque la perméabilité relative µr de la gaine est différente de celle du milieu environnant. Cette restriction n’étant guère problématique, nous avons choisi de présenter les résultats obtenus à l’aide de ce procédé dans ce manuscrit. L’évolution fréquentielle du courant I(0) induit sur la première extrémité de la ligne est présentée sur la figure 61 : Figure 61 : Effet de la gaine isolante sur le courant I(0) calculé sur la ligne - 71 - Chapitre 2 – Problématique de la modélisation des couplages électromagnétiques hautes fréquences sur un faisceau de câbles multiconducteur Cette figure met parfaitement en évidence les deux effets théoriques engendrés par la présence d’une gaine diélectrique isolante autour d’un conducteur. La fréquence fondamentale de la ligne passe de 146 MHz à 138 MHz lorsqu’on enlève la gaine diélectrique. La modification de la vitesse de propagation d’environ 5% observée en mesures est donc correctement restituée par la simulation. De plus, l’amortissement des résonances prévu par la théorie est bien reproduit par ces modélisations numériques sur notre exemple. Ainsi, l’atténuation sur l’amplitude du courant induit est de 6% pour la fréquence fondamentale et de 26 % pour la troisième fréquence de résonance de la ligne. Ces résultats numériques prouvent que le logiciel FEKO est capable de prendre en compte numériquement les effets engendrés par la présence d’une gaine isolante enrobant un conducteur. 2.6 Conclusion du chapitre 2 Ce second chapitre a permis de définir la problématique scientifique de ce travail. Ainsi, nous avons tout d’abord mis en évidence les limites fréquentielles de l’approche couplée utilisant un calcul 3D et un modèle de lignes de transmission pour déterminer les niveaux de perturbation induits sur un réseau de câblages multiconducteur. Cette approche, très intéressante en basse fréquence en terme de temps de calculs, devient limitée en hautes fréquences du fait de l’utilisation du modèle de lignes basé sur l’approximation de la propagation unique de modes de type TEM et ne prenant donc pas en compte l’apparition de modes de propagation d’ordre supérieur ainsi que le rayonnement électromagnétique des faisceaux de câbles. Ainsi, pour modéliser des faisceaux de câblage en HF, l’utilisation unique d’un code 3D devient inévitable. Après avoir écarté les méthodes volumiques de type différences finies (FDTD) ou éléments finis (FEM), notre choix s’est porté sur la méthode intégrale de type EFIE résolue par la méthode des moments (MoM – Method of Moments). Celleci est en effet capable de modéliser les couplages mutuels entre les conducteurs d’un faisceau de câblages tout en prenant en compte le rayonnement électromagnétique et les pertes diélectriques du faisceau. Malheureusement, l’utilisation de ce type de méthodes 3D requiert des temps de calculs prohibitifs avec une application industrielle sur un réseau de câblages réaliste. Nous allons donc, dans le chapitre suivant, élaborer une méthode permettant de réduire les temps de calculs inhérents à la modélisation de faisceaux de câblages multiconducteur sans toutefois diminuer la précision des calculs. - 72 - Chapitre 3 – Edification de la méthode du faisceau équivalent Chapitre 3 3 Edification de la méthode du faisceau équivalent Ce troisième chapitre est consacré à l’édification des principes théoriques d’une méthode intitulée « méthode du faisceau équivalent » permettant de réduire les temps de calculs nécessaires à la prise en compte de faisceaux multiconducteur en MoM. Cette méthode consiste à définir, pour chaque faisceau multiconducteur un faisceau réduit contenant un nombre limité de « conducteurs équivalents ». Nous détaillons dans ce chapitre les quatre étapes permettant de définir les caractéristiques du faisceau réduit relatif à un faisceau de câblages initial. 3.1 Principe et objectifs de la méthode Dans le passé, la modélisation de faisceaux de câblages en HF a été un domaine peu abordé. Néanmoins, quelques travaux ont cherché à étendre la bande de fréquence d’utilisation de la MTLN en y intégrant les pertes par rayonnement ([54], [55], [56], [57]). Mais ce genre d’approche ne peut pas permettre de corriger les insuffisances de la MTLN sur une large bande de fréquence. De plus, si l’intégration d’une résistance de rayonnement paraît concevable sur une ligne monofilaire, on peut s’interroger sur l’extension de ce principe aux faisceaux multiconducteur. Comme nous l’avons évoqué au cours du chapitre précédent, notre choix pour la modélisation de faisceaux de câblages multiconducteur en hautes fréquences s’est porté sur l’emploi de codes de calcul 3D, et de la MoM en particulier. Cependant, il convient de réduire le temps de calcul nécessaire à l’application de la MoM pour permettre la modélisation d’un réseau de câblages de type industriel. Ainsi, la méthode proposée au cours de ce chapitre utilise le principe de conducteur équivalent déjà utilisé par le passé pour des applications différentes ([41], [58], [59]). Le principe de la méthode consiste donc à définir à partir d’un faisceau multiconducteur complexe un faisceau « réduit » comprenant entre un et quatre conducteurs seulement. Les figures 62 et 63 présentent respectivement un faisceau de dix conducteurs et le faisceau réduit correspondant comprenant seulement trois conducteurs appelés « conducteurs équivalents » : Figure 62 : Géométrie de section droite d’un faisceau de 10 conducteurs Figure 63 : Géométrie de section droite du faisceau réduit correspondant contenant 3 conducteurs équivalents - 73 - Chapitre 3 – Edification de la méthode du faisceau équivalent Les conducteurs équivalents du faisceau réduit représentent chacun l’effet d’un certain nombre de conducteurs du faisceau initial. Précisons que la méthode présentée au cours de ce chapitre ne peut être appliquée qu’au cas de faisceaux de câblages multiconducteur simples, définis comme une liaison de câbles point à point. Dans le cinquième et dernier chapitre de ce manuscrit, nous traiterons de l’extension de cette méthode aux réseaux arborescents. La détermination des caractéristiques du faisceau réduit nécessite quatre étapes détaillées successivement au cours de ce chapitre. L’objectif de cette procédure consiste à définir un faisceau réduit dont le courant de mode commun induit à ses extrémités par une perturbation électromagnétique extérieure soit identique au courant de mode commun induit aux extrémités du faisceau initial. Le faisceau réduit peut alors être modélisé par un code 3D à la place du faisceau initial. Du fait de la simplification de la géométrie du faisceau initial et notamment de la réduction du nombre de conducteurs, la méthode ne permet donc pas de connaître les tensions et courants induits par la perturbation sur chaque conducteur du faisceau initial. Toutefois, on considère que les dysfonctionnements engendrés par une perturbation électromagnétique quelconque sur un équipement électronique peuvent être reliés principalement à l’amplitude des courants et tensions de mode commun induits en extrémité du faisceau et donc en entrée de l’équipement. 3.2 Rappels sur la théorie modale La méthode étant en partie basée sur la théorie modale des lignes de transmission multiconducteur ([60] [61]), nous présentons tout d’abord quelques rappels sur cette théorie. La théorie modale permet de connaître les caractéristiques des modes propres se propageant au sein d’un faisceau multiconducteur, dont le nombre est égal au nombre de conducteurs du faisceau. Pour cela, il faut diagonaliser les matrices linéiques définies par le formalisme de la MTLN pour passer de la base réelle à la base modale. Par exemple, la diagonalisation du produit des matrices inductance [L] et capacité inverse [C]-1 d’un faisceau de câblages comprenant N conducteurs, permet de 2 déterminer la matrice Z c contenant les impédances caractéristiques (Z1, Z2,…, ZN) des N modes propres se propageant sur le faisceau : [ ] Z12 0 0 Z22 −1 −1 −1 −1 2 [Zc ] = [Tx ] .[L][. C] .[Tx ] = [Ty ] .[C] .[L].[Ty ] = M M 0 0 L 0 L 0 O M K ZN2 (Eq. 142) De la même façon, la diagonalisation du produit des matrices inductance [L] et capacité [C] permet d’obtenir la matrice de propagation [Γ2] contenant les vitesses de propagation (v1, v2,…, vN) des N modes propres se propageant au sein du faisceau : - 74 - Chapitre 3 – Edification de la méthode du faisceau équivalent 1 2 v1 0 −1 −1 2 [Γ ] = [Tv ] .[L][. C][. Tv ] = [Ti ] .[C][. L][. Ti ] = M 0 0 1 2 v2 M 0 0 L 0 O M K 1 2 vN L (Eq. 143) Il faut ici préciser qu’en très basse fréquence (TBF), ce sont les matrices [Z] et [Y] définies par les équations 144 et 145 qu’il faudrait considérer : [ Z ] = [ R] + jω[ L] (Eq. 144) [Y ] = [G ] + jω[C ] (Eq. 145) En considérant les conducteurs sans pertes, les matrices [Z] et [Y], purement imaginaires, se réduisent aux matrices [L] et [C]. Les matrices de passage [Ti] et [Tv] contenant les vecteurs propres de ces produits de matrices, permettent de relier la base réelle et la base modale. Par exemple, elles permettent d’exprimer sous forme matricielle les courants et tensions réels ([I], [V]) sur les conducteurs du faisceau en fonction des courants et tensions relatifs à chaque mode propre ([i],[v]) exprimés dans la base modale : [ I ] = [Ti ].[i ] (Eq. 146) [V ] = [Tv ].[v] (Eq. 147) Ainsi, les courants et tensions réels présents sur chaque conducteur du faisceau résultent de la superposition des contributions de chaque mode propre. 3.3 Constitution de groupes de conducteurs 3.3.1 Critère retenu pour la constitution des groupes La première étape de la méthode consiste à répartir les conducteurs du faisceau initial en quatre groupes en fonction du module des impédances terminales de mode commun de chaque conducteur. Celles-ci sont en effet comparées à l’impédance caractéristique de mode commun du faisceau définie par la variable Zmc. Les impédances terminales de mode commun sont définies comme des impédances reliant l’extrémité d’un conducteur à la référence de masse. Il faut préciser qu’au cours de ce travail nous effectuons l’approximation que les impédances terminales Zii connectées aux extrémités des conducteurs sont des charges résistives qui ne varient donc pas avec la fréquence. Le tableau 1 montre la règle édifiée pour établir la composition des différents groupes de conducteurs : - 75 - Chapitre 3 – Edification de la méthode du faisceau équivalent Extrémité 1 Extrémité 2 Groupe 1 Z1i < Z mc Z 2 i < Z mc Groupe 2 Z1i < Z mc Z 2 i > Z mc Groupe 3 Z1i > Z mc Z 2 i < Z mc Groupe 4 Z1i > Z mc Z 2 i > Z mc Tableau 7 : Définition des quatre groupes de conducteurs en fonction des charges terminales de chaque conducteur Pour améliorer la compréhension du tableau, précisons que les charges terminales de mode commun Zij correspondent aux charges reliant l’extrémité i du conducteur j à la référence de masse. Chaque charge terminale est donc comparée à l’impédance caractéristique de mode commun Zmc du faisceau entier. Dans le paragraphe 3.3.2, nous présentons la procédure permettant de déterminer cette grandeur sur tout type de faisceau multiconducteur. Les différents groupes de conducteurs, constitués lors de cette étape, correspondent donc chacun à un conducteur équivalent du faisceau réduit. Ainsi, chaque faisceau multiconducteur est modélisé par un faisceau réduit comprenant entre un et quatre conducteurs équivalents suivant le contraste des charges terminales du faisceau par rapport à Zmc. L’étude des charges terminales pour constituer les groupes de conducteurs a pour objectif de regrouper les conducteurs ayant une répartition de courant similaire sur toute leur longueur (cf chapitre 2). Précisons enfin que l’approximation des charges résistives permet de conserver la composition des groupes sur toute la bande de fréquence. 3.3.2 Détermination de la variable Zmc L’impédance caractéristique de mode commun Zmc d’un faisceau multiconducteur est déterminée à partir de la connaissance préalable de l’impédance caractéristique de mode commun de chaque conducteur du faisceau dans la base modale notée zi. L’impédance zi est déterminée à partir de l’analyse des matrices de vecteurs propres [Tx] ou [Ty] définies dans l’équation 142. Prenons l’exemple d’une matrice de passage [Tx] obtenue par la diagonalisation du produit des matrices [L][C]-1 d’un faisceau de trois conducteurs : − 0,1 0,57 0,81 [Tx ] = 0,56 − 0,48 − 0,67 0,6 − 0,32 0,74 (Eq. 148) Chaque colonne de la matrice [Tx] contient un vecteur propre relatif à un mode de propagation du faisceau. Pour distinguer le vecteur propre relatif au mode commun, il faut savoir que celui-ci possède deux propriétés particulières qui le distinguent des autres. En effet, les termes qui le composent sont de même signe et de même ordre de grandeur. Dans l’équation 148, le vecteur propre de la première colonne correspond 2 donc au mode commun. Il faut alors repérer dans la matrice Z c quelle impédance [ ] - 76 - Chapitre 3 – Edification de la méthode du faisceau équivalent caractéristique dépend du vecteur propre relatif au mode commun. En remplaçant la matrice [Tx] par sa valeur dans l’équation 142, on peut écrire : − 0,1 Z12 0,57 0,81 [Z C2 ] = [Tx ]−1.[L][. C ]−1 .0,56 − 0,48 − 0,67 = 0 0,6 − 0,32 0,74 0 0 Z 22 0 0 0 Z 32 (Eq. 149) Pour cet exemple, l’impédance zi de ce faisceau est donc égale à Z1. En effet, Z1 dépend directement des termes contenus dans la première colonne de la matrice [Tx] donc des termes du vecteur propre relatif au mode commun. Une fois l’impédance zi connue, il est aisé de déterminer Zmc. En effet, dans la base modale, zi correspond au rapport des tensions Vmc et des courants Imc présentés sur la figure 64 : Imc conducteur 1 Imc Vmc conducteur 2 Imc Vmc conducteur 3 Vmc Figure 64 : Courants et tensions de mode commun dans la base modale pour un faisceau de 3 conducteurs Cette figure indique que la tension Vmc est identique sur chaque conducteur. L’impédance caractéristique de mode commun du faisceau Zmc correspond donc à l’impédance du faisceau lorsque tous les conducteurs du faisceau sont court-circuités entre eux comme l’indique la figure 65 : Imc 3Imc conducteur 1 Imc conducteur 2 Imc conducteur 3 Vmc Figure 65 : Signification physique de l’impédance caractéristique de mode commun d’un faisceau Sur cet exemple à 3 conducteurs, l’impédance caractéristique de mode commun du faisceau s’écrit : Z mc = Vmc z = i 3.I mc 3 - 77 - (Eq. 150) Chapitre 3 – Edification de la méthode du faisceau équivalent Ainsi, dans le cas général d’un faisceau contenant N conducteurs, les grandeurs Zmc et zi peuvent être reliées par l’équation 151 : Z mc = zi N 3.4 Détermination des faisceau réduit (Eq. 151) matrices linéiques du La deuxième étape consiste à déterminer les matrices inductance et capacité du faisceau réduit dans le formalisme de la MTLN. 3.4.1 Hypothèses simplificatrices La première hypothèse consiste à définir le courant de chaque groupe de conducteurs comme la somme des courants circulant sur chaque conducteur du groupe. Dans le cas d’un groupe contenant N conducteurs, cette hypothèse s’écrit : Imc = I1 + I2 +...+ IN (Eq. 152) La deuxième hypothèse consiste à considérer que tous les conducteurs d’un groupe sont court-circuités entre eux, c'est-à-dire placés au même potentiel par rapport à la référence de masse. Ainsi, une tension de groupe est définie pour chaque groupe de conducteurs. Dans le cas d’un groupe contenant N conducteurs, cette hypothèse s’écrit : N Vmc =V1 =V2 =...=VN = ∑V i=1 i (Eq. 153) N 3.4.2 Conventions adoptées pour les démonstrations Les paragraphes 3.4.3 et 3.4.4 présentent les démonstrations permettant d’établir les formules générales des matrices linéiques inductance et capacité d’un faisceau réduit contenant quatre conducteurs équivalents à partir d’un faisceau initial contenant N conducteurs. Afin de clarifier les démonstrations, on définit à l’aide de la notion de groupe définie dans le tableau 7 : • les courants de chacun des quatre groupes de conducteurs par les notations ICE1, ICE2, ICE3, ICE4 • les tensions de chacun des quatre groupes de conducteurs par les notations VCE1, VCE2, VCE3, VCE4 Il est également préférable de changer la numérotation des conducteurs afin de regrouper les indices des conducteurs appartenant à un même groupe. Les N conducteurs du faisceau initial sont regroupés en quatre groupes où : • les N1 conducteurs du premier groupe portent les indices allant de 1 à α • les N2 conducteurs du deuxième groupe portent les indices allant de α+1 à β • les N3 conducteurs du troisième groupe portent les indices allant de β+1 à γ • les N4 conducteurs du quatrième groupe portent les indices allant de γ+1 à N - 78 - Chapitre 3 – Edification de la méthode du faisceau équivalent Les formules générales des matrices inductance et capacité du faisceau réduit sont chacune illustrées à l’aide d’un exemple. L’exemple utilisé correspond à un faisceau de sept conducteurs au sein duquel quatre groupes de conducteurs sont constitués comme l’illustre la figure 66 : 2 1 6 Conducteurs du groupe 1 3 4 5 Conducteurs du groupe 2 7 Conducteurs du groupe 3 Conducteurs du groupe 4 Figure 66 : Constitution des groupes de conducteurs au sein d’un faisceau initial de sept conducteurs 3.4.3 Détermination de la matrice inductance du faisceau réduit Dans le cas d’un faisceau de câblages contenant N conducteurs, l’équation matricielle du formalisme MTLN reliant les matrices courant et tension à l’aide de la matrice inductance s’écrit sous la forme suivante : V1 L11 L12 V L L ∂ 2 = − j.ω. 21 22 M M ∂z M LN1 LN2 VN L L1N I1 L L2N I2 . O M M L LNN IN (Eq. 154) La matrice inductance du faisceau réduit ne peut être déterminée simplement en appliquant les hypothèses de la méthode. Il faut, en plus, apporter deux approximations supplémentaires. Afin de les présenter, on exprime tout d’abord le courant Ii circulant sur le conducteur du faisceau d’indice i en fonction du courant de mode commun noté Ici et des courants de mode différentiel Idij circulant sur ce conducteur. En répétant l’opération pour tous les conducteurs du faisceau, les courants de mode commun et de mode différentiel circulant sur un faisceau multiconducteur peuvent être définis conformément à la figure 67 : z … … Ic1 Id12 Ick Id1k … Id(k-1)k Idk(k+1) … IcN Id1N Id1k z+dz Id1N conducteur 1 IdkN conducteur k … IdkN … Id(N-1)N conducteur N Figure 67 : Courants de mode commun et de mode différentiel sur un faisceau contenant N conducteurs - 79 - Chapitre 3 – Edification de la méthode du faisceau équivalent Le courant total sur le premier conducteur du faisceau se généralise ainsi : N I1 = I c1 + ∑ I d 1i (Eq. 155) i =2 De la même façon, le courant Ik circulant sur le kième conducteur et le courant IN circulant sur le dernier conducteur du faisceau s’écrivent : k −1 I k = I ck − ∑ I dik + i =1 N ∑I i = k +1 dki (Eq. 156) N −1 I N = I cN − ∑ I diN (Eq. 157) i =1 En additionnant le courant circulant sur chaque conducteur, le courant de mode commun du faisceau correspond à la somme vectorielle des courants de mode commun circulant sur chaque conducteur : I mc = I1 + ... + I k + ... + I N = I c1 + ... + I ck + ... + I cN (Eq. 158) Dans la relation matricielle 154, chaque courant Ii peut être remplacé par les relations établies en 155, 156, 157. En développant alors le système, la kième ligne du système peut s’écrire sous la forme générale suivante : N −1 N ∂V k N = − j.ω ∑ (L ki .Ic i ) + ∑ ∑ (Id ij .(L ki − L kj )) ∂x i =1 j = i +1 i =1 (Eq. 159) Ainsi, le différentiel de tension sur une portion infinitésimale du kième conducteur du faisceau correspond à l’addition d’une somme de termes dépendant des courants de mode commun Ici et d’une somme de termes dépendants des courants de mode différentiel Idij circulant sur le faisceau multiconducteur. La première somme correspond plus précisément à la somme du produit d’un courant de mode commun circulant sur un conducteur du faisceau et d’un terme appartenant à la ligne k de la matrice inductance. La deuxième somme correspond plus précisément à la somme du produit d’un courant de mode différentiel circulant sur le faisceau et d’une soustraction de deux termes appartenant à la ligne k de la matrice inductance. La première approximation réalisée dans le cadre de notre méthode consiste alors à considérer chaque terme relatif à un courant de mode commun très supérieur à la somme des termes relatifs aux courants de mode différentiel. Cette approximation peut se généraliser ainsi : N −1 Lki .Ic i >> ∑ ∑ (Id .(L N i =1 j = i +1 ij ki − Lkj )) (Eq. 160) Deux raisons permettent de justifier cette approximation. Tout d’abord, on considère que les courants de mode commun sont largement prépondérants dans le cas d’une illumination par une onde électromagnétique quelconque. Ensuite, les termes constants multipliant les courants de mode différentiel sont des soustractions de deux termes de la matrice inductance d’ordre de grandeur similaire. Ils sont donc plus faibles que les termes multipliant les courants de mode commun. L’approximation effectuée permet d’aboutir au système matriciel suivant : - 80 - Chapitre 3 – Edification de la méthode du faisceau équivalent V1 L11 L12 V L L ∂ 2 = − j.ω. 21 22 M M ∂z M LN1 LN2 VN L L1N Ic1 L L2N Ic2 . O M M L LNN IcN (Eq. 161) La seconde approximation consiste à considérer que la contribution au courant de chaque groupe de conducteurs est identique pour tous les conducteurs du groupe. Cette approximation s’écrit dans le cas d’un groupe de N conducteurs : Ick = Imc N (Eq. 162) où Imc est le courant du groupe et Ick le courant de mode commun circulant sur le conducteur k. Moyennant cette seconde approximation, le système matriciel s’écrit désormais : β α L ∑ L1 j 1j ∑ ∂V 1 j =1 j = α +1 .I CE1 + .I CE 2 + = − j.ω. N2 ∂x N1 γ ∑β L j = +1 N3 1j N .I CE 3 + ∑γ L j = +1 N4 1j .I CE 4 M β γ N α L Lkj L L ∑ ∑ ∑ kj kj kj ∑ ∂V k = − j.ω. j =1 .I CE1 + j =α +1 .I CE 2 + j = β +1 .I CE 3 + j =γ +1 .I CE 4 N4 ∂x N3 N2 N1 M β γ N α L L L L ∑ ∑ ∑ ∑ Nj Nj Nj Nj ∂V δ = − j.ω. j =1 .I CE1 + j =α +1 .I CE 2 + j = β +1 .I CE 3 + j =γ +1 .I CE 4 ∂x N2 N3 N4 N1 (Eq. 163) Les tensions de chaque conducteur appartenant à un même groupe étant égales, l’insertion de cette propriété dans l’équation 163 mène au système suivant reliant les tensions et courants des quatre groupes de conducteurs : - 81 - Chapitre 3 – Edification de la méthode du faisceau équivalent β γ N α α α α α L L L Lij ∑ ∑ ∑ ∑ ∑ ∑ ∑ ij ij ij ∑ ∂V CE1 = − j.ω. i=1 j =12 .I CE1 + i=1 j =α +1 .I CE 2 + i=1 j =β +1 .I CE 3 + i=1 j =γ +1 .I CE 4 N 1 .N 2 N 1 .N 3 N 1 .N 4 ∂x N1 β α β β β γ β N Lij Lij Lij Lij ∑ ∑ ∑ ∑ ∑ ∑ ∑ ∑ ∂V CE 2 = − j.ω. i=α +1 j =1 .I CE1 + i=α +1 j =α2+1 .I CE 2 + i=α +1 j =β +1 .I CE 3 + i=α +1 j =γ +1 .I CE 4 N2 N 2 .N 3 ∂x N 2 .N 4 N 1 .N 2 ∂V CE 3 ∂x γ β γ γ γ N γ α L. (Eq. 164) L L L ∑ ∑ ij ∑ ∑ ij ∑ ∑ ij ∑ ∑ ij = − j.ω. i=β +1 j =1 .I CE1 + i=β +1 j =α +1 .I CE 2 + i=β +1 j =β2+1 .I CE 3 + i=β +1 j =γ +1 .I CE 4 N 2 .N 3 N3 N 3 .N 4 N 1 .N 3 ∂V CE 4 ∂x β γ N N N N N α L Lij Lij Lij ∑ ∑ ∑ ∑ ∑ ∑ ∑ ∑ ij i=γ +1 j =1 = − j.ω. .I CE1 + i=γ +1 j =α +1 .I CE 2 + i=γ +1 j =β +1 .I CE 3 + i=γ +1 j =γ 2+1 .I CE 4 N 2 .N 4 N 3 .N 4 N4 N 1 .N 4 Ainsi, à l’aide des hypothèses et des approximations énoncées plus haut, la matrice inductance de dimension N peut être réduite en une matrice de dimension quatre dont les coefficients relient les couplages magnétiques exercés sur et entre les conducteurs équivalents : VCE1 I CE1 L11red V I L ∂ CE 2 21red = − j.ω.[Lréduite ]. CE 2 avec [L ] = réduite I CE 3 ∂x VCE 3 L31red VCE 4 I CE 4 L 41red L12 red L13red L22 red L23red L32 red L33 red L42 red L43red L14 red L24 red L34 red L44 red (Eq. 165) Ainsi, la matrice inductance du faisceau réduit correspondant à l’exemple décrit sur la figure 66 s’écrit : L11 + L22 + L33 + 2.L12 + 2.L13 + 2.L23 9 L +L +L +L +L +L 14 15 24 25 34 35 6 L16 + L26 + L36 3 L17 + L27 + L37 3 ... L44 + L55 + 2.L45 3 L46 + L56 2 L47 + L57 2 ... ... L66 L67 ... ... ... L77 (Eq. 166) Les termes diagonaux de la matrice [Lréduite] correspondent à l’inductance propre d’un conducteur équivalent du faisceau réduit par rapport à la référence de masse (ou à l’inductance propre du groupe de conducteurs correspondant du faisceau initial). Ils correspondent à la somme des inductances propres et des inductances mutuelles entre tous les conducteurs du groupe divisée par le nombre de conducteurs du groupe au carré. - 82 - Chapitre 3 – Edification de la méthode du faisceau équivalent Les termes extradiagonaux de la matrice [Lréduite] représentent l’inductance mutuelle entre deux conducteurs équivalents du faisceau réduit (ou à l’inductance mutuelle des deux groupes de conducteurs du faisceau initial correspondants). Ils correspondent à la somme des inductances mutuelles entre les conducteurs de ces deux groupes pris deux à deux divisée par la somme du nombre de conducteurs des deux groupes. Les inductances mutuelles entre deux conducteurs d’un même groupe n’interviennent pas dans les termes extradiagonaux. 3.4.4 Détermination de la matrice capacité du faisceau réduit Dans le cas d’un faisceau de câblages contenant N conducteurs, l’équation matricielle du formalisme MTLN reliant les matrices courant et tension à l’aide de la matrice capacité, s’écrit sous la forme suivante : I1 C11 C12 I C C ∂ 2 = − j.ω. 21 22 M M ∂z M CN1 CN2 IN L C1N V1 L C2N V2 . O M M L CNN VN (Eq. 167) La détermination de la matrice capacité du faisceau réduit dépend de la nature du milieu dans lequel sont plongés les conducteurs du faisceau initial. 3.4.4.1 En milieu homogène Dans un milieu homogène, tous les conducteurs du faisceau sont plongés dans un milieu diélectrique uniforme (air ou vide par exemple). Dans ce cas, les différents modes se propagent à une vitesse v dépendant de la vitesse de la lumière dans le vide (c=3.108m.s-1) et de la permittivité relative εr du milieu : v= C (Eq. 168) εr La matrice capacité du faisceau réduit [Créduite] s’obtient alors simplement à l’aide de la relation suivante : [C réduite ]= 1 −1 [ ] . L réduite v2 (Eq. 169) 3.4.4.2 En milieu inhomogène Dans ce cas, les conducteurs du faisceau de câblages sont plongés dans un milieu diélectrique non uniforme comme, par exemple, dans le cas des câblages automobiles où chaque conducteur est enrobé d’une gaine isolante. La matrice capacité du faisceau réduit ne peut alors être déterminée simplement en appliquant la relation 169. En remplaçant les tensions Vi sur chaque conducteur par les tensions VCEi de chaque groupe, l’équation 167 peut s’écrire, après développement, sous la forme suivante : - 83 - Chapitre 3 – Edification de la méthode du faisceau équivalent ∂I 1 α = j.ω.∑ C1 j .VCE1 + ∂x j =1 ∂I k α = j.ω.∑ Ckj .VCE1 + ∂x j =1 ∂I δ α = j.ω.∑ CNj .VCE1 + ∂x j =1 β ∑ C1 j .VCE 2 + j =α +1 N + C . V ¨ C1 j .VCE 4 ∑ ∑ 1j CE 3 j = β +1 j =γ +1 γ M β ∑ Ckj .VCE 2 + j =α +1 N + C . V ¨ Ckj .VCE 4 ∑ ∑ kj CE 3 j = β +1 j =γ +1 γ (Eq. 170) M β ∑α C j = +1 Nj .VCE 2 + γ ∑β C j = +1 N + . V ¨ CNj .VCE 4 ∑ Nj CE 3 j =γ +1 En remplaçant les courants Ii par l’expression générale du courant sur chaque groupe de conducteurs, le système matriciel peut être exprimé à l’aide d’un système réduit de dimension quatre : β γ α α α N ∂I CE1 α α = j.ω.∑∑ Cij .VCE1 + ∑ ∑ Cij .VCE 2 + ∑ ∑ Cij .VCE 3 + ∑ ∑ Cij .VCE 4 ∂x i =1 j =α +1 i =1 j = β +1 i =1 j = γ +1 i =1 j =1 β β β γ β N ∂I CE 2 β α = j.ω. ∑ ∑ Cij .VCE1 + ∑ ∑ Cij .VCE 2 + ∑ ∑ Cij .VCE 3 + ∑ ∑ Cij .VCE 4 ∂x i = α +1 j = α + 1 i =α +1 j = β +1 i =α +1 j = γ +1 i =α +1 j =1 γ β γ γ γ N ∂I CE 3 γ α = j.ω. ∑ ∑ Cij .VCE1 + ∑ ∑ Cij .VCE 2 + ∑ ∑ Cij .VCE 3 + ∑ ∑ Cij .VCE 4 ∂x i = β +1 j = α + 1 i = β +1 j = β +1 i = β +1 j = γ +1 i = β +1 j =1 (Eq. 171) β γ N N N N ∂I CE 4 N α = j.ω. ∑ ∑ Cij .VCE1 + ∑ ∑ Cij .VCE 2 + ∑ ∑ Cij .VCE 3 + ∑ ∑ Cij .VCE 4 ∂x i = γ +1 j =α +1 i = γ +1 j = β +1 i = γ +1 j = γ +1 i =γ +1 j =1 Ainsi, en appliquant simplement les hypothèses de la méthode, un système matriciel d’ordre N peut être réduit en un système matriciel de dimension égale au nombre de conducteurs équivalents du faisceau réduit. Le système matriciel allégé relatif au faisceau réduit fait apparaître la matrice capacité [Créduite] du faisceau réduit : C11red I CE1 VCE1 C V ∂ I CE 2 CE 2 avec [Créduite ] = 21red = j.ω.[C réduite ]. C31red VCE 3 ∂x I CE 3 C 41red I CE 4 VCE 4 C12 red C13 red C 22 red C 23 red C32 red C33 red C 42 red C 43 red C14 red C 24 red C34 red C 44 red (Eq. 172) La matrice [Créduite] correspondant à l’exemple décrit sur la figure 66 s’écrit : C11 + C 22 + C33 + 2.C12 + 2.C13 + 2.C 23 C +C +C +C +C +C 14 15 24 25 34 35 C16 + C 26 + C36 C17 + C 27 + C37 ... ... C 44 + C55 + 2.C 45 C 46 + C56 C 47 + C57 ... C66 C67 ... ... ... C 77 (Eq. 173) Les termes diagonaux de la matrice [Créduite] sont relatifs à un conducteur équivalent, c'est-à-dire à un groupe de conducteurs du faisceau initial. Pour le deuxième groupe de conducteurs de l’exemple (qui regroupe les conducteurs 4 et 5 du faisceau - 84 - Chapitre 3 – Edification de la méthode du faisceau équivalent initial), le terme C22red, exprimé en fonction des capacités physiques présentes entre les différents conducteurs s’écrit : N N i =1 i =1 C 22 red = ∑ C 4pi + ∑ C5pi − 2.C 45p (Eq. 174) Ainsi, chaque terme diagonal de la matrice [Créduite] correspond à la somme des capacités physiques de chaque conducteur du groupe avec tous les autres conducteurs du faisceau à laquelle on soustrait les capacités physiques entre tous les conducteurs du groupe. Les termes extradiagonaux de la matrice [Créduite] représentent la capacité mutuelle entre deux conducteurs équivalents, c'est-à-dire entre deux groupes de conducteurs du faisceau initial. Dans notre exemple, le terme C12red correspond à la capacité mutuelle p entre les deux premiers groupes de conducteurs. Ainsi, la capacité physique C12 red entre les deux premiers conducteurs équivalents s’exprime, en fonction des capacités physiques présentes entre les différents conducteurs du faisceau initial, sous la forme suivante : C12p red = C14p + C15p + C 24p + C 25p + C34p + C35p (Eq. 175) La capacité physique entre deux conducteurs équivalents du faisceau réduit correspond donc à la somme des capacités physiques présentes entre les conducteurs de ces deux groupes pris deux à deux. 3.5 Construction de la géométrie de section droite du faisceau réduit La troisième étape de la méthode consiste à déterminer la géométrie de section droite du faisceau réduit à l’aide des matrices de paramètres linéiques déterminées à l’étape précédente. Il faut en effet rappeler que l’objectif final est de prendre en compte le faisceau réduit dans un code de calcul 3D. La procédure utilisée pour définir la géométrie de section droite du faisceau réduit comprend plusieurs phases : • Phase n°1 : La hauteur hi de chaque conducteur équivalent par rapport à la référence de masse est déterminée. Ce choix est fait de façon arbitraire mais cohérente par rapport à la géométrie de section droite du faisceau initial. En effet, il faut que la hauteur moyenne des centres des conducteurs des faisceaux initial et réduit soit proche voire identique. • Phase n°2 : Le rayon ri de chaque conducteur équivalent est calculé à l’aide de la formule analytique donnant l’inductance propre Lii d’un conducteur situé au-dessus d’un plan de masse en fonction de sa hauteur et de son rayon : - 85 - Chapitre 3 – Edification de la méthode du faisceau équivalent 2.hi ri = (Eq. 176) 2 π . Lii e µ0 Le rayon ri du conducteur équivalent n°i dépend donc du terme diagonal Lii de la matrice inductance du faisceau réduit [Lréduite]. • Phase n°3 : Les distances dij entre les différents conducteurs équivalents du faisceau réduit sont calculées à partir de la formule analytique donnant l’inductance mutuelle Lij de deux conducteurs situés au-dessus d’un plan de masse : 4.hi .h j d ij = 4π . Lij e µ0 (Eq. 177) −1 où hi et hj sont les hauteurs des deux conducteurs. Ainsi, la distance entre les conducteurs équivalents n° i et j est calculée à l’aide du terme extradiagonal Lij de la matrice inductance du faisceau réduit. • Phase n°4 : Une fois les trois premières phases accomplies, la géométrie de section droite du faisceau réduit est figée, à l’aide de formules analytiques, en parfait accord avec la matrice inductance du faisceau réduit. Cependant, la matrice inductance du faisceau réduit calculée à l’aide d’un code de calcul électrostatique ne sera pas identique à la matrice inductance déterminée analytiquement. Les différences entre les matrices inductance calculée de façon analytique ou électrostatique s’expliquent par le caractère approché des formules analytiques. En effet, les formules analytiques reposent sur l’approximation des fils minces. Celle-ci préconise que le diamètre des différents conducteurs soit petit devant les distances entre ces conducteurs. Or, dans le cas de câblages automobiles, cette condition n’est bien souvent pas respectée. Pour affiner la géométrie de section droite du faisceau réduit, on procède à une dichotomie visant à trouver les rayons et distances de chaque conducteur équivalent qui permettent de faire converger les matrices du faisceau réduit avec les matrices déterminées à la deuxième étape (phase 4). A l’issue de cette phase, la géométrie de section droite du faisceau réduit doit respecter totalement la matrice inductance [Lréduite]. Dans le cas où les conducteurs du faisceau initial sont plongés dans un milieu homogène, la procédure pour la construction de la géométrie de section droite du faisceau réduit est terminée. Dans le cas où les conducteurs du faisceau initial sont enrobés de gaines diélectriques, deux phases supplémentaires doivent être réalisées. • Phase n°5 : L’épaisseur des gaines isolantes enrobant chaque conducteur équivalent est fixée afin d’éviter les chevauchements entre les différentes gaines. • Phase n°6 : - 86 - Chapitre 3 – Edification de la méthode du faisceau équivalent Une dichotomie permet de modifier la permittivité relative εr de chaque gaine isolante afin d’atteindre la convergence sur les coefficients imposés dans la matrice [Créduite]. Ainsi, pour le conducteur équivalent n°i, la valeur de εr dépendra du terme diagonal Cii. Les six phases de la construction de la géométrie de section droite d’un faisceau réduit sont illustrées schématiquement sur les synoptiques des figures 68 à 73 : Figure 68 : Phase 1 – Hauteur des conducteurs équivalents (CE) du faisceau fixée Figure 69 : Phase 2 – Calcul analytique du rayon de chaque CE Figure 70 : Phase 3 – Calcul analytique de la distance entre chaque CE Figure 71 : Phase 4 – Optimisation électrostatique des rayons des CE et distances entre CE Figure 72 : Phase 5 – Epaisseur de chaque gaine diélectrique fixée Figure 73 : Phase 6 – Calcul de la permittivité relative de chaque gaine diélectrique 3.6 Charges terminales du faisceau réduit La quatrième et dernière étape consiste à définir les charges terminales de chaque conducteur équivalent du faisceau réduit. On en distingue deux types : • les charges reliant l’extrémité d’un conducteur à la référence de masse • les charges différentielles reliant deux conducteurs entre eux 3.6.1 Charges reliées à la référence de masse Les conducteurs du faisceau initial appartenant à un même groupe ont des charges terminales du même ordre de grandeur vis-à-vis de l’impédance caractéristique Zc du faisceau. De plus, la deuxième hypothèse de la méthode considère que ces conducteurs sont placés au même potentiel vis-à-vis de la référence de masse. Ces remarques permettent d’écrire la relation suivante pour tous les conducteurs i appartenant à un même groupe : - 87 - Chapitre 3 – Edification de la méthode du faisceau équivalent VCE = Vi = Z i .I i (Eq. 178) Cette relation permet de connaître le courant ICE circulant sur un groupe de N conducteurs : N 1 VCE 1 1 1 = VG .∑ = VCE . + + ... + Z N i =1 Z i i =1 Z i Z1 Z 2 N I CE = ∑ (Eq. 179) Ainsi, la charge terminale ZCE d’un conducteur équivalent à une de ses extrémités correspond à la mise en parallèle des charges de tous les conducteurs du groupe à cette même extrémité : Z CE = 1 = Z1 // Z 2 // ... // Z N 1 1 1 + + ... + Z Z Z 2 N 1 (Eq. 180) La figure 74 présente le réseau de charges terminales connecté aux extrémités de N conducteurs appartenant à un même groupe et du conducteur équivalent correspondant : V2 V1 I2 I1 Z1 … Z2 VCE VN ICE IN ZCE ZN Z CE = Z 1 // Z 2 // ... // Z N Figure 74 : Impédances terminales d’un groupe de conducteurs et du conducteur équivalent correspondant 3.6.2 Charges différentielles Deux types de charges différentielles doivent être distinguées. Nous présentons tout d’abord l’impact de chaque type de charges sur le courant de mode commun d’un faisceau multiconducteur puis la méthode permettant de prendre en compte l’effet de ces charges au sein du faisceau réduit. 3.6.2.1.1 Charges différentielles reliant deux conducteurs du même groupe La figure 75 présente un réseau de charges terminales contenant trois charges Z12, Z13 et Z23 reliant trois conducteurs appartenant à un même groupe : - 88 - Chapitre 3 – Edification de la méthode du faisceau équivalent V1 V2 I1 V3 I2 I3 Id13 Z13 Id23 Id12 Z12 Z1 Z23 Z3 Z2 Figure 75 : Réseau d’impédances terminales d’un groupe de trois conducteurs contenant trois charges différentielles La matrice admittance de ce réseau de charges terminales s’écrit ainsi : I1 I 2 I 3 1 1 1 + + Z1 Z12 Z13 1 = − Z12 1 − Z13 1 Z12 1 1 1 + + Z 2 Z12 Z13 1 − Z 23 − 1 Z13 V1 1 .V − 2 Z 23 1 1 1 V3 + + Z 3 Z12 Z13 − (Eq. 181) Pour ce groupe de conducteurs, les hypothèses de la méthode s’écrivent : I mc = I 1 + I 2 + I 3 (Eq. 182) Vmc = V1 = V2 = V3 (Eq. 183) A l’aide de la matrice admittance et des hypothèses de la méthode, le courant de ce groupe de conducteurs s’écrit : I mc = I 1 + I 2 + I 3 = V1 V2 V3 + + Z1 Z 2 Z 3 (Eq. 184) Ainsi, en appliquant les hypothèses de la méthode, le courant de mode commun d’un groupe de conducteurs ne dépend pas des éventuelles charges différentielles entre les conducteurs du groupe. Les hypothèses de la méthode font disparaître les termes relatifs aux charges différentielles. Nous décidons donc de ne pas prendre en compte ce type de charges différentielles dans notre méthode car elles n’interviennent pas sur le courant de mode commun d’un groupe de conducteurs. Dans la réalité, ce type de charges différentielles influe peu sur l’énergie captée par le groupe de conducteurs. 3.6.2.1.2 Charges différentielles reliant deux conducteurs de groupes différents La figure 76 présente un réseau de charges terminales contenant deux charges différentielles Z13 et Z24 reliant des conducteurs appartenant à deux groupes différents : - 89 - Chapitre 3 – Edification de la méthode du faisceau équivalent Conducteurs du groupe 1 V1 Conducteurs du groupe 2 V3 V2 I1 I3 I2 I4 I13 Z13 I24 Z24 Z1 V4 Z3 Z2 Z4 Figure 76 : Réseau d’impédances terminales contenant deux charges différentielles situées entre deux conducteurs appartenant à deux groupes différents En effet, dans ce réseau, les conducteurs 1 et 2 appartiennent au premier groupe de conducteurs et les conducteurs 3 et 4 au second. La matrice admittance de ce réseau de charges terminales s’écrit : 1 1 Z + Z 1 13 I1 0 I 2 = 1 I3 − Z 13 I 4 0 0 1 1 + Z 2 Z 24 0 − 1 Z 24 − 1 Z 13 0 1 1 + Z 1 Z 13 0 1 V1 − Z 24 V2 .V 0 3 V4 1 1 + Z 2 Z 24 0 (Eq. 185) Dans cet exemple, les hypothèses de la méthode s’écrivent : I CE1 = I 1 + I 2 (Eq. 186) I CE 2 = I 3 + I 4 (Eq. 187) VCE1 = V1 = V2 (Eq. 188) VCE 2 = V3 = V4 (Eq. 189) A l’aide de la matrice admittance et des hypothèses de la méthode, les courants de mode commun de chaque groupe de conducteurs s’écrivent : I CE1 = I 1 + I 2 = 1 V1 V2 1 + + (VCE1 − VCE 2 ). + Z1 Z 2 Z Z 24 13 (Eq. 190) I CE 2 = I 3 + I 4 = 1 V3 V4 1 + + (VCE 2 − VCE1 ). + Z3 Z4 Z Z 24 13 (Eq. 191) Ces deux équations permettent de conclure que le courant de mode commun d’un groupe de conducteurs dépend à la fois des charges reliées directement à la référence de masse (Z1, Z2, Z3 et Z4 dans notre exemple) et des charges différentielles placées - 90 - Chapitre 3 – Edification de la méthode du faisceau équivalent entre un conducteur du groupe et un conducteur appartenant à un autre groupe (Z13 et Z24 dans notre exemple). Dans notre exemple, le courant induit sur le premier conducteur équivalent est égal au différentiel de tension entre les deux groupes de conducteurs (VCE1-VCE2) multiplié par la mise en parallèle des charges différentielles entre les deux groupes. Pour prendre en compte l’effet des charges différentielles sur le courant de mode commun du faisceau, le réseau de charges à placer en extrémité des deux conducteurs équivalents du faisceau réduit est illustré sur le schéma de la figure 77 : VCE1 VCE2 ICE1 ICE2 Idiff Zeq1 Zdiff Zeq2 Figure 77 : Réseau d’impédances terminales à placer en extrémité du faisceau réduit Les impédances équivalentes du réseau de charges prennent alors les valeurs suivantes : Z eq1 = 1 1 + = Z1 // Z 2 Z1 Z 2 (Eq. 192) Z eq 2 = 1 1 + = Z 3 // Z 4 Z3 Z4 (Eq. 193) 1 1 + = Z13 // Z 24 Z13 Z 24 (Eq. 194) Z diff = En résumé, dans le cas général, la charge différentielle à placer entre deux conducteurs équivalents d’un faisceau réduit est une charge équivalente égale à la mise en parallèle des charges présentes entre les conducteurs appartenant à ces deux groupes différents. En conclusion du paragraphe 3.6, il est possible d’affirmer que notre méthode permet de tenir compte de tous les types de réseaux de charges terminales résistives. 3.7 Conclusion du chapitre 3 Dans ce chapitre, nous avons édifié les principes théoriques d’une méthode appelée «méthode du faisceau équivalent » permettant de prédire le comportement d’un faisceau multiconducteur soumis à une perturbation électromagnétique quelconque dans une large bande de fréquence. Pour cela, nous définissons donc un faisceau « réduit », composé d’un nombre limité de conducteurs, qui peut alors être modélisé en hautes fréquences à l’aide d’un code de calcul 3D avec des temps de calculs fortement réduits. - 91 - Chapitre 3 – Edification de la méthode du faisceau équivalent Les conducteurs du faisceau réduit sont appelés « conducteurs équivalents » et sont chacun censés représenter le comportement d’un certain nombre de conducteurs du faisceau initial groupés entre eux en fonction de leurs conditions de charges terminales. Dans le chapitre suivant, nous allons nous attacher à valider la méthode de façon numérique et expérimentale sur quelques exemples représentatifs de faisceaux multiconducteur tout en évaluant son impact sur la réduction des temps de calculs. - 92 - Chapitre 4 – Validations numériques et expérimentales de la méthode du faisceau équivalent Chapitre 4 4 Validations numériques et expérimentales de la méthode du faisceau équivalent Dans ce quatrième chapitre, nous procédons, dans un premier temps, à la validation numérique de la méthode du « faisceau équivalent » sur un faisceau de câblages multiconducteur. Il s’agit de valider dans le domaine des basses fréquences les hypothèses émises au cours du troisième chapitre pour la création du faisceau réduit. Dans un second temps, nous présentons les validations expérimentales effectuées à l’intérieur de deux moyens d’essais CEM que sont une chambre anéchoïque et une chambre réverbérante à brassage de modes (CRBM). L’objectif est de mettre en évidence les performances de la méthode sur une large bande de fréquence. 4.1 Précisions utiles aux protocoles de validation Dans tous les résultats de simulation présentés dans ce chapitre, l’excitation est réalisée à l’aide d’une onde plane d’amplitude 3V/m orientée en couplage hybride (cf chapitre 2). Les extrémités du faisceau de câblages sont définies à l’aide des conventions portées sur la figure 78 : r E r H Extrémité 1 Extrémité 2 r k z=0 z=L z Figure 78 : Convention adoptée pour dissocier les extrémités d’un faisceau de câblages Le faisceau étant orienté longitudinalement selon l’axe Oz, les extrémités 1 et 2 correspondent respectivement aux abscisses z=0 et z=L. Les simulations MTLN ont été réalisées à l’aide du logiciel CRIPTE sur un ordinateur dont la vitesse de processeur est de 866 MHz et disposant d’une mémoire RAM de 1,5 Go. Les simulations MoM ont été réalisées à l’aide du logiciel FEKO sur un ordinateur dont la vitesse du processeur est de 2,66 GHz et disposant d’une mémoire RAM de 1,5 Go. - 93 - Chapitre 4 – Validations numériques et expérimentales de la méthode du faisceau équivalent 4.2 Validations numériques 4.2.1 Description du faisceau de référence Le faisceau de référence contient 12 conducteurs uniformes de longueur 1 m. La hauteur moyenne des conducteurs par rapport à la référence de masse est de 2 cm. Les conducteurs ont un rayon de 0,5 mm, ce qui correspond à une section transversale de 0,78 mm2. Chaque conducteur est entouré d’une gaine diélectrique d’épaisseur 0,3 mm et dont la perméabilité relative εr est égale à 2,8. La tangente de pertes des gaines diélectriques est considérée comme nulle lors de ces validations. En effet, dans le cas d’un faisceau en milieu inhomogène, la détermination rigoureuse de la matrice [G] demande une résolution numérique similaire à celle utilisée pour le calcul de la matrice [C] que nous ne pouvions mettre en œuvre. La géométrie de section droite du faisceau de référence est présentée figure 79 : 5 8 4 6 7 2 1 3 9 10 11 12 h=30mm Figure 79 : Géométrie de section droite du faisceau de référence Un calcul électrostatique, réalisé à l’aide du logiciel LAPLACE, permet de calculer les matrices de paramètres linéiques de ce faisceau présentées ci-dessous : 798 572 555 564 513 512 473 477,9 506 549 798 464 529 566 451 413 575 550 505,8 808 507 445 573 582 408 438 499 829 589 560 474 481 449 459 833 467 412 565 461 442 835 594 408 408 441 [L] = 837 372 386 430 823 495 442 794 563 791 - 94 - 506 446 553 442 408 460 474 393 461 567 804 458 531 395 431 471 381 nH / m 354 564 564 462 399 811 (Eq. 195) Chapitre 4 – Validations numériques et expérimentales de la méthode du faisceau équivalent - 2,5 - 0,1 0 - 2,1 - 14,1 - 2,6 0 72,7 - 20,7 - 14,9 - 14,5 - 1,2 75,8 0 0 0 0 − 3,4 − 12,8 − 17,3 − 13,6 − 2,1 − 5,8 68,5 − 1,7 0 0 0 − 13,4 − 1,9 − 0,1 − 1,8 − 16,9 58 , 6 21 , 2 14 , 9 0 , 8 0 , 6 0 0 0 , 1 0,2 − − − − − − 55,3 − 1,3 − 0,5 − 15,2 − 0,1 − 0,1 − 0,1 − 0,7 55,8 − 20,9 − 0,4 − 0,1 − 0,1 − 0,3 − 0,2 [C ] = pF / m 49,8 − 0,2 − 0,2 − 0,3 − 3,8 − 0,2 56 − 0,9 − 0,1 − 0,1 − 18,6 66,3 − 24,1 − 1,2 − 21,9 69,7 − 24,6 − 0,9 53,7 − 0,5 52,6 (Eq. 196) Un algorithme de diagonalisation du produit des matrices [L].[C] et [L].[C]-1 permet d’extraire la vitesse de propagation du mode commun vmc ainsi que l’impédance caractéristique de mode commun Zc du faisceau de référence : v mc = 2,96.108 m.s −1 (Eq. 197) Z c = 150,7Ω (Eq. 198) 4.2.2 Faible contraste de la valeur des charges terminales du faisceau de référence 4.2.2.1 Configuration des charges terminales Pour cette première configuration, toutes les charges terminales sont inférieures à l’impédance caractéristique de mode commun Zc du faisceau. Le tableau 8 présente les charges terminales connectées aux extrémités de chaque conducteur du faisceau de référence : N° du conducteur 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 Extrémité 1 15Ω 20Ω 50Ω 35Ω 80Ω 5Ω 12Ω 75Ω 36Ω 45Ω 24Ω 50Ω Extrémité 2 36Ω 40Ω 60Ω 70Ω 43Ω 90Ω 20Ω 15Ω 35Ω 46Ω 28Ω 95Ω Tableau 8 : Impédances terminales connectées aux extrémités de chaque conducteur du faisceau de référence L’examen des charges terminales permet de déterminer qu’un seul groupe de conducteurs est suffisant. Ainsi, le faisceau réduit ne contiendra qu’un seul conducteur équivalent. En appliquant les règles énoncées dans le chapitre précédent, l’impédance terminale du conducteur équivalent est égale à 1,7Ω à sa première extrémité et à 3Ω à sa seconde extrémité. 4.2.2.2 Paramètres linéiques du conducteur équivalent Dans le cas où le faisceau réduit ne comprend qu’un seul conducteur équivalent, l’inductance linéique L du conducteur équivalent est égale à la somme des termes de la matrice [L] du faisceau initial divisée par le nombre de termes de cette matrice (cf chapitre 3) : - 95 - Chapitre 4 – Validations numériques et expérimentales de la méthode du faisceau équivalent N L= N ∑∑L ij j =1 i =1 N (Eq. 199) 2 De la même façon, la capacité linéique C du conducteur équivalent est égale à la somme des termes de la matrice [C] du faisceau initial : N N C = ∑ ∑ Cij (Eq. 200) j =1 i =1 Cependant, et dans le cas où le faisceau réduit ne contient qu’un seul conducteur équivalent, les paramètres linéiques du conducteur équivalent peuvent être déterminés directement par la théorie modale. Ainsi, en connaissant la vitesse de propagation vc et l’impédance caractéristique Zc de mode commun du faisceau de référence, les paramètres linéiques se déduisent aisément des relations suivantes : L= Zc vmc (Eq. 201) C= L Z c2 (Eq. 202) Dans ce cas particulier, la théorie modale assigne au conducteur équivalent les caractéristiques exactes (vmc, Zc) du mode propre relatif au mode commun se propageant au sein du faisceau initial. Rappelons toutefois que cette méthode rigoureuse ne peut pas être appliquée lorsque le faisceau réduit contient plusieurs conducteurs équivalents. Le tableau 9 présente les paramètres linéiques du conducteur équivalent obtenus pour chacune de ces deux méthodes ainsi que les vitesses de propagation correspondantes : Méthode du faisceau équivalent Approche modale L (nH/m) 510 509 C (pF/m) 22,9 22,4 vmc (m.s-1) 2,93.108 2,96.108 Tableau 9 : Comparaison des paramètres linéiques obtenus par les deux méthodes Les paramètres linéiques contenus dans ce tableau sont peu différents pour chaque méthode. La valeur de l’inductance linéique varie de 0,2% suivant la méthode utilisée. Cette variation est de 2% sur la valeur de la capacité linéique entraînant un écart de l’ordre de 1% sur la vitesse de propagation correspondante. Ce cas simple de réduction d’un faisceau multiconducteur à un seul conducteur équivalent permet donc de quantifier les approximations de la méthode décrite au chapitre précédent pour l’obtention des paramètres linéiques en les comparant avec les paramètres linéiques exacts calculés par la théorie modale. Ainsi, sur cet exemple, ces approximations entraînent de faibles écarts sur les paramètres linéiques du conducteur - 96 - Chapitre 4 – Validations numériques et expérimentales de la méthode du faisceau équivalent équivalent. Il faut pourtant vérifier l’impact de ces écarts sur le courant induit circulant sur les faisceaux initial et réduit. 4.2.2.3 Géométrie de section droite du conducteur équivalent Une fois les paramètres linéiques du conducteur équivalent déterminés, on peut construire la géométrie de section droite du faisceau réduit de façon très simple. Après avoir fixé la hauteur du conducteur équivalent par rapport au plan de masse à 2cm, son rayon est calculé de façon analytique afin que son inductance linéique soit égale à L. Ensuite, après avoir fixé la valeur de la permittivité relative εr de la gaine diélectrique à la valeur de 2,8, son épaisseur est déterminée afin que la capacité linéique de la gaine soit égale à C. Pour cela, une optimisation à l’aide d’un code de calcul électrostatique est nécessaire. Le tableau 10 présente les paramètres géométriques du conducteur équivalent calculés suivant les paramètres linéiques obtenus par les deux méthodes : Méthode du faisceau équivalent Approche modale Rayon (mm) 3,10 3,12 Epaisseur de la gaine diélectrique (mm) 0,64 0,33 Tableau 10 : Paramètres géométriques du conducteur équivalent obtenus pour chacune des deux méthodes 4.2.2.4 Validation pour cette première configuration de charges La figure 80 permet de comparer le courant, issu d’un calcul MTLN, calculé à la première extrémité du faisceau de référence et des deux conducteurs équivalents créés précédemment : Figure 80 : Comparaison du courant induit à la première extrémité du faisceau de référence et des deux faisceaux réduits Comme on le pressentait, les courants induits à la première extrémité du faisceau de référence et du conducteur équivalent déterminé par la théorie modale sont strictement identiques. - 97 - Chapitre 4 – Validations numériques et expérimentales de la méthode du faisceau équivalent De plus, le courant induit sur le conducteur équivalent défini à l’aide des hypothèses décrites dans le chapitre précédent est très proche du courant de mode commun induit sur le faisceau de référence. Ainsi, un léger décalage des fréquences de résonance se produit à cause de l’incertitude sur la vitesse de propagation de ce conducteur équivalent. La résonance fondamentale du faisceau de référence se situe à la fréquence de 142MHz alors qu’elle se produit à 140MHz pour ce conducteur équivalent. Cette première validation conforte la démarche décrite au chapitre précédent dans le cas de charges terminales faiblement contrastées. 4.2.3 Fort contraste de la valeur des charges terminales du faisceau de référence 4.2.3.1 Configuration des charges terminales Dans ce second cas, l’objectif est de valider numériquement la méthode dans le cas d’un faisceau connecté à des charges d’extrémités fortement contrastées par rapport à son impédance caractéristique de mode commun Zc. Le tableau 11 présente donc les charges terminales connectées aux extrémités de chaque conducteur du faisceau de référence : N° du conducteur 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 Extrémité 1 15Ω 36Ω 55Ω 2kΩ 800Ω 1kΩ 600Ω 4kΩ 48Ω 36Ω 25Ω 80Ω Extrémité 2 46Ω 28Ω 85Ω 36Ω 60Ω 65Ω 80Ω 3kΩ 4kΩ 10kΩ 35kΩ 800Ω Tableau 11 : Impédances terminales connectées aux extrémités de chaque conducteur du faisceau de référence L’impédance de mode commun du faisceau de référence étant égale à 150,7Ω, les différents conducteurs sont, pour cette seconde configuration de charges, classés en quatre groupes listés ci-dessous : • Groupe 1 : conducteurs 1 à 3 • Groupe 2 : conducteurs 4 à 7 • Groupe 3 : conducteur 8 • Groupe 4 : conducteurs 9 à 12 Ainsi, pour cette configuration de charges, le faisceau réduit correspondant comprendra quatre conducteurs équivalents. Le tableau 12 comporte la configuration de charges terminales connectées aux extrémités de chaque conducteur équivalent du faisceau réduit : N° du conducteur équivalent 1 2 3 4 Extrémité 1 8,9Ω 226Ω 4kΩ 9,9Ω Extrémité 2 14,4Ω 13,8Ω 3kΩ 615Ω Tableau 12 : Impédances terminales connectées aux extrémités de chaque conducteur équivalent du faisceau réduit - 98 - Chapitre 4 – Validations numériques et expérimentales de la méthode du faisceau équivalent 4.2.3.2 Matrices linéiques du faisceau réduit En appliquant la méthode décrite au cours du paragraphe 3.4, les matrices de paramètres linéiques [Lred] et [Cred] du faisceau réduit sont : 621 511 487 495 595 456 431 nH / m [Lred ] = 823 474 577 (Eq. 203) 146 − 68,5 − 17,3 − 59,2 100 − 16,4 − 6,4 pF / m [Cred ] = 56 − 19,7 95,9 (Eq. 204) 4.2.3.3 Géométrie de section droite du faisceau réduit Dans le cas d’un faisceau réduit contenant plus de deux conducteurs équivalents, la détermination de la géométrie de section droite du faisceau réduit correspondant parfaitement aux matrices linéiques [Lred] et [Cred] est très délicate. Cette phase nécessite en effet de nombreuses opérations d’optimisation à l’aide d’un code de calcul électrostatique. Pour éviter cela, on utilise un faisceau réduit dont la géométrie de section droite « approchée » est présentée figure 81 : 1 2 3 4 h=30mm Figure 81 : Géométrie de section droite du faisceau réduit approché Cette géométrie a été obtenue en appliquant uniquement les trois premières phases de la procédure de construction de la géométrie de section droite d’un faisceau réduit décrite au paragraphe 3.5. Ce faisceau réduit est constitué de quatre conducteurs équivalents distants de 3mm et de rayon compris entre 0,8 et 1,2 mm. Chaque conducteur équivalent est enrobé dans une gaine diélectrique de 0,1mm d’épaisseur et de permittivité électrique relative εr égale à 2,8. Le logiciel LAPLACE permet de déterminer les matrices de paramètres linéiques [Lapprochée] et [Capprochée] correspondant à cette géométrie : - 99 - Chapitre 4 – Validations numériques et expérimentales de la méthode du faisceau équivalent 694 511 501 455 694 455 501 = nH / m 674 491 674 (Eq. 205) 50,7 − 21,7 − 21,5 − 2,7 − 2,7 − 21,5 50,7 = pF / m 51,2 − 21,3 51,2 (Eq. 206) [Lapprochée ] [C approchée ] Les matrices linéiques de ce faisceau réduit ne correspondent donc pas aux matrices linéiques [Lred] et [Cred] décrites sur les équations 203 et 204. L’écart moyen terme à terme entre ces matrices est de 7,9% pour la matrice inductance et de 75,2% pour la matrice capacité. De plus, la vitesse de propagation du mode commun au sein de ce faisceau réduit égale à 2,98.108m.s-1 est donc supérieure à celle du faisceau initial qui est de 2,96.108m.s-1. L’utilisation de ce « faisceau réduit approché » doit donc permettre de montrer l’importance de la géométrie de section droite d’un faisceau réduit contenant plus de deux conducteurs équivalents. En effet, on veut savoir si celle-ci doit parfaitement respecter ou non les matrices de paramètres linéiques déterminées par la méthode pour que le courant de mode commun du faisceau réduit reflète correctement celui circulant sur le faisceau initial. Pour compléter cette étude, un second faisceau réduit qualifié par la suite de « faisceau réduit fictif » est défini. Ce faisceau, dont les matrices linéiques sont égales aux matrices [Lred] et [Cred], est créé à l’aide d’une fonctionnalité intéressante du logiciel CRIPTE qui permet de créer un faisceau à partir de matrices inductance et capacité rentrées par l’utilisateur. Ceci permet par exemple de réaliser un calcul MTLN sur un faisceau multiconducteur dont les paramètres linéiques ont été mesurés. Dans ce cas, la géométrie de section droite du faisceau est alors inconnue. 4.2.3.4 Validation pour cette seconde configuration de charges Dans ce paragraphe, le faisceau de référence est connecté au réseau de charges terminales décrit dans le tableau 11. Les faisceaux réduits sont eux connectés aux charges terminales décrites dans le tableau 12. La figure 82 présente la comparaison du courant de mode commun issu d’un calcul MTLN induit à la première extrémité du faisceau de référence et des deux faisceaux réduits contenant quatre conducteurs équivalents : - 100 - Chapitre 4 – Validations numériques et expérimentales de la méthode du faisceau équivalent Figure 82 : Comparaison du courant induit à la première extrémité du faisceau de référence et des deux faisceaux réduits contenant quatre conducteurs équivalents Tout d’abord, on remarque que les courants induits sur le faisceau de référence et le faisceau réduit fictif sont pratiquement identiques. Ainsi, dans le cas général, tout faisceau réduit dont les matrices [L] et [C] sont égales aux matrices [Lred] et [Cred] déterminées par la méthode du faisceau équivalent représente de façon très précise le comportement du faisceau initial vis-à-vis du courant de mode commun. Les approximations effectuées par la méthode pour la détermination des paramètres linéiques du faisceau réduit ont une incidence très faible sur la dégradation des résultats. Ensuite, les courants induits sur le faisceau de référence et le faisceau réduit approché sont proches mais différent légèrement. En effet, les fréquences de résonance du faisceau réduit approché sont légèrement supérieures à celles qui se produisent sur le faisceau de référence car la vitesse de propagation du mode commun se propageant au sein des faisceaux est supérieure dans le cas du faisceau réduit. En dehors de ces décalages de fréquence de résonance, le courant induit sur le faisceau réduit reproduit bien l’allure du courant induit sur le faisceau de référence. Ce résultat permet de conclure qu’il n’est pas nécessaire que la géométrie de section droite du faisceau réduit respecte parfaitement les matrices [Lred] et [Cred] déterminées par la méthode du faisceau équivalent. On formule ainsi l’hypothèse qu’un écart sur ces matrices est tolérable à condition que les vitesses de propagation du mode commun au sein des faisceaux initial et réduit soient identiques. Pour étudier la validité de cette hypothèse, la géométrie du faisceau réduit approché est modifiée afin que la vitesse de propagation du mode commun de ce faisceau soit identique à celle du faisceau de référence. Pour atteindre cet objectif, il suffit d’augmenter l’épaisseur des gaines diélectriques enrobant chaque conducteur équivalent. Ainsi, lorsque l’épaisseur de chaque gaine diélectrique est égale à 0,3 mm, la vitesse de propagation du mode commun au sein de ce faisceau réduit est égale à 2,96.108 m.s-1. La matrice capacité correspondant à cette nouvelle géométrie du faisceau réduit (la matrice inductance [Lapprochée] restant inchangée) est présentée cidessous : - 101 - Chapitre 4 – Validations numériques et expérimentales de la méthode du faisceau équivalent 63,9 − 28,3 − 28,1 − 2,7 63,9 − 2,7 − 28,1 pF / m [Capprochée ] = 64,5 − 27,8 64,5 (Eq. 207) La figure 83 permet de comparer le courant de mode commun issu d’un calcul MTLN induit à la première extrémité du faisceau de référence et du faisceau réduit approché à la géométrie modifiée : Figure 83 : Comparaison du courant induit à la première extrémité du faisceau de référence et du faisceau réduit modifié Le courant de mode commun des deux faisceaux est pratiquement identique. Ces résultats valident donc l’hypothèse formulée précédemment. Ainsi, la géométrie de section droite d’un faisceau réduit n’a pas besoin de respecter parfaitement les matrices linéiques déterminées par la méthode du faisceau équivalent pour représenter de façon correcte le comportement du faisceau initial vis-à-vis du courant de mode commun. Une géométrie proche est suffisante si la vitesse de propagation du mode commun est identique à celle du faisceau initial. 4.2.3.5 Influence des charges terminales sur le courant de mode commun d’un faisceau de câblages multiconducteur Dans ce paragraphe, on cherche à quantifier l’effet des charges terminales sur le courant de mode commun d’un faisceau de câblages multiconducteur. Pour cela, le courant de mode commun obtenu à la première extrémité du faisceau de référence est comparé lorsque celui-ci est connecté aux charges terminales très peu contrastées du tableau 8 (configuration n°1) puis aux charges terminales très contrastées du tableau 11 (configuration n°2). Les résultats du calcul MTLN sont présentés sur la figure 84 : - 102 - Chapitre 4 – Validations numériques et expérimentales de la méthode du faisceau équivalent Figure 84 : Comparaison du courant de mode commun induit à la première extrémité du faisceau de référence pour chaque configuration de charges Le courant de mode commun induit à la première extrémité du faisceau de référence est peu différent pour les deux configurations de charges terminales en dehors des fréquences de résonance qui se produisent lorsque la longueur de la ligne est un multiple de la demi-longueur d’onde d’excitation (L=λ/2, λ, 3λ/2,…). A ces fréquences, le courant induit est très atténué pour la seconde configuration de charges car certaines charges d’extrémités de forte valeur absorbent beaucoup d’énergie. Pour la première configuration de charges, les résonances sont très marquées car les charges faibles absorbent peu d’énergie. Comme l’indiquent les charges terminales du faisceau réduit correspondant, le faisceau a alors une réponse de type « basse impédance ». Cependant, pour la seconde configuration de charges, le faisceau présente également des résonances de type quart d’onde (L=λ/4, 3*λ/4, 5*λ/4,…) dues aux charges terminales de forte valeur. Cependant, ces résonances s’atténuent rapidement lorsque l’ordre des résonances augmente. Ainsi, la résonance quart d’onde du troisième ordre, située vers 350 MHz, n’apparaît pratiquement plus sur la figure. Au cours du troisième chapitre, nous avons montré que l’impédance terminale d’un conducteur équivalent devait être égale à la mise en parallèle des impédances terminales de tous les conducteurs du groupe. Ainsi, il suffit théoriquement qu’un seul conducteur à chaque extrémité soit connecté à des résistances de faible valeur pour assurer au faisceau un comportement de type « basse impédance ». Cette remarque met notamment en relief l’importance du conducteur de masse électrique dans les faisceaux réels. 4.2.3.6 Validation des hypothèses émises pour la prise en compte des charges différentielles L’objectif de cette partie est de valider numériquement les hypothèses effectuées au cours du chapitre précédent pour la prise en compte au sein d’un faisceau réduit des charges différentielles contenues dans le réseau de charges d’extrémités d’un faisceau initial. Les charges différentielles sont définies comme des charges reliant les extrémités de deux conducteurs entre eux. Pour l’application de la méthode, deux types de charges différentielles sont distingués suivant les conditions de charges des conducteurs qu’elles relient. - 103 - Chapitre 4 – Validations numériques et expérimentales de la méthode du faisceau équivalent 4.2.3.6.1 Charges différentielles reliant appartenant à un même groupe deux conducteurs Les développements du chapitre précédent (cf paragraphe 3.6.2.1.1) ont démontré que le courant de mode commun d’un groupe de conducteurs ne dépendait pas des charges différentielles reliant deux conducteurs du groupe après application des hypothèses de la méthode. Pour vérifier la validité de cette conclusion, le faisceau de référence défini au paragraphe 4.2.1 est chargé par les charges terminales de mode commun décrites dans le tableau 11 auxquelles sont ajoutées les charges différentielles contenues dans le tableau 13 : Extrémité 1 Extrémité 2 Groupe 1 Groupe 2 Z12=80Ω Z13=50Ω Z46=20Ω Z47=150Ω Z57=400Ω Z67=5Ω Z13=26Ω Z45=38Ω Z46=66Ω Z67=20Ω Groupe 3 Groupe 4 - Z9-10=20Ω Z9-11=140Ω Z9-12=15Ω Z10-12=28Ω Z11-12=45Ω - Z9-10=200Ω Z9-11=100Ω Z10-11=50Ω Z10-12=80Ω Tableau 13 : Impédances différentielles reliant deux conducteurs du faisceau de référence appartenant au même groupe Il faut donc noter que les charges différentielles contenues dans le tableau 13 relient deux conducteurs appartenant à un même groupe de conducteurs. Pour faciliter la lecture de ces données, les chiffres i et j portés en indices correspondent aux numéros des conducteurs entre lesquels la résistance Zij est connectée. Un calcul MTLN permet donc de comparer le courant de mode commun induit à la première extrémité du faisceau de référence lorsque celui-ci contient ou non les charges différentielles listées dans le tableau 13. La figure 85 présente les résultats obtenus : Figure 85 : Etude de l‘effet sur le courant de mode commun du faisceau de référence de la présence de charges différentielles reliant des conducteurs de même groupe - 104 - Chapitre 4 – Validations numériques et expérimentales de la méthode du faisceau équivalent La figure 85 met parfaitement en évidence la très faible influence de ce type de charges différentielles sur le courant de mode commun d’un faisceau multiconducteur et valide notre décision de ne pas les prendre en compte dans le réseau de charges terminales connecté à chaque extrémité du faisceau réduit. 4.2.3.6.2 Charges différentielles reliant deux appartenant à deux groupes différents conducteurs Il a été également été montré de façon théorique que le courant de mode commun d’un faisceau multiconducteur dépendait des charges différentielles reliant deux conducteurs appartenant à deux groupes de conducteurs différents. Il faut donc tenir compte de ce type de charges différentielles dans le réseau de charges terminales connecté aux extrémités du faisceau réduit. Pour déterminer la charge différentielle à placer entre deux conducteurs équivalents d’un faisceau réduit, il faut calculer la charge équivalente présente entre les deux groupes de conducteurs. Celle-ci correspond à la mise en parallèle des charges différentielles reliant deux conducteurs appartenant à ces deux groupes différents. Dans un premier temps, l’objectif est de vérifier sur le faisceau de référence connecté aux charges terminales décrites dans le tableau 11 que des charges différentielles placées entre des conducteurs de groupes différents ont un effet sur le courant de mode commun du faisceau. Ainsi, le tableau 14 présente des charges différentielles correspondant à cette définition : Entre Groupes 1 et 2 Entre Groupes 1 et 3 Entre Groupes 1 et 4 Entre Groupes 2 et 3 Z28=80Ω - Z48=26Ω Z14=50Ω Extrémité 1 Z26=12Ω Z37=100Ω Z15=26Ω Extrémité 2 Z36=36Ω Z24=100Ω Z38=50Ω Z1-10=29Ω Z2-12=100Ω Z58=36Ω Entre Groupes 2 et 4 Entre Groupes 3 et 4 Z5-10=28Ω Z8-10=46Ω Z7-12=55Ω Z8-12=500Ω - Z8-9=15Ω Tableau 14 : Impédances différentielles reliant deux conducteurs du faisceau de référence appartenant à deux groupes différents La figure 86 présente la comparaison du courant de mode commun calculé par la MTLN à chaque extrémité du faisceau de référence lorsque celui-ci contient ou non les charges différentielles contenues dans le tableau 14 : - 105 - Chapitre 4 – Validations numériques et expérimentales de la méthode du faisceau équivalent Figure 86 : Etude de l‘effet sur le courant de mode commun du faisceau de référence de la présence de charges différentielles reliant des conducteurs de groupes différents Ces résultats numériques permettent de confirmer que ces charges différentielles ont une influence non négligeable sur le courant de mode commun d’un faisceau multiconducteur. Ainsi, les résonances dues aux charges de forte impédance du faisceau sont atténuées à cause de la diminution des contrastes d’impédances terminales entre les conducteurs du faisceau. Dans un second temps, l’objectif est de valider les solutions théoriques permettant de tenir compte de l’effet de ce type de charges différentielles. En effet, le paragraphe 3.6.2.1.2 nous permet de définir les charges différentielles à placer entre les quatre conducteurs équivalents (CE) du faisceau réduit contenues dans le tableau 15 : Entre CE n°1 et n°2 Entre CE n°1 et n°3 Entre CE n°1 et n°4 Entre CE n°2 et n°3 Entre CE n°2 et n°4 Entre CE n°3 et n°4 Extrémité 1 Z12=9Ω Z13=80Ω - Z23=26Ω Z24=18Ω Z34=42Ω Extrémité 2 Z12=13Ω Z13=50Ω Z14=22Ω Z23=36Ω - Z34=15Ω Tableau 15 : Impédances différentielles reliant les conducteurs équivalents du faisceau réduit La figure 87 présente la comparaison du courant de mode commun calculé par la MTLN à la première extrémité : • du faisceau de référence chargé par les charges de mode commun du tableau 11 et des charges différentielles du tableau 14 • du faisceau réduit approché composé de quatre conducteurs équivalents et chargé par les charges de mode commun du tableau 12 et des charges différentielles du tableau 15 - 106 - Chapitre 4 – Validations numériques et expérimentales de la méthode du faisceau équivalent Figure 87 : Validation de la prise en compte de charges différentielles reliant des conducteurs de groupes différents au sein du faisceau réduit Ces résultats numériques permettent de valider la bonne prise en compte des charges différentielles reliant deux conducteurs appartenant à des groupes différents. De façon générale, ces validations permettent de conclure que la méthode proposée permet de tenir compte de tout type de réseaux de charges résistives aux extrémités d’un faisceau de câblages multiconducteur. 4.2.4 Impact de la méthode sur les temps de calculs 4.2.4.1 Relevé des temps de calculs Un des objectifs principaux de la méthode consiste à réduire sensiblement les temps de calculs nécessaires à la modélisation de faisceaux multiconducteur. Le tableau 16 présente donc les temps de calculs nécessaires à la modélisation par la MTLN du faisceau initial et des faisceaux réduits comprenant un et quatre conducteurs équivalents définis dans ce chapitre. Ce tableau est ensuite complété par les temps nécessaires à la modélisation des deux faisceaux réduits en MoM : Méthode de calcul Faisceau de référence Faisceau réduit contenant 4 CE Faisceau réduit contenant 1 CE MTLN 20,9 s 2,9 s 1s 268 s 19 s MoM Tableau 16 : Comparaison des temps de calculs nécessaires à la modélisation MTLN et MoM du faisceau de référence et des deux types de faisceaux réduits Précisons que les itérations concernent 1000 points de fréquences répartis uniformément entre 1 MHz et 1 GHz. 4.2.4.2 Gain en MTLN Le faisceau réduit contenant quatre conducteurs équivalents permet de diviser le temps de calcul par un facteur supérieur à 7 par rapport au faisceau initial. La réduction du temps de calcul est proche de 21 lorsque le faisceau réduit contient un seul conducteur équivalent. - 107 - Chapitre 4 – Validations numériques et expérimentales de la méthode du faisceau équivalent 4.2.4.3 Gain en MoM La modélisation en MoM du faisceau de référence n’a pas été réalisée compte tenu de la complexité de ce faisceau. Néanmoins, un calcul approché permet de quantifier le gain en temps de calcul obtenu par la modélisation de chaque faisceau réduit. On estime ainsi à environ 440 le nombre d’éléments nécessaires à la modélisation du faisceau de référence. Ce nombre n’est que de 37 pour le faisceau réduit contenant un seul conducteur équivalent et de 148 pour celui contenant quatre conducteurs équivalents. Le calcul approché suivant permet de quantifier le gain en temps de calcul kx obtenu lors de la phase d’assemblage de la matrice [Z] (proportionnel à N2 où N est le nombre d’inconnues du problème) : 2 N kx ≈ ref Nred (Eq. 208) où Nref est le nombre d’inconnues du faisceau de référence et Nred le nombre d’inconnues du faisceau réduit. Ce gain est environ de 140 pour le premier faisceau réduit et de 9 pour le deuxième lors de la phase d’assemblage de la matrice [Z]. De la même façon, le gain en temps de calcul ky lors de la phase d’inversion de la matrice [Z] (proportionnel à N3) peut être calculé à l’aide de la relation suivante : 3 Nref ky ≈ N red (Eq. 209) Ce gain est environ de 1700 pour le premier faisceau réduit et de 27 pour le deuxième lors de la phase d’inversion de la matrice [Z]. La méthode permet donc de réduire considérablement les temps de calculs en MoM. 4.2.4.4 Comparaison MTLN / MoM Le tableau 16 montre également que le temps de calcul en MTLN est beaucoup plus faible qu’en MoM pour la modélisation de chaque faisceau réduit. Ceci est tout à fait logique car la diminution des temps de calculs constitue l’un des points forts de la MTLN. Néanmoins, il faut rappeler ici que les simulations en MoM permettent de modéliser la réponse des faisceaux de câblages à des fréquences où la MTLN ne peut plus être appliquée. 4.2.5 Etude de l’influence de la non uniformité des faisceaux de câblages La méthode du faisceau équivalent décrite précédemment est limitée aux faisceaux de câblages composés de conducteurs uniformes. Or, les faisceaux industriels sont composés de conducteurs non uniformes pour lesquels la hauteur et la position de chaque conducteur par rapport à la référence de masse suivent un caractère aléatoire sur toute la longueur du faisceau. - 108 - Chapitre 4 – Validations numériques et expérimentales de la méthode du faisceau équivalent Ce paragraphe présente donc une étude qui permet d’étudier l’influence de la non uniformité d’un faisceau de câblages multiconducteur sur le courant de mode commun induit par une perturbation électromagnétique quelconque en extrémité du faisceau. Pour cela, nous avons utilisé le logiciel NUTLA (Non Uniform Transmission Line Algorithm), développé à l’ONERA et décrit dans le premier chapitre de cette thèse. Le faisceau de référence de cette étude, d’une longueur de 1m, est composé de sept conducteurs uniformes de rayon 1mm. Chaque conducteur est enrobé d’une gaine diélectrique d’épaisseur 1mm et de perméabilité relative εr égale à 2,8. Les figures 88 et 89 présentent les deux faisceaux non uniformes que nous avons créés avec NUTLA à partir de la géométrie de section droite du faisceau uniforme : Figure 88 : Faisceau torsadé Figure 89 : Faisceau aléatoire non corrélé Les deux faisceaux générés par NUTLA sont discrétisés longitudinalement en sections de longueur 2cm sur lesquelles les conducteurs sont supposés uniformes. Le faisceau présenté figure 88 est un faisceau torsadé pour lequel tous les conducteurs du faisceau sont en rotation régulière par rapport à l’axe du faisceau. Ainsi, entre deux sections voisines, tous les conducteurs du faisceau subissent une rotation identique par rapport au centre du faisceau. La géométrie de section droite d’une des sections du faisceau torsadé est présentée figure 90. Le faisceau présenté figure 89 est un faisceau aléatoire corrélé [62]. Dans ce cas, la variation de la position d’un conducteur entre deux sections voisines est calculée de façon aléatoire. Cependant, le faisceau est dit corrélé car la position d’un conducteur dépend de sa position dans la section précédente afin d’assurer la cohérence du faisceau créé. La géométrie de section droite d’une des sections du faisceau aléatoire corrélé est présentée figure 91 : Figure 90 : Géométrie de section droite d’une section du faisceau torsadé Figure 91 : Géométrie de section droite d’une section du faisceau aléatoire corrélé - 109 - Chapitre 4 – Validations numériques et expérimentales de la méthode du faisceau équivalent Il faut préciser que, pour chaque section créée pour chacun des deux faisceaux, la hauteur moyenne des centres de chaque conducteur reste toujours égale à 2cm. Le tableau 17 présente les charges terminales connectées aux extrémités des conducteurs des trois faisceaux étudiés : N° du Conducteur 1 2 3 4 5 6 7 Extrémité 1 10Ω 80Ω 55Ω 100kΩ 1,5kΩ 700Ω 20Ω Extrémité 2 10kΩ 200Ω 40Ω 2Ω 350Ω 900Ω 14Ω Tableau 17 : Impédances terminales appliquées aux extrémités de chaque conducteur des trois faisceaux étudiés Les impédances d’extrémités sont volontairement très contrastées afin de déséquilibrer les couplages entre les différents conducteurs. La figure 92 présente la comparaison du courant de mode commun calculé à la première extrémité des trois faisceaux lorsqu’ils sont illuminés par une onde plane d’amplitude 3V/m en couplage hybride : Figure 92 : Comparaison du courant de mode commun induit à la première extrémité des trois faisceaux étudiés Pour chaque extrémité, l’allure générale du courant de mode commun induit sur les trois faisceaux est très proche. De plus, aucun effet majorant n’est observé. Cette étude permet donc de conclure que la non uniformité d’un faisceau de câblages sur le courant de mode commun induit à ses extrémités est faible dans le cas d’une illumination globale et uniforme du faisceau et lorsque la hauteur moyenne du faisceau est conservée. Ainsi, la méthode du faisceau équivalent apparaît apte à traiter des faisceaux de câblages de type industriel à l’aide de faisceaux réduits composés de conducteurs uniformes. Précisons que cette conclusion ne concerne pas le cas où une source localisée serait placée sur un ou plusieurs conducteurs de chacun des trois faisceaux. - 110 - Chapitre 4 – Validations numériques et expérimentales de la méthode du faisceau équivalent 4.3 Validation anéchoïque expérimentale en chambre La validation expérimentale consiste à confronter sur une large bande de fréquence des résultats d’expériences pratiquées sur un faisceau de câblages multiconducteur aux résultats numériques issus de la modélisation de la même structure en MoM. Les comparaisons portent sur le courant de mode commun induit aux extrémités d’un faisceau de câblages multiconducteur par une perturbation électromagnétique quelconque. L’illumination du dispositif sous test a été réalisée à l’aide d’antennes large bande situées à une distance de l’objet comprise entre trois et quatre mètres. Ces conditions d’illumination s’éloignent donc de l’hypothèse de l’onde plane adoptée jusqu’à présent lors des validations numériques. Nous avons donc pris la précaution de reproduire du mieux possible le champ électromagnétique illuminant le dispositif en modélisant l’antenne d’émission. Néanmoins, les parois de la chambre sont considérées comme parfaitement absorbantes. 4.3.1 Description du dispositif expérimental Une chambre anéchoïque est un moyen d’essai cherchant à représenter les conditions d’espace libre. En effet, les parois intérieures de cette enceinte blindée (pour protéger l’intérieur de la chambre de l’environnement électromagnétique extérieur) sont recouvertes d’absorbants permettant d’éliminer les réflexions sur les parois. La figure 93 reproduit schématiquement le dispositif expérimental adopté lors de cette campagne expérimentale : Câbles blindés Source P0=13dBm Antenne d’émission Sonde de Faisceau courant multiconducteur sous test Support isolant Connecteur Analyseur de spectres Figure 93 : Schéma descriptif du dispositif expérimental en chambre anéchoïque Une source radiofréquence d’impédance interne 50Ω délivre une puissance P0 égale à 13dBm en entrée d’une antenne d’émission large bande chargée d’illuminer le faisceau multiconducteur sous test. La source et l’antenne sont reliées à l’aide de deux câbles blindés. L’antenne d’émission utilisée est une antenne log-périodique entre 100 MHz et 1 GHz puis une antenne cornet double ridge entre 1 et 3 GHz. A environ trois mètres de l’antenne d’émission, le plan de masse métallique supportant le faisceau sous test est placé sur un support isolant à environ 80 cm du plancher métallique de la chambre. Il est donc plus juste de parler de chambre semianéchoïque car le plancher de la chambre n’est recouvert d’aucun absorbant. Le courant induit par l’antenne d’émission aux extrémités du faisceau de câblages est - 111 - Chapitre 4 – Validations numériques et expérimentales de la méthode du faisceau équivalent mesuré à l’aide d’une sonde de courant entourant le faisceau comme le montre la figure 94 : Figure 94 : Positionnement de la sonde de mesure du courant aux extrémités du faisceau sous test La sonde de courant, reliée à un analyseur de spectres au moyen de deux autres câbles blindés, mesure la tension Vmes délivrée par la sonde de courant. Le courant Imes circulant sur le faisceau de câblages se déduit simplement de cette tension à l’aide de l’impédance de transfert Zsonde de la sonde de courant, soit : I mes (dBA) = Vmes (dBV ) − Z sonde (dBΩ ) (Eq. 210) La variation fréquentielle de l’impédance de transfert de la sonde de courant est tracée sur la figure 95 suivant les mesures effectuées par le constructeur : Figure 95 : Impédance de transfert de la sonde de courant Afin de compenser les pertes induites par l’atténuation linéique des quatre câbles blindés utilisés, celles-ci ont été mesurées à l’aide d’un analyseur de réseau. Ainsi, la somme des pertes engendrées par les quatre câbles blindés en fonction de la fréquence est tracée sur la figure 96 : - 112 - Chapitre 4 – Validations numériques et expérimentales de la méthode du faisceau équivalent Figure 96 : Pertes linéiques des quatre câbles blindés La compensation de ces pertes linéiques est réalisée à l’aide de la formule portée ci-dessous : I mes _ corrigé (dBA) = I mes (dBA) + P(dB ) (Eq. 211) Afin de pouvoir comparer les résultats expérimentaux aux résultats issus de la simulation (où l’antenne d’émission est excitée par une source de tension de 1V et d’impédance interne 50Ω), le courant mesuré Imes_corrigé a été corrigé au moyen du facteur k exprimé ci-dessous : I mes _ V =1V (dBA) = k * I mes _ corrigé (dBA) avec k = 1 P0 (W ) * 50Ω (Eq. 212) 4.3.2 Modélisation du dispositif expérimental en MoM 4.3.2.1 Description des simulations effectuées La figure 97 décrit les éléments pris en compte lors des simulations réalisées en MoM : Antenne d’émission Faisceau « réduit » Imc Plan de masse infini et parfaitement conducteur Figure 97 : Schéma descriptif des simulations en MoM L’antenne d’émission considérée en espace libre illumine le faisceau réduit de câblages. Le sol de la chambre anéchoïque est modélisé à l’aide d’un plan de masse infini et parfaitement conducteur. La modélisation de l’antenne d’émission impose de mesurer précisément la position relative de l’antenne d’émission par rapport au faisceau sous test et au plan de masse infini. - 113 - Chapitre 4 – Validations numériques et expérimentales de la méthode du faisceau équivalent 4.3.2.2 Modélisation des antennes d’émission 4.3.2.2.1 Antenne log-périodique Les antennes de type log-périodique, à la fois directive et large-bande, sont généralement utilisées lors des essais d'immunité sur véhicule ou sur équipement. Ces antennes sont constituées d’une succession de dipôles alimentés en opposition de phase comme l’indique la figure 98 : Figure 98 : Schéma simplifié d’une antenne log-périodique Les dimensions géométriques des différents dipôles ainsi que leurs écartements obéissent à une loi de progression géométrique ([63], [64]) caractérisée par le facteur de réduction τ : τ= xn +1 l n +1 d n +1 = = xn ln dn (Eq. 213) On définit également le facteur d’espacement σ et le demi-angle au sommet α à l’aide des relations suivantes : σ= dn 2.l n (Eq. 214) 1 − τ 4.σ α = arctan (Eq. 215) La géométrie de l’antenne lui permet de fonctionner sur une gamme de fréquence étendue. En effet, lorsque la longueur d'un dipôle est de l’ordre de la demi-longueur d’onde, celui-ci entre en résonance. L’antenne log-périodique du laboratoire Telice, utilisée lors des campagnes expérimentales décrites dans ce manuscrit, est caractérisée par un facteur de réduction τ de 0,86, un facteur d’espacement σ de 0,07 et un demi-angle au sommet α de 27,5°. La figure 99 présente une photographie de cette antenne et la figure 100 une vue de la même antenne modélisée en MoM : - 114 - Chapitre 4 – Validations numériques et expérimentales de la méthode du faisceau équivalent Figure 99 : Antenne log-périodique du laboratoire Telice Figure 100 : Antenne modélisée en MoM Dans la simulation, l’excitation de l’antenne est effectuée à l’aide d’une ligne de transmission croisée, d’impédance caractéristique égale à 50Ω, permettant d’alimenter les dipôles successifs en opposition de phase. Un générateur de tension d’impédance interne 50Ω est placé à une extrémité de la ligne tandis qu’une impédance terminale de valeur 50Ω est placée sur la seconde extrémité. Afin de contrôler la validité du modèle d’antenne utilisé en MoM, nous avons réalisé des comparaisons du diagramme de rayonnement des antennes réelle et simulée sur quelques points de fréquences. Les mesures de diagramme de rayonnement ont été effectuées pour l’antenne log-périodique ainsi que pour l’antenne cornet à l’aide du moyen d’essai SG64 de la société Satimo utilisant la technique de balayage champ proche [65]. Ce moyen d’essai, dénommé Base Champ Proche Sphérique (BCPS), permet de mesurer, sur une sphère complète, l’amplitude et la phase des composantes du champ électrique rayonné par le dispositif sous test en champ proche puis de calculer le rayonnement en champ lointain selon la théorie de l’expansion modale qui exprime le rayonnement d’une antenne en terme de combinaison de modes sphériques pondérés [66]. Les figures 102 et 103 présentent la comparaison mesure / calcul du diagramme de rayonnement de l’antenne log-périodique à la fréquence de 460 MHz selon les deux plans de coupe définis par la figure 101 : Figure 101 : Définition des plans de coupe Figure 102 : Plan ϕ=0° - 115 - Figure 103 : Plan ϕ=90° Chapitre 4 – Validations numériques et expérimentales de la méthode du faisceau équivalent Les comparaisons portent sur le module du champ électrique rayonné par l’antenne d’émission en champ lointain. Ces données ont été normalisées par rapport à la valeur maximale. A la fréquence de 460 MHz, le diagramme de rayonnement de l’antenne modélisée en MoM est très proche du diagramme mesuré. Malheureusement, ces comparaisons n’ont pu être réalisées qu’à quelques fréquences discrètes dans la bande de fonctionnement de l’antenne. 4.3.2.2.2 Antenne cornet double ridge Une antenne cornet est un guide d’ondes à section progressivement croissante se terminant par une ouverture rayonnante. Le champ électrique présent dans le plan de l’ouverture rayonne selon la théorie des ouvertures rayonnantes. Dans le cas d’une antenne double ridge, les deux ridges, qui s’écartent lorsque l’on se rapproche de l’ouverture, peuvent être assimilés à une ligne de transmission dont l’impédance caractéristique varie de 50Ω au niveau de l’alimentation de l’antenne à 377Ω (impédance caractéristique d’une onde plane) au niveau de l’ouverture. Les deux ridges servent ainsi à élargir la largeur de bande de l’antenne. La figure 104 présente une photographie de l’antenne cornet du laboratoire Telice et la figure 105 une vue de l’antenne que nous avons modélisée en MoM [67] : Figure 104 : Antenne cornet du laboratoire Telice Figure 105 : Antenne modélisée en MoM L’excitation de l’antenne simulée a été réalisée à l’aide d’un générateur de tension de 1V et d’impédance interne 50Ω sur un élément filaire reliant les deux ridges. Comme pour l’antenne log-périodique, la comparaison mesure / calcul du diagramme de rayonnement de l’antenne cornet a pu être effectuée à quelques fréquences discrètes. Les figures 107 et 108 présentent les résultats obtenus à la fréquence de 2,4 GHz selon les deux plans de coupe définis par la figure 106 : - 116 - Chapitre 4 – Validations numériques et expérimentales de la méthode du faisceau équivalent Figure 106 : Définition des plans de coupe Figure 107 : Plan ϕ = 0° Figure 108 : Plan ϕ = 90° Comme pour l’antenne log-périodique, le diagramme de rayonnement de l’antenne cornet double-ridge modélisée en MoM est très proche de celui obtenu en mesure. 4.3.2.2.3 Validation complémentaire de l’amplitude du champ électrique rayonné par les deux antennes Les comparaisons des diagrammes de rayonnement mesuré et calculé de chaque antenne ne renseignent pas sur l’amplitude du champ électrique rayonné en un point par les antennes réelles et simulées. De plus, les confrontations n’ont été réalisées pour chaque antenne qu’à quelques fréquences discrètes. Pour compléter la validation des deux antennes modélisées en MoM, on réalise donc une étape de calibration supplémentaire. Celle-ci consiste à comparer le courant induit par chaque antenne d’émission sur une structure canonique constituée d’un monopôle de hauteur 5cm placé sur un plan de masse métallique de 60cm de côté. Cette structure simple permet ainsi de relier directement le courant induit sur le monopôle au champ rayonné par l’antenne. Le monopôle réel est présenté sur la figure 109 et la modélisation MoM de cette structure est présentée figure 110 : Figure 109 : Monopôle réel Figure 110 : Monopôle modélisé en MoM Le monopôle est placé à quelques mètres de l’antenne d’émission lors de la mesure réalisée en chambre anéchoïque. Il est ensuite placé à la même distance lors des simulations. Les comparaisons mesure / calcul du courant induit à la base du monopôle pour chacune des deux antennes d’émission sont présentées sur la figure 111 : - 117 - Chapitre 4 – Validations numériques et expérimentales de la méthode du faisceau équivalent Figure 111 : Courant induit sur le monopôle illuminé successivement par les deux antennes large bande En dessous de 1 GHz, la corrélation du courant induit en mesure et en simulation par l’antenne log-périodique sur la base du monopôle est tout à fait satisfaisante. En effet, l’allure générale du courant est correctement reproduite même si les écarts de niveau obtenus peuvent atteindre environ 6 dB autour de 600 et de 950 MHz. Entre 1 et 3 GHz, le courant calculé par la simulation reproduit correctement le courant obtenu lors de la mesure en dépit d’un écart de niveau pratiquement constant d’environ 6dB sur toute la bande de fréquence. Le courant calculé, inférieur au courant mesuré, reproduit néanmoins correctement la résonance fondamentale quart-d’onde du monopôle à la fréquence de 1,5 GHz. Cette validation complémentaire a ainsi permis de quantifier l’incertitude sur le champ électromagnétique rayonné par chaque antenne d’émission réelle et simulée en un point de l’espace. Les écarts constatés, que l’on suppose principalement dus à une modélisation imparfaite de l’antenne d’émission, peuvent également être en partie reliés à l’hypothèse de départ qui consiste à assimiler la chambre anéchoïque à un milieu en espace libre, c'est-à-dire à considérer comme parfaite l’absorption des parois de la chambre. 4.3.3 Validation de la multiconducteur confrontation sur un faisceau 4.3.3.1.1 Description du faisceau sous test Le cas test, présenté sur la figure 112, est un faisceau de câblages contenant six conducteurs de longueurs 76 cm : - 118 - Chapitre 4 – Validations numériques et expérimentales de la méthode du faisceau équivalent Figure 112 : Faisceau de câblages sous test Les conducteurs, identiques, ont un rayon de 0,5mm et sont entourés d’une gaine diélectrique d’épaisseur 0,4mm. Ils sont tendus sur toute leur longueur et ont une hauteur moyenne de 3cm par rapport à un plan de masse fini de longueur 100cm et de largeur 60cm. Les extrémités de chaque conducteur sont reliées à un connecteur supporté par une équerre métallique, de hauteur 12cm et de largeur 8cm, censée représenter de façon simplifiée la face avant d’un équipement électronique. Ces connecteurs permettent de souder une charge de type CMS entre l’extrémité de chaque conducteur et l’équerre métallique reliée au plan de masse. Ainsi, afin de compléter le protocole de validation de la méthode, deux configurations de charges terminales très différentes ont été testées. Dans la première, tous les conducteurs du faisceau sont court-circuités à chaque extrémité. Dans ce cas, le faisceau réduit ne comprend qu’un seul conducteur équivalent court-circuité à chaque extrémité. En revanche, la deuxième configuration de charges comprend des charges terminales, présentées dans le tableau 18, de valeurs plus contrastées : N° du Conducteur 1 2 3 4 5 6 Extrémité 1 51Ω 51Ω 51Ω 51Ω 51Ω 51Ω Extrémité 2 20Ω 22Ω 13Ω 75kΩ 100kΩ 120kΩ Tableau 18 : Deuxième configuration de charges terminales connectées aux extrémités de chaque conducteur du faisceau sous test Le faisceau réduit correspondant comprend, dans ce cas, deux conducteurs équivalents. Le premier groupe de conducteurs regroupe les trois premiers conducteurs et le deuxième groupe les trois derniers conducteurs du faisceau. Les charges terminales du faisceau réduit sont détaillées dans le tableau 19 : N° du Conducteur 1 2 Extrémité 1 17Ω 17Ω Extrémité 2 6Ω 31,6kΩ Tableau 19 : Configuration de charges terminales du faisceau réduit correspondant 4.3.3.1.2 Paramètres linéiques et géométriques des faisceaux initial et réduits Afin de déterminer la géométrie de section droite des deux faisceaux réduits, nous avons créé une géométrie de section droite du faisceau initial à partir des caractéristiques géométriques des conducteurs du faisceau initial. Cette géométrie - 119 - Chapitre 4 – Validations numériques et expérimentales de la méthode du faisceau équivalent « fictive », où tous les conducteurs sont considérés parallèles et uniformes sur toute la longueur du faisceau, est présentée sur la figure 113 : 4 1 2 5 3 6 h=30mm Figure 113 : Géométrie de section droite du faisceau créé à partir des caractéristiques géométriques du faisceau réel Suite aux résultats de mesures du second chapitre, les valeurs de la permittivité relative εr et de la tangente de pertes tanδ de chaque gaine diélectrique ont été fixées respectivement à 2,8 et 0,02. Un calcul électrostatique réalisé à l’aide du logiciel LAPLACE a permis de déduire les matrices [L] et [C] présentées ci-dessous et correspondant à la géométrie de section droite présentée sur la figure 113 : 922 659 553 608 636 563 904 659 665 633 633 922 608 563 636 [L] = nH / m 938 545 545 908 651 908 49,5 − 18,8 − 0,6 79,2 − 18,8 49,5 [C ] = − 9,1 − 16,7 − 0,9 − 20 − 10,6 − 10,6 − 9,1 − 0,9 − 16,6 pF / m 43,6 − 0,7 − 0,7 − 22,8 55 55 (Eq. 216) (Eq. 217) Pour la première configuration de charges du faisceau initial, les paramètres linéiques du conducteur équivalent, calculés après application des hypothèses de la méthode, sont présentés ci-dessous : L = 661nH / m (Eq. 218) C = 17,6 pF / m (Eq. 219) La géométrie de section droite du conducteur équivalent, construite en accord avec les paramètres linéiques précédents, est présentée sur la figure 114 : - 120 - Chapitre 4 – Validations numériques et expérimentales de la méthode du faisceau équivalent εr = 2,8 Epaisseur = 0,6mm Rayon = 2,2mm h=30mm Figure 114 : Géométrie de section droite du faisceau réduit correspondant à la première configuration de charges du faisceau initial Pour la deuxième configuration de charges du faisceau initial, les matrices [L] et [C] du faisceau réduit, contenant deux conducteurs équivalents, sont présentées cidessous : [L] = 721 616 nH / m 616 693 (Eq. 220) 102 − 94,7 pF / m − 94,7 105 (Eq. 221) [C ] = La figure 115 présente la géométrie de section droite du faisceau réduit construite suivant la procédure présentée au troisième chapitre en accord avec les matrices de paramètres linéiques présentées ci-dessus : εr = 2,8 épaisseur=0,16mm εr = 2,8 épaisseur=0,09mm rayon=1,59mm 1 2 rayon=1,12mm d12=2,98mm h=30mm Figure 115 : Géométrie de section droite du faisceau réduit correspondant à la seconde configuration de charges du faisceau initial La figure 116 présente un exemple de maillage en MoM de la structure sous test composée des deux conducteurs équivalents correspondant à la seconde configuration de charges, des équerres métalliques et du plan de masse fini : - 121 - Chapitre 4 – Validations numériques et expérimentales de la méthode du faisceau équivalent Figure 116 : Structure de test correspondant à la seconde configuration de charges modélisée en MoM 4.3.3.1.3 Comparaison du courant de mode commun calculé et mesuré La confrontation mesure / simulation a été réalisée pour deux orientations orthogonales du faisceau sous test illustrées par les figures 117 et 118 : Figure 117 : Illumination n°1 Figure 118 : Illumination n°2 Pour la première position du faisceau sous test (illumination n°1), l’orientation relative de l’antenne et du faisceau s’apparente à une illumination du faisceau sous test en couplage hybride. Pour la seconde position du faisceau sous test (illumination n°2), l’orientation relative de l’antenne et du faisceau s’apparente à une illumination du faisceau sous test en couplage électrique. Les mesures sont réalisées dans la chambre anéchoïque du laboratoire Telice sur la bande de fréquence 100MHz-3GHz. Il faut toutefois préciser qu’en dessous de 200MHz, l’absorption des parois de la chambre n’est pas satisfaisante. De plus, on remarquera qu’aux fréquences les plus basses, l’antenne log-périodique adoptée en émission fonctionne un peu hors bande puisque la fréquence de coupure basse donnée par le constructeur est de 200 MHz.. La fréquence maximale de mesure est située à 3 GHz à cause de la limite de fonctionnement de la sonde utilisée pour mesurer le courant aux extrémités du faisceau. Les figures 119 et 120 présentent les résultats obtenus pour la première configuration de charges pour chacune des deux illuminations. Sur chaque figure de cette partie sont portés le courant de mode commun mesuré à la première extrémité du - 122 - Chapitre 4 – Validations numériques et expérimentales de la méthode du faisceau équivalent faisceau réel et le courant de mode commun calculé sur le faisceau réduit à cette même extrémité : Figure 119 : Configuration de charges n°1 - Illumination n°1 Figure 120 : Configuration de charges n°1 - Illumination n°2 Pour cette première configuration de charges, où les conducteurs sont tous courtcircuités à chaque extrémité du faisceau, la simulation reproduit correctement en dessous de la fréquence de 1 GHz les fréquences de résonance de la ligne notamment la résonance fondamentale proche de 190 MHz. Le faisceau, de longueur 76cm, étant court-circuité à ses deux extrémités, cette résonance correspond à une résonance en demi-longueur d’onde. Celle-ci se serait produite à la fréquence de 197 MHz sans la présence des gaines isolantes autour des conducteurs. Une deuxième observation concerne l’atténuation des résonances lorsque la fréquence augmente. Nous attribuons ce résultat, observé en mesures et en simulation, au rayonnement de la ligne qui augmente avec la fréquence. Le rayonnement de la ligne, que l’on peut assimiler à une résistance variable avec la fréquence, a pour effet d’atténuer les résonances de la ligne comme une résistance classique. Ces atténuations peuvent également s’expliquer en partie par les pertes diélectriques engendrées par la - 123 - Chapitre 4 – Validations numériques et expérimentales de la méthode du faisceau équivalent présence de gaines isolantes enrobant les conducteurs. Ainsi, lorsque la fréquence devient supérieure à 1 GHz, les résonances du faisceau sont peu marquées. A ces fréquences, on observe un écart de niveau de quelques dB entre le niveau moyen des courants mesurés ou calculés. Les courants mesurés étant plus élevés, nous rapprochons ces observations des résultats déjà observés sur la mesure du monopôle réalisée au paragraphe 4.3.2.2.3. Nous attribuons donc ces écarts à la modélisation de l’antenne d’émission. Les figures 121 et 122 présentent les résultats obtenus pour la seconde configuration de charges pour chacune des deux illuminations : Figure 121 : Configuration de charges n°2 - Illumination n°1 Figure 122 : Configuration de charges n°2 - Illumination n°2 Pour cette seconde configuration de charges plus contrastées (cf tableau 19) et pour laquelle le faisceau réduit contient deux conducteurs équivalents, les résonances de la ligne en dessous de la fréquence de 1 GHz sont plus atténuées que pour la première configuration de charges. Ceci s’explique par la présence, aux extrémités des conducteurs, de charges terminales de plus fortes valeurs qui absorbent de l’énergie et donc atténuent les phénomènes d’ondes stationnaires le long de la ligne. A l’aide des - 124 - Chapitre 4 – Validations numériques et expérimentales de la méthode du faisceau équivalent résultats de mesure, cette atténuation peut être chiffrée à 5 dB pour la première illumination et 10 dB pour la seconde dans le cas de la résonance fondamentale. Les résonances quart d’onde liées aux hautes impédances placées à la seconde extrémité du faisceau sont pratiquement indiscernables car très atténuées en mesure et en simulation. Ainsi, en hautes fréquences, le comportement « basse impédance » du faisceau est bien privilégié. 4.3.3.1.4 Discussion critique sur la qualité des simulations Les résultats numériques reproduisent, pour chaque configuration de charges et chaque illumination, l’allure du courant mesuré de façon très satisfaisante. Ces résultats sont extrêmement encourageants compte tenu de la difficulté de réaliser ce genre de comparaisons sur des bandes de fréquences aussi élevées. En hautes fréquences, de nombreux paramètres peuvent provoquer une dégradation de la corrélation entre les résultats obtenus en mesure et en simulation. De plus, il faut noter que les résultats comparés ici sont des mesures absolues et non normalisées ou faisant suite à une calibration du champ par exemple. Les difficultés de ce genre de comparaisons sont dues principalement à deux facteurs. Tout d’abord, il y a les difficultés liées au surdimensionnement de l’objet par rapport à la longueur d’onde. Par exemple, une erreur de mesure de quelques centimètres sur la mesure de la position de l’antenne par rapport au faisceau ou au sol de la chambre anéchoïque, sans conséquence en basse fréquence, peut amener des écarts importants lorsque la fréquence augmente et que l’incertitude du positionnement relatif devient comparable ou supérieure à la longueur d’onde. Ensuite, les erreurs entre la mesure et la simulation proviennent directement des bandes de fréquences auxquelles sont effectuées les mesures. Par exemple, au-dessus de quelques centaines de MHz, la valeur nominale des charges résistives CMS utilisées est modifiée par l’apparition d’éléments parasites qui peuvent modifier significativement le coefficient de réflexion présent en extrémité de chaque conducteur. Des erreurs importantes peuvent également être introduites par l’utilisation de la sonde de courant dont la fréquence maximale d’utilisation est de 3 GHz. Par exemple, nous n’avons pas pu mesurer par nos propres moyens l’impédance de transfert de la sonde de courant. Il ne faut pas non plus négliger l’influence du couplage direct entre l’onde émise par l’antenne d’émission et la sonde de courant. Les quatre câbles coaxiaux utilisés pour ces validations peuvent également provoquer des erreurs de mesures. L’onde émise par l’antenne d’émission provoque un courant induit sur le blindage de chaque câble coaxial situé dans la chambre. Le rayonnement électromagnétique dû au courant peut venir perturber directement la sonde de mesure du courant. Dans le cas du câble reliant la sonde de courant à l’analyseur de spectres, le courant de blindage, guidé jusqu’à la sonde de courant, peut également se coupler sur le faisceau sous test et venir perturber la mesure du courant. 4.4 Validation expérimentale en réverbérante à brassage de modes chambre Une chambre réverbérante à brassage de modes, désignée également sous l’acronyme CRBM, est un moyen de mesures destiné aux hautes fréquences. Ce moyen d’essai est utilisé en CEM depuis quelques années [68] pour des mesures d’immunité, de rayonnement et d’efficacité de blindage. Une CRBM utilise les propriétés des cavités électromagnétiques surdimensionnées par rapport à la longueur d’onde. Celles-ci permettent, dans le cas de tests d’immunité [69], d’exposer un objet sous test à un - 125 - Chapitre 4 – Validations numériques et expérimentales de la méthode du faisceau équivalent champ électrique considéré, grâce à l’utilisation d’un brasseur de modes, comme homogène et isotrope au-dessus d’une fréquence minimale de fonctionnement. Dans ce cas, l’isotropie du champ implique qu’il n’est plus nécessaire de faire subir au système sous test une quelconque rotation puisque toutes ses faces sont illuminées par le champ incident. De plus, la réflexion sur les parois de la CRBM permet d’atteindre des champs d’amplitude élevée, malgré l’utilisation de sources de puissance relativement modestes. L’objectif principal de ce travail consistant à étudier les couplages électromagnétiques sur des faisceaux de câblages en hautes fréquences, il apparaît logique d’utiliser une CRBM afin de bénéficier des nombreux avantages qu’offre ce moyen d’essai dans ces bandes de fréquence. Dans cette partie, nous comparons donc le courant de mode commun induit aux extrémités du faisceau multiconducteur en mesure et en simulation. Le faisceau utilisé est celui utilisé lors de la campagne expérimentale en chambre anéchoïque et présenté sur la figure 112. Le dispositif expérimental est présenté figure 123 : Brasseur de modes Antenne d’émission Sonde de Faisceau courant multiconducteur sous test Support isolant Connecteur Analyseur de spectres Câbles blindés Source P0=13dBm Figure 123 : Schéma descriptif du dispositif expérimental en CRBM Une source HF délivre une puissance P0=13dBm en entrée de l’antenne d’émission placée dans la CRBM. La sonde de courant, reliée à un analyseur de spectres, permet de mesurer le courant de mode commun moyen sur un tour de brasseur induit aux extrémités du faisceau sous test. La simulation correspondante est effectuée à l’aide du programme de calcul RandomOP dont la présentation détaillée a été effectuée au cours du premier chapitre de ce document. Un calcul d’émission est tout d’abord réalisé en MoM. Une source de tension de 1V est placée en extrémité d’un des conducteurs équivalents du faisceau réduit. L’impédance interne de la source correspond à la charge terminale du conducteur équivalent à l’extrémité duquel est positionnée la source. Le courant induit par la source de tension est relevé, à chaque fréquence, sur les différents conducteurs équivalents. Le programme RandomOP permet ensuite de générer un spectre d’ondes planes aléatoires censé représenter l’environnement électromagnétique présent dans la CRBM. RandomOP calcule alors l’intégrale de réciprocité qui permet, en fonction des résultats du calcul d’émission, de connaître le courant moyen induit sur le conducteur équivalent à l’endroit où a été placé le générateur de tension. Il faut préciser que, dans le cas où le faisceau réduit contient plus d’un conducteur équivalent, il faut répéter cette procédure en plaçant successivement la source de tension sur chaque conducteur équivalent du faisceau réduit. On additionne alors le courant moyen calculé sur chaque conducteur équivalent par RandomOP pour connaître le courant de mode commun moyen. - 126 - Chapitre 4 – Validations numériques et expérimentales de la méthode du faisceau équivalent RandomOP considérant que le faisceau sous test est illuminé par une densité spectrale de puissance de 1W/m2 (soit 19,4V/m), il faut donc mesurer le champ électrique moyen ECRBM présent dans la CRBM à chaque point de fréquence et corriger le courant mesuré Imc à l’aide de la relation suivante : I mc _ corrigé = I mc * 19,4 E CRBM (Eq. 222) Les figures 124 et 125 présentent la comparaison du courant de mode commun obtenu à la première extrémité du faisceau sous test pour chacune des deux configurations de charges : Figure 124 : Configuration de charges n°1 Figure 125 : Configuration de charges n°2 Pour la première configuration de charges, où les conducteurs du faisceau sous test sont court-circuités à chaque extrémité de la ligne, la simulation reproduit bien les résonances du faisceau sous test observées en dessous de 1 GHz lors des mesures. Au-dessus de 1 GHz, la simulation reproduit correctement la décroissance du niveau moyen du courant mesuré. En revanche, l’atténuation des résonances observée de façon très nette en mesures n’est pas reproduite par la simulation. Pour la seconde configuration où les charges terminales sont plus contrastées (cf tableau 19), les résultats obtenus en simulation reproduisent correctement l’évolution du courant de mode commun moyen mesuré avec cependant un écart pratiquement constant de l’ordre de 10dB entre la mesure et la simulation. Les impédances terminales étant plus contrastées dans cette configuration de charges, les résonances du courant calculées par la simulation sont dans ce cas bien atténuées. Les résultats présentés sur ces différentes figures, correspondant à une illumination à puissance constante sur toute la bande de fréquence, mettent parfaitement en évidence l’importance de la résonance fondamentale d’un faisceau de câbles et la décroissance du courant induit qui se produit généralement après celle-ci. En assimilant un faisceau de câblages à une antenne, cette décroissance fréquentielle s’explique par la diminution de la surface équivalente du faisceau qui est proportionnelle à la longueur d’onde. Ces résultats prospectifs encourageants constituent une approche intéressante pour la comparaison des mesures réalisées en CRBM sur faisceaux de câbles. Malheureusement, le manque de temps n’a pas permis d’améliorer la corrélation entre la mesure et la simulation. Néanmoins, cette approche originale mérite d’être poursuivie car la CRBM présente de nombreux avantages par rapport à la chambre anéchoïque - 127 - Chapitre 4 – Validations numériques et expérimentales de la méthode du faisceau équivalent pour la réalisation de mesures HF. Elle permet notamment de s’affranchir de la connaissance de la position de l’objet sous test dans la CRBM ainsi que de la modélisation de l’antenne d’émission large bande utilisée. 4.5 Conclusion du chapitre 4 Ce chapitre a permis de valider, sur un faisceau de câblages multiconducteur, la méthode du faisceau équivalent. Tout d’abord, la validation numérique, effectuée sur la partie basse du spectre fréquentiel à l’aide de calculs MTLN, a mis en évidence les principaux avantages de la méthode. En particulier, la simplification du faisceau à modéliser provoque une diminution sensible des moyens informatiques nécessaires sans toutefois affecter la précision des calculs. Les campagnes expérimentales effectuées en chambre anéchoïque puis en chambre réverbérante à brassage de modes, permettent de valider la méthode sur une plus large bande de fréquence incluant les « hautes fréquences » où la réalisation de calculs MTLN n’est plus possible. Les difficultés inhérentes à la modélisation de faisceaux multiconducteur surdimensionnés par rapport à la longueur d’onde n’ont ainsi pas empêché de mettre en évidence la qualité des résultats numériques obtenus par la simulation. Si ces deux campagnes expérimentales sont très prometteuses pour la modélisation numérique de faisceaux de câblages multiconducteur sur une large bande de fréquence, il nous reste désormais à étendre le champ d’application de la méthode au cas de réseaux de câblages arborescents pour pouvoir répondre aux attentes du monde automobile. - 128 - Chapitre 5 – Extension de la méthode du faisceau équivalent au cas de réseaux arborescents Chapitre 5 5 Extension de la méthode du faisceau équivalent au cas de réseaux arborescents Dans ce chapitre, nous proposons d’étendre la méthode du faisceau équivalent au cas de réseau de câblages afin de pouvoir répondre aux attentes de l’industrie automobile. Après avoir présenté la procédure permettant d’adapter la méthode, nous procédons à la validation numérique de la méthode sur la partie basse du spectre. Nous présentons ensuite une campagne expérimentale réalisée sur une maquette de véhicule à échelle réduite. Celle-ci permet de valider, sur une large bande de fréquence, la démarche entreprise au cours de ce travail sur une structure représentative du monde automobile. 5.1 Procédé d’extension arborescent au cas de réseau Dans ce paragraphe, nous présentons une procédure qui a pour objectif d’étendre la méthode du faisceau équivalent au cas de réseau de câblages. La procédure présentée ci-dessous comporte cinq étapes qui permettent de définir un « réseau de câblages réduit » à partir de n’importe quel réseau initial. La première étape consiste à décrire le réseau sous une forme topologique comme dans le cas de la Topologie de câblages. Par exemple, la figure 126 présente une représentation simplifiée d’un réseau arborescent disposé sur un plan de masse infini. La représentation est dite simplifiée car chaque trait noir correspond à un faisceau multiconducteur : - 129 - Chapitre 5 – Extension de la méthode du faisceau équivalent au cas de réseaux arborescents branche du réseau N°2 Equipement électronique N°3 Plan de masse infini N°1 Nœud du réseau (bifurcation) N°4 Figure 126 : Représentation simplifiée d’un réseau de câblages arborescent disposé sur un plan de masse infini Le réseau décrit sur la figure 126 contient deux nœuds et cinq branches qui, par analogie, peuvent être assimilés respectivement aux jonctions et aux tubes décrits dans le formalisme de la Topologie de câblages. Un nœud est un endroit où se produit une dérivation au sein d’un ou plusieurs éléments d’un faisceau tandis qu’une branche correspond à une partie d’un faisceau multiconducteur comprise entre deux nœuds ou un nœud et une extrémité du réseau. Dans la deuxième étape, il faut recenser le nombre de conducteurs effectuant un parcours identique entre deux extrémités du réseau. Grâce à l’analyse de la valeur des charges terminales de ces conducteurs, des groupes de conducteurs sont créés selon la méthode décrite au cours du paragraphe 3.3. La généralisation de cette opération à tous les parcours empruntés au sein du réseau par au moins un conducteur permet ainsi de déterminer pour chaque branche du réseau les différents groupes de conducteurs. Précisons que cette démarche peut amener à rassembler dans une même branche plus de quatre conducteurs équivalents. En effet, en reprenant l’exemple de la figure 126, si quatre conducteurs équivalents sont nécessaires pour représenter le comportement des conducteurs effectuant le parcours allant de la première extrémité du réseau vers chacune des trois autres extrémités du réseau, le nombre de conducteurs équivalents entre l’extrémité 1 et le premier nœud du réseau sera égal à douze. La troisième étape permet de déterminer les matrices [L]red et [C]red relatives à chaque branche du réseau réduit selon les groupes de conducteurs constitués à l’étape précédente. Ces matrices sont obtenues à l’aide des hypothèses présentées dans le paragraphe 3.4. Lors de la quatrième étape, la géométrie de section droite de chaque branche du réseau réduit est construite selon les matrices [L]red et [C]red déterminées à l’étape précédente. Cette opération est effectuée selon la méthode décrite au paragraphe 3.5. Dans la cinquième et dernière étape, les charges terminales à placer aux extrémités de chaque conducteur équivalent du réseau réduit sont calculées conformément aux instructions du paragraphe 3.6. - 130 - Chapitre 5 – Extension de la méthode du faisceau équivalent au cas de réseaux arborescents 5.2 Validation numérique 5.2.1 Présentation du cas test La figure 127 présente une vue schématique du réseau arborescent utilisé lors de cette étape de validation numérique : E=3V/m Extrémité n°2 150cm k 50cm 50cm H Onde plane en incidence rasante Imc1 Extrémité n°3 80cm h=3cm 100cm Extrémité n°1 Plan de masse infini Extrémité n°4 Figure 127 : Vue simplifiée du réseau arborescent La figure 128 présente le modèle topologique associé à ce réseau : Figure 128 : Modèle topologique associé au réseau Ce réseau arborescent, situé sur un plan de masse infini, comprend 4 extrémités, 5 branches et 2 nœuds. Tous les conducteurs horizontaux du réseau sont situés à 3cm de hauteur par rapport au plan de masse infini. Les terminaisons sont réalisées à l’aide de brins verticaux reliant l’extrémité des conducteurs au plan de masse. Des charges sont placées au niveau des jonctions terminales n°1, 5, 8 et 10 reliant l’extrémité des brins verticaux au plan de masse infini. Afin de préserver la clarté de ce document, la présentation exhaustive de ces charges terminales est réalisée dans l’annexe C. Le tableau 20 comporte le nombre de conducteurs présents sur chaque branche du réseau initial et le nombre de conducteurs équivalents correspondants du réseau réduit calculé après application de la procédure présentée au cours du paragraphe 5.1 : - 131 - Chapitre 5 – Extension de la méthode du faisceau équivalent au cas de réseaux arborescents Branche n° Parcours Réseau initial Réseau réduit 1 Extrémité 1 – Nœud 1 16 4 2 Extrémité 2 – Nœud 1 14 4 3 Nœud 1 – Nœud 2 14 4 4 Nœud 2 – Extrémité 3 13 4 5 Nœud 2 – Extrémité 4 13 4 Tableau 20 : Nombre de conducteurs sur chaque branche des réseaux initial et réduit La méthode permet ainsi, pour ce réseau et pour cette configuration particulière de charges, de réduire par un facteur proche ou égal à quatre le nombre de conducteurs sur chaque branche du réseau. 5.2.2 Comparaisons des courants induits aux extrémités des deux réseaux Comme dans le chapitre précédent, l’objectif de la validation numérique est de montrer la bonne reproduction des courants de mode commun calculés par la méthode du faisceau équivalent sur une gamme de fréquence allant de 10 à 500MHz au moyen de simulations MTLN. L’induction provient d’une onde électromagnétique plane d’amplitude 3V/m illuminant le réseau sous une incidence rasante et dirigée suivant l’axe des z positifs (cf figure 128). Pour conforter l’analyse, la simulation du réseau réduit est également entreprise en MoM. Les figures 129 à 132 présentent la comparaison du courant de mode commun induit sur les brins verticaux constituant chaque extrémité des réseaux initial et réduit : Figure 129 : Extrémité n°1 Figure 130 : Extrémité n°2 - 132 - Chapitre 5 – Extension de la méthode du faisceau équivalent au cas de réseaux arborescents Figure 131 : Extrémité n°3 Figure 132 : Extrémité n°4 Ces différentes figures montrent que les courants de mode commun calculés par le formalisme MTLN à chaque extrémité des réseaux initial et réduit sont très proches, ce qui semble démontrer l’extension possible de la méthode au cas des réseaux arborescents. La différence observée entre les simulations MTLN et MoM du réseau réduit s’explique par plusieurs causes. Tout d’abord, le décalage des fréquences de résonance a probablement pour origine la méthode différente adoptée dans les deux formalismes pour tenir compte de la contribution des brins verticaux (cf chapitre 2). D’autre part, l’amortissement des résonances observé sur le courant calculé par la MoM a pour origine la prise en compte du rayonnement électromagnétique des conducteurs dans ce formalisme. 5.2.3 Bilan des ressources informatiques nécessaires Le tableau 21 compare les temps de calculs nécessaires à la simulation des deux réseaux pour mille itérations de fréquence réparties uniformément entre 1MHz et 1GHz : Méthode de calcul Réseau initial Réseau réduit MTLN 104,4 s 7,7 s MoM Non effectué 3870 s Tableau 21 : Comparaison des temps de calculs nécessaires à la simulation de chaque réseau Les temps de calculs contenus dans ce tableau permettent de mettre en évidence trois faits principaux : • le temps de calcul nécessaire à la modélisation du réseau réduit est divisé par un facteur supérieur à 13 dans le cas d’un calcul MTLN par rapport au réseau initial. Cette méthode présente donc un intérêt évident pour la modélisation de réseaux arborescents dans des bandes de fréquences où la MTLN peut être utilisée. • les phases d’assemblage et d’inversion de la matrice [Z] sont respectivement divisées par les facteurs 12 et 43 en MoM par l’utilisation du réseau réduit selon un calcul approché réalisé conformément à celui réalisé au cours du paragraphe 4.2.4. A titre d’exemple, le nombre d’inconnues - 133 - Chapitre 5 – Extension de la méthode du faisceau équivalent au cas de réseaux arborescents • liées à la modélisation des réseaux initial et réduit en MoM est respectivement estimé à 2100 et 600 à la fréquence de 1 GHz) le temps de calcul nécessaire à la modélisation du réseau réduit de câblages en MoM est plus de cinq cent fois supérieur au temps de calcul nécessaire à la réalisation du calcul MTLN. Cependant, ce résultat doit être relativisé dans le cas de la modélisation en MoM d’un test d’immunité rayonnée sur un véhicule complet. En effet, dans ce cas, le test peut être modélisé en un seul calcul prenant en compte la structure métallique du véhicule et le réseau réduit contrairement aux basses fréquences où ce calcul est réalisé en deux étapes (cf paragraphe 1.1.4.2). Cette unique étape de calcul en hautes fréquences permet de compenser en partie le temps supplémentaire engendré par la modélisation du réseau de câblages à l’aide d’un code tridimensionnel. 5.3 Modélisation d’un réseau de câbles simplifié installé sur une maquette de véhicule 5.3.1 Description du contexte topologique 5.3.1.1 Maquette véhicule Renault a réalisé pour les besoins de mesures CEM la maquette d’un véhicule à l’échelle 1/2. La maquette constituée d’une architecture en bois est recouverte de parois de cuivre reproduisant de façon simplifiée la géométrie d’un véhicule. Les dimensions de la maquette s’établissent comme suit : • Longueur = 180cm • Largeur = 80cm • Hauteur = 70cm Les photographies portées sur les figures 133 et 134 montrent les vues avant et arrière de l’objet : Figure 133 : Vue arrière de la maquette Figure 134 : Vue avant de la maquette Du point de vue de la topologie CEM, deux zones spécifiques peuvent être distinguées : l’habitacle et le compartiment moteur. L’habitacle, qui comprend six - 134 - Chapitre 5 – Extension de la méthode du faisceau équivalent au cas de réseaux arborescents ouvertures (quatre fenêtres, pare-brise avant et pare-brise arrière) communique avec le compartiment moteur au moyen de deux petites ouvertures. Le compartiment moteur, de volume largement inférieur, comporte deux ouvertures situées sur le plancher et la face avant. Lors de cette campagne expérimentale, les fentes situées au niveau des portières ont été bouchées à l’aide de ruban adhésif conducteur pour s’affranchir de la diffraction électromagnétique qu’elles engendrent sur l’onde électromagnétique perturbatrice. Cette maquette, qui constitue une bonne représentation d’un véhicule automobile réel, présente deux avantages importants pour sa modélisation à l’aide d’un code de calcul 3D par rapport à la caisse d’un véhicule réel. Tout d’abord, la taille réduite de la maquette permet de diminuer sensiblement les temps de calculs. Ensuite, sa géométrie simple permet de limiter l’incertitude due à la modélisation 3D de la structure. 5.3.1.2 Réseau de câblages Le réseau de câblages disposé au sein de la maquette se compose de trois parties distinctes. Un premier faisceau de câblages (extrémités 1 et 2), de longueur 62cm, est présenté sur la figure 135. Ce faisceau est composé de huit conducteurs distants de dix centimètres de la surface du plancher du compartiment moteur. Compte tenu de l’ouverture présente sur le plancher du compartiment moteur, l’hypothèse fondamentale de la MTLN qui nécessite impérativement la présence d’une référence de masse n’est pas respectée sur la majeure partie du faisceau. Cependant, à l’endroit de l’ouverture, le sol de la chambre semi-anéchoïque peut être considéré comme la nouvelle référence de masse. Figure 135 : Premier faisceau de câblages La figure 136 présente le deuxième faisceau de câblages comprenant cinq conducteurs de longueur 48cm et situé dans la partie habitacle de la maquette. Une extrémité (extrémité 3) du faisceau est placée sur la surface séparant l’habitacle du compartiment moteur et la deuxième (extrémité 4) est fixée au pavillon de la maquette. Le faisceau étant placé en face d’une grande ouverture constituée par le pare-brise avant de la maquette, il n’y a donc pas de référence de masse sur toute la longueur du faisceau au sens du formalisme MTLN : - 135 - Chapitre 5 – Extension de la méthode du faisceau équivalent au cas de réseaux arborescents Figure 136 : Deuxième faisceau de câblages La figure 137 présente le « réseau arborescent » comprenant quatre extrémités (5, 6, 7 et 8) placées sur le plancher de la partie habitacle. Précisons, pour clarifier ce document, que la terminologie « réseau de câblages » utilisée dans cette partie correspond à l’ensemble des câblages présents dans la maquette, soit les deux premiers faisceaux de câblages et le « réseau arborescent ». Figure 137 : Réseau arborescent La hauteur des faisceaux de câbles constituant le réseau arborescent est de trois centimètres par rapport à la référence de masse constituée par le plancher de la maquette. Le tableau 22 présente le nombre de conducteurs sur chaque parcours du réseau arborescent ainsi que les distances entre chacune de ses quatre extrémités : Parcours du faisceau Extrémités 5-6 5-8 6-7 6-8 7-8 Nombre de conducteurs 5 3 2 2 4 Longueur du faisceau (cm) 106 73 59 89 66 Tableau 22 : Longueur de chaque faisceau composant le réseau arborescent - 136 - Chapitre 5 – Extension de la méthode du faisceau équivalent au cas de réseaux arborescents Les conducteurs du réseau arborescent, de diamètre 1mm et enrobés dans une gaine diélectrique d’épaisseur 0,4mm, sont tous identiques. Comme dans le chapitre précédent, des équerres métalliques placées en extrémités des câblages permettent de représenter de façon simplifier la face avant d’un équipement électronique. Les charges terminales utilisées sont des charges CMS dont la valeur nominale est garantie jusqu’à quelques centaines de MHz. Pour préserver la clarté du document, la description exhaustive de la valeur des charges terminales connectées aux extrémités du réseau de câblages est effectuée dans l’annexe D. 5.3.2 Modélisation de la structure en MoM 5.3.2.1 Critères retenus pour la modélisation de la maquette véhicule La figure 138 présente le maillage en MoM de la structure métallique de la maquette automobile : Figure 138 : Maillage de la maquette automobile en MoM Le pas de discrétisation spatial est choisi en fonction de la fréquence maximale de travail fmax (qui correspond à la longueur d’onde minimale λmin). La longueur maximale de chaque arête de triangle est ainsi fixée au huitième de la longueur d’onde minimale. Du fait de la taille importante de la maquette par rapport à la longueur d’onde, la modélisation numérique de la maquette en MoM, à l’aide du logiciel FEKO, a pu être réalisée en utilisant l’algorithme de FMM multi-niveaux proposé par ce logiciel. 5.3.2.2 Modélisation du réseau réduit de câblages Comme dans le cas des charges réelles, la description exhaustive de la valeur des charges terminales connectées aux extrémités du réseau de câblages réduit dans la simulation est également effectuée dans l’annexe D. En revanche, le tableau 23 présente le nombre de conducteurs équivalents sur chaque parcours du réseau réduit : - 137 - Chapitre 5 – Extension de la méthode du faisceau équivalent au cas de réseaux arborescents Parcours du faisceau Extrémités 1-2 3-4 5-6 5-8 6-7 6-8 7-8 Nombre de conducteurs 4 1 2 2 1 1 2 Tableau 23 : Nombre de conducteurs du réseau « réduit » sur chaque parcours Précisons que la détermination des matrices de paramètres linéiques de chaque faisceau réduit a été effectuée en fonction du plan de masse le plus proche. Ainsi, pour les deux premiers faisceaux de câblages, le plancher puis le pare-brise de la maquette ont été considérés comme obturés par un plan parfaitement conducteur. La figure 139 présente une vue de la modélisation en MoM du réseau réduit de câblages placé à l’intérieur de la maquette : Figure 139 : Modélisation du réseau réduit en MoM Les conducteurs du réseau réduit sont discrétisés longitudinalement par des segments de longueur égale au dixième de la longueur d’onde minimale (correspondant à la fréquence maximale de calcul). Précisons également que nous avons pris les valeurs mesurées au cours du deuxième chapitre sur un exemple de gaine isolante de conducteurs automobiles (εr = 2,8 et tan δ = 0,02) pour modéliser les gaines isolantes des différents conducteurs équivalents du réseau réduit. 5.3.3 Validation en chambre anéchoïque 5.3.3.1 Protocole expérimental adopté Cette campagne expérimentale a été effectuée en chambre anéchoïque selon la chaîne de mesures décrite au paragraphe 4.3.1. Les mesures de courant de mode commun induit à chaque extrémité du réseau de câblages ont été effectuées pour deux polarisations verticales de l’onde émise par les antennes d’émission présentées sur les figures 140 et 141 : - 138 - Chapitre 5 – Extension de la méthode du faisceau équivalent au cas de réseaux arborescents Figure 140 : Première illumination Figure 141 : Deuxième illumination L’antenne d’émission illumine tout d’abord la face avant du véhicule (illumination n°1) puis sa face latérale droite (illumination n°2). Ces deux figures montrent également que, pour respecter au mieux les conditions de mesures, la maquette a été placée à une hauteur de 20 cm au-dessus du plan métallique infini symbolisant le sol de la chambre anéchoïque. Les courbes recueillies au cours de ces campagnes de mesure et de simulation ont été reproduites intégralement sur les figures 142 à 157. Le volume important de ces résultats permettra d’affiner la confrontation et plus spécialement de discerner les gammes de fréquence pour lesquelles on observe un bon accord entre la mesure et la simulation ou au contraire l’apparition de certaines dérives. Avant d’entamer les commentaires, on précisera que la gamme de fréquence concernée par cette confrontation s’étend de 100 MHz à 2 GHz. Comme mentionné dans le chapitre précédent, aux fréquences les plus basses, l’antenne log-périodique adoptée en émission fonctionne un peu hors bande puisque la fréquence de coupure basse donnée par le constructeur est de 200 MHz. De plus, au-dessous de 200 MHz, l’absorption absolue des parois de la chambre anéchoïque ne peut être garantie. Il n’est donc pas impossible que ces limites naturelles engendrent des erreurs. Précisons également que la limite haute de cette étude située à 2 GHz a été fixée par le fait qu’à des fréquences supérieures, les temps de calculs requis par la modélisation en MoM de la structure sont trop importants. Signalons enfin que, comme dans le chapitre précédent, à la fréquence de 1 GHz, l’antenne log-périodique est remplacée par l’antenne cornet double ridge. 5.3.3.2 Premier faisceau de câblages Les figures 142 à 145 représentent l’évolution fréquentielle du courant de mode commun aux extrémités du premier faisceau de câblages (extrémités n°1 et 2) situé dans la zone inférieure du compartiment moteur de la maquette véhicule pour chacune des deux illuminations de la maquette : - 139 - Chapitre 5 – Extension de la méthode du faisceau équivalent au cas de réseaux arborescents Figure 142 : Extrémité n°1 - Illumination n°1 Figure 143 : Extrémité n°2 - Illumination n°1 - 140 - Chapitre 5 – Extension de la méthode du faisceau équivalent au cas de réseaux arborescents Figure 144 : Extrémité n°1 - Illumination n°2 Figure 145 : Extrémité n°2 - Illumination n°2 Pour l’irradiation frontale de la maquette (figures 142 et 143), la simulation permet de restituer correctement la résonance fondamentale de la ligne en demi-longueur d’onde qui se produit à la fréquence de 230MHz, soit une longueur d’onde de 1,30m. Le faisceau ayant une longueur de 62cm, celle-ci se produirait sans la présence des gaines isolantes à la fréquence théorique de 240 MHz soit une variation d’environ 4% de la vitesse de propagation le long de la ligne. Cette résonance en demi-longueur d’onde très accentuée est principalement due aux faibles charges d’extrémités du premier groupe de conducteurs de ce faisceau constitué des conducteurs 1 et 2 du faisceau réel. En effet, les charges terminales du conducteur équivalent correspondant sont égales à 24Ω et 30Ω (cf annexe D). La prédominance de la résonance fondamentale est ici très prononcée, que ce soit en mesures ou en simulation, car son amplitude est supérieur d’au moins 15 dB au niveau de toutes les autres résonances. De manière générale, les simulations sont assez concordantes avec les mesures jusqu’à 1 GHz. Toutefois, sur l’extrémité 2 principalement, le courant calculé dépasse - 141 - Chapitre 5 – Extension de la méthode du faisceau équivalent au cas de réseaux arborescents parfois de 20 dB le niveau du courant mesuré pour quelques résonances atypiques situées à partir de 400 MHz. Nous émettons deux hypothèses permettant d’expliquer ces phénomènes. Tout d’abord, comme évoqué dans le paragraphe 4.4, l’effet des éléments parasites situés en extrémité des conducteurs permet d’expliquer en partie l’atténuation des résonances observées en mesures. Ensuite, nous pensons que les interférences constructives prévues par la théorie et dues à la géométrie très régulière de la maquette soient largement atténuées dans la réalité à cause des résistances de contact présentes inévitablement aux jointures des différentes plaques de cuivre de la maquette et considérées comme nulles dans la simulation. Pour les fréquences supérieures à 1 GHz où l’antenne d’émission est désormais l’antenne cornet, le courant calculé reproduit de façon très satisfaisante l’évolution du courant mesuré dont le niveau moyen est toutefois supérieur de quelques dB. Le niveau moyen du courant mesuré étant supérieur, nous considérons que ces écarts de niveau peuvent être attribués à la modélisation de l’antenne cornet. Cette conclusion s’appuie sur les résultats obtenus lors de l’étude effectuée sur le monopôle au cours du paragraphe 4.3.2.2.3. Pour l’irradiation latérale de la maquette (figures 144 et 145), la résonance fondamentale du premier faisceau de câblages, révélée précédemment à la fréquence de 230 MHz, est dans ce cas fortement atténuée d’environ 15 dB à cause de l’atténuation engendrée par la caisse métallique. En effet, l’onde électromagnétique rayonnée par l’antenne large bande arrive latéralement par rapport au compartiment moteur de la maquette. En dehors de ce résultat, les principaux résultats évoqués dans le cas de la première irradiation sont retrouvés. 5.3.3.3 Deuxième faisceau de câblages Les courbes présentes sur les figures 146 à 149 représentent l’évolution fréquentielle du courant de mode commun induit aux extrémités du second faisceau de câblages, situé dans la partie habitacle de la maquette véhicule, pour chacune des deux illuminations : Figure 146 : Extrémité n°3 - Illumination n°1 - 142 - Chapitre 5 – Extension de la méthode du faisceau équivalent au cas de réseaux arborescents Figure 147 : Extrémité n°4 - Illumination n°1 Figure 148 : Extrémité n°3 - Illumination n°2 - 143 - Chapitre 5 – Extension de la méthode du faisceau équivalent au cas de réseaux arborescents Figure 149 : Extrémité n°4 - Illumination n°2 Rappelons tout d’abord que le faisceau réduit correspondant à ce second faisceau comprend un seul conducteur équivalent connecté à des charges terminales égales à 5Ω (cf annexe D). Ces charges faibles ne limitant pas l’amplitude des résonances, il est surprenant de constater que l’amplitude de la fréquence de résonance fondamentale de ce faisceau, aux environs de 200 MHz, est atténuée d’environ 10 dB par rapport à celle du premier faisceau. Ceci s’explique par l’absence de plan de masse sur toute la longueur du faisceau empêchant ainsi la propagation du mode TEM caractéristique des lignes de transmission. En effet, sur le premier faisceau, la référence de masse est composée du plancher de la maquette et à l’endroit de l’ouverture par le sol de la chambre anéchoïque. De façon plus générale, à chaque extrémité et pour chaque illumination, l’accord satisfaisant obtenu précédemment entre mesures et simulations sur ce second faisceau est retrouvé. Cependant, quelques résonances exotiques, situées en dessous de la fréquence de 1 GHz et dépassant parfois de 20 dB le niveau du courant mesuré, sont observées en simulation. Ces résultats permettent ainsi de souligner l’un des points forts de la méthode. Celle-ci est en effet capable de prendre en compte des faisceaux éloignés de toute référence de masse. 5.3.3.4 Réseau arborescent Les figures 150 à 153 représentent l’évolution fréquentielle du courant de mode commun mesuré et calculé aux extrémités du réseau arborescent situé sur le plancher de l’habitacle dans le cas de l’illumination de la face avant de la maquette véhicule : - 144 - Chapitre 5 – Extension de la méthode du faisceau équivalent au cas de réseaux arborescents Figure 150 : Extrémité n°5 - Illumination n°1 Figure 151 : Extrémité n°6 - Illumination n°1 - 145 - Chapitre 5 – Extension de la méthode du faisceau équivalent au cas de réseaux arborescents Figure 152 : Extrémité n°7 - Illumination n°1 Figure 153 : Extrémité n°8 - Illumination n°1 Sur ces quatre figures et principalement pour les extrémités 5 et 6, il est possible d’observer des écarts de niveaux importants entre la mesure et la simulation pouvant atteindre 30 dB en dessous de la fréquence de 800 MHz. Le niveau de la mesure étant plus élevé sur ces bandes de fréquence, nous pensons que ces écarts s’expliquent par un problème de mesure. L’hypothèse que nous effectuons est que la perturbation émise par l’antenne d’émission se couple sur le blindage du câble de mesure reliant la sonde de courant à l’analyseur de spectres lors de son parcours extérieur à la maquette. Ainsi, le signal parasite créé sur le blindage pourrait être guidé jusqu’à l’intérieur de la maquette. Il viendrait alors se coupler au réseau arborescent et ainsi perturber la mesure. Cette hypothèse expliquerait que ce phénomène se manifeste surtout dans la partie basse du spectre lorsque les ouvertures de la maquette ont un pouvoir d’atténuation conséquent sur la pénétration de l’onde directe émise par l’antenne d’émission. A plus hautes fréquences, ce phénomène serait masqué par le couplage direct entre l’antenne d’émission et le réseau arborescent. - 146 - Chapitre 5 – Extension de la méthode du faisceau équivalent au cas de réseaux arborescents Nous avons observé ce phénomène en phase de post-traitement des résultats expérimentaux. Nous n’avons donc pas pu mettre en oeuvre une nouvelle série de mesures. Pour éviter ce phénomène, l’utilisation d’une traversée coaxiale faisant contact avec la masse métallique de la maquette aurait permis de supprimer cet effet. Il faut préciser également que, pour les deux premiers faisceaux de câblages, nous avons pu orienter le câble de mesure orthogonalement par rapport à la polarisation principale du champ électrique rayonné par l’antenne afin de minimiser le couplage de l’onde sur le câble de mesure. Comme dans le cas des deux premiers faisceaux de câblages, des résonances surévaluées entre 400 MHz et 1 GHz apparaissent à chaque extrémité du réseau arborescent lors des simulations. Enfin, au-dessus de 1 GHz, le courant calculé reproduit correctement l’allure du courant mesuré avec cependant un écart de niveau pratiquement constant d’environ 15 dB dans le cas de l’extrémité n°6. Les figures 154 à 157 présentent les mêmes résultats dans le cas de l’illumination de la face latérale droite de la maquette véhicule : Figure 154 : Extrémité n°5 - Illumination n°2 Figure 155 : Extrémité n°6 - Illumination n°2 - 147 - Chapitre 5 – Extension de la méthode du faisceau équivalent au cas de réseaux arborescents Figure 156 : Extrémité n°7 - Illumination n°2 Figure 157 : Extrémité n°8 - Illumination n°2 Pour cette seconde illumination, les conclusions sont assez similaires à celles effectuées dans le cas de la première illumination. Nous renvoyons donc le lecteur aux commentaires effectués plus haut. Cette campagne expérimentale a ainsi permis de mettre en évidence la simplicité de mise en oeuvre de notre méthode afin de modéliser un réseau de câblages installé au sein d’une structure complexe. Ainsi, hormis quelques phénomènes particuliers dont nous avons tenté de donner une explication physique, la grande majorité des résultats obtenus permet de reproduire de façon très encourageante la variation fréquentielle du courant de mode commun mesuré aux extrémités du réseau de câblages jusqu’à la fréquence de 2 GHz. En effet, il faut rappeler que l’objectif principal de la simulation numérique consiste principalement à déterminer les ordres de grandeur des niveaux de couplage induits aux extrémités des faisceaux de câbles. En conclusion, la confrontation mesure théorie réalisée sur la maquette améliore le champ d’investigation du domaine très peu couvert des prédictions de niveaux de - 148 - Chapitre 5 – Extension de la méthode du faisceau équivalent au cas de réseaux arborescents perturbations induites sur des structures surdimensionnées par rapport à la longueur d’onde. 5.3.3.5 Bilan des ressources informatiques Dans le cadre de cette étude, il paraît intéressant d’étudier les ressources informatiques exigées par la modélisation de la maquette et du réseau réduit en MoM. En effet, la mise en oeuvre industrielle des méthodes préconisées au cours de ce travail sur un véhicule à échelle réelle est principalement conditionnée par le temps d’exécution des calculs et par l’espace mémoire requis pour les exécuter. Ces critères deviennent d’autant plus importants lorsque la simulation concerne des fréquences élevées approchant les conditions de surdimensionnement du véhicule et du réseau de câblages vis-à-vis de la longueur d’onde. Le tableau 24 présente donc l’évolution du temps de calcul et de l’espace mémoire requis pour la résolution du problème en fonction de la fréquence et du nombre d’inconnues. De plus, afin de quantifier l’apport de la FMM (Fast Multipole Method), dont les principes théoriques ont été expliqués au cours du premier chapitre, ces données sont présentées avec et sans utilisation de la FMM. Sans FMM Avec FMM fréquence du calcul (GHz) Nombre d’inconnues Espace mémoire requis (Mo) Temps de calcul Espace mémoire requis (Mo) Temps de calcul 0,1 671 7 13 s 6 20 s 0,5 4329 288 5 min 5 s 36 1 min 6 s 0,75 8834 1170 22 min17 s 79 2 min 24 s 1 15765 3700 4 h 4 min 141 4 min 13 s 1,5 34939 308 9 min 48 s 2 62384 563 18 min 39 s Tableau 24 : Espace mémoire et temps de calculs nécessaires à la modélisation de la structure en MoM avec ou sans utilisation de la FMM Nous précisons tout d’abord que les résultats présentés à la fréquence de 1GHz correspondent à l’illumination de la structure à l’aide de l’antenne log-périodique. Ces résultats mettent en évidence l’apport considérable de la FMM sur la réduction de l’espace mémoire et du temps de calcul nécessaires à la modélisation d’une structure complexe. Par exemple, le temps de calcul à la fréquence de 2GHz (correspondant à un système contenant 60 000 inconnues) avec utilisation de la FMM est légèrement inférieur au temps de calcul sans utilisation de la FMM à la fréquence de 750 MHz, l’espace mémoire requis étant, de plus divisé de moitié. La FMM a donc permis de modéliser la maquette de véhicule jusqu’à la fréquence de 2GHz avec un nombre de points de fréquence suffisant pour obtenir une description fine de l’évolution du courant induit aux extrémités du réseau de câblages. Sans la FMM, cette étude n’aurait pu être réalisée que jusqu’à la fréquence de 750 MHz environ. Nous essayons d’effectuer un calcul simple permettant d’extrapoler ces résultats au cas d’un véhicule réel. En effet, la maquette étant à l’échelle ½, il faut à chaque fréquence environ huit fois plus d’inconnues pour décrire un véhicule réel par rapport à la maquette. Etant donné que l’ordinateur utilisé était limité à des cas de 60 000 - 149 - Chapitre 5 – Extension de la méthode du faisceau équivalent au cas de réseaux arborescents inconnues, nous estimons que la modélisation d’un véhicule réel ne pourrait être possible que jusqu’à 750 MHz (où le nombre d’inconnues est d’environ 9000 sur la maquette). Cependant, ce calcul approché n’est valable que pour l’ordinateur utilisé. En utilisant un ordinateur aux ressources plus performantes, cette fréquence maximale pourrait être révisée à la hausse. De plus, compte tenu des progrès rapides des capacités des ordinateurs ces dernières années, la bande de fréquence envisageable devrait encore être étendue dans les années à venir. On rappelle qu’aujourd’hui, Renault réalise des modélisations de tests d’immunité rayonnée sur les nouveaux modèles de véhicules sur la bande de fréquence 20-300MHz. 5.3.4 Analyses complémentaires sur le couplage Onde / Véhicule Après les validations entreprises dans les paragraphes précédents sur la maquette de véhicule, il nous a semblé intéressant d’analyser numériquement l’impact de la diffraction électromagnétique engendrée par la carrosserie de la maquette véhicule sur le courant induit sur le câblage et le champ électromagnétique présent dans l’environnement des câbles. 5.3.4.1 Description des configurations étudiées Nous désignons par l’appellation « structure n°1 » la maquette originale simulée précédemment et présentée figure 158. La configuration appelée « structure n°2 », présentée figure 159, reproduit la géométrie de la maquette initiale avec cependant une obturation de toutes les ouvertures excepté le pare-brise avant. Dans la « structure n°3 », présentée figure 160, seul subsiste le plancher métallique muni de l’ouverture disposée sous l’emplacement qu’occuperait le compartiment moteur. Figure 158 : Structure n°1 Figure 159 : Structure n°2 Figure 160 : Structure n°3 Nous avons fait figurer sur ces trois figures les dimensions des ouvrants principaux de chaque structure. Pour comparer les données extraites des simulations avec une objectivité satisfaisante, les simulations ont été réalisées sous deux illuminations de manière à prendre en compte les phénomènes de diffraction introduits par les structures décrites plus haut. La première reproduit l’irradiation d’une antenne large bande face à la partie avant de la maquette véhicule et sous la condition de test pratiquée en chambre anéchoïque décrite plus haut dans le chapitre. La seconde utilise une onde plane d’amplitude 3V/m, d’incidence et de polarisation quelconques présentée sur la figure 161. Cette disposition, certes éloignée des conditions procurées par la première - 150 - Chapitre 5 – Extension de la méthode du faisceau équivalent au cas de réseaux arborescents illumination, procure l’avantage de permettre une expression plus exhaustive des phénomènes de réflexion de l’onde incidente sur les parois de chaque structure : Figure 161 : Orientation de l’onde plane dans le cas de l’illumination de la structure n°1 5.3.4.2 Effet de la structure diffractante sur le courant induit aux extrémités du réseau de câblages Les figures 162 et 163 comparent le courant de mode commun recueilli sur la première extrémité du premier faisceau contenu dans le compartiment moteur pour les deux premières structures et pour chacune des deux illuminations : Figure 162 : Antenne log-périodique – Comparaison entre les structures 1 et 2 Figure 163 : Onde plane – Comparaison entre les structures 1 et 2 Le courant induit sur le faisceau de câblages dans le cas de la structure n°2 présente une atténuation importante qu’on chiffre à plus de 40 dB sur la résonance située à 200 MHz. Nous attribuons cette atténuation à l’obturation des ouvertures de la structure n°2. En revanche, dès que la fréquence dépasse 500 MHz, soit une longueur d’onde de 60 cm, les courbes convergent vers des niveaux similaires. On attire l’attention du lecteur sur le confinement du faisceau dans le cas de la structure n°2. En effet, l’onde perturbatrice illuminant le faisceau ne peut pénétrer dans le compartiment moteur qu’au moyen des deux ouvertures de dimensions 20 cm * 10 cm présentées sur la figure 164 : - 151 - Chapitre 5 – Extension de la méthode du faisceau équivalent au cas de réseaux arborescents Figure 164 : Vue du compartiment moteur de la structure n°2 illuminée par une onde plane Suite à ces résultats, nous formulons l’hypothèse qu’une structure diffractante a un comportement d’écran électromagnétique lorsque la dimension de ses ouvrants est faible devant la longueur d’onde de la perturbation électromagnétique extérieure. En revanche, lorsque la dimension des ouvrants devient du même ordre de grandeur que la longueur d’onde, les ouvrants deviennent transparents à la pénétration de l’onde perturbatrice à l’intérieur de la structure diffractante. Nous tentons de valider cette hypothèse à l’aide des figures 165 et 166 pour lesquelles l’illumination a été entreprise sur les structures n°1 et n°3 : Figure 165 : Antenne log-périodique – Comparaison entre les structures 1 et 3 Figure 166 : Onde plane – Comparaison entre les structures 1 et 3 Les hypothèses précédentes sont tout à fait confirmées par les courbes portées sur ces deux figures. En effet, les deux ouvertures du compartiment moteur (de dimensions respectives 60*10cm pour celle de la face avant et 40cm*28cm pour celle située sur le plancher) suffisent à assurer une excellente pénétration de la perturbation extérieure dans la partie compartiment moteur dès les basses fréquences. Ainsi, l’atténuation observée sur la structure n°2 est bien provoquée par l’oblitération des deux ouvertures du compartiment moteur. Ces deux figures permettent également d’attribuer la résonance observée à la fréquence de 200 MHz aux caractéristiques propres du faisceau de câblages plutôt qu’à une résonance propre de la cavité. Ces différentes expériences numériques montrent ainsi que les phénomènes d’ondes stationnaires établis à l’intérieur de la structure - 152 - Chapitre 5 – Extension de la méthode du faisceau équivalent au cas de réseaux arborescents diffractante n’accentuent pas le niveau moyen des perturbations induites en extrémités des câbles. En effet, il suffit d’observer la valeur du courant induit sur le faisceau de câbles dans le cas de la structure n°2, ne comprenant qu’une seule ouverture, pour se rendre compte que les résonances propres de la caisse sont pratiquement indiscernables. Les ouvrants, en facilitant les échanges d’énergie avec l’extérieur de l’habitacle, contribuent à réduire ainsi le coefficient de qualité de chaque structure et le stockage de l’énergie apportée par la perturbation. 5.3.4.3 Effet de la structure diffractante sur le champ électrique présent dans la maquette Pour conclure ces investigations numériques complémentaires, le champ électrique est calculé à l’intérieur des trois structures définies précédemment vidées de leurs câblages. La position du point de relevé de champ est précisée sur la figure 167 par rapport au plancher de chacune des trois structures : 50cm 130cm Compartiment moteur Habitacle 30cm Point de relevé de champ 40cm Vue de dessus 80cm Ouverture plancher Figure 167 : Position des points de relevés de champs au sein de la maquette Ce point localisé dans le compartiment moteur est distant de 7cm de l’ouverture située sur le plancher métallique. Les figures 168 et 169 présentent les comparaisons du module du champ électrique calculé en ce point pour chacune des trois structures. L’illumination des trois structures est, dans ce cas, effectuée à l’aide de l’onde plane dont l’orientation est définie sur la figure 161 et dont l’amplitude est égale à 3V/m : Figure 168 : Comparaison structures 1 et 2 Figure 169 : Comparaison structures 1 et 3 Les résultats confirment les phénomènes observés sur l’induction des courants de mode commun. La figure 168 montre clairement que l’obturation des ouvrants dans le - 153 - Chapitre 5 – Extension de la méthode du faisceau équivalent au cas de réseaux arborescents cas de la structure n°2 atténue le champ électrique présent dans le compartiment moteur dans un rapport proche de 40 dB à la fréquence de 200 MHz. Pour cette structure, on observe également des fluctuations d’amplitude faibles qu’on peut relier aux résonances propres de la caisse. La figure 169 montre que le niveau du champ calculé au-dessus du plancher dépourvu de la caisse est proche de celui trouvé sur la maquette initiale confirmant encore les hypothèses précédentes. 5.3.5 Validation en CRBM Dans ce paragraphe, nous essayons de comparer des mesures réalisées en CRBM à des simulations effectuées à l’aide de la méthode du faisceau équivalent sur la maquette de véhicule. Le principe des mesures et des simulations réalisées a été largement décrit au cours du chapitre précédent (cf paragraphe 4.4). Les figures 170 et 171 présentent donc les comparaisons des courants de mode commun obtenus en mesure et en simulation aux extrémités du second faisceau de câblages (extrémités 3 et 4) sur la bande de fréquence 100 MHz- 2 GHz : Figure 170 : Extrémité n°3 Figure 171 : Extrémité n°4 Rappelons tout d’abord que ce faisceau de câblages, composé de cinq conducteurs de longueurs 48cm, est situé dans la partie habitacle de la maquette en face du parebrise. Le faisceau réduit correspondant ne contient qu’un seul conducteur équivalent connecté à ses extrémités par deux impédances terminales de faibles valeurs égales à 6Ω (cf annexe D). Les simulations effectuées à l’aide du logiciel RandomOP permettent de restituer correctement la résonance fondamentale du faisceau à une fréquence proche de 200 MHz, les résonances observées en mesures en dessous de cette fréquence correspondant à des erreurs de mesures dues à la limite de fonctionnement basse fréquence de la CRBM. La densité de puissance illuminant le faisceau sous test étant considérée comme constante et égale à 1W/m2, la décroissance du courant de mode commun moyen mesuré à chaque extrémité est correctement retranscrite par les simulations jusqu’à 2 GHz. Celles-ci font apparaître l’importance de la résonance fondamentale du faisceau dont l’amplitude est supérieure de 15 dB aux amplitudes des résonances suivantes. Ces résultats permettent de mettre en évidence les perspectives intéressantes procurées par cette approche pour la modélisation de l’induction sur des faisceaux de - 154 - Chapitre 5 – Extension de la méthode du faisceau équivalent au cas de réseaux arborescents câblages placés à l’intérieur d’une structure complexe. En effet, la CRBM étant un moyen d’essai totalement adapté au domaine des hautes fréquences, il nous apparaît important de réaliser des simulations numériques permettant de comparer les résultats obtenus avec ce moyen de mesures. 5.4 Conclusion du chapitre 5 Ce cinquième et dernier chapitre a porté sur l’extension de la méthode du faisceau équivalent aux réseaux arborescents afin de répondre aux besoins de l’industrie automobile. Ainsi, sur le même principe que dans le cas d’une liaison de câbles, un « réseau réduit » est défini afin que son comportement soit théoriquement identique au réseau initial vis-à-vis d’une agression extérieure. Dans ce cas, seuls les conducteurs effectuant un parcours identique au sein du réseau peuvent être regroupés ensemble suivant leurs configurations de charges terminales. La validation numérique effectuée dans la partie basse du spectre sur un réseau arborescent disposé sur un plan de masse infini a permis de mettre en évidence les performances de la méthode en terme de précision des résultats et de réduction des temps de calculs. Ainsi, cette méthode étendue s’annonce prometteuse sur une large bande de fréquence allant de quelques MHz à plusieurs GHz. Une campagne expérimentale a permis de tester la puissance de la méthode sur une structure réaliste constituée d’une maquette de véhicule à échelle réduite. Les comparaisons entre la mesure et la simulation ont été effectuées dans une large bande de fréquence grâce à l’utilisation de méthodes numériques simplificatrices de type FMM. Les résultats prometteurs obtenus ont néanmoins mis en évidence la difficulté de ce genre de comparaisons sur des structures surdimensionnées par rapport à la longueur d’onde. Des simulations numériques supplémentaires ont également mis en évidence le rôle majeur joué par le câblage sur la détermination des niveaux de courants induits sur le câblage par rapport à d’autres facteurs tels que la source ou la géométrie de la structure diffractante. - 155 - - 156 - Conclusion générale Conclusion générale Ce travail de recherche, réalisé dans le domaine de la Compatibilité Electromagnétique (CEM), consistait à élaborer des méthodes numériques permettant de modéliser l’induction d’une perturbation électromagnétique sur un réseau de câblages de type industriel en « hautes fréquences » (HF). L’utilisation de la modélisation numérique s’inscrit dans un cadre de diminution des coûts et des délais de développement qui se traduit, au niveau CEM, par l’optimisation et la diminution du nombre d’essais nécessaires à l’homologation d’un nouveau modèle de véhicule ainsi que d’une suppression progressive des phases utilisant des véhicules prototypes. Nous résumons ci-dessous les principaux apports scientifiques de cette thèse ainsi que les perspectives soulevées dans le domaine de la modélisation numérique de réseaux de câblages multiconducteur. La modélisation de faisceaux de câblages multiconducteur en HF est une voie assez peu explorée jusqu’à présent. En effet, l’utilisation d’une approche couplée utilisant un code 3D et un modèle de lignes de transmission, généralement utilisée en basses fréquences, est limitée aux fréquences supérieures par l‘utilisation du modèle de lignes. La modélisation complète du faisceau par un code 3D se révèle également impossible lorsque le nombre de conducteurs du faisceau augmente et que le temps de calcul requis devient prohibitif (cf chapitre 2). Pour pallier ces problèmes et accéder aux fréquences supérieures, la « méthode du faisceau équivalent » (cf chapitre 3) s’avère une solution efficace et prometteuse. La diminution des temps de calculs due à la réduction de la complexité des faisceaux rend envisageable la réalisation de calcul 3D à des fréquences jusqu’alors inexplorées. La robustesse et la précision de cette méthode approchée ont pu être validées au cours de validations numériques et expérimentales effectuées sur quelques exemples canoniques (cf chapitre 4). Les perspectives futures de la méthode concernent principalement sa validation sur des faisceaux de type industriels. Par exemple, les faisceaux testés pourraient contenir plusieurs centaines de conducteurs ou être connectés à des réseaux d’impédances terminales composés d’éléments dépendants de la fréquence. Dans ce cas, la présence d’éléments inductifs et capacitifs permettrait d’imaginer une composition des groupes de conducteurs dépendante de la fréquence. La suite de ce travail de recherche a consisté à démontrer la possibilité d’étendre la méthode au cas de réseaux arborescents afin de répondre à la problématique automobile. La procédure mise au point, validée numériquement sur un réseau arborescent complexe (cf chapitre 5), permet ainsi d’envisager la modélisation d’un réseau de câblages complexe en « hautes fréquences » à l’aide d’un code 3D. Néanmoins, la mise en œuvre de cette méthode sur un réseau de câblages de type industriel nécessite l’amélioration du processus de création du réseau réduit afin de respecter au mieux la complexité du réseau au niveau des bifurcations notamment. Il paraît également indispensable de mettre au point un algorithme permettant d’automatiser la procédure de construction de la géométrie de section droite de chaque branche du réseau réduit à partir de la connaissance de ses matrices de paramètres linéiques. Développée initialement pour des applications HF, la méthode semble également prometteuse sur les bandes de fréquences inférieures. En effet, la réduction de la - 157 - Conclusion générale complexité du réseau de câblages permet logiquement d’alléger les temps de calculs indépendamment du traitement numérique utilisé. Ainsi, le réseau réduit défini par la méthode pourrait être modélisé à la place du réseau initial lors des calculs d’immunité effectués par Renault en BF et ainsi réduire les temps de calculs nécessaires à l’application du modèle de lignes de façon considérable. Précisons qu’à l’heure actuelle, la modélisation du réseau de câblages complet d’un véhicule dure près de 48h sur un ordinateur pourtant performant. A notre connaissance, la modélisation d’un réseau de câblages complexe placé au sein d’une structure métallique de dimensions conséquentes n’avait pratiquement pas été réalisée à des fréquences dépassant quelques centaines de MHz. Les données recueillies lors de la campagne expérimentale menée sur une maquette de véhicule jusqu’à la fréquence de 2 GHz (cf chapitre 5) ont révélé les comportements inhérents aux structures surdimensionnées par rapport à la longueur d’onde. Par exemple, des phénomènes d’interférences constructives sur la structure diffractante, prévus par la théorie, auraient tendance à être lissés lors des mesures à cause des inévitables défauts présentés par la structure réelle. Sur ce type de structures, un simple examen visuel des résultats semble insuffisant pour analyser la précision et la qualité des résultats numériques obtenus. Pour affiner ce jugement, le développement ou l’utilisation d’outils statistiques permettrait certainement de faciliter et de rationaliser l’analyse, voire le cas échéant le recours à des techniques de traitement du signal. A la suite de ce travail, la modélisation d’un véhicule réel entièrement câblé apparaît désormais possible aux fréquences élevées. Néanmoins, la fréquence maximale de la simulation reste toujours prioritairement dépendante de la puissance de calcul de l’ordinateur utilisé à cause du critère de maillage en λ/10 de la structure. Cependant, les progrès rapides effectués par les méthodes numériques existantes et les performances des moyens de calcul permettent d’envisager de traiter ce type de problèmes sur des bandes de fréquences inexplorées il y a encore quelques années. Lors de ce travail, un calcul à une seule fréquence sur une structure comprenant 60 000 inconnues a pu être réalisé sur un ordinateur performant en moins de vingt minutes. La méthode développée durant ce travail permet de consolider cet optimisme. En effet, et contrairement aux basses fréquences, la réalisation d’un test d’immunité sur le réseau de câblages d’un véhicule complet ne nécessite qu’un seul calcul 3D. Cette unique étape de calcul permet de compenser en partie les temps de calculs supérieurs engendrés par l’utilisation du code 3D pour la modélisation du réseau. La décroissance fréquentielle de l’effet de la structure diffractante sur les couplages électromagnétiques exercés sur le câblage ouvre des perspectives intéressantes dans le domaine des « hautes fréquences ». Ainsi, la nécessité de modéliser l’intégralité d’un véhicule réel pour connaître le niveau de perturbation induit à l’entrée d’un équipement situé dans une zone particulière (habitacle, compartiment moteur, coffre,…) peut être remise en question. Un découpage de la structure complexe en zones topologiques modélisées séparément semble, à nos yeux, constituer une alternative sérieuse. Cette approche simplifiée nous apparaît parfaitement adaptée aux objectifs et aux contraintes de la simulation numérique pratiquée dans un cadre industriel dont l’objectif consiste bien souvent à déterminer les ordres de grandeur des niveaux de couplage et leurs évolutions en fonction de la fréquence. La réalisation de calculs d’immunité sur véhicule en HF au niveau industriel nécessite tout de même quelques étapes supplémentaires. Ainsi, une campagne - 158 - Conclusion générale expérimentale réalisée sur une carcasse métallique de véhicule réel (caisse en blanc) permettrait de se rapprocher progressivement d’un cas industriel réaliste. Cette campagne faciliterait de plus l’étude de divers paramètres aux effets mal connus dans le domaine des fréquences élevées. Citons par exemple les phénomènes de diffraction électromagnétique engendrés par la présence de fentes entre la carrosserie et les ouvrants de la caisse ou la complexification de la géométrie de la structure provenant du design esthétique du véhicule. Sa taille supérieure devrait également apporter des éclaircissements sur les phénomènes que nous pensons corrélés au surdimensionnement par rapport à la longueur d’onde. Une attention toute particulière doit également être apportée à la modélisation des équipements électroniques placés aux extrémités des réseaux de câblages. A moyen terme, les objectifs principaux devraient par exemple se concentrer sur la modélisation des réseaux d’impédances (charges inductives, capacitives, non-linéaires,…) présentés par les calculateurs de bord ou à l’étude attentive des mécanismes de conversion modale du mode commun vers le mode différentiel provoqués par la dissymétrie de leurs impédances d’entrée. Ces extensions devraient singulièrement améliorer la portée des simulations théoriques afin de les transformer en outils d’observations des seuils de dysfonctionnements d’équipements. - 159 - - 160 - Annexe A – Détermination des formules intégrales de rayonnement Annexe A Démonstration des formules intégrales de rayonnement La troisième équation de Maxwell impose une divergence nulle du champ B . Le champ magnétique correspond donc à un champ de rotationnels. Il possible de définir la grandeur A , appelée potentiel vecteur, vérifiant la magnétique est donc relation suivante : B=∇∧ A (Eq. 223) En injectant cette relation dans l’équation de Maxwell-Faraday en régime harmonique, le potentiel vecteur peut être relié au champ électrique ( ) E ∇ ∧ E + jω A) = 0 : (Eq. 224) Un vecteur dont le rotationnel est nul signifie qu’il appartient à un champ de gradient. Il existe donc une grandeur scalaire ϕ, appelée potentiel scalaire, permettant d’écrire : E + jω A = ∇.ϕ (Eq. 225) La jauge de Lorentz permet alors de relier les fonctions potentiel vecteur potentiel scalaire ϕ : ϕ= j ωµε (∇.A) A et (Eq. 226) En injectant l’équation 226 dans 224, on obtient : E = − jω A − j ωµε ( ) ∇ ∇. A Le potentiel vecteur A dû à une densité de courant surfacique surface S s’écrit de façon générale : µ A= 4π − jk r − r ' e ∫∫S J . r − r' .ds où l’on peut introduire la fonction de Green en espace libre : - 161 - (Eq. 227) J circulant sur une (Eq. 228) Annexe A – Détermination des formules intégrales de rayonnement (− jk r r r −r ′ e r r G (r , r ′) = r r r − r′ ) (Eq. 229) Le point r correspond au point d’observation et le point r’ appartient à la surface S. Le champ électrique rayonné Eray (r ) = − Eray par cette densité de courant ( ) J est donc égal à : ( ) r r r r 2 k ∫∫ J (r ').G (r , r ′) ds + ∇ ∇.∫∫ J (r ').G (r , r ′) ds 4πωε S S j (Eq. 230) en posant : k 2 = µεω 2 (Eq. 231) L’expression générale du champ magnétique rayonné par une densité de courant surfacique J se déduit, quant à elle, directement de la relation l’équation 223 : H ray (r ) = 1 µ rot A = 1 4π ∫∫ (J (r ').G (r , r ') ).ds S - 162 - B = µH et de (Eq. 232) Annexe B – Tangente de pertes d’un milieu diélectrique homogène Annexe B Tangente de pertes d’un diélectrique homogène milieu Dans cette annexe, on cherche à exprimer la tangente de pertes d’un milieu diélectrique homogène entourant une ligne monofilaire en fonction de sa capacité linéique C et de sa conductance linéique G. La capacité linéique C d’une ligne monofilaire plongée dans un milieu diélectrique homogène de permittivité relative εr peut être exprimée à l’aide de la formule analytique présentée sur l’équation 233 : C= 2π ε 0ε r 2h ln r (Eq. 233) Dans le cas d’une excitation sinusoïdale, la permittivité relative εr d’un milieu diélectrique peut être exprimée à l’aide de la notation complexe présentée sur l’équation 234 : ε r = ε '− jε " (Eq. 234) La tangente de pertes tanδ du milieu diélectrique peut alors être définie comme le rapport des parties imaginaire et réelle de sa permittivité relative complexe : tan δ = ε" ε' (Eq. 235) Le calcul de la conductance de la ligne de transmission peut être effectué, par analogie, à partir de l’équation 233 en remplaçant la permittivité diélectrique relative εr du milieu par son expression complexe défini dans l’équation 234. La formule de capacité de la ligne monofilaire devient : Ceq = 2π ε 0ε ' 2π ε 0ε ' ' − j 2h 2h ln ln r r (Eq. 236) En identifiant l'admittance équivalente jωCeq à une partie de conductance G et une partie capacitive jωC, on trouve : jωCeq = jωC + G = jω 2π ε 0ε ' 2π ε 0ε " +ω =Y 2h 2h ln ln r r - 163 - (Eq. 237) Annexe B – Tangente de pertes d’un milieu diélectrique homogène Le rapport des parties réelle et imaginaire de l’admittance équivalente Y de la ligne est alors égal à la tangente de pertes du milieu diélectrique : 2πε 0 ε " 2h ln G r = tan δ = 2πε 0 ε ' Cω ω 2h ln r ω - 164 - (Eq. 238) Annexe C – Configuration des charges terminales lors de la validation numérique sur réseau arborescent Annexe C Configuration des charges terminales lors de la validation numérique sur réseau arborescent Dans cette annexe, nous présentons, de façon exhaustive, les valeurs des charges terminales placées en extrémité de chaque conducteur constituant le réseau arborescent utilisé lors de la validation numérique de la méthode (cf paragraphe 5.2.1). Les charges sont classées en fonction des conducteurs effectuant le même parcours. Pour chaque parcours de conducteurs, nous présentons également les charges terminales placées aux extrémités des conducteurs équivalents correspondants. ¾ Parcours n°1 (extrémité 1 – extrémité 2) : N° du conducteur Extrémité 1 Extrémité 2 1 50 Ω 26 Ω 2 26 Ω 33 Ω 3 38 Ω 42 Ω 4 92 Ω 40 Ω 5 54 Ω 50 kΩ 6 70 Ω 100 kΩ 7 20 Ω 75 kΩ 8 38 Ω 100 kΩ N° du conducteur équivalent Extrémité 1 Extrémité 2 1 10 Ω 8Ω 2 9Ω 19 kΩ Tableau 25 : Charges placées aux extrémités des conducteurs reliant les extrémités 1 et 2 des réseaux initial et réduit - 165 - Annexe C – Configuration des charges terminales lors de la validation numérique sur réseau arborescent ¾ Parcours n°2 (extrémité 1 – extrémité 3) : N° du conducteur Extrémité 1 Extrémité 3 1 12 Ω 28 Ω 2 9Ω 56 Ω 3 38 Ω 35 Ω 4 57 Ω 46 Ω N° du conducteur équivalent Extrémité 1 Extrémité 3 1 4Ω 10 Ω Tableau 26 : Charges placées aux extrémités des conducteurs reliant les extrémités 1 et 3 des réseaux initial et réduit ¾ Parcours n°3 (extrémité 1 – extrémité 4) : N° du conducteur Extrémité 1 Extrémité 4 1 80 Ω 46 Ω 2 90 Ω 28 Ω 3 15 Ω 32 Ω 4 75 Ω 60 Ω N° du conducteur équivalent Extrémité 1 Extrémité 4 1 10 Ω 10 Ω Tableau 27 : Charges placées aux extrémités des conducteurs reliant les extrémités 1 et 4 des réseaux initial et réduit ¾ Parcours n°4 (extrémité 2 – extrémité 3) : N° du conducteur Extrémité 2 Extrémité 3 1 95 Ω 100 kΩ 2 7Ω 80 kΩ 3 28 Ω 75 kΩ N° du conducteur équivalent Extrémité 2 Extrémité 3 1 5Ω 28 kΩ Tableau 28 : Charges placées aux extrémités des conducteurs reliant les extrémités 2 et 3 des réseaux initial et réduit - 166 - Annexe C – Configuration des charges terminales lors de la validation numérique sur réseau arborescent ¾ Parcours n°5 (extrémité 2 – extrémité 4) : N° du conducteur Extrémité 2 Extrémité 4 1 15 Ω 65 Ω 2 58 Ω 86 Ω 3 70 Ω 25 Ω N° du conducteur équivalent Extrémité 2 Extrémité 4 1 10 Ω 15 Ω Tableau 29 : Charges placées aux extrémités des conducteurs reliant les extrémités 2 et 4 des réseaux initial et réduit ¾ Parcours n°6 (extrémité 3 – extrémité 4) : N° du conducteur Extrémité 3 Extrémité 4 1 28 Ω 23 Ω 2 70 Ω 72 Ω 3 45 Ω 70 Ω 4 90 Ω 150 kΩ 5 24 Ω 50 kΩ 6 39 Ω 30 kΩ N° du conducteur équivalent Extrémité 3 Extrémité 4 1 14 Ω 14 Ω 2 13 Ω 17 kΩ Tableau 30 : Charges placées aux extrémités des conducteurs reliant les extrémités 3 et 4 des réseaux initial et réduit - 167 - - 168 - Annexe D – Configuration des charges terminales lors de la campagne expérimentale sur maquette de véhicule Annexe D Configuration des charges terminales lors de la campagne expérimentale sur maquette de véhicule Dans cette annexe, nous présentons, de façon exhaustive, les valeurs des charges terminales de type CMS placées en extrémité de chaque conducteur du réseau de câblages de la maquette de véhicule. Ces charges sont classées en fonction des conducteurs effectuant le même parcours. Pour chaque parcours de conducteurs, nous présentons également les charges terminales placées aux extrémités des conducteurs équivalents correspondants. ¾ Premier faisceau de câbles (extrémité 1 – extrémité 2) : N° du conducteur Extrémité 1 Extrémité 2 1 47 Ω 75 Ω 2 51 Ω 51 Ω 3 27 Ω 6,8 kΩ 4 22 Ω 7,5 kΩ 5 1,2 kΩ 39 Ω 6 820 Ω 56 Ω 7 15 kΩ 27 kΩ 8 16 kΩ 30 kΩ N° du conducteur équivalent Extrémité 1 Extrémité 2 1 24 Ω 30 Ω 2 12 Ω 3,6 kΩ 3 490 Ω 23 Ω 4 7,7 kΩ 14,2 kΩ Tableau 31 : Charges placées aux extrémités des conducteurs reliant les extrémités 1 et 2 des réseaux initial et réduit - 169 - Annexe D – Configuration des charges terminales lors de la campagne expérimentale sur maquette de véhicule ¾ Second faisceau de câbles (extrémité 3 – extrémité 4) : N° du conducteur Extrémité 3 Extrémité 4 1 22 Ω 82 Ω 2 33 Ω 91 Ω 3 62 Ω 43 Ω 4 68 Ω 16 Ω 5 47 Ω 18 Ω N° du conducteur équivalent Extrémité 3 Extrémité 4 1 6Ω 6Ω Tableau 32 : Charges placées aux extrémités des conducteurs reliant les extrémités 3 et 4 des réseaux initial et réduit ¾ Réseau arborescent : • Parcours n°1 : extrémité 5 – extrémité 6 N° du conducteur Extrémité 5 Extrémité 6 1 91 Ω 56 Ω 2 47 Ω 62 Ω 3 36 Ω 15 Ω 4 12 Ω 10 kΩ 5 22 Ω 1,8 kΩ N° du conducteur équivalent Extrémité 5 Extrémité 6 1 17 Ω 10 Ω 2 8Ω 1,5 kΩ Tableau 33 : Charges placées aux extrémités des conducteurs reliant les extrémités 5 et 6 des réseaux initial et réduit - 170 - Annexe D – Configuration des charges terminales lors de la campagne expérimentale sur maquette de véhicule • Parcours n°2 : extrémité 5 – extrémité 8 N° du conducteur Extrémité 5 Extrémité 8 1 33 Ω 36 Ω 2 510 Ω 24 Ω 3 82 Ω 16 Ω N° du conducteur équivalent Extrémité 5 Extrémité 8 1 23 Ω 14 Ω 2 510 Ω 16 Ω Tableau 34 : Charges placées aux extrémités des conducteurs reliant les extrémités 5 et 8 des réseaux initial et réduit • Parcours n°3 : extrémité 6 – extrémité 7 N° du conducteur Extrémité 6 Extrémité 7 1 100 Ω 1,1 kΩ 2 56 Ω 910 Ω N° du conducteur équivalent Extrémité 6 Extrémité 7 1 36 Ω 500 Ω Tableau 35 : Charges placées aux extrémités des conducteurs reliant les extrémités 6 et 7 des réseaux initial et réduit • Parcours n°4 : extrémité 6 – extrémité 8 N° du conducteur Extrémité 6 Extrémité 8 1 5,1 kΩ 390 Ω 2 12 kΩ 3,9 kΩ N° du conducteur équivalent Extrémité 6 Extrémité 8 1 3,6 kΩ 350 Ω Tableau 36 : Charges placées aux extrémités des conducteurs reliant les extrémités 6 et 8 des réseaux initial et réduit - 171 - Annexe D – Configuration des charges terminales lors de la campagne expérimentale sur maquette de véhicule • Parcours n°5 : extrémité 7 – extrémité 8 N° du conducteur Extrémité 7 Extrémité 8 1 43 Ω 180 kΩ 2 24 Ω 150 kΩ 3 20 Ω 82 Ω 4 33 Ω 75 Ω N° du conducteur équivalent Extrémité 7 Extrémité 8 1 15 Ω 82 kΩ 2 13 Ω 39 Ω Tableau 37 : Charges placées aux extrémités des conducteurs reliant les extrémités 7 et 8 des réseaux initial et réduit - 172 - Bibliographie Bibliographie [1] J.P. 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Fiachetti Modèles du Champ Electromagnétique Aléatoire pour le Calcul du Couplagesur un Equipement Electronique en CRBM et Validation Expérimentale Thèse de doctorat, Université de Limoges, 2002 [50] P. Degauque, A. Zeddam Remarks on the Transmission-Line Approach to Determining the Current Induced on AboveGround Cables IEEE Transactions on Electromagnetic Compatibility, vol 30, n°1, February 1988, pp 77-80 [51] B. D. Popovic, A. Nesic Generalisation of the Concept of Equivalent Radius of Thin Cylindrical Antennas IEE Proceedings, vol 131, n°3, June 1994 [52] B. D. Popovic CAD of Wire Antennas and Related Radiating Structures Research Studies Press, John Wiley and Sons, New York, 1991 [53] U. Jakobus Comparison of Different Techniques for the Treatment of Lossy Dielectric/Magnetic Bodies within the Methods of Moments Formulation AEÛ International Journal of Electronics and Communications, vol 54, n°3, 2000, pp 263-273 [54] D.O. Wendt, J.L. 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Poudroux Etude de l’Incidence des Paramètres Primaires des Lignes Couplées sur la Précision de Prédiction de l’Amplitude des Parasites Induits sur des Torons Multifilaires Thèse de doctorat, Université des Sciences et Technologies de Lille, 30 septembre 1992 [59] M. Vautier Etude des Phénomènes de Couplage Electromagnétique dans les Faisceaux de Câbles Multifilaires de Télécommunications Thèse de doctorat, Université Blaise Pascal Clermont-Ferrand, 19 mai 1993 [60] M. Rifi Etude Théorique de la Propagation des Ondes Electromagnétiques sur les Lignes de Transport d’Energie Aériennes pour une Application à un Système de Transmission de Données Thèse de doctorat, Université de Lille Flandres Artois, 21 mai 1987 [61] C. Poudroux, M. Rifi, B. Démoulin A Simplified Approach to Determine the Amplitude of the Transient Voltage Induced on a Cable Bundle IEEE Transactions on Electromagnetic Compatibility, vol 37, n°4, November 1995, pp 497-504 [62] C. Castanié, D. Lazaro, I. 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Démoulin, JP Parmantier Méthode d’évaluation des perturbations induites sur un faisceau de câbles automobile en hautes fréquences Actes du colloque Numélec 2006, Lille, Novembre 2006, pp 143-144 - 179 - Elaboration et Application d’une Méthode de Faisceau Equivalent pour l’Etude des Couplages Electromagnétiques sur Réseaux de Câblages Automobiles Résumé : Dans le domaine de la compatibilité électromagnétique (CEM) automobile, des outils numériques autorisent actuellement la simulation de tests d’immunité sur le réseau de câblages d’un véhicule complet. Ainsi, les niveaux de perturbation induits sur le réseau par une onde électromagnétique perturbatrice peuvent être calculés numériquement à l’aide d’une approche couplée utilisant un code 3D et un modèle de ligne de transmission. L’utilisation du modèle de ligne limite toutefois le champ d’application de cette approche aux “basses fréquences“ (BF). Pour accéder aux fréquences supérieures, nous avons développé une méthode dite du “faisceau équivalent“. Celle-ci consiste à réduire un faisceau de câblages multiconducteur, défini comme une liaison de câbles point à point, en un faisceau composé d’un nombre limité de “conducteurs équivalents“ représentant chacun le comportement d’un groupe de conducteurs du faisceau initial. La méthode a ensuite été étendue au cas de réseaux arborescents afin de répondre à la problématique automobile. Les validations numériques et expérimentales effectuées sur des faisceaux de câblages ont tout d’abord permis d’illustrer la robustesse et la précision de la méthode. Ensuite, les résultats obtenus lors d’une campagne expérimentale réalisée sur une maquette de véhicule à l’échelle ½ valide la pertinence de la méthode proposée en vue d’une application industrielle sur véhicules réels. De plus, un seul calcul 3D est nécessaire pour prendre en compte le réseau de câblages simplifié et la structure diffractante du véhicule (carrosserie métallique) en “hautes fréquences“ (HF). Développée initialement pour des applications HF, la méthode du faisceau équivalent paraît également prometteuse en BF afin de réduire la complexité de réseaux de câblages installés sur des systèmes de grande dimension. Mots-clés : Compatibilité Electromagnétique, Faisceau de Câblages Multiconducteur, Méthode des Moments, Réseaux de Lignes de Transmission Multiconducteur, Topologie Electromagnétique Development and Implementation of Equivalent Cable Harness Method for the Study of Electromagnetic Coupling on Automotive Cable Networks Abstract : In nowadays automotive Electromagnetic Compatibility (EMC), some available numerical tools offer the possibility to perform the simulation of immunity tests on the cable network of an entire car. Indeed, EM induced perturbation levels on the network can be computed with a coupled approach between a 3D code and a multiconductor transmission line network (MTLN) code. However, the MTLN use limits this approach at “low frequencies” (LF). In order to perform numerical computations on cable harnesses at “high frequencies” (HF), we developed a method called “Equivalent Cable Harness Method”. It consists in modelling a multiconductor cable harness, defined as a set of point-to-point cable links, in a simplified cable harness composed of a reduced number of “Equivalent Conductors”, each one representing the behaviour of one group of conductors of the initial cable harness. Then, the method has been extended to tree-like network cases representative of the automotive problem. First, numerical and experimental validations on numerous multiconductor cable harness configurations illustrate the robustness and the precision of the method. Second, its pertinence in a future industrial application on a complete vehicle is validated by the comparison with results obtained on a reference experiment carried out on a simplified car structure. Indeed, only one 3D code computation is required at HF to take into account the simplified cable network of the whole metallic structure. Initially developed for HF problems, the “Equivalent Cable Harness Method” seems promising at LF to reduce the complexity of treelike cable networks installed on large dimension systems. Keywords : Electromagnetic compatibility, Multiconductor cable harnesses, Method of moments, Multiconductor Transmission Line Networks, Electromagnetic Topology Elaboration et Application d’une Méthode de Faisceau Equivalent pour l’Etude des Couplages Electromagnétiques sur Réseaux de Câblages Automobiles Résumé : Dans le domaine de la compatibilité électromagnétique (CEM) automobile, des outils numériques autorisent actuellement la simulation de tests d’immunité sur le réseau de câblages d’un véhicule complet. Ainsi, les niveaux de perturbation induits sur le réseau par une onde électromagnétique perturbatrice peuvent être calculés numériquement à l’aide d’une approche couplée utilisant un code 3D et un modèle de ligne de transmission. L’utilisation du modèle de ligne limite toutefois le champ d’application de cette approche aux “basses fréquences“ (BF). Pour accéder aux fréquences supérieures, nous avons développé une méthode dite du “faisceau équivalent“. Celle-ci consiste à réduire un faisceau de câblages multiconducteur, défini comme une liaison de câbles point à point, en un faisceau composé d’un nombre limité de “conducteurs équivalents“ représentant chacun le comportement d’un groupe de conducteurs du faisceau initial. La méthode a ensuite été étendue au cas de réseaux arborescents afin de répondre à la problématique automobile. Les validations numériques et expérimentales effectuées sur des faisceaux de câblages ont tout d’abord permis d’illustrer la robustesse et la précision de la méthode. Ensuite, les résultats obtenus lors d’une campagne expérimentale réalisée sur une maquette de véhicule à l’échelle ½ valide la pertinence de la méthode proposée en vue d’une application industrielle sur véhicules réels. De plus, un seul calcul 3D est nécessaire pour prendre en compte le réseau de câblages simplifié et la structure diffractante du véhicule (carrosserie métallique) en “hautes fréquences“ (HF). Développée initialement pour des applications HF, la méthode du faisceau équivalent paraît également prometteuse en BF afin de réduire la complexité de réseaux de câblages installés sur des systèmes de grande dimension. Mots-clés : Compatibilité Electromagnétique, Faisceau de Câblages Multiconducteur, Méthode des Moments, Réseaux de Lignes de Transmission Multiconducteur, Topologie Electromagnétique Development and Implementation of Equivalent Cable Harness Method for the Study of Electromagnetic Coupling on Automotive Cable Networks Abstract : In nowadays automotive Electromagnetic Compatibility (EMC), some available numerical tools offer the possibility to perform the simulation of immunity tests on the cable network of an entire car. Indeed, EM induced perturbation levels on the network can be computed with a coupled approach between a 3D code and a multiconductor transmission line network (MTLN) code. However, the MTLN use limits this approach at “low frequencies” (LF). In order to perform numerical computations on cable harnesses at “high frequencies” (HF), we developed a method called “Equivalent Cable Harness Method”. It consists in modelling a multiconductor cable harness, defined as a set of point-to-point cable links, in a simplified cable harness composed of a reduced number of “Equivalent Conductors”, each one representing the behaviour of one group of conductors of the initial cable harness. Then, the method has been extended to tree-like network cases representative of the automotive problem. First, numerical and experimental validations on numerous multiconductor cable harness configurations illustrate the robustness and the precision of the method. Second, its pertinence in a future industrial application on a complete vehicle is validated by the comparison with results obtained on a reference experiment carried out on a simplified car structure. Indeed, only one 3D code computation is required at HF to take into account the simplified cable network of the whole metallic structure. Initially developed for HF problems, the “Equivalent Cable Harness Method” seems promising at LF to reduce the complexity of treelike cable networks installed on large dimension systems. Keywords : Electromagnetic compatibility, Multiconductor cable harnesses, Method of moments, Multiconductor Transmission Line Networks, Electromagnetic Topology