Tunisie tribune
Publié le samedi 14 janvier 2012 07:55
L’idée sous-jacente serait donc celle de la rationalisation de la
pensée de nos jeunes (élèves) citoyens. L’enseignement de la
Sociologie aurait pour objectif central d’ouvrir la culture des
lycéens sur un ordre de réalités et de réflexions que leurs études
antérieures (histoire-géographie, éducation islamique et civique,
etc.) ne leur ont permis d’aborder que de façon sommaire. Il viserait
donc à les mettre en mesure de mieux comprendre la société dans
laquelle ils vivent pour mieux appréhender les évolutions d’ordre
sociétal plutôt que de s’enfermer dans des raisonnements archaïques
dont la grille d’analyse n’est plus adaptée à notre époque.
Monsieur le Ministre, la sociologie, à l’image des autres sciences
sociales, s’est constituée à partir du refus d’expliquer les
phénomènes sociaux à l’aide d’une cause extérieure à la société. Alors
que la biologie ou la psychologie rendent parfois compte du social par
des phénomènes génétiques ou psychiques, la sociologie se singularise
par sa volonté d’expliquer le social par le social, la recherche de
l’objectivité et l’utilisation du principe de causalité.
En clair, la sociologie a pour ambition de rendre visibles et
compréhensibles des phénomènes sociaux qui ne sont pas immédiatement
apparents. Les sociologues contemporains ont ainsi montré que la
réussite scolaire dépendait du milieu social des élèves alors que tout
le monde était, auparavant, persuadé qu’elle dépendait uniquement – et
simplement – de leur mérite individuel. En réalité, les deux
coexistent.
Le mariage, autre thème qui pourrait être enseigné à nos élèves pour
leur montrer que le «maktoub» est fortement dicté par des
considérations d’ordre sociologique, qui sont au moins au nombre de
trois :
- la première est simplement probabiliste : le choix d’un semblable
provient du fait que les individus sont placés dans des contextes
(école, usine, quartier, etc.) où la probabilité est forte de
rencontrer quelqu’un dont l’identité sociale est voisine de la sienne
;
- une deuxième ligne d’interprétation psychoculturelle : la similitude
des goûts, des habitudes, qui sont d’ailleurs nourries et
conditionnées par des éducations voisines ;
- la troisième ligne est économique : l’homogamie sociale serait le
résultat d’une stratégie rationnelle des acteurs cherchant, par le
biais du mariage, à conserver ou augmenter leurs capitaux matériels.
On pourrait également envisager l’analyse du processus de
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