Rouen et sa région : un berceau de l’économie sociale et solidaire ? Une approche territoriale comparée de la mutualité et de la coopération du 19e au 21e siècle Colloque international d’histoire, Rouen, 2 et 3 octobre 2014 Appel à communications L’économie sociale et solidaire rassemble différents groupements fonctionnant sur des principes d’égalité de personnes (1 personne, 1 voix), de solidarité entre ses membres et d’indépendance économique. Leur finalité n’est pas la rémunération du capital mais la satisfaction de besoins sociaux. Il s’agit en fait d’un secteur (qualifié parfois de « tiers secteur »), très diversifié qui peut comprendre aussi bien des sociétés mutuelles (santé ou assurance), des entreprises coopératives de consommation ou de production, des banques coopératives ou encore des associations d’insertion. Globalement on estime que l’économie sociale et solidaire représente aujourd’hui en France 220 000 employeurs et plus de 2,5 millions de salariés. Par leurs activités, les entreprises et associations du secteur peuvent concerner encore davantage de personnes. Ainsi la Fédération nationale de la Mutualité française revendique 38 millions de sociétaires et les banques coopératives ou mutualistes, comme les caisses d’épargne ou le Crédit agricole, détiennent des millions de comptes de clients ou d’usagers. Il ne fait pas doute que la mutualité et la coopération sont à l’origine d’un profond mouvement social dont la portée historique demande encore à être précisée. . Cette diversité même peut faire débat dans la mesure où elle n’est pas exempte de dérives du fait du rôle grandissant de la finance et de la « marchandisation » de la société. En réaction à cette évolution, à plusieurs reprises, l’économie sociale et solidaire est apparue comme une perspective de renouveau d’une vision autre de la société. En période de crise particulièrement, les valeurs humanistes de l’économie sociale et solidaire peuvent porter d’autres choix que ceux induits par l’économie de marché et la financiarisation de la société. À l’heure où l’économie sociale et solidaire paraît trouver une nouvelle légitimité, consacrée notamment par la création en France en 2012 d’un ministère délégué ou encore par la décision de l’assemblée générale de l’ONU de faire de 2012 l’année internationale des coopératives, il a paru opportun de porter des regards historiens sur les diverses composantes de cette économie sociale et solidaire en plein renouvellement. Dans cette perspective, une rencontre nationale et internationale sera organisée les 2 et 3 octobre 2014 à Rouen par le Groupe de Recherche d’Histoire de l’université de Rouen (GrHis, EA 38 31) et le Comité d’Histoire économique et sociale de Rouen et sa région, en liaison avec différentes instances régionales ou nationales. Ce colloque recevra aussi l’appui de différentes associations et entreprises appartenant au secteur de l’économie sociale et solidaire. Ainsi conçu ce colloque se propose d’explorer l’histoire des formes d’économie sociale et solidaire à Rouen et dans sa région du XIXe siècle à nos jours. On s’interrogera notamment sur le rôle pionnier joué, à l’échelle régionale, par certaines entreprises et institutions de l’économie sociale. On tentera de mesurer et d’analyser le développement particulièrement marqué des formes d’économie sociale et solidaire à l’échelle de Rouen et de sa région, tout en s’efforçant de comparer cette histoire avec celle d’autres régions en France et à l’étranger. L’hypothèse principale du colloque consiste à vérifier ou non la réalité historique de véritables « districts de l’économies sociale et solidaire », au sens où l’on parle de « districts industriels » (Alfred Marshall, 1890). Dans cette optique, trois axes de recherche, non exclusifs, semblent pouvoir structurer l’organisation du colloque : - Dans quelle mesure l’échelle locale et régionale est-elle pertinente pour l’histoire de l’économie sociale ? On s’interrogera en particulier sur l’existence d’autres régions, en France et à l’étranger, historiquement marquées par le phénomène coopératif et mutualiste, comme le Nord, le Jura, l’Alsace, la Champagne ou encore les Charentes mais aussi, par exemple, le Limbourg belge, les cantons alémaniques suisses, la vallée de Mondragón au pays basque ou le pays de Bade en Allemagne. À cette échelle locale et régionale, quels sont les secteurs d’activité qui ont historiquement concentré à Rouen et dans sa région, mais aussi dans d’autres régions françaises ou étrangères, le développement des expériences d’économie sociale et solidaires ? Quelles sont les formes d’économie sociale dominante (coopération ou mutualisme) ? - quels sont les facteurs culturels, politiques, économiques et sociaux de l’implantation et de l’essor des entreprises de l’économie sociale à Rouen et dans sa région ? En comparaison, quels sont les facteurs à l’origine du développement du secteur mutualiste dans d’autres régions de France et à l’étranger ? Un modèle historique et territorial de développement commun aux différentes formes d’économie sociale peut-il est dégagé ? Ce modèle est-il historiquement rattaché à des modalités de gouvernance spécifiques ? - quel bilan peut-on dresser de la croissance du secteur de l’économie sociale à Rouen et à l’échelle des autres régions de l’économie sociale et solidaire, sur plus de deux siècles ? Que nous enseigne l’histoire de ce secteur sur sa capacité réelle à amortir la conjoncture et à préserver la cohésion sociale, notamment en temps de crise ? Modalités pratiques de l’appel à contributions : Langues de travail : Français et Anglais Les projets de communications (titre de la contribution, présentation d’une page, comportant la mention des sources envisagées, court CV) doivent être envoyés avant le 16 décembre 2013 à Audrey Delauney : [email protected] Le résultat de l’évaluation scientifique des propositions de contribution par le comité d’organisation scientifique sera connu le 15 janvier 2014. Le comité d’organisation prendra en charge le financement des déplacements à Rouen pour le colloque et l’hébergement des contributeurs pendant la durée du colloque. Comité d’organisation scientifique Olivier Feiertag, Yannick Marec et Nicolas Plantrou Secrétariat scientifique Audrey Delauney : [email protected] Comité scientifique Carole Christen-Lécuyer, Michel Dreyfus, Olivier Feiertag, André Gueslin, Yannick Marec, Martin Petitclerc (Université du Québec à Montréal), Nicolas Plantrou, Daniel Reger (université du Havre), Patricia Toucas-Truyen, Nadine Vivier