SCINDER
130 personnalités recommandent la scission des
banq ues pour sécuriser notre système bancaire
LE VERBATIM
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LES BANQUES
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En cette fin 2012, le gouvernement français prépare une réforme
de la structure de son système bancaire. C’est en effet un facteur essentiel
pour remettre le secteur financier au service du secteur non financier.
Avec 5 banques figurant sur la liste internationale des 29 banques à risque
systémique dressée par le G20, la France souffre d’une hypertrophie
de ses mégabanques, phénomène amplifié par son choix résolu de promouvoir
un modèle de banque soi-disant "universelle", mettant l’ensemble du système
bancaire à la merci de pertes spéculatives dans les banques d’investissement.
La solution la plus simple et la plus sûre consisterait à scinder ces banques
dans des groupes distincts, pour protéger les comptes bancaires des clients
et les finances des contribuables. Ce modèle de banques spécialisées a prévalu
en France et dans le monde pendant des décennies, sans aucune crise bancaire
sérieuse.
Pourtant, la France, fortement influencée par le lobbying de ses mégabanques,
a refusé d’ouvrir un débat sérieux sur ce point, et s’est précipitée
sans transparence dans une réforme édulcorée, sans même attendre
les résultats des réflexions européennes en cours.
Ce document a été rédigé par l’association Diacrisis, qui vise, entre autres,
à promouvoir plus de prudence dans le domaine financier. Regroupant
les déclarations de 130 personnalités internationales, son but est de montrer
que le soutien à une scission des banques est en fait la règle, y compris
chez les financiers, et que le soutien au modèle de banque soi-disant
universelle est l’exception…
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Après le choc financier de 2008, les États-Unis puis l’Angleterre
ont été les premiers pays à se lancer dans une réforme
de leur secteur bancaire.
Malheureusement, comme l’a rappelé Ted Kaufman, le président
de l’Autorité parlementaire américaine de contrôle des marchés financiers
durant l’élaboration de la réforme financière américaine « 93 % de ceux
qui ont visité les [organismes de régulation] à propos de l'amendement Volcker
étaient des institutions […] qui représentaient les institutions financières.
Le reste, 7 %, représentaient l'intérêt public. » En effet, si les contribuables
(comme la plupart des acteurs) ont un important intérêt à une scission
bancaire, il y a très peu de structures pouvant faire prévaloir leurs vues.
Face à un tel lobbying, les réformes proposées ont été très fortement
édulcorées. Ainsi, les réformes proposées aux États-Unis ("règle Volcker")
ou en Angleterre ("règle Vickers") ont atteint une telle complexité
(30 000 pages attendues pour la première, probablement presque autant
pour la seconde) qu’il apparaît désormais clairement que leur application
sera, au mieux, très imparfaite, et sécurisera mal le système financier.
Comme l’a indiqué Andrew Haldane, le Directeur de la Stabilité Financière
de la Banque centrale d’Angleterre : « La régulation de la finance moderne
est complexe, certainement trop complexe. […] Parce que la complexité génère
de l'incertitude, […] il faut une réponse réglementaire fondée sur la simplicité,
pas sur la complexité. » et « Le Glass-Steagall était simple dans ses objectifs
et son exécution. »
Face à toutes ces difficultés, et à l’aune des nouveaux scandales survenus
en 2012 (pertes de JP Morgan, scandale du Libor…), de très nombreuses
voix s’élèvent désormais pour exiger une véritable séparation des activités
bancaires, à savoir une scission des banques en des structures différentes
appartenant à des groupes différents :
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Sandy Weill, ancien PDG de Citigroup ;
surnommé le « tombeur du Glass-Steagall Act » en raison
de son rôle de principal artisan de son abrogation :
« Je pense que nous devrions probablement séparer la banque
d’investissement des autres activités bancaires, […]
elles devraient être entièrement indépendantes, comme il y a 25 ans. »
[Sandy Weill, 25 juillet 2012, CNBC]
John Reed, ancien PDG de Citigroup :
« L’intégration [des banques de détail et d’investissement]
ne présente aucun avantage pour la société. »
[John Reed, décembre 2011, Financial World]
David Komansky, ancien DG de Merrill Lynch :
« Malheureusement, j’ai été l’un de ceux qui ont mené la charge
pour obtenir l’abrogation du Glass-Steagall Act […] Je le regrette,
nous n’aurions pas dû faire cela. »
[David Komansky, 5 mai 2010, Bloomberg]
Stanislas Yassukovich, ancien président de Merrill Lynch Europe :
« Le modèle de banque universelle est indéfendable. »
[Stanislas Yassukovich, 24 novembre 2011,
CSFI “Views on Vickers”]
Sir Brian Pitman, ancien président du Lloyds :
« Les arguments en faveur [d’un Glass-Steagall Act]
sont irréfutables. »
[Sir Brian Pitman, 24 octobre 2009, Daily Telegraph]
Sir Martin Taylor, ancien PDG de Barclays :
« Il n’est pas raisonnable de conserver des activités
de trading au sein d’un groupe de banque commerciale. »
[Sir Martin Taylor, 8 juillet 2012, Financial Times]
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Des messages d’une telle force, venant de personnalités financières
aussi éminentes, devraient nous inciter à réfléchir très sérieusement
à une telle option pour notre pays.
Bien au contraire, force est de constater qu’en France, le débat
a été préempté non seulement par le secteur bancaire, mais surtout par
les seules banques universelles. Leur argument le plus fréquent – et le plus
extravagant – étant d’expliquer que leur modèle aurait soi-disant mieux
résisté à la crise que les autres, ce qui ne manque pas de sel quand on songe
au plan d’urgence de 360 Mdde garanties annoncé par le gouvernement
en octobre 2008, et aux 180 Mdde prêts à 3 ans accordés par la Banque
de France à ces banques en 2011-2012, dans les deux cas pour empêcher
leur écroulement quasi certain.
Ainsi les banques Too big to fail se targuent-elles désormais cyniquement
de leur non-faillite pour tenter de démontrer leur solidité, un peu comme
si on avait essayé de démontrer la solidité de la centrale de Fukushima
par le fait qu’elle ait bien résisté au séisme de Kobé en 1995…
L’Angleterre a confié la réflexion sur ce sujet majeur à la Commission
Vickers, qui était indépendante, comprenait une majorité de membres
non issus de la finance, et ne comprenait aucun financier ni aucun
régulateur en activité. Elle a travaillé de façon transparente.
La France a choisi, au contraire, de confier, dans la plus totale opacité,
la réflexion à son secteur financier via le Conseil de régulation financière
et du risque systémique (Coréfris), composé de cinq régulateurs en activité
et de trois personnes qualifiées, dont un administrateur de BNP Paribas
et un ancien conseiller de BNP Paribas.
Sans surprise, le résultat d’un tel aréopage a été une proposition plus
qu’édulcorée, ne tenant aucun compte des échecs déjà vécus à l’étranger.
Le tout jouant sur le mot "séparation", alors qu’une seule séparation
est simple et sûre à 100 % : une scission dans des groupes différents.
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