5
Des messages d’une telle force, venant de personnalités financières
aussi éminentes, devraient nous inciter à réfléchir très sérieusement
à une telle option pour notre pays.
Bien au contraire, force est de constater qu’en France, le débat
a été préempté non seulement par le secteur bancaire, mais surtout par
les seules banques universelles. Leur argument le plus fréquent – et le plus
extravagant – étant d’expliquer que leur modèle aurait soi-disant mieux
résisté à la crise que les autres, ce qui ne manque pas de sel quand on songe
au plan d’urgence de 360 Md€de garanties annoncé par le gouvernement
en octobre 2008, et aux 180 Md€de prêts à 3 ans accordés par la Banque
de France à ces banques en 2011-2012, dans les deux cas pour empêcher
leur écroulement quasi certain.
Ainsi les banques Too big to fail se targuent-elles désormais cyniquement
de leur non-faillite pour tenter de démontrer leur solidité, un peu comme
si on avait essayé de démontrer la solidité de la centrale de Fukushima
par le fait qu’elle ait bien résisté au séisme de Kobé en 1995…
L’Angleterre a confié la réflexion sur ce sujet majeur à la Commission
Vickers, qui était indépendante, comprenait une majorité de membres
non issus de la finance, et ne comprenait aucun financier ni aucun
régulateur en activité. Elle a travaillé de façon transparente.
La France a choisi, au contraire, de confier, dans la plus totale opacité,
la réflexion à son secteur financier via le Conseil de régulation financière
et du risque systémique (Coréfris), composé de cinq régulateurs en activité
et de trois personnes qualifiées, dont un administrateur de BNP Paribas
et un ancien conseiller de BNP Paribas.
Sans surprise, le résultat d’un tel aréopage a été une proposition plus
qu’édulcorée, ne tenant aucun compte des échecs déjà vécus à l’étranger.
Le tout jouant sur le mot "séparation", alors qu’une seule séparation
est simple et sûre à 100 % : une scission dans des groupes différents.
>>