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métiers
et compétences
[ prospective ] Sous le titre « Quel web demain ? », une journée d’étude proposée le 7 avril
2009 par l’EBD et l’ADBS invitait à s’interroger sur la place et le rôle que le web 2.0 et ses
successeurs déjà annoncés réservent aux professionnels de l’information et documentation.
Cette manifestation était conçue comme un prolongement de la réflexion entamée dans le
dossier du dernier numéro de Documentaliste – Sciences de l’information : « Web 2.0 et information-documentation : évolution ou révolution ? »
Les mouvements en cours autorisent une vision optimiste de l’avenir des professionnels de
l’I-D. Des perspectives prometteuses leur sont notamment ouvertes par la profonde transformation introduite par le web 2.0 dans la manière de gérer des projets et par la place qu’ils
peuvent revendiquer d’« architectes de données », fonction indispensable au développement du web de demain. De plus, l’usage des outils collaboratifs du web 2.0 et une meilleure
connaissance des profils de leurs utilisateurs grâce à l'analyse « automatique » de leurs pratiques conduiront ces professionnels de l’I-D à renouveler profondément les produits et services qu’ils proposent à leurs clients et, partant, la relation qu’ils entretiennent avec eux –
thème de notre prochain dossier.
Les professionnels de l’I-D
et le web de demain
C
ette journée d’étude, co-organisée
par l’Association des professionnels de l’information et de la
documentation (ADBS) et l’École
des bibliothécaires documentalistes (EBD), a réuni six intervenants autour des thèmes du web
2.0 et du web de demain. Il s’agissait de réfléchir à l’utilisation des
services « 2.0 » qui sont de plus
en plus proposés aux utilisateurs
par les professionnels de l’information et de la documentation, et
de prendre conscience des nouveaux usages du web que l’on voit
se dessiner pour un proche avenir.
La conduite de projet
web 2.0
Dans un exposé descriptif, Ali
Ouni, responsable du pôle Conseil
Web 2.0 à la Société Kap IT, a pré-
22 IDocumentaliste - Sciences de l’informationI 2009, vol. 46, n°2
senté les changements induits par
les technologies du web 2.0 lors
d’une conduite de projet. Après
avoir défini la notion de gestion de
projet, Ali Ouni a insisté sur l’importance de déployer des solutions web dans l’entreprise. Il a fait
ressortir les évolutions de la gestion de projet et de l’équipe qui s’y
consacre. Le chef de projet n’occupe plus la même place : anciennement gestionnaire individuel
du projet, il joue plutôt aujourd’hui un rôle d’animateur au sein
d’une opération collaborative. Il
voit sa fonction évoluer mais ne
perd pas pour autant son habilitation à décider de l’orientation du
projet, ce qui lui permet d’apporter à son poste une valeur ajoutée.
Pour accompagner ces évolutions, Ali Ouni a décrit certains
outils web 2.0 susceptibles de faci-
liter la gestion de projet, tels que
les blogs, le microbloging et les
wikis, et les outils dédiés à la
conduite de projet 2.0 (Wrike,
Basecamp, etc.). En somme dans
une gestion de projet 2.0, il s’agit
de s’orienter vers une gestion
moins structurée et plus collaborative en intégrant des méthodologies et des outils adéquats.
Le développement
de communautés
thématiques
Le web 2.0 peut aussi renouveler et enrichir certains usages en
bibliothèque. Silvère Mercier,
bibliothécaire responsable du
numérique au réseau de médiathèques de Val d’Europe, a insisté
sur le bénéfice du développement
des communautés thématiques
pour ces établissements. Le biblio-
thécaire doit jouer son rôle dans
ce foisonnement d’information et
appréhender cette abondance de
contenus. Après une brève définition du web 2.0 et de ses applications, il a explicité par de nombreux exemples la nouvelle place
du bibliothécaire dans l’écosystème des usagers.
Il s’agit d’offrir de nouveaux
services adaptés à des usagers qui
ont de plus en plus l’habitude de
travailler dans un environnement
web 2.0. Par exemple, l’équipe de
la médiathèque de l’ESC de Lille
s’est définie sous la forme d’avatar
pour intégrer l’univers du web et
y tenir une place en tant qu’animatrice et groupe de personnes
ressourcesdescommunautés.Dans
cecasuneréflexiondoitêtremenée
sur les outils employés en bibliothèque et les nouvelles fonctions
du bibliothécaire. Ce dernier peut
devenir un créateur et un diffuseur
de contenus via des communautés
thématiques. À la Médiathèque de
Val d’Europe, l’équipe de Silvère
Mercier a opté pour un projet
à base d’étiquettes sur des livres,
comprenant un commentaire critique et un conseil de lecture du
bibliothécaire, et un wiki.
Un éditeur public face
au web 2.0
Avec Olivier Roumieux, administrateur de site à La Documentation française, nous avons pu
prendre connaissance de la position adoptée face au web 2.0 par
un éditeur public. La problématique de celui-ci se situe surtout
au niveau de la diffusion de ses
ouvrages et de ses études. L’équipe
a donc mis en place plusieurs projets visant à atteindre cet objectif.
Après la syndication et l’agrégation de contenus, une réflexion
autour de la création d’une vitrine
Netvibes adressée aux utilisateurs
a été menée au sein des divers
services.
L’organisme se tourne aujourd’hui vers de nouveaux horizons.
Il pense ainsi à s’orienter vers des
projets sur mobiles, vers la création de dossiers virtuels et de widgets spécifiques pour l’internaute
etversledéveloppementdesréseaux
Repères
Les professionnels de l’information face aux défis du « web de données »
« Les professionnels de l’information ont un rôle fondamental à jouer. Le web
tel que nous le connaissons aujourd’hui a déjà permis de mettre en lumière
l’importance de la maîtrise de l’information pour trouver et exploiter le contenu
à disposition sur le web. Le web de données offre de nouvelles perspectives
tant il place les données, leur modélisation, leur exploitation et leur représentation au cœur des problématiques. Or, qui mieux que les professionnels de
l’information sont en mesure d’aider dans ce domaine à la fois les utilisateurs,
les concepteurs de systèmes, les ingénieurs et autres informaticiens ? »
Extrait de l’intervention de Gautier Poupeau
sociaux. Mais la question qui se
pose à La Documentation françaiseestencoredesavoirs’ilestplus
avantageuxdeproposersonpropre
espace d’agrégation ou plutôt de
faciliter l’exploitation de ses contenus dans les services existants.
Le web de données :
un défi pour les
professionnels de l'I-D
Le web sémantique, aussi appelé web de données ou web 3.0,
est un concept créé par Tim
Berners-Lee. Le traitement des
données structurées est au cœur
du web sémantique qui constitue
une extension du web. Il regroupe
un ensemble de technologies et de
standards (Unicode, URI, XML,
ontologies, RDF, etc.). Fondé sur
RDF, ce web permet de représenter l'information sous forme de
graphes et de modéliser les données des utilisateurs de façon
cohérente. Les professionnels de
l'information ont un rôle clé à
jouer dans la mise en place du web
sémantique car ils sont habitués à
gérer des données structurées et
des référentiels [voir ci-dessus]. Ils
peuvent aussi jouer le rôle d'architectes de données, intermédiairesentrel'expertfonctionnel
et l'architecte technique, pour
modéliser les données dans les
systèmesd'informationssurleweb.
Un exemple de référentiel
terminologique
Un référentiel terminologique
« maladies animales » a été mis en
place par l'Institut national de la
recherche agronomique (INRA)
au sein du portail CERISA (Portail
en santé animale et santé publique
vétérinaire) pour améliorer la
recherche et l'indexation. Le réfé-
rentiel rend possible la navigation
croisée au sein des ressources en
associant des noms de maladies,
des agents pathogènes et des motsclés. Ce référentiel facilite l'indexation par une liste contrôlée
des noms de maladies associés à
des métadonnées. Il a donc permis
de mieux structurer le portail. Il
est l'amorce d'une ontologie mettant des termes en relation et permettant un échange et un
partage des métadonnées.
De nouvelles possibilités
pour offrir des services
adaptés aux besoins des
utilisateurs
La recommandation personnalisée permet de proposer à l'utilisateur
des
suggestions
correspondant à ses goûts. Elle
repose sur le filtrage collaboratif.
Les communautés virtuelles partagentdescentresd'intérêt.Lesprofils similaires permettent de
suggérer de nouveaux centres
d'intérêts pour les membres d'une
mêmecommunauté.Lefiltragepersonnalisé tient compte des votes
de l'internaute pour déterminer
ses goûts. L'observation du comportement de l'utilisateur repose
sur l'emploi de fichiers logs. Le
clickstream montre le chemin
empruntésurlewebetrestituel'historique de recherche. Cela permet
desynthétiserdesinformationscollectables et exploitables pour dresser le profil des utilisateurs. Cette
démarche s'inscrit dans le web 4 :
un web social automatique. •
Yolène Maresse
[email protected]
Chamila Puylaurent
[email protected]
2009, vol. 46, n°2 IDocumentaliste - Sciences de l’informationI 23
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