qu'il n'en est le sujet principal. Ces problèmes ont ceci de particulier qu'ils concernent tout le monde à la fois. Il ne
faut donc pas prendre ça personnel, comme on dit familièrement. Mais attention ! Quand on dit cela, on ne veut
pas dire que les problèmes philosophiques ne concernent personne, on veut dire que les problèmes philosophiques
ne concernent personne en particulier, mais tout le monde en général. La différence est très significative !
Lorsqu'on entre dans l'univers de la philosophie, il faut accepter de ne pas être le centre de toutes les
préoccupations, il faut apprendre à faire glisser ce centre vers ce qui est autre que soi-même, que ses opinions
propres, ses préjugés, ses intérêts, ses goûts. Notre propre subjectivité doit servir de tremplin pour atteindre
l'universel et, en retour, cet universel doit inspirer notre subjectivité à devenir moins cloisonnée, plus ouverte.
Ainsi, en philo, on traite les sujets eux-même, on ne règle pas nos compte personnels avec eux. C'est pourquoi il
est nécessaire d'apprendre à déplacer le centre des réflexions : ce n'est plus moi qui importe, mais le sujet
lui-même, les problèmes qu'il suscite sur le plan théorique ou sur le plan pratique, les contradictions qu'il
engendre. Par ailleurs, il est impératif d'apprendre à différer la solution que l'on souhaite apporter aux différents
problèmes ou encore d'éviter de les poser pour ne pas les affronter. Qui, en effet, souhaite soulever des difficultés
qu'il ne peut résoudre ? Qui veut rester dans cet inconfort ? On préfère éluder la question plutôt que d'y faire face.
Toutefois, aucune réflexion philosophique authentique ne saurait se contenter de contourner les difficultés. Au
contraire, toute réflexion philosophique digne de ce nom préfère interroger, laisser des questions en suspend, plutôt
que de contourner les problèmes. D'ailleurs, dans la vie courante, on supporte généralement assez mal les
personnes qui cherchent toujours à éviter d'aborder franchement les problèmes et à faire comme s'ils n'existaient
pas. La voie de l'évitement n'est pas une solution, c'est un problème !
Des différences quant à la nature des problèmes traités en philosophie
Nous venons de voir qu'un problème philosophique exige réflexion et retenue : nous devons d'abord faire émerger
le problème dans toute son étendue, mettre à jour les tenants et les aboutissants, dégager le contenu implicite qu'il y
a derrière une question, un énoncé, une position. Nous devons donc chercher les problèmes, contrairement à ce
que nous faisons d'ordinaire dans la vie courante. De plus, nous ne devons pas chercher à régler rapidement ces
problèmes, il ne faut pas précipiter son jugement: il faut creuser le problème «jusqu'à ce que la pelle dérape»,
comme dirait Wittgenstein, autrement dit, jusqu'à ce que nous ayons trouvé le fond du problème, le noeud, le
coeur... Les problèmes philosophiques comportent des enjeux majeurs qu'il faut exposer si l'on veut réfléchir de
manière rationnelle et critique. En gros, disons que tous les problèmes philosophiques partagent ces cinq
caractéristiques:
Ils portent sur les dimensions fondamentales de l'existence humaine : ce sont des questions de sens
qui s'interrogent sur les enjeux, la portée, les tenants et les aboutissants d'un problème ;
1.
Ils sont d'ordre général et abstait : ils se situent sur le plan des idées, de la réflexion théorique ou pratique,
mais non sur le plan empirique, dans le concret et le particulier. Leurs retombées peuvent être empiriques,
mais la réflexion se fait au niveau théorique ;
2.
Ils permettent plusieurs réponses: ils ouvrent la réflexion et les réponses sont toujours provisoires et
révisables ;
3.
Leur portée est universelle : ils concernent tous les humains, ce qui ne veut pas dire que tous se le posent
effectivement, cela veut dire que tous les humains sont concernés par cette question puisqu'elle interroge un
problème dans toute son étendue et sa généralité ;
4.
Ils peuvent remettre en cause les préjugés, les idées préconçues, les réponses faciles et ébranler des
certitudes.
5.
Problématisation
Des différences dans la manière de traiter les problèmes philosophiques 3