05
Les travaux récents de Johan
Chapoutot, "La loi du sang",
permettent de mieux comprendre la
conception nazie du monde. Elle fut
exposée dans
Mein Kampf,
écrit en
1923 par Hitler dans la forteresse
de Landsberg, publié en 2 tomes en
1924-1925, et mise en œuvre dès la
prise de pouvoir le 30 janvier 1933.
1. Une remise en cause des certitudes
et valeurs dans les années 20
Le Traité de Versailles est ressenti
en Allemagne comme un
Diktat.
L’Allemagne se sent humiliée, affaiblie
et traumatisée par la violence du
conflit et l’instabilité d’après-guerre.
L’Allemagne perd 70 000 km2 de
territoire, 2,8 millions d’habitants et
toutes ses colonies. L’article 231 du
traité la rend responsable de la guerre.
"Les souffrances engendrées par ce
traité auront pour résultat de créer
en Allemagne une génération dont
la seule volonté … sera de briser les
chaînes de l’esclavage qui lui ont été
imposées". 12 mai 1919, discours de M.
Fehrenbach à l’Assemblée Nationale
à Berlin.
Le mouvement
völkisch
, né au XIXème
siècle, devient très populaire et
connaît une grande diffusion. Il porte
la nostalgie d’une Allemagne forte
et d’un passé magnifié et mythifié.
Il développe l’idée de pureté et de
supériorité de la "race germanique",
héritée des populations aryennes
qui auraient essaimé depuis l’Inde.
L’appartenance ethnique est fondée
sur deux facteurs :
Blut und Boden
, le
sang et le sol. Arthur Dinster théorise
en 1919 dans son roman
Le péché contre
le sang
, que la "souillure du mélange
des races" frappe plusieurs générations.
Hitler, comme Julius Streicher, seront
influencés par cette théorie de l’hérédité
morbide.
Les avancées des sciences, du droit et
de la philosophie ouvrent de nouvelles
perspectives dans une Allemagne
réputée pour la qualité de ses
universités et à la pointe des recherches
scientifiques. La théorie de l’évolution
des espèces exposée par Darwin (1809-
1882) bouleverse le corpus traditionnel
de la biologie et donne naissance, sous
la plume d’autres auteurs (dont O.
Spengler) qui dévoient sa pensée, au
darwinisme social* et à l’eugénisme*.
Les analyses du
philosophe Oswald
Spengler (1880-1936)
ouvrent de nouvelles
perspectives
historiques aux
théoriciens du
nazisme. Dans son
ouvrage
Le déclin de
l’occident
paru en
1918-1922, il analyse
la succession des
civilisations, comme
celles d’organismes
biologiques. Ces
analyses font également échos aux lois
sur l’hérédité découvertes par Johann
Mendel (1822-1884) qui décryptent
le vivant et mettent en cause la
responsabilité individuelle. Ce moine
autrichien a travaillé sur l’hybridation
des plantes et sur l’hérédité chez les
végétaux, pas sur les sociétés humaines.
Ses travaux sont remis à l’honneur et
réinterprétés au début du XXème siècle.
Blut und Boden
(Le Sang et le Sol)
P a n n e a u 01