Le but de SIDABLOG est d’exposer, par le biais de lettres d’informations bimensuelles accessibles à tous,
le contenu d’articles scientifiques récemment publiés dans les plus importantes revues internationales.
Détecter l’infection précoce pour combattre la maladie
La phase qui suit la contamination par le VIH est l’infection précoce ou aiguë1. Le virus se réplique
alors efficacement et la charge virale est au plus haut un mois après l’infection, puis décroit lorsque la
réponse immunitaire se met en place. Au cours de cette phase, le risque de contagion est maximal alors
que les tests de dépistage usuels ne permettent pas de révéler la présence du virus. On se demande
aujourd’hui comment on pourrait agir sur cette première phase pour améliorer le traitement du patient et
réduire le risque de transmission.
La plupart du temps, le virus rentre dans l’organisme par voies sexuelles. Il doit tout d’abord
traverser la barrière des muqueuses. Le virus est ensuite au contact des cellules dendritiques qui le
transportent alors vers les régions où elles transmettent l’infection aux lymphocytes T CD4+ (LT CD4+).
Ces cellules infectées participent finalement à sa dissémination en rejoignant les tissus lymphoïdes
intestinaux avant que le VIH n’apparait partout dans le sang2.
Suite à l’infection, la réponse immunitaire va progressivement se mettre en place. D’abord la réponse
immunitaire innée : Elle se traduit par une expression assez forte de différents types de cytokines,
interférons, interleukines, de l’activation des LTCD4+ et des cellules NK qui tuent les cellules infectées.
Il s’ensuit une réponse immunitaire adaptative, avec une production d’anticorps reconnaissant
l’enveloppe virale. Cependant ces anticorps ne sont pas encore neutralisants et ne le deviennent qu’au
bout de 3 mois. En revanche, la réponse cytotoxique CD8+ se manifeste quelques jours avant que la
charge virale ait atteint son maximum. Elle permet de ralentir l’infection. La multiplication virale est alors
contrôlée, la quantité de virus chute, et un équilibre est maintenu entre le système immunitaire et le virus.
C’est la phase chronique de l’infection.
Toutefois, pendant la phase aiguë de l’infection, Les symptômes ne sont pas assez spécifiques pour
l’établissement d’un diagnostic3. Le virus ne pas être détecté dans le plasma pendant 7 à 21 jours. On
parle de « phase d’ellipse ». A partir d’une à 5 copies du génome viral par ml de plasma, on peut détecter
le virus par des méthodes d’amplification alors qu’à partir de 50 copies, on le détecte par les méthodes
conventionnelles de mesure de la charge virale. On parvient maintenant, grâce à des tests de diagnostic de
quatrième génération, à réduire encore de quelques jours la phase d’ellipse pendant laquelle les tests de
séropositivité ne pouvaient pas être pratiqués.
Puisque c’est au cours de cette phase d’infection aiguë que les risques de contamination sont les plus
importants4, il est nécessaire de développer des stratégies de prévention avant ou juste après la
transmission. On pourrait fournir des antiviraux à des personnes à risque avant ou immédiatement après
l’exposition au virus. En effet, des récentes études ont montré qu’un gel à base de tenofovir réduit la
transmission de 39% chez les femmes5. De même, la prise orale journalière de tenofovir et emtricitabine
la réduit de 44%6. Les travaux en cours et de nouvelles combinaisons de médicaments devraient améliorer
l’efficacité des traitements préventifs.
1 Appelée également primo-infection.
2 Il est important de noter que de manière étonnante généralement un seul des virus transmis est responsable de l’infection.
3 Les symptômes de la phase aiguë sont peu spécifiques sous forme d’un syndrome pseudogrippal, ou mononucléosique.
4 Les risques de transmission par des personnes en phases aiguë de l’infection sont 10 fois supérieurs à ceux des autres
patients.
5 Voir lettre SIDABLOG n° 42.
6 Voir lettre SIDABLOG n° 47.
Lettre bimensuelle n° 61 (16-30 juin 2011)