Histoire du recrutement militaire en France
Jusqu'à la Révolution française, le recrutement des troupes dans l'armée française repose
essentiellement sur le volontariat, à quelques exceptions près, notamment en cas d'urgence.
L'armée n'est alors composée que de soldats de métier. La naissance d'une armée régulière en
France a pris des siècles.
Au Moyen Âge, les différents corps de troupes sont levés par les seigneurs eux-mêmes et l'armée
royale n'est donc que le « conglomérat de bandes » appartenant aux différents barons, comtes et
ducs. Ces vieilles bandes constituent le noyau de l'armée. Elles sont regroupées au sein de
formations plus grandes, les régiments, qui ne sont que des groupements tactiques.
Les premiers régiments durables sont formés en 1585 et seront connus sous le nom de « vieux
régiments », puis apparaît au cours du 17e siècle une nouvelle formation, le corps, pouvant compter
plusieurs régiments. Si le nombre de ceux-ci n'est pas limité, celui des corps est fixé à six.
Colbert instaure, en 1669, un système de classes, avec des dossiers individuels, en ce qui concerne
la marine, c'est-à-dire les marins eux-mêmes, mais aussi tous les métiers liés à l'armement des
navires. Ce système ayant montré ses qualités est repris par l'armée de terre en 1716 : ce sont « les
contrôles des troupes avec signalement », registres créés pour lutter notamment contre les
déserteurs qui se réengagent afin de toucher une nouvelle prime de mobilisation.
La conscription ou obligation pour tous les garçons de servir sous les drapeaux est instituée en 1798
(an VI), mais n’a jamais été appliquée stricto sensu. Tous les hommes peuvent alors être mobilisés
en temps de guerre, tandis qu’en temps de paix, l’armée fait principalement appel à des engagés
volontaires. Pour mettre en œuvre cette décision, tous les hommes âgés de 20 ans (sauf les
hommes mariés, les infirmes, …) seront inscrits ensemble - d’où le terme de « conscription » - sur
une liste de recrutement.
Ce système de l’obligation militaire sur lequel s’appuie l’effort de guerre napoléonien est supprimé à
la Restauration. Mais comme les engagements volontaires ne sont pas suffisants pour assurer les
effectifs d’une armée de métier, le ministre de la guerre, Gouvion Saint-Cyr, fait voter en 1818 une loi
qui institue un service long de six ans auquel doivent se plier les jeunes gens qui ont tiré au sort un
mauvais numéro, ou les remplaçants qu’ils auront trouvés. Pour cette raison, entre 1815 et 1870, la
masse des soldats français est constituée d’appelés ayant tiré un mauvais numéro, de remplaçants
et d’engagés volontaires.
La loi de 1872 introduit un changement important. Bien que le tirage au sort soit maintenu, le
remplacement est supprimé. Avec cette nouvelle loi, la moitié du contingent doit effectuer cinq ans
de service actif, l’autre entre six mois et un an.
Au 20e siècle, le service militaire connaît plusieurs remaniements. En 1905, l’ancien système du tirage
au sort est supprimé, ainsi que les remplacements et les exemptions. Désormais, tous les hommes
sont appelables pour deux ans, pour un service personnel, égal et obligatoire.
En août 1913, la loi Barthou, dite loi des trois ans, fait passer le service militaire de deux à trois
années, en vue de préparer l'armée française à une guerre éventuelle avec l'Allemagne, laquelle
surviendra l'année suivante et deviendra la Première Guerre mondiale. Le conflit apparaissait en effet,
aux yeux d'une partie de l'opinion, de plus en plus inévitable, tandis que la droite nationaliste et une
partie de la gauche républicaine revendiquait la revanche contre le vainqueur de 1870. Néanmoins,
toute une partie de la gauche, des radicaux-socialistes à la SFIO, s'y opposait, au nom de
l'antimilitarisme et de la négociation diplomatique avec l'Allemagne visant à éloigner le spectre de la
guerre. Cette loi fut ainsi l'un des débats majeurs de l'année 1913.
La durée du service est progressivement raccourcie et en 1965, la loi Messmer instaure le service
national, englobant deux formes de service civil. Notons enfin que le service national devient
accessible aux femmes en 1970, sous la forme du volontariat.
Le 28 mai 1996, le Président de la République Jacques Chirac annonce sa décision de
professionnaliser les armées et de suspendre le service national.