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pouvoirs en son sein. La théorie anglo-saxonne de l’agence, ou du mandat, analyse la société
comme un contrat par lequel une ou plusieurs personnes (le mandataire) engage une autre
personne (le mandant) pour exécuter en son nom une tâche qui implique une délégation d’un
pouvoir de décision5. Le mandataire social agissant pour le compte de l’actionnaire mandant,
des mécanismes de contrôle et d’intéressement peuvent alors être mis en place pour permettre
à ce dernier de s’assurer que ses intérêts sont bien poursuivis. Se pose alors plus
particulièrement la question du contrôle de la rémunération des dirigeants, pour limiter le
risque qu’une rémunération abusive soit versée au détriment des intérêts des actionnaires6. La
gouvernance d’entreprise peut alors être conçue comme un moyen d’équilibrer les pouvoirs et
les relations au sein de la société.
Au Royaume-Uni, aux Etats-Unis, ou en France, la mise en place d’un vote des
actionnaires sur les rémunérations des dirigeants se pose surtout pour les sociétés cotées,
généralement visées en priorité par les réformes de gouvernance d’entreprise. En effet,
l’actionnariat étant constitué de groupes variés et davantage dispersés que dans les sociétés
non cotées, il lui est plus compliqué d’exercer un contrôle sur les actions des dirigeants.
La structure de la société anonyme qui servira ici de référence est la structure dite classique,
avec un conseil d’administration et une direction managériale. Cela vaut également pour les
sociétés cotées au Royaume-Uni et aux Etats-Unis qui disposent d’une structure similaire,
bien que certaines particularités demeurent. De plus, il convient dès à présent de préciser que
la notion de « dirigeant » recouvre le président et les membres du conseil d’administration, les
membres du directoire, le directeur général et le directeur général délégué, ainsi que le
président directeur général lorsque les fonctions de président et de directeur général sont
occupées par la même personne.
Au sein de la société, ce sont les administrateurs qui se voient chargés de fixer la
rémunération des dirigeants dits « exécutifs », mais il n’est pas rare qu’une même personne
occupe ces deux fonctions, en particulier au Royaume-Uni ou tous les dirigeants sont
membres du conseil d’administration. Ainsi, si théoriquement, les administrateurs devraient
favoriser l’intérêt social tout en offrant des rémunérations attractives afin d’attirer les
meilleurs dirigeants, en pratique, leur manque d’indépendance a souvent été critiqué. A côté,
5 Jensen et Meckling, « Theory of the firm : managerial behavior, agency costs, and ownership
structure”, Journal of Financial Economics, octobre 1976, Vol.3, n°4, p305-360
6 Géraldine Broye et Yves Moulin, « Rémunération des dirigeants et gouvernance des entreprises : le cas des
entreprises françaises cotées », Revue Finance Contrôle Stratégie, 2010, vol. 13, issue 1, p.67-98