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MOEURS ET MFTAMORPIIOSES D
.
INSECTE
S
intérieur d'au delà, frais et propre par sa nature à leur permettr
e
de s'y construire un abri favorable à la nymphose
,
Mais, dans ce travail de pénétration, les larves avaient dû fair
e
des efforts que leur corps flasque et élastique leur avait seul per
–
mis de supporter
: elles avaient dû s'aplatir pour passer dans le
s
interstices par lesquels s'écoulaient les eaux
.
Pensaient–elles trouver, à leur issue, des berges extérieures d'u
n
autre terrain favorable à leur transformation ? En ce cas, elle
s
n'avaient pas su discerner que toute sortie leur était fermée dan
s
la direction des fentes, par suite, elles n'avaient eu ni l'instinct, n
i
la prescience de se douter qu'à leur corps long et grêle, la trans-
mutation y substituerait un être bien moins grêle, bien moins long
,
plus court, plus ramassé, à téguments durs et coriaces, auquel la
largeur de la fente ne saurait suffire pour lui livrer le passag
e
nécessaire pour gagner les eaux du bassin
.
C'est en effet ce qui arriva
: quand, vers la mi-septembre, l'adult
e
formé voulut essayer de passer
; il se trouva en présence d'u
n
espace étroit, dont les bords denticulés, durs et crétacés lui interdi
-
rent toute issue
: quelques–uns réussirent bien, à la suite d'efforts
,
répétés, à se faufiler dans la masse des eaux du bassin, la plupar
t
furent arrêtés comme par les barreaux en fer d'une prison, tenta-
tives recommencées, efforts vains
; à la fin, affaiblis, fatigués
,
n'ayant pu passer de leur corps que la tête et une partie de la ré-
gion thoracique, ils trouvèrent la mort que leur inconsciente larv
e
leur avait préparée
; et c'est ainsi que les travaux exécutés par le
s
hommes peuvent être parfois une cause involontaire de la dévia-
tion des sens chez les insectes
.
A l'état naturel, toute mare, tout réceptacle d'eau, dans les
–
quels vivent les Dytiscides, a un fond appuyé sur un lit vaseux
;
les berges sont en terre ferme, en situation d'offrir aux larves qu
i
les gagnent les conditions normales pouvant leur fournir, à l'épo-
que de la transfiguration un milieu des plus favorables pour fran-
chir sans difficulté le passage de l'état de nymphe à l'état adulte e
t
permettre à ce dernier de gagner l'élément aérien, après avoi
r
percé, par pression du corps, la faible couche terreuse qui le sépa-
rait du dehors
.
Dans ces conditions, la nature, jamais en défaut, garantit l'exis-
tence des êtres qu'elle crée
.