Journal Identification = MTE Article Identification = 0451 Date: March 15, 2013 Time: 6:40 pm
métaboliques et épurer le sang seraient autant de para-
mètres à surveiller. C’est donc un matériel complexe,
coûteux, une surveillance constante et un personnel bien
formé qu’il faudrait mettre en action de fac¸on continue
pendant plusieurs semaines. Il s’y ajouterait le contrôle du
développement embryonnaire par l’évaluation des para-
mètres biochimiques du sang du fœtus, de sa croissance
pondérale et de la maturation de ses organes. On pense au
minimum à des prélèvements sanguins (pH, pO2, pCO2,
hématocrite), à l’échographie, au monitoring du rythme
cardiaque et à l’EEG. Enfin, quand et sur quels critères
extraire un fœtus viable et normal : poids, maturité pulmo-
naire, retournement du fœtus, taux d’ACTH ou de cortisol,
seuls ou combinés ?
Plusieurs avancées ont vu le jour ces dernières années
pour réanimer ou maintenir en vie certains grands pré-
maturés (ventilation gazeuse par oscillations à haute
fréquence, administration de NO ou de surfactant exo-
gène), qui ont fait leur preuve. D’autres, ventilation liquide
avec des fluorocarbones [14], CEC sans pompe circula-
toire en sont encore au stade expérimental [40]. Mais
d’une part, les techniques actuellement employées dans
les unités de soins intensifs ne permettent pas la survie
des prématurés avant 24 SA, d’autre part, leur emploi
après cette date barrière reste source de mortalité et de
morbidité à court terme qui peuvent toucher le cerveau
(lésions hémorragiques intraventriculaires, parenchyma-
teuses ou ischémiques), le cœur (canal artériel persistant),
les poumons (maladie des membranes hyalines), le tube
digestif (entérocolites ulcéronécrosantes). Les équipes
obstétricales et les néonatologistes s’interrogent à juste
titre sur les limites à donner à certaines techniques de
survie et aux traitements médicamenteux qui les accom-
pagnent, sources d’une souffrance pour le prématuré et
leur famille. La survie des nouveau-nés aux limites de la
viabilité expose à des séquelles à plus long terme : déficit
neurosensoriel, dysplasie broncho-pulmonaire, retard de
croissance, etc. Les équipes soignantes ont pris en compte
le rapprochement mère-enfant par l’emploi de la méthode
Kangourou qui les associe plus intimement et améliore la
gestion du stress de chacun.
La loi Leonetti de 2005 a donné un cadre juridique aux
pratiques de limitations des soins et d’obstination dérai-
sonnable. Cette loi s’appliquerait-elle à l’embryon ou au
fœtus incubé dans un UA ?
La transplantation d’utérus
La greffe d’utérus (TU) présente un intérêt pour les
patientes jeunes et infertiles ayant été hystérectomisées
suite à des hémorragies de la délivrance, des cancers
cervicaux, des adhérences, des léiomyomes ou celles pré-
sentant des anomalies mullériennes congénitales (absence
d’utérus dans le syndrome Mayer-Rokitansky-Kuster ou
malformations utérines avec des ovaires fonctionnels),
désireuses d’avoir des enfants. On peut considérer que
c’est une greffe de confort comparée aux greffes de moelle
osseuse, de rein ou de foie. Mais cette opération per-
mettrait d’éviter le recours aux mères porteuses qui n’est
autorisé que dans quelques pays, et pas en France.
Données actuelles
sur la transplantation d’utérus
Transplantations autologues
Des TU ont été réalisées dans de nombreuses espèces
animales : chèvre, chien, lapine, rate, souris, truie [8]. Des
TU autologues ont été expérimentées récemment chez le
macaque Cynomolgus [32], sans les ovaires, et le Babouin
[19], d’anatomie utérine proche de l’humain, avec les
ovaires et les trompes, avec plus ou moins de réussite :
3 décès sur 4 essais après 3 mois post-opératoires chez
Cynomolgus et 66 % à 100 % de succès selon la technique
de transplantation chez le Babouin. La suture de l’utérus
au vagin ne présente pas de difficultés. Des menstrua-
tions régulières ont été observées dans 6 des 10 femelles
Babouin greffées et accouplées pendant au moins 5 cycles
sans entrer en gestation du fait d’un blocage tubaire. La
TU sans les ovaires et les trompes éviterait cet écueil.
L’expérience des chirurgiens de transplantation dans la
suture des vaisseaux est déterminante pour la réussite des
TU. Les auto-transplantations réalisées chez les singes ont
montré quels vaisseaux dominants devaient être suturés
(iliaques internes), soit unilatéralement ou bilatéralement,
quel type de suture «end to end »ou «end to side »devait
être privilégié, le rôle des vaisseaux ovariens, l’importance
de la fixation de l’utérus chez la receveuse, la nécessité
d’un soutien par transfusion sanguine lors les longues opé-
rations chirurgicales (entre 12 à 17 heures), la perfusion
à froid des vaisseaux pour éviter l’ischémie et faciliter la
reperfusion.
Transplantations syngéniques
La TU ayant pour objectif l’établissement d’une gros-
sesse, les cas chez l’animal où une gestation a été obtenue
méritent une attention particulière. La gestation a été
observée chez la souris après TU syngénique en position
hétérotopique [35-37]. Les utérus prélevés ont été conser-
vés 24 à 48 h à froid avant d’être greffés sur des receveuses
qui sont devenues gestantes après transfert d’embryons (5
sur 6) et ont mis bas à 25 souriceaux dont 20 ont survécus
jusqu’à 8 semaines (7 ont eu une croissance qui paraissait
normale).
Dans une série de TU syngéniques en position orthop-
tique sur 19 rattes [48], une ratte a délivré deux ratons
dont la croissance sur 2 mois était comparable à celle
des contrôles. Deux autres ont absorbé leurs petits. La
greffe était effectuée entre le segment supérieur et la
base de la corne utérine, modifiant peu les attaches. Les
vaisseaux iliaques de la donneuse et de la receveuse ont
mt Médecine de la Reproduction, Gynécologie Endocrinologie, vol. 15, n◦1, janvier-février-mars 2013 43
Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 25/05/2017.