27 - MALADIES HÉMOPARASITAIRES ET REPONSES

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MALADIES HÉMOPARASITAIRES ET REPONSES IMMUNITAIRES SPÉCIFIQUES
R. Masake et A. Musoke
International Livestock Research Institute, P.O. Box 30709, Nairobi, Kenya
Original : anglais
Résumé : Il ressort d’une étude effectuée par l’Office international des épizooties sur la fréquence
d’apparition des maladies hémoparasitaires dans ses Pays Membres que les protozooses
(trypanosomose, theilériose, babésiose) et les rickettsioses (anaplasmose, cowdriose et ehrlichiose) ont
des conséquences économiques importantes. Chacune des maladies évoquées ci-dessus a eu une
incidence variable sur l’économie des pays qui ont répondu à l’enquête. Leur complexité moléculaire et
l'existence d’une variation antigénique pour certains des agents étiologiques assurent la survie de ces
parasites
Une réponse immunitaire complexe aux parasites infectant s’exerce par des mécanismes d'immunité
cellulaire et humorale. Dans la trypanosomose, le développement du parasite est essentiellement
neutralisé par la production d'anticorps dépendant des lymphocytes T dirigés contre diverses
glycoprotéines de surface et peut-être contre d’autres molécules tapissant la surface des parasites. Des
réponses immunitaires cellulaires se produisent aussi, mais liées à l’immunosuppression des lymphocytes
B. De plus, diverses cytokines immunomodulantes sont produites lors d’une infection. Les études sur la
theilériose ont mis en évidence l’importance des réactions humorales au niveau des sporozoïtes
infectieux ; toutefois, au stade schizonte, l’élimination des cellules parasitées est assurée par des
lymphocytes T cytotoxiques. Dans les babésioses, les lymphocytes T sont les principaux agents de la
protection immunitaire. A l’heure actuelle, on ne dispose pas de toutes les informations sur la lutte
contre la rickettsiémie lors d'anaplasmoses aiguës. On a toutefois établi que les sous-populations de
lymphocytes T sont essentielles à la protection immunitaire. Une hypergammaglobulinémie se produit
après une infection par Ehrlichia et Cowdria, sans rapport direct avec l’immunoprotection, ce qui
implique une médiation cellulaire dans les mécanismes de la protection immunitaire.
La présente étude fait le point de nos connaissances sur les réponses immunitaires spécifiques au cours
des maladies hémoparasitaires et fait ressortir la richesse des informations dont on dispose sur les trois
protozooses. Cependant, notre savoir sur les réactions immunitaires spécifiques lors d'infections
provoquées par les Rickettsia présente encore de nombreuses lacunes.
1. INTRODUCTION
Les maladies hémoparasitaires ont représenté un obstacle considérable à l'essor de l’élevage dans un grand nombre de
pays en développement, et notamment en Afrique sub-saharienne. Ces affections sont essentiellement imputables à la
présence d’espèces de Protozoa et de Rickettsia transmises par divers vecteurs. Les protozooses présentant une
importance pour les espèces animales sont, la theilériose, la babésiose et la trypanosomose, cette dernière étant la plus
largement répandue (cf. Tableau 1). On rencontre ces protozooses dans 49 des 59 Pays Membres de l’OIE, ayant
retourné le questionnaire qui leur avait été envoyé sur les maladies hémoparasitaires (cf. Tableau 1). Ces pays sont
situés en Amérique latine, en Afrique, au Moyen Orient, en Europe du Sud et en Asie.
Il importe de noter que les trypanosomes, les Babesia et les Theileria, ont des cycles biologiques complexes. Chaque
stade de leur développement peut impliquer un ensemble d’antigènes exigeant un type particulier de réponse
immunitaire. D’ailleurs, la réponse immunitaire à un stade déterminé du développement peut ne pas conférer de
protection aux stades ultérieurs. La faible immunogénicité des antigènes des protozoaires, ainsi que leur variation, fait
obstacle à la défense de l’hôte contre les protozooses.
Les infections à Rickettsia posent un problème grave en Afrique sub-saharienne et, dans une moindre mesure, en Asie
et en Europe. Les rickettsioses d’importance économique sont l’anaplasmose, la cowdriose et l’ehrlichiose. On a
reconnu ces maladies dans 36 des 59 pays qui ont été mentionnés. La réponse immunitaire à ces organismes fait appel
au système immunitaire humoral aussi bien que cellulaire. Les recherches effectuées sur la cowdriose donnent à penser
que la réponse immunitaire cellulaire revêt une importance majeure dans cette maladie.
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Nous nous proposons de passer en revue nos connaissances actuelles sur les réactions immunitaires spécifiques aux
trypanosomes, ainsi qu'aux Theileria, Babesia, Anaplasma, Cowdria et Ehrlichia, notamment chez les ruminants.
2. LES TRYPANOSOMOSES
Les trypanosomoses constituent un obstacle majeur à l’élevage en Afrique sub-saharienne (40) et, dans une moindre
mesure, en Amérique latine et en Asie. La distribution géographique de la maladie est influencée par la présence de
glossines et de mouches piqueuses. On a recensé des trypanosomoses transmises par les glossines dans 39 pays subsahariens (cf. Tableau 1). Les trypanosomoses non transmises par les glossines sont présentes en Amérique latine, au
Moyen Orient, en Asie, en Europe orientale et, à un moindre degré, en Afrique (cf. (cf. Tableau 1)). On trouve aussi des
parasites transmis par voie mécanique dans les pays où existent surtout des trypanosomes transmis par les glossines.
Les trypanosomes d’importance vétérinaire transmis par les glossines sont Trypanosoma congolense, T. vivax et T.
brucei pour les bovins, les ovins et les caprins, et T. simiae pour les porcs. Les principales espèces de trypanosomes
pathogènes vivant en dehors de la zone des glossines sont T. vivax et T. evansi, transmis par voie mécanique par des
mouches piqueuses et le trypanosome sexuellement transmissible T. equiperdum. Trypanosoma evansi provoque une
maladie chez les chevaux, les chameaux, les porcs, les buffles et les bovins, tandis que T. equiperdum affecte les
chevaux et les ânes,
2.1.
Immunité humorale
Les trypanosomes provoquent des maladies s’accompagnant de symptômes divers, suivant l’hôte infecté,
l’espèce de trypanosome et le sérodème. En règle générale, les caractéristiques des trypanosomoses sont les
suivantes : hyperthermie, anémie, cachexie, productivité réduite, infertilité et, lorsque l’animal n’est pas soigné,
mort fréquente de déficience cardiaque ou d’infections opportunistes. Les animaux infectés tendent à présenter
une parasitémie persistante, instable, libérant des vagues successives de trypanosomes exprimant diverses
glycoprotéines de surface (variable surface glycoproteins : VSG) (7, 76). Ce schéma de parasitémie expose
l’hôte à une série d’antigènes de surface diversifiés sur le plan de leur antigénicité. Les gènes VSG entraînent le
codage d’une famille de protéines qui présentent une hétérogénéité considérable en position N, alors qu’en
position C la similitude est assez grande (56, 65). La position terminale de C est liée par covalence au
dimyristyl-phosphatidylinositol, ce qui assure son ancrage à la membrane (17). Le clivage du
phosphatidylinositol des VSG par la phospholipase C endogène amène une exposition subséquente d’un épitope
cryptique déterminant, caractérisé par des réactions croisées, et constitué en partie par le phosphate d’inositol
terminal (65). On a montré que l’hôte produit des réponses immunitaires humorales au VSG, tant en position
terminale de N que de C. Les anticorps dirigés contre les positions terminales de N sont spécifiques du VSG
considéré et, partant, de l’élimination des parasites qui se présentent à la surface du VSG en question. Ces
parasites sont éliminés lors de l'opsonisation par les macrophages (75). En dépit de l’efficacité des anticorps
actifs spécifiques des antigènes, l’élimination complète des trypanosomes est contrecarrée par l’apparition rapide
de ceux qui possèdent des antigènes de surface différents, à l’encontre desquels l’hôte n’a pas développé de
réaction immunitaire. La persistance des parasites circulants entraîne une stimulation continue du système
immunitaire de l’hôte, comme le montre l’accroissement sensible de la taille et de l’activité des centres
germinaux. Cela s'accompagne d'une augmentation du nombre de lymphocytes qui prolifèrent dans les cordons
médullaires et dans le paracortex des ganglions lymphatiques, dans les zones périartérolaires ainsi que dans les
zones folliculaires périphériques de la rate (33). En dépit d'une stimulation excessive apparente des organes,
sièges des réactions immunitaires, les niveaux élevés d’immunoglobulines IgM et IgG associés à la
trypanosomose africaine, sont spécifiques de la «souche»/sérodème qui provoque l’infection, compte tenu du
fait que les trypanosomes infectants peuvent absorber 85 à 100% des immunoglobulines produites (45).
La production d'anticorps dirigés contre des antigènes invariants non VSG se produisent aussi lors des infections
à trypanosomes (4). Ces réactions n’ont pas de rapport direct avec le contrôle de la parasitémie. Il a cependant
été établi qu’une réaction à prédominance IgG dirigée contre une cystéine-protéase, une protéine de choc
thermique (hsp 70/BIP) et l’épitope cryptique VSG peuvent être associées à la tolérance aux infections à
trypanosomes (3). Cela donnerait à penser que les antigènes invariants pourraient jouer un rôle, en modulant
l’infection.
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Tableau 1 : Pays Membres de l’OIE ayant déclaré des maladies hémoparasitaires
Pays
Trypanosomose
Theileriose
Babésiose
Anaplasmose
Cowdriose
Afrique du
Sud
T. brucei
T. congolense
T. vivax
T. equiperdium
T. mutans
T. parva
T. taurotragi
T. velifera
B. bigemina
B. bovis
B. equi
A. marginale
A. centrale
A. ovis
C. ruminantium
Algérie
T. evansi
T. annulata
Babesia spp.
Anaplasma spp.
B. major
B. divergens
Anaplasma spp.
B. bovis
A. marginale
B. bigemia
A. marginale
Allemagne
Angola
Ehrlichiose
E. ovis
T. brucei
T. congolense
T. vivax
Argentine
T. evansi
T. theileri
Australie
T. buffeli
B. bovis
Autriche
Babesia spp.
Belgique
Babesia spp.
Bénin
T. brucei
T. congolense
T. vivax
Bulgarie
T. mutans
B. Bovis
A. marginale
T. sergenti
B. ovis
Anaplasma spp.
Colombie
T. evansi
T. vivax
B. bigemina
B. bovis
B. equi
A. marginale
Corée
(Rép. de)
T. sergenti
B. gibsoni
B. ovata
A. marginale
Costa Rica
Babesia spp.
Anaplasma spp.
Croatie
B. canis
Cuba
B. bigemina
B. bovis
Danemark
B. divergens
Egypte
T. evansi
T. equiperdium
Equateur
Erythrée
T. annulata
T. ovis
A. marginale
B. bovis
B. ovis
B. equi
A. marginale
A. centrale
T. evansi
Babesia spp.
Anaplasma spp.
T. vivax
T. evansi
Babesia spp.
Anaplasma spp.
Estonie
Babesia spp.
Finlande
B. divergens
Gabon
T. congolense
T. vivax
Indonésie
T. evansi
Irlande
Anaplasma spp.
B. divergens
Japon
T. sergenti
B. ovata
Jordanie
T. ovis
B. ovis
B. equi
B. motasi
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C. ruminantium
E. phagocytophila
Anaplasma spp.
Babesia spp.
C. ruminantium
Anaplasma spp.
Tableau 1 : Pays Membres de l’OIE ayant déclaré des maladies hémoparasitaires (suite)
Pays
Trypanosomose
Theileriose
Babésiose
Anaplasmose
Cowdriose
Kenya
T. brucei
T. Congolense
T. Vivax
T. Evansi
T. parva
B. bigemina
B. bovis
A. marginale
A. Centrale
A. ovis
C. ruminantium
Lettonie
Libye
Babesia spp.
T. evansi
Malaysia
Maroc
T. evansi
Babesia spp.
T. orientalis
B. bovis
A. marginale
A. centrale
T. annulata
B. bigemina
B. equi
B. cabali
A. marginale
E. canis
Moldavie
Namibie
Ehrlichiosis spp.
T. congolense
T. vivax
NouvelleCalédonie
Pays-Bas
Babesia spp.
T. theileri
T. evansi
Ouganda
T. evansi
Qatar
T. evansi
Russie
B. divergens
B. canis
E. phagocytophila
E. canis
B. divergens
E. phagocytophila
T. annulata
T. parva
Paraguay
Sénégal
Anaplasma spp.
T. orientalis
Norvège
Oman
Ehrlichiose
B. bigemina
A. marginale
B. bigemina
B. bovis
B. equi
Anaplasma spp.
T. annulata
B. equi
A. marginale
T. annulata
B equi
Babesia spp.
T. brucei
T. congolense
T. vivax
T. evansi
Anaplasma spp.
C. ruminantium
C. ruminantium
Ehrlichiosis spp.
Suède
B. divergens
B. motasi
Ehrlichiosis spp.
Suisse
B. equi
Ehrlichiosis spp.
Theileria spp.
Babesia spp.
Anaplasma spp.
Tunisie
T. annulata
Babesia spp.
Anaplasma spp.
Turquie
T. annulata
B. bigemina
B. bovis
B. ovis
Thaïlande
T. evansi
Ukraine
Babesia spp.
Royaume-Uni
Babesia spp.
Anaplasma spp.
Vietnam
T. evansi
T. mutans
B. bigemina
B. bovis
A. marginale
Zimbabwe
T. brucei
T. congolense
T. vivax
T. parva
B. bigemina
B. bovis
A. marginale
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C. ruminantium
E. bovis
2.2.
Immunité à médiation cellulaire
Les trypanaosomoses africaines et, dans une moindre mesure, l’infection des buffles domestiques par T. evansi
sont liées à une profonde dépression de la réponse immunitaire de l’hôte vis-à-vis des antigènes hétérologues
introduits une fois l’infection installée (5, 61, 62). Il apparaît que les lymphocytes B sont l’une des cibles de
l’immunosuppression, comme le montre la réduction sensible de la production d'IgG1 et d'IgG2 après vaccination
des bovins contre Brucella abortus (61). Il n’en demeure pas moins que l’immunosuppression constatée en cas
de trypanosomose varie avec la souche du parasite et la race de l’animal. Chez la souris, l’immunosuppression a
été attribuée à une activation polyclonale (75). On a lié cette activation polyclonale à l’apparition d’anticorps à
des antigènes étrangers, à un accroissement de la concentration d’IgG dans le sérum, une production massive de
cellules du plasma dans les ganglions lymphatiques et la rate et à une réduction relative des réactions
immunitaires spécifiques aux vaccins (24). L’examen des causes de cette immunosuppression a clairement établi
le rôle des macrophages. En effet, l’extraction des cellules exprimant Mac-1 (macrophages, lignées de
lymphocytes B CD5+ et granulocytes) dans des cultures in vitro de cellules de ganglions lymphatiques a entraîné
la restauration à 100% des réactions de prolifération, alors que la déplétion de la fraction Thy-1+ (lymphocytes
T) n’a pas rétabli cette prolifération (68). La part des lignées de macrophages dans l’immunosuppression avait
été mise en évidence précédemment par Borowy et coll. (8), les auteurs ayant pu annuler cette
immunosuppression chez des souris par un traitement à l’ester de méthyle de L-leucine. L’ajout, à des cultures
de cellules de rates de souris infectées, de cellules accessoires provenant de souris saines a, par ailleur, rétabli
l'activité de prolifération (22, 23).
L’interaction entre macrophages activés par des trypanosomes et lymphocytes T entraîne une meilleure
régulation de la sécrétion de gamma-interféron (IFN-γ) par les lymphocytes T CD8+, avec suppression
subséquente de l’expression d'interleukine 2R (IL-2R) sur les lymphocytes T CD8+et CD4+. Cet effet peut être
annulé par une protéine 40-45 kDa provenant de T. brucei brucei (49, 50). En dehors des réactions immunitaires
modulées chez le bovin hôte, les macrophages activés peuvent aussi jouer un rôle essentiel dans la suppression
des érythrocytes recouverts d’immunoglobulines, même ceux qui présentent des distorsions de leurs membranes
de surface. L’érythrophagocytose par les macrophages activés peut constituer un facteur essentiel de l’induction
d’une anémie extravasculaire (43). Par ailleurs, les macrophages produisent un facteur nécrosant des tumeurs
(FNT α) dont la sécrétion a été observée lors des infections par T. vivax accompagnées d'une
érythrophagocytose et d'une anémie sévères évidentes (69)
S’il est avéré que les réactions immunitaires des cellules jouent un rôle dans la trypanosomose des souris, il n’est
pas clairement prouvé qu’elles exercent la même fonction dans la trypanosomose des bovins. On a constaté,
chez le bétail infecté par des trypanosomes, un accroissement du taux de cellules CD8+ et γδT alors que les
lymphocytes CD2+ et CD4+ diminuent (29). Bien que l’on assiste a un accroissement du nombre de lymphocytes
CD8+ dans les infections à trypanosomes, selon des informations récentes obtenues à la suite de la phagocytose
de cette sous-population de cellules, aucun effet modulateur n’apparaîtrait quant au niveau de la parasitémie ou
de l’anémie.
Les lymphocytes produisent diverses cytokines qui, lorsqu’elles sont liées à des récepteurs spécifiques à la
surface des cellules, entraînent une modulation de la croissance, de la différentiation ou de la fonction des
cellules porteuses de récepteurs. En cas d’infection, IL- 2 et IFN-γ sont sécrétés par les cellules prolifératives des
ganglions lymphatiques (28, 67, 68). On sait que l'IFN-γ stimule l’activité des macrophages et favorise
l’expression en surface des classes I et II du complexe majeur d'histocompatibilité (CMH) sur divers types de
cellules. Le rôle de l’IFN-γ dans la protection contre la trypanosomose bovine demeure peu clair.
Ces observations montrent qu’il est urgent d'identifier les molécules qui entrent en jeu dans l’induction des
réactions immunitaires de protection. Cette identification faciliterait grandement la mise au point d’un vaccin
efficace contre la trypanosomose.
3. THEILERIOSE
La theilériose est une maladie hémoparasitaire importante des animaux, entraînant des manifestations cliniques variées,
allant d’une forme subclinique à une maladie mortelle selon, d’une part, l'espèce de l’hôte et son âge et, d'autre part,
suivant l’espèce d'agent pathogène en cause. Cette maladie est très largement répandue dans les zones tropicales et
subtropicales, où elle porte le nom de « fièvre de la côte est » (Theileria parva), de « Corridor disease » (T. lawrencei)
et de theilériose bovine tropicale (méditerranéenne) (T. annulata) encore appelée « fièvre de la côte méditerranéenne ».
La fièvre de la côte orientale a des incidences économiques majeures dans toute l’Afrique, centrale, orientale et
australe, où les pertes ont été chiffrées à 168 millions de dollars américains par an (42). La theilériose tropicale est bien
plus largement répandue et sévit depuis l’Afrique du Nord jusqu’à la Chine. Sans disposer de données statistiques
récentes sur les pertes imputables à cette maladie, on peut estimer à 200 millions le nombre de bovins susceptibles de la
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contracter. Les deux parasites (T. parva and T. annulata) provoquent une affection entraînant une maladie
lymphoproliférative chez les bêtes atteintes, qui se caractérise par de l’hyperthermie, une hypertrophie des ganglions
lymphatiques, des pétéchies sur les muqueuses et une détresse respiratoire se terminant par la mort du sujet. Quant aux
infections causées par T. annulata, elles comportent un stade d’érythrodestruction.
Les Theileria parasites sont transmises par des tiques de la famille des Ixodidés (Rhipicephalus, Hyaloma et
Haemophysalis), et présentent un cycle sexuel qui entraîne la production de sporozoïtes infectieux pour les
lymphocytes des mammifères. Chez les bovins, les sporozoïtes commencent par envahir les lymphocytes, se
développent pour devenir des schizontes, puis des mérozoïtes qui, par la suite, infectent les érythrocytes. Dans les cas
aigus, la mort survient au stade macroschizonte de l’infection en raison, notamment, de la destruction des lymphocytes.
3.1.
Theileria parva : immunité humorale
L’immunisation contre l’infection par T. parva est compliquée par l’existence de parasites dans deux types de
cellules hôtes et par la complexité antigénique du parasite. L’infection par T. parva provoque une réaction
marquée contre les antigènes de surface des sporozoïtes, des macroschizontes et des piroplasmes. Les anticorps
dirigés contre les antigènes de surface et notamment une molécule de 67 kDa sont susceptibles de neutraliser le
caractère infectieux des sporozoïtes pour les lymphocyes (46). Cette observation a conduit à envisager d'utiliser
la protéine 67 kDa (p67) en vue de la production d’un vaccin sous-unitaire contre T. parva (44). S’il est facile de
déceler les anticorps anti-schizontes chez les animaux après vaccination ou infection, ces anticorps ont peu de
chance d’être efficaces à ce stade du parasite, compte tenu de sa localisation intracellulaire. Il n’est en effet
aucunement prouvé que les anticorps dirigés contre les schizontes reconnaissent les antigènes spécifiques des
parasites à la surface des cellules infectées (12). Une fois le parasite installé dans les lymphocytes, il s’avère que
les réponses immunitaires humorales ne sont pas induites contre la surface des cellules mononucléaires
parasitées (12). Cette observation conduit à penser que les anticorps ne jouent pas nécessairement un rôle
essentiel dans la phagocytose des cellules infectées. En outre, les essais visant à protéger les bovins par le
transfert d'immun sérum sont restés infructueux (41).
3.2.
Theileria parva : immunité à médiation cellulaire
Les observations que nous venons d’évoquer donneraient à penser que l’immunité anti-schizontes relève d’un
mécanisme à médiation cellulaire. Cette hypothèse est étayée par des études de transfert adoptif sur des bovins
jumeaux, dont il ressort que les cellules transférées d’un bovin immunisé à un animal non vacciné protègent ce
dernier contre une infection primaire par T. parva (16, 36). Des expériences réalisées in vitro par Pearson et coll.
(53), ont montré que les cellules mononucléaires du sang périphérique (MSP) de bovins immunisés prolifèrent
en direction des lymphoblastes autologues parasités irradiés et que, par ailleurs, une certaine proportion de ces
cellules réagissantes entrainaient une activité cytotoxique bien plus intense contre les cellules autologues
infectées qu’à l’encontre de leurs allogènes. Cette première observation suggère que l’infection des lymphocytes
hôtes par T. parva provoque des modifications des antigènes de surface des cellules qui induisent des réponses à
médiation cellulaire.
En stimulant à plusieurs reprises des cellules MSP immunes par des lymphoblastes autologues infectés, les
cellules effectrices se trouvent enrichies en lymphocytes T spécifiques des parasites. On a montré, à l'occasion
d'études sur le blocage des anticorps monoclonaux, que toutes ces cellules effectrices, et notamment les
lymphocytes T CD4+ et CD8+, sont limitées par des produits géniques des classes I et II du CMH,
respectivement (6, 19). Alors que les lymphocytes T CD8+ contribuent à l’activité cytotoxique dirigée contre les
cibles infectées du type CMH approprié, la plupart des cellules T CD4+ sont non-lytiques. L’analyse de lignées
de lymphocytes T provenant de bovins vaccinés avec diverses souches de parasites milite en faveur de
l’existence de lymphocytes T de souche et d'autres produisant des réactions croisées (6, 19, 39). Ces réactions
croisées pourraient être induites par les épitopes conservés parmi les souches de parasites ou bien liées à
l’existence d’autres composantes, dont certaines sont identiques d'une souche de parasites à l'autre.
Theileria parva sollicite considérablement le système immunitaire des bovins du fait de l’hétérogénéité et de la
complexité de ses souches. Parmi les caractéristiques de cette complexité antigénique, il importe de noter qu'il
n'existe généralement pas de protection immunitaire croisée entre les souches et qu’une partie seulement des
animaux sont protégés. On a étudié d’importants paramètres déterminant la spécificité de la réponse immunitaire
due aux lymphocytes T cytotoxiques (LTC) vis-à-vis de différentes souches. On a utilisé à cette fin des
populations de parasites obtenues par clonage pour immuniser des bovins possédant différents haplotypes du
CMH (71). Ces études ont clairement montré que dans les cellules infectées par T. parva sont produits deux
types d’épitopes ; l'un spécifique de la souche et l'autre entraînant des réactions croisées. Toutefois un est
immunodominant par rapport à l'autre, selon l’élément de restriction et le parasite choisi pour l'immunisation.
Ceci est apparu à l'évidence chez des animaux qui ont développé, en primovaccination, une réponse immunitaire
à LTC spécifique de la souche utilisée mais se sont avérés posséder des LTC entraînant des réactions croisées
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lors d'une épreuve avec une souche hétérologue. Les conséquences de ces observations sont importantes du
point de vue de la conception de vaccins sous-unitaires anti-T. parva. L’une des principales contraintes,
s’agissant de l’immunité à T. parva liée aux LTC, tient à sa spécificité vis-à-vis des souches. On peut envisager
que cette difficulté puisse être surmontée par un choix d’antigènes parasitaires pourvus d'épitopes produisant des
réactions croisées. A l’heure actuelle, les efforts portent en priorité sur la recherche d’antigènes des schizontes
cibles des lymphocytes T cytotoxiques.
Une autre considération importante, s’agissant de la mise au point d’un vaccin mettant en jeu les LTC, consiste à
définir les éléments essentiels de l’induction de LTC dirigés contre des antigènes parasitaires déterminés. Des
études récentes ont montré que l’induction de lymphocytes T CD8+ spécifiques de tel ou tel parasite exige que
les lymphocytes T CD4+ spécifiques des antigènes émettent des signaux de secours (Taracha et McKeever,
communication personnelle). Des recherches sont en cours sur la nature précise de ce secours et la mise au point
de stratégies de production d’antigènes qui permettent de répondre aux exigences relatives à l’induction de LTC
spécifiques des antigènes du parasite.
3.3.
Theileria annulata : immunité humorale
La réponse immunitaire à T. annulata est analogue à celle décrite pour T. parva. Des réactions immunitaires
humorales se produisent lors d’une infection par T. annulata. Ces anticorps reconnaissent les épitopes de surface
du sporozoïte et l’on a établi qu’ils bloquent l’invasion des cellules mononucléaires par les sporozoïtes, puis
inhibent la transformation des cellules infectées (21, 80). Les efforts visant à déceler les anticorps dirigés vers
les molécules de surface des schizontes, les piroplasmes et les cellules de surface des cellules mononucléaires et
des érythrocytes infectés ont échoué (66). Comme c’est pour le cas pour T. parva, le rôle des anticorps dans la
protection immunitaire se borne sans doute à neutraliser les sporozoïtes.
3.4.
Theileria annulata : immunité à médiation cellulaire
Contrairement à T. parva, qui infecte en priorité les lymphocytes T, T. annulata infecte les cellules B. C’est
peut-être à cela qu’il faut attribuer certaines différences susceptibles d’apparaître quant à la réponse immunitaire
des cellules de l’hôte des deux parasites. A ce jour, les études réalisées sur l’immunité à médiation cellulaire visà-vis de T. annulata ont mis en évidence la production de lymphocytes T cytotoxiques pendant l’infection
primaire et secondaire (55). Par ailleurs, ces LTC peuvent lyser les lymphocytes infectés sous restriction du
CMH-classe1. Un second groupe de lymphocytes cytotoxiques, non-limités au CMH-classe1, apparaît aussi ; on
pense toutefois que cela est lié aux cellules tueuses naturelles ("Natural Killer: NK") (70). De plus, les travaux
de Preston et Brown (54) ont mis en évidence le rôle protecteur des macrophages contre la prolifération des
parasites dans le sang grâce à la production de cytokines qui exercent un effet cytostatique puissant sur les
souches de cellules infectées par des schizontes. Des études récentes sur l’immunité à médiation cellulaire
confirment l’intervention des LTC et des macrophages dans la réaction immunitaire. Il importe de poursuivre les
recherches pour identifier le (ou les) mécanisme(s) susceptibles d’intervenir dans la phagocytose des cellules
infectées par des schizontes. Cela favorisera l’identification d’antigènes protecteurs pouvant être utilisés dans la
mise au point de vaccins sous-unitaires contre T. annulata.
4. BABÉSIOSE
La babésiose est une protozoose des bovidés causée par des espèces de Babesia. Les parasites sont transmis par des
tiques telles que Boophilus et Dermacentor. Les tiques prélèvent les parasites en piquant l’hôte définitif. Chez la tique,
les gamétocytes provenant des érythrocytes forment des zygotes qui, après différentiation, deviennent des ookinètes.
Les ookinètes pénètrent dans l’épithélium intestinal et induisent la sporogonie, ce qui entraîne la production de
sporokinètes, puis de sporozoïtes dans les glandes salivaires. Les sporozoïtes, une fois introduits dans la circulation
sanguine à 37°C, deviennent infectieux pour les érythrocytes des mammifères. Les sporozoïtes, en pénétrant les
érythrocytes, forment des trophozoïtes, qui donnent ensuite des mérozoïtes, puis des gamètes, infectants pour les tiques.
Les parasites se présentent souvent par paires de cellules piriformes attachées par une étroite extrémité postérieure dans
les érythrocytes. Les Babesia parasites varient quant à leur virulence pour l’hôte définitif. Dans certains cas, cette
virulence est liée à la localisation géographique. Ainsi, Babesia bigemina, originaire d’Australie, induit-elle des
manifestations cliniques bénignes, tandis que les souches sud-africaines sont virulentes, provoquant des affections
subaiguës et aiguës. Alors que les cas subaigus entraînent une anémie subite et sévère, qui se termine par un ictère et la
mort, les formes aiguës tendent à donner lieu à une forte hyperthermie, et à une hémoglobinurie qui précédent
l’apparition de l’anémie et de l'ictère (27). De même, Babesia bovis cause une forme virulente de babésiose bovine dont
les manifestations sont l’hyperthermie, l’anémie, l’anorexie, la cachexie, une faible parasitémie, et des troubles
circulatoires généralisés, entraînant fréquemment une mortalité élevée chez le bétail non précédemment atteint. A la
différence de ce qui se produit avec B. bigemina, les érythrocytes parasités sont prisonniers des capillaires du cerveau et
- 33 -
du poumon, ce qui entraîne babésiose cérébrale et détresse respiratoire (81). On attribue cela à une surproduction
d’oxyde nitrique et de cytokines inflammatoires telles que le facteur alpha de la nécrose tumorale (FNT-α) et le
gamma-interféron (IFN-γ) en réaction à l’infection (82). Babesia divergens est à l'origine de la babésiose des bovins
d’Europe et s’accompagne de manifestations cliniques rappelant celles qu'entraîne B. bovis. Babesia equi cause une
maladie grave des chevaux, caractérisée par de l’hyperthermie, de l’anémie, un ictère et hémoglobinurie. Babesia equi,
contrairement aux autres espèces de Babesia, se reproduit dans des lymphocytes qui produisent des schizontes (63). Les
stades ultérieurs envahissent alors les érythrocytes. A cet égard, B. equi ressemble à Theileria.
4.1.
Immunité humorale
L’infection par Babesia spp. induit la production d’anticorps. Alors que les isotypes IgM et IgG1,2 spécifiques de
Babesia sont produits simultanément, l’IgG persiste plus longuement. Les anticorps spécifiques de Babesia, qui
sont dirigés contre les protéines de surface au stade des érythrocytes interviennent dans l’opsonisation des
érythrocytes parasités (34). Des études plus approfondies portant sur des chevaux normaux ou atteints
d’immunodéficience combinée sévère (IDCS) ont mis en évidence l’intervention des anticorps dans la lutte
contre la parasitémie (25). Cela confirme les observations de Mahoney et coll. (32) selon lesquelles, chez des
veaux splénectomisés et infectés quatre jours auparavant, la parasitémie était sensiblement réduite par
l'administration de sérum hyperimmun contre B. bovis ou par celle d'un mélange d'IgM et d'IgG2. La réaction
était limitée aux veaux exposés à des souches homologues de Babesia. La réduction de la parasitémie met en jeu
la médiation par opsonisation, suivie de la destruction des parasites libres et des érythrocytes infectés par des
mécanismes cellulaires cytotoxiques dépendant des anticorps (20).
4.2.
Immunité à médiation cellulaire
Le rôle protecteur des lymphocytes T spécifiques de Babesia n’est actuellement pas prouvé de manière directe
pour les bovins ; cependant des travaux sur souris ont bien montré que les lymphocytes T CD4+ et les
macrophages activés sont essentiels à la protection contre les parasites intro-érythrocitaires de B. microti (59,
60). En règle générale, l’infection par B. microti est éliminée par la production de TNF-α, de TNF-ß et d'IFN-α,
qui activent les polynucléaires neutrophiles et les macrophages, donc la phagocytose. Brown et ses
collaborateurs ont mis en évidence (9) une réactivité des lymphocytes T des bovins prélevés chez des animaux
présentant une immunité à B. bovis, avec des antigènes de Babesia en présence de cellules adhérentes. A certains
égards, cela incite à voir une similitude entre le schéma de réactivité des lymphocytes T chez la souris et les
bovins. En conclusion, il ressort des informations dont on dispose que les lymphocytes T interviennent dans la
protection immunitaire par l'intermédiaire des cellules T auxiliaires qui déclenchent une réponse humorale
anamnéique et en tant que cellules effectrices et qui stimulent la phagocytose de Babesia par les macrophages.
De nouveaux travaux seront nécessaires pour établir avec précision le rôle des lymphocytes T et des anticorps
dans la babésiose bovine et équine.
5. ANAPLASMOSE
L’anaplasmose est une rickettsiose transmise par des arthropodes, très largement répandue chez les bovins, les ovins et
les caprins. Chez les premiers, la maladie est provoquée par Anaplasma marginale et A. centrale. L’infection causée
par A. marginale se caractérise par une anémie sévère, de la cachexie, des avortements et la mort (1), alors que
l’infection par A. centrale induit une affection subclinique à bénigne. On peut distinguer Anaplasma marginale de
A. centrale par la localisation et les caractéristiques des micro-organismes enfermés dans les érythrocytes (58).
Anaplasma marginale est transmise au bétail soit de manière cyclique par des tiques des genres Boophilus et
Dermacentor, soit de manière mécanique par des mouches piqueuses. Le parasite subit, dans le tissu épithélial et
musculaire de l’intestin moyen, un processus de développement complexe, où interviennent la multiplication par
division binaire de grandes formes réticulées, qui donnent naissance à des corps denses (26). Les parasites pénètrent
ensuite dans les glandes salivaires, où ils produisent, par un processus de maturation, des formes infectieuses pour les
bovins. On a montré que l’infection, une fois établie dans les muscles de la paroi intestinale et les glandes salivaires des
Dermacentor mâles, est persistante, ce qui en fait des réservoirs de l’anaplasmose. Après avoir été introduits dans la
circulation sanguine des mammifères, les corps initiaux d'Anaplasma infectieux pénètrent dans érythrocytes par
invagination de la membrane du cytoplasme et formation subséquente d’une vacuole. Les formes infectieuses se
multiplient par division binaire, produisant environ 16 corps initiaux, que l’on observe fréquemment aux stades aigus
de la maladie. Le nombre d’érythrocytes parasités diminue à mesure que la maladie devient chronique.
5.1.
Immunité humorale
Les corps initiaux intra-érythrocytaires provoquent des modifications structurelles et biochimiques de la
membrane plasmatique des érythrocytes. Les érythrocytes ainsi modifiés induisent la production d’autoanticorps qui, à leur tour, stimulent l’érythrophagocytose (18, 38). Palmer et McGuire (52) ont démontré que,
- 34 -
outre les auto-anticorps, les érythrocytes produisent des anticorps actifs contre les antigènes de A. marginale ; ils
ont par ailleurs identifié six polypeptides de la membrane externe (47). Ces antigènes sont notamment MSP-1a,
MSP-1b, MSP-2, MSP-3, MSP-4, et MSP-5. Les travaux réalisés à ce jour impliquent sans ambiguïté une
réaction immunitaire humorale dans l’anaplasmose. Ainsi, a-t-on montré in vitro que les anticorps anti-MSP-1
favorisent la phagocytose de A. marginale par les macrophages des bovins (11) et que, plus précisément, ils
bloquent la liaison du parasite aux érythrocytes des bovins (35, 47). Les mécanismes de l’action des anticorps
peuvent être de nature diverse : ils peuvent provoquer la destruction soit directement soit par intervention du
complément, interférer avec les liaisons et la pénétration des érythrocytes par les organismes initiaux, intervenir
dans l’opsonisation à médiation humorale, ou encore dans la cytotoxixité cellulaire dépendante des anticorps.
Bien que les polypeptides MSP, sous leur forme naturelle, soient de nature à induire une réaction humorale
satisfaisante et à protéger les bovins (51), les résultats obtenus quant à la protection immunitaire par les
antigènes recombinants utilisant ces polypeptides n'ont pas été convaincants. Il s’ensuit que des modifications
s’imposent, au stade post-translationel, si l'on veut produire des épitopes susceptibles d’induire une protection
immunitaire
6. COWDRIOSE
La cowdriose est une rickettsiose des bovins, des ovins et des caprins provoquée par Cowdria ruminantium et transmise
par des tiques du genre Amblyomma. La cowdriose est endémique en Afrique sub-saharienne et dans les Antilles. La
maladie qui, dans certains cas, est subaiguë, se caractérise par une forte hyperthermie, de l'ascite, un hydrothorax, un
hyperpéricarde et une atteinte du système nerveux central. L’évolution de ces symptômes varie avec la sévérité de la
maladie. L’infection des animaux sauvages comme le guib harnaché (Tragelaphus scriptus), le gnou noir
(Connochaetes gnou) et le springbok (Antidorcas marsupialis) par Cowdria ruminantium produit fréquemment une
maladie subclinique.
Une revue récente sur la cowdriose a été publiée par l'OIE en 1996 : Camus E., Barré N., Martínez D. et Uilenberg G.
(1996).- Heartwater (Cowdriosis): A Review, deuxième édition, ISBN 92-9044-376-6.
6.1.
Immunité humorale
On a montré que l’infection par C. ruminatium provoquait une réponse immunitaire à la fois humorale et
cellulaire. Les anticorps apparaissent deux semaines après l’infection et, en l’absence d’une nouvelle
stimulation, persistent pendant une durée variant de 8 à 30 semaines (64). La période de persistance est peut-être
liée à une stimulation faible mais continue liée à une parasitémie intermittente chez les animaux guéris (2). Alors
que les anticorps sont à même de neutraliser in vitro le caractère infectieux de C. ruminantium, la transfusion
d'immun sérum à des animaux n’ayant jamais été malades ne leur confère aucune protection. Cela peut être lié
au fait que Cowdria ruminatium, qui est un agent pathogène intracellulaire strict, résidant dans les cellules
endothéliales des vaisseaux, dans les polynucléaires neutrophiles et dans les macrophages, exige, pour être
éliminé, d'une réponse immunitaire cellulaire. Bien que les anticorps spécifiques produits par immunisation ne
confèrent aucune protection immunitaire, ils peuvent moduler la sévérité de l’infection en bloquant l’adhérence
aux cellules de l’endothélium, ou l’invasion de ces cellules in vivo (10).
6.2.
Immunité à médiation cellulaire
Les premiers travaux de Uilenberg (74) donnaient à penser que la protection immunitaire contre C. ruminantium
était essentiellement à médiation cellulaire. Cette hypothèse est confortée par les données obtenues après avoir
transféré des Lyt-2+ T lymphocytes (équivalant à des lymphocytes CD8+) de souris immunisées à des souris
sensibles et les avoir ainsi rendues résistantes à l’infection par C. ruminantium (15). Totté et coll. (72) ont, pour
leur part, montré que l’interféron alpha (IFN-•), produit par les macrophages, les monocytes et les lymphocytes
T activés, retardait de manière significative la croissance de C. ruminantium dans les cellules endothéliales des
vaisseaux. On a établi par ailleurs que les bovins naturellement résistants à l’infection par C. ruminantium
produisent de l’IFN-• (72). Mahan et coll (31) ont montré qu’il était possible d’inhiber la croissance de
C. ruminantium gràce à un liquide surnageant obtenu à partir de cultures stimulées par la concanavaline
A. Mahan et coll. ont montré dans leurs travaux ultérieurs (30) que des anticorps bloquants produits contre
l'IFN-• supprimaient les effets inhibiteurs provoqués par les liquides surnageants de concanavaline A sur la
réplication de C. ruminantium. Ces résultats ont été encore confortés par Totté et coll. (73) qui ont employé
l'IFN-•, un produit des lymphocytes T et des cellules tueuses naturelles (NK) pour bloquer la prolifération de C.
ruminantium et rendre les cellules hôtes réfractaires à la réplication de C. ruminantium. Contrairement à ce qui
se produit chez les souris, l’effet inhibiteur des cytokines chez les bovins n’est pas imputable à une production
d’oxyde nitrique (30).
- 35 -
Il ressort des informations existantes que des études plus approfondies sur les réponses immunitaires spécifiques
de C. ruminantium sont indispensables pour que l’on puisse déterminer de manière plus précise le rôle des
lymphocytes T CD4+ et CD8.. Il importe davantage encore, en vue de la mise au point d’un vaccin de la
cowdriose, que l’on puisse identifier les antigènes/épitopes inducteurs de la réponse immunitaire.
7. EHRLICHIOSE
L’ehrlichiose, est une rickettsiose qui affecte un grand nombre d'espèces, dont l’homme, le chien, le cheval, les bovins
et les ovins. L’infection de l’homme par Ehrlichia chaffeensis se manifeste par des céphalées, des myalgies, de
l’anorexie, des nausées, des vomissements, des frissons et parfois des érythèmes. Cette infection s’accompagne souvent
de leucopénie et de thrombocytopénie, et se traduit par des valeurs élevées du temps de coagulation et d'aspartate
aminotransférase (14). E. chaffeensis est très proche de E. canis, l’agent causal de l’ehrlichiose canine, qui est un
problème de santé majeur chez les chiens, surtout chez les animaux de race pure comme les bergers alsaciens (48). La
maladie sévit dans les régions tropicales et subtropicales, où elle est transmise par la tique commune brune des chiens,
Rhipicephalus sanguineus. Les symptômes sont très variés, se traduisant par une pancytopénie tropicale de gravité
variable. Les signes cliniques le plus souvent observés sont une hyperthermie élevée, une leucopénie, une
thrombocytopénie, une hypertrophie des ganglions lymphatiques, de la cachexie, de la pneumonie, de la fourbure, un
oedème des pattes et du scrotum, des vomissements, de la conjonctivite et une opacité de la cornée. On observe
d’importantes hémorragies avant la mort. L’ehrlichiose équine à monocytes (EEM) est causée par Ehrlichia risticii. Ses
manifestations sont : leucopénie, hyperthermie, anorexie, diarrhée, coliques, fourbure, et la mort pour près du tiers des
chevaux atteints (77). Les ehrlichioses bovine et ovine sont des infections bénignes, provoquées par Ehrlichia bovis
(pour les bovins), E. ovina and E. phagocytophila (pour les ovins). On connaît aussi une fièvre pétéchiale bovine
(Maladie d’Ondiri), dont l’agent causal est Ehrlichia (Cytoecetes) ondiri, qui provoque des lésions capillaires
importantes (13). Cette infection n’a été signalée qu’au Kenya et se traduit par de nombreuses pétéchies et des
ecchymoses à la surface des muqueuses et sur l’ensemble des surfaces séreuses, une hyperthermie élevée, une
hypertrophie des ganglions lymphatiques et une hypertrophie de la rate. Ces lésions s’accompagnent souvent d’un
hydropéricarde. Plus de la moitié des bovins infectés meurent.
7.1.
Immunité humorale
On ne dispose que de rares informations sur la nature des réactions immunitaires induites par les Ehrlichia chez
leurs divers hôtes. A l’heure actuelle, il est établi qu’il y a induction d’anticorps neutralisants de type IgG et que
ces anticorps entraînent une réaction cytotoxique spécifique, dirigée contre les macrophages infectés (37, 57).
Dans les cas d’infection des chevaux par E. risticii, l’apparition d'anticorps neutralisants circulants coïncide avec
l'élimination des agents pathogènes, ce qui conduit à penser que les mécanismes humoraux peuvent être
importants du point de vue de l’immunoprotection. Les anticorps neutralisants, sans inhiber l’absorption d’E.
risticii, interfèrent avec la survie du parasite dans le macrophage (37, 79).
7.2.
Immunité à médiation cellulaire
On a observé que les lymphocytes produits chez des chiens infectés par E. canis étaient cytotoxiques pour les
monocytes autologues ; le ou les antigène(s) intervenant dans ce phénomène n’a(n'ont) pas été déterminé(s). La
présence d’une immunité à médiation cellulaire est corroborée par l’induction d’une blastogénèse marquée dans
les splénocytes obtenus de souris infectées par E. risticii puis réexposées à des antigènes Ehrlichia (78). Il
demeure cependant nécessaire, pour faciliter l’identification des antigènes protecteurs, de déterminer avec
précision la nature de l’action des lymphocytes T.
REMERCIEMENTS
Les auteurs expriment toute leur reconnaissance aux docteurs Duncan Mwangi, Evans Taracha, Onesmo ole MoiYoi,
Phelix Majiwa et Subhash Morzaria pour leurs observations constructives concernant le manuscrit, ainsi qu’à
Mesdames Lucy Thairo et Dorothy Wanjohi pour leur assistance au secrétariat.
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