SANTÉ
AGENCE FRANCE-PRESSE
PARIS—Legénome de labacté-
rie hospitalièremulti-résistante
aux antibiotiques Clostridiumdif-
ficile, responsable de problèmes
intestinaux pouvant menacer
la vie du patient infecté, vient
d’êtredécryptépar des cher-
cheurs réunis par l’institut bri-
tanniqueSanger.
Causeprédominantedans les
pays développés des infections
contractées àl’hôpital(dites
infections nosocomiales) , la
bactérie C.difficileprovoquedes
diarrhées associées àlaprise
d’antibiotiques et,moins fré-
quemment,des colites dont la
mortalitépeut atteindre 30 %
à50 % en cas de complications
(perforation, choc toxique).
Cettebactérie serait «plus
répandueet responsable d’une
mortalité supérieureàcelle due
àla " s uperbactérie MRSA " ,le
staphylocoquedoré résistant àla
méticilline », selon l’institut de
Cambridge (Royaume-Uni).
«Plus de 10 %du génome de
C.difficileest formé d’éléments
mobiles », selon le DrMoham-
medSebaihia, quiadirigéce
décryptage du germe provenant
d’unpatient hospitalisé en
Suisse. Hautement variable,la
bactérie peut ainsiéchanger
avec ses proches des gènes et
des éléments de résistanceaux
traitements.La moitié de ses
gènes ne se retrouvent pas dans
des bactéries voisines (agents
du botulisme,de lagangrène
gazeuse, du tétanos)dénuées de
cettefacultéd’échange.
La bactérie peut «hiberner »
sous forme de spores (coques
protectrices). Ces spores étant
très résistantes àlaplupart des
désinfections,il est très difficile
d’éradiquer labactérie, quipeut
aisément sepropager parmi les
malades.
Une nouvelle souche plus agres-
sive, surnommée « 0 27 », aémergé
depuis 2003 dans les hôpitaux
aux États-Unis et suscité une mor-
talitéaccrue. La « 0 27 » s’est mani-
festée depuis en Grande-Bretagne,
en Belgiqueet aux Pays-Bas.En
France, elle est signalée en 2006
pour lapremièrefois sous forme
de cas groupés,avec 33 patients
(27 à95 ans) touchés de janvier à
avril,àl’hôpitalde Valenciennes
(Nord), sans cependant se voir
imputer de décès.
Seuls deux antibiotiques
(métronidazole ou vancomycine)
sont efficaces, relèvel’institut
Sanger.L’informationapportée
par l’analysede son génome
pourrait contribuer àmettreau
point de nouvelles stratégies de
préventionet de détectiondes
infections et,à terme,conduire
àde nouveaux traitements, selon
l’institut.
Le génome
du C.difficile
décrypté
MATHIEUPERREAULT
Le syndrome d’alcoolisme fœtal
est cinq fois plus répandu qu’on
ne croyait, selon une nouvelle
étude torontoisedévoiléehier au
congrès annuel de laSociétédes
obstétriciens et gynécologues du
Canada.
«Ilest souvent difficile
d’identifier les bébés à risque
parce queles mères ont sou-
vent tendanceàcacher qu’elles
ont eu des problèmes d’alcool
durant lagrossesse», explique
l’auteur de l’étude,le pédiatre
GideonKoren, de l’Université
de Toronto, joint par téléphone
àVancouver. « Nous avons iden-
tifié une molécule dans le méco-
nium, les premières selles du
bébé, qui reflète très bienl’abus
d’alcooldurant lagrossesse.»
LeDrKoren aessayé son test
sur 1000 bébés nés dans une
régionau nordde Toronto qui
reflètebienlapopulationcana-
dienne. « Nous avons été ren-
versés par les résultats,dit-il.
Plus de 3 %des bébés avaient
étéexposés àdes abus d’alcool
durant lagrossesse. Ce taux
est de deux à12 fois plus élevé
qu’on ne croyait.Sur le ques-
tionnaire rempli par les mères
dans notre test, seulement 0,5 %
avaient admis avoir abuséde
l’alcooldurant leur grossesse. »
Le syndrome d’alcoolisme
fœtalest causépar des abus
fréquents d’alcooldurant la
grossesse. Les enfants qui en
souffrent ont des problèmes
cognitifs et comportementaux
graves,et 90 %d’entre eux
n’arrivent pas àavoir une vie
indépendante. «Quand on dit
qu’ils sont incapables d’être
indépendants,cela veut dire que
beaucoup vont se retrouver en
prison », précisele DrKoren.
Undépistage précoceadeux
avantages, selon le pédiatre
torontois, quiest le fondateur
du Journalof FetalAlcoolSyn-
dromeInternationalet dirigele
programmeMotheriskau Sick
Children Hospital. «Nous pou-
vons intervenir àlaprochaine
grossesse. Et nous pouvons
intervenir rapidement,au plan
cognitif et au plan social, auprès
de lamèreet de l’enfant.L’al-
coolisme maternelest souvent
liéàdes problèmes de pauvreté,
de négligenceet de troubles
psychiatriques. »
Le syndrome d’alcoolisme
fœtaln’est pas toujours liéaux
problèmes de lamère, observele
DrKoren. « La moitié des gros-
sesses ne sont pas planifiées.
Il sepeut qu’une femmeait eu
des soirées bienarrosées avant
de se rendrecompte qu’elle était
enceinte.»
Entre 0 et 2 ans,le cerveau de
l’enfant est très malléable, selon
le DrKoren. « Des études sur les
rats exposés àl’alcool quand ils
étaient des fœtus montre qu’une
interventionprécocediminue
beaucouples problèmes compor-
tementaux.Onamême vu que
les rats ayant bénéficié d’une
interventionavaient plus de
connexions entreles neurones
queles autres.»
ALCOOLISME FOETAL
Lesyndrome plus
répandu queprévu
lllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllll