Analyse de surface
Oberflächenanalyse
22 Oberflächen Polysurfaces No 5/11
Pour comprendre le succès de la spectroscopie de
décharge luminescente, il faut inévitablement s’occu-
per de la géométrie de cette décharge. Quant on obser-
ve l’espace entre les deux électrodes d’un tube à
décharge simple avec deux électrodes coplanaires, on
constate une interaction intéressante des régions
claires et sombres, ce qui est typique de toutes les
décharges luminescentes (fig. 1). On observe essen-
tiellement deux régions lumineuses, séparées spatia-
lement: la lueur négative (B), à proximité de la catho-
de (négative), et la colonne positive (C) qui occupe
l’espace restant entre la lumière négative et l’anode
(positive). Chacune de ces deux régions est entourée
de régions sombres. La colonne positive joue un rôle
primordial dans la génération de la lumière dans les
tubes fluorescents. Cependant, elle ne nous intéresse
pas dans la spectroscopie analytique. Pour la SDL la
région à proximité de la cathode est la plus importan-
te, (A: gaine cathodique; B: lueur négative) car le
matériau à analyser est utilisé comme cathode de la
décharge.
Les électrons libérés à la surface cathodique sont
accélérés vers l’anode par le champ électrique; ils
gagnent ainsi de l’énergie cinétique. Cette énergie
peut être transmise à des atomes du gaz environnant
par des chocs inélastiques. Puisque les chocs sont par-
tiellement ionisants, il se forme de nouveau porteurs
de charges libres: des électrons et des ions. Les élec-
trons sont accélérés vers l’anode, les ions en direction
de la cathode, produisant davantage de chocs ioni-
sants. Du fait de cet effet d’avalanche, la densité des
porteurs de charges libres augmente. Le gaz initiale-
ment non conducteur devient conducteur: nous avons
généré un plasma – à savoir un mélange d’atomes de
gaz neutres et de porteurs de charges libres.
A l’intérieur d’un conducteur le champ électrique
est nul, car chaque champ électrique conduit à un
déplacement des porteurs de charges qui tendent à
annuler le champ électrique externe. Sans entrer dans
les détails fascinants de la physique du plasma, on
peut donc conclure que le champ électrique, provo-
qué par la différence de potentiel entre cathode (néga-
tive) et anode (positive), se limite aux régions spa-
tiales dans lesquelles la densité des porteurs des
charges est faible. Ceci explique la chute cathodique
(A dans la fig. 1) dans la région entre la cathode et la
colonne négative. Dans cette petite région on a un
champ électrique fort, les électrons sont repoussés par
la cathode, les ions accélérés vers la cathode. Dans la
lueur négative, la densité des porteurs des charges est
grande, donc le champ électrique est absent. Les élec-
trons perdent leur énergie cinétique par des chocs et
contribuent ainsi à la génération de la lueur caracté-
ristique.
… à la décharge de Grimm
Le tube à décharge selon Grimm (fig. 2) possède un
arrangement des électrodes simple mais génial.
L’échantillon à analyser forme la cathode. La surface
doit donc être plane. L’anode est formée par un tube
en cuivre, placé directement en face de la surface de
l’échantillon. Le diamètre interne du tube anodique
varie entre 2 et 8 mm, selon l’application.
La distance entre la surface de l’échantillon plan
(d dans la fig. 2) et le tube anodique est d’environ 150
µm. D’ne pression gazeuse de 2 à 10 hPa le produit p*d
est assez petit pour éviter une décharge dans cet espa-
ce. Le champ électrique est en effet important, l’accé-
lération des porteurs de charge est donc grande. Le
nombre de chocs est cependant trop faible, pour pro-
voquer une avalanche de la densité des porteurs de
charges sur cette petite distance. La décharge est donc
limitée à l’intérieur du tube anodique. La surface
cathodique active est limitée; les conditions pour une
décharge luminescente anormale sont idéales.
La lumière négative, un plasma, se développe
donc à l’intérieur du tube anodique. Comme men-
tionné, cette région n’est pas soumise à un champ
électrique. Il se forme donc une situation qui res-
semble fortement à celui d’un condensateur à
plaques. On oppose deux surfaces conductrices qui se
trouvent à des potentiels électriques très différents.
Dans l’espace intermédiaire se forme la chute catho-
dique (D dans la fig. 2), dans laquelle les électrons et
les ions sont accélérés. Cet espace a une profondeur
de 200 à 400 µm. La différence principale par rapport
au condensateur à plaques est le fait que le plasma est
une source d’ions. Le champ électrique enlève
constamment quelques ions du plasma, qui sont accé-
lérés en direction de la cathode, où ils pulvérisent du
matériel de la surface cathodique. En choisissant bien
la pression gazeuse, on peut ajuster la densité des por-
teurs de charge dans le plasma de façon à ce que la
Fig. 3: Acier 16MnCr5 nitrocarburé. Fig. 4: Surface d’un acier revêtu avec du chrome et enrichi en azote.