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Le présent rapport évalue l’économie française à la
lumière de l’examen annuel de la croissance
effectué par la Commission européenne et publié
le 16 novembre 2016. Dans le cadre de cet
examen, la Commission invite les États membres
de l’Union à redoubler d’efforts en ce qui concerne
les trois éléments du triangle vertueux de la
politique économique, à savoir la relance de
l’investissement, la poursuite des réformes
structurelles et la conduite de politiques
budgétaires responsables. Ce faisant, les États
membres devraient mettre l’accent sur
l’amélioration de l’équité sociale afin de parvenir à
une croissance plus inclusive. Parallèlement, la
Commission a publié le rapport sur le mécanisme
d’alerte (RMA), qui a donné le coup d'envoi du
sixième cycle de la procédure concernant les
déséquilibres macroéconomiques. Le bilan
approfondi, dont le RMA pour 2017 concluait qu’il
devrait être réalisé pour l’économie française, est
présenté dans le présent rapport.
Selon les prévisions, la croissance économique
devrait légèrement s’accélérer. La croissance du
PIB a légèrement diminué, passant de 1,3 % en
2015 à 1,2 % en 2016, et ce malgré l’accélération
de la demande intérieure, les exportations nettes
constituant un frein à la croissance de près de 1
point de pourcentage. Les prévisions de l’hiver
2017 de la Commission indiquent que le PIB de la
France devrait croître de 1,4% en 2017 et de 1,7%
en 2018. Le redressement des exportations devrait
rééquilibrer la croissance en la rendant moins
dépendante de la consommation privée et stimuler
la reprise, même si les exportations nettes
constituent toujours un frein à la croissance. Quant
à l’inflation, l’on s’attend à ce qu’elle se tasse
progressivement à mesure que s’estompent les
effets des hausses récentes des prix du pétrole. À
long terme, la croissance devrait rester modérée, la
croissance potentielle de la France ayant été
rabotée depuis la crise financière de 2008, comme
partout dans l’Union, pour tomber à 0,9% en 2015.
Les résultats à l’exportation restent modestes.
Bien que les parts de marché à l’exportation se
soient stabilisées depuis 2012, les exportations ont
à peine augmenté en 2016. Le déficit de la balance
commerciale s’est détérioré en 2016, et il devrait
se creuser encore du fait de la vigueur des
importations par rapport aux exportations et du
rebond des prix du pétrole. Si la viabilité des
comptes extérieurs n’est pas un souci pour la
France à court terme, la faiblesse des résultats à
l’exportation pèse sur les perspectives de
croissance.
La compétitivité-coûts s’améliore, mais n’a pas
entièrement regagné le terrain perdu, tandis
que des progrès sensibles sur la compétitivité
hors coûts tardent à se matérialiser. La
croissance des coûts salariaux unitaires a ralenti,
grâce aux allégements de la fiscalité sur le travail
et à la poursuite de la modération salariale, mais la
faible croissance de la productivité empêche une
reprise plus rapide de la compétitivité de la France.
Le faible niveau de concurrence sur les marchés de
produits et la lente intégration du progrès
technologique freinent la croissance de la
productivité. Des mesures visant à inciter les
employeurs à embaucher en contrats à durée
indéterminée ont été introduites. En outre, les
dérogations aux accords de branche et aux
dispositions juridiques générales par
l'intermédiaire d'accords d'entreprise deviennent
plus systématiques. Toutefois, le mécanisme
d’indexation du salaire minimum n’a pas été
révisé, et le marché du travail reste segmenté, ce
qui freine l’amélioration des compétences de la
main-d’œuvre. Enfin, la charge fiscale qui pèse sur
les entreprises est élevée par rapport à d’autres
pays de l’UE.
La dette publique de la France est élevée. En
2017, le déficit devrait tomber en dessous de la
valeur de référence de 3 % du PIB, mais
l’assainissement budgétaire est lent car
l’ajustement des dépenses publiques s’avère
difficile. Cette évolution soulève des interrogations
sur la pérennité de la correction du déficit. Le
niveau toujours comparativement élevé de ce
dernier, conjugué à la faiblesse de l’inflation
ambiante et à l’atonie de la croissance, indique que
la dette, qui devrait atteindre 96,4% du PIB en
2016, continue d’augmenter. Des progrès
supplémentaires ont été accomplis sur le front des
réformes budgétaires structurelles: la viabilité du
système des retraites a été améliorée, la réforme
territoriale permet aux collectivités locales de
réaliser des gains d’efficience et la création du
Haut Conseil des finances publiques a renforcé la
gouvernance budgétaire.
Le chômage est en recul depuis le pic atteint en
2015, mais sa composante à long terme continue
d’augmenter, en contraste avec la tendance