i
Résumé
Les mouches, Sodome et Gomorrhe et Caligula présentent des divinités
parodiant et critiquant les dirigeants politiques de l’Occupation (1940-1944), ainsi
que l’usage par les dictateurs des idéologies religieuses traditionnelles dans le but de
soumettre l’humanité à des régimes totalitaires. Divinités théâtrales autrefois
infaillibles et toutes-puissantes, les figures analysées dans ce mémoire relèvent des
remises en question de la divinité et du pouvoir politique du XXe siècle.
Notre mémoire comporte trois chapitres examinant les discours de ces figures
de la divinité sous des angles dramaturgique, sémiologique, philosophique et
pragmatique avec comme point de départ l’hypothèse suivante : tout porte à croire
qu’en limitant l’emprise de divinités fictives, et ce, en grande partie à travers les
failles dans leurs discours, Sartre, Giraudoux et Camus ont tenté de neutraliser les
discours correspondants d’hommes réels dans la conscience collective de l’époque.
Les auteurs étudiés ont profondément modifié l’image traditionnelle de la
divinité théâtrale en minant sa force langagière et en s’interrogeant sur son identité.
Les divinités choisies pour cette étude annoncent la décomposition du personnage
ayant lieu après 1950 : elles ont un statut dévalorisé de même qu’un langage à la
force perlocutoire diminuée. Sans véritable emprise sur l’humanité, dépendant du
théâtre, des simulacres, de l’histrionisme, ainsi que des faiblesses humaines, ces
divinités caricaturales s’exposent à compromettre leurs régimes et sont réduites à une
influence fortement limitée par la liberté des hommes. En actualisant ces mythes et
récits ainsi, Sartre, Giraudoux et Camus ont tenté de discréditer, par extension, les
dirigeants européens de l’époque.
Mots-clés : XXe siècle, Sartre, Giraudoux, Camus, Occupation, Théâtre,
Pragmatique, Poétique, Dieu, Divinité.