Source d’information du SAGE Delta de lAa
iciici
lAalAa
&
N° 15 - Décembre 2011
La veille écologique
Un réel enjeu
de société
Schéma d’Aménagement et de Gestion des Eaux
« Après 9 années de travail et de
concertation, le SAGE approuvé entre
en application avec les maîtres d’ou-
vrage et acteurs concernés. Chacun
du particulier à l’élu – est responsable
de la prise en compte des dispositions
du SAGE dans son action. L’un des ou-
tils majeurs est la compatibilité des
documents d’urbanisme (schéma de
cohérence territoriale, plan local d’ur-
banisme, carte communale) avec le
SAGE dans un délai de 3 ans, soit avant
Mars 2013.
Chacun est conscient des enjeux forts
de notre bassin versant : prévention
des inondations, amélioration de la
qualité des eaux, préservation des
zones humides… celles-ci, longtemps
ignorées, dégradées et réduites à
peine 1% de la région Nord Pas de Ca-
lais. Leurs nombreux intérêts ne sont
pourtant plus à démontrer comme le
tamponnement en période de crue,
fondamental dans un polder, ou le
maintien de la biodiversité animale
et végétale. Grâce à l’effort de tous,
nous aboutirons à la reconquête de
ce précieux patrimoine.
Je quitte mes fonctions au SAGE
pour une nouvelle aventure ! Cette
expérience a été très riche, en par-
ticulier humainement et j’espère
vivement vous croiser à nou-
veau. »
Edito
Anne LECOEUCHE
animatrice du SAGE
Des espèces
envahissantes et invasives
en milieu aquatique
La veille écologique :
un réel enjeu de société
Dans un contexte actuel où les pressions anthropiques et les
dégradations sont importantes sur le réseau hydraulique
(curage et faucardage intensifs, rejets divers, urbanisation, etc.),
les conséquences à l’échelle du bassin versant sont considé-
rables : aggravation des problèmes de crues et d’érosion, ap-
pauvrissement biologique et perturbation significative du fonc-
tionnement naturel des milieux aquatiques (autoépuration,
alimentation des nappes).
La mauvaise qualité morphologique des habitats et des eaux
dans le réseau hydraulique des Wateringues et des canaux
se manifeste alors par une prolifération spectaculaire de cer-
taines plantes exotiques ou indigènes de même que par des
proliférations de certaines espèces animales indésirables (ou
par la croissance de populations animales). Certaines ont été
introduites de façon délibérée pour nos besoins alimentaires
(maïs, pomme de terre, tomate…). D’autres ont été ramenées
de manière accidentelle. Enfin, certaines plantes ordinairement
cultivées notamment dans des jardins d’agrément, ou certains
animaux de « compagnie » ont pu s’en échapper…
La veille écologique c’est la surveillance des nouvelles es-
pèces invasives et envahissantes qui présentent des me-
naces potentielles tant pour la biodiversité que pour la santé
publique. La veille écologique permet ainsi de détecter au plus
vite d’éventuelles nouvelles invasions.
A l’heure actuelle il n’existe pas de réseau structuré de veille,
d’alerte et d’actions envers ces espèces sur le bassin Artois Pi-
cardie. Toutefois, certaines structures comme le Conservatoire
Botanique National basé à Bailleul sont régulièrement sollici-
tées. Beaucoup sont également concernées et peuvent agir : les
enseignes horticoles, les animaleries, le grand public, les col-
lectivités territoriales, les gestionnaires des milieux naturels,
les associations de pêcheurs, de chasseurs, de randonneurs…
Objectifs généraux :
n Relayer les informations recueillies par des per-
sonnes présentes quotidiennement sur le terrain
n Faire un bilan de la connaissance de l’état des
voies d’eau par des inventaires floristiques et fau-
nistiques
n Définir les actions adéquates pour maintenir ou
restaurer une bonne qualité hydromorpholo-
gique.
n Contribuer à l’atteinte du «bon état écologique»
des eaux en 2015, au plus tard 2027.
La fiche action N°20 dans le Plan d’Aménagement
et de Gestion Durable (PAGD) du SAGE Delta de
l’Aa souligne justement l’importance de la mise en
place d’un réseau d’alerte de la prolifération d’es-
pèces animales et végétales pour mieux prévenir les
risques à l’échelle du bassin versant.
Cette fiche prescrit les mesures suivantes :
n Alerter, auprès du Conservatoire Botanique Na-
tional et/ou l’Agence de l’Eau, sur la présence ou
la prolifération d’espèces animales et végétales
invasives ou envahissantes (nombreux guides des
espèces, disponibles auprès d’eux)
n Répertorier l’apparition de nouvelles espèces flo-
ristiques ou faunistiques envahissantes et réali-
ser le suivi cartographique de ces espèces
n Adapter et appliquer le protocole d’intervention
du S.A.G.E. élaboré dans le cas de la Jussie le long
de la Haute Colme et les précautions à prendre
selon l’espèce
n Partager les expériences à l’échelle régionale, na-
tionale voire internationale de lutte contre la pro-
lifération végétale ou animale
n Sensibiliser les acteurs concernés et le grand pu-
blic (associations de pêcheurs, chasseurs, de ran-
donneurs…)
n Influer sur l’évolution du cadre législatif
Les invasions biologiques sont considérées à l’échelle mondiale comme la 2nde cause de
diminution de la biodiversité (derrière la destruction et la fragmentation des habitats
naturels).
Fiche action N°20 :
Mettre en place une veille écologique
Conservatoire Botanique National
Hameau de Haendries
59270 BAILLEUL France.
Tél : 33 (0)3 28 49 00 83
Fax : 33 (0)3 28 49 09 27
Site : www.cbnbl.org
Agence de l’Eau Artois Picardie
Centre Tertiaire de l’Arsenal
200, rue Marceline B.P. 818
59508 DOUAI CEDEX
Tél : 03 27 99 90 00 / Fax : 03 27 99 9015
Site : www.eau-artois-picardie.fr
FREDON Nord Pas de Calais
Fédération régionale de défense contre les
organismes nuisibles
265 rue Becquerel - BP 74
62750 LOOS EN GOHELLE
Tél. 03 21 08 62 90 / Fax. 03 21 08 64 95
Courriel : [email protected]
Site : www.fredon-npdc.com
GON Groupe Ornithologique et Naturaliste
Section locale Flandre Maritime
Maison de l’environnement
B.P 21 - 59941 DUNKERQUE CEDEX 2
Courriel : gon.dk-en[email protected]
Site : http://www.gon.fr
Adresses utiles :
Le rat musqué dans les Waeteringues,
une lutte nécessaire et obligatoire
La Flandre Maritime est un territoire dont l’alti-
tude moyenne des terres est inférieure au niveau
moyen de la mer. Afin de maîtriser les inondations,
l’homme n’a cessé d’aménager de nombreux fossés
et canaux recueillant et pompant les eaux avant
leur rejet vers la mer.
Aujourd’hui, la Flandre Maritime compte environ
150 km de canaux (gérés par Voies Navigables de
France) et 1 500 km de watergangs (gérés par les
Sections de Waeteringues du Nord et du Pas de Ca-
lais, associations forcées de propriétaires fonciers).
L’omniprésence de l’eau dans une région étendue et
le manque voire l’absence de biodiversité de la vé-
gétation des rives expliquent la forte présence des
rats musqués sur le territoire du Delta de l’Aa.
Les ravages peuvent être de diverses natures et
graves. Les risques en matière de santé et de sé-
curité publiques, susceptibles d’être causés par les
rats musqués, sont bel et bien réels, notamment la
transmission de la leptospirose (maladie mortelle
pour l’homme), les dégâts causés aux ouvrages rou-
tiers ou ferrés, ou l’effondrement des berges. En ef-
fet, en creusant un réseau complexe de galeries dans
les talus, ces rongeurs les rendent moins stables, ce
qui peut par la suite
entraîner de l’éro-
sion, augmenter la
turbidité de l’eau et
contribuer à l’enva-
sement. Parfois, ils
vont même jusqu’à
endommager le sys-
tème de drainage
souterrain, soit en
l’abîmant ou en le
bouchant.
Le saviez vous ?
Le rat musqué est inscrit dans la liste des « organismes nuisibles » (liste fixée par arrêté ministériel du 31 juillet
2000) contre lequel la lutte est obligatoire sous condition. Les Groupements de Défense contre les Organismes Nui-
sibles (GDON) composés de piégeurs, souvent bénévoles, et coordonnés par la Fédération régionale (FREDON) sont
chargés d’organiser le suivi de l’évolution des populations et la lutte collective contre les ragondins et les rats mus-
qués (tir et /ou piégeage). Depuis le 31 Mai 2009, la lutte chimique est interdite.
Introduits en France vers 1900 pour la production de fourrure, les rats musqués se sont
très bien adaptés aux conditions climatiques de la région Nord Pas de Calais.
Quelles sont ces organisations ?
6 GDON couvrent les communes du péri-
mètre du SAGE Delta de l’Aa :
• LeGDONFlandreMaritimeregroupe
toutes les communes (49) et collectivités
situées sur la Flandre Maritime du Nord
• LeGDONduCalaisisopèresurunsecteur
géographique qui s’étend de l’arrondisse-
ment du Calaisis au canton d’Ardres
• LeGDONdelarégiond’Audruicqparcourt
le territoire de la Communauté de Com-
munes de la Région d’Audruicq
• LeGDONduPaysdeLumbresparcourtla
partie de la Communauté de Communes
du Pays de Lumbres, à cheval avec le
SAGE Audomarois
• LeGDONduBoulonnaisagitessentielle-
ment sur l’arrondissement de Boulogne
mais intervient également sur le territoire
du SAGE Delta de l’Aa
• LeGDONdeRadinghemenWeppesavec
136 communes adhérentes, plus large-
ment étendu sur le SAGE de l’Yser
CARTORA* une expérience transfrontalière
de lutte contre le rat musq
La n de la lutte chimique
CARTORA est un programme européen opéra-
tionnel INTERREG IV France-Wallonie-Vlaande-
ren, le chef de file étant le GDON Flandre Maritime
associé à l’Union des Syndicats d’Assainissement
du Nord (USAN) et la Province de Flandre Occiden-
tale (notamment la Vlaamse Milieumaatschappij
- VMM). Dans le cadre de cette lutte, un accord de
coopération a été conclu avec les gestionnaires de
l’eau des voies navigables.
Afin d’organiser une lutte efficace contre les rats
musqués de façon transfrontalière, le projet CAR-
TORA vise plusieurs objectifs :
n Mise en place d’une cartographie transfrontalière
des zones infestées pour une meilleure évalua-
tion de la population de rats musqués
n Intensification de la lutte mécanique
n Étude sur la certification des pièges
Jusqu’au 31 mai 2009, l’utilisation d’appâts
chimiques était l’intervention la plus efficace : la
FREDON distribuait chaque année 120 tonnes de
boulettes d’anticoagulants nocifs déposées le long
des berges. Les rats musqués mourraient en masse
d’hémorragie. Mais cette pratique restait dange-
reuse et polluante, les appâts empoisonnés n’étant
pas sélectifs et le produit pouvant se répandre dans
les sols et les eaux. Cette solution a donc été inter-
dite par l’Europe.
Désormais, trois armes sont autorisées :
n le piège en « X » (une mâchoire qui se referme), il
nécessite l’obtention d’un agrément auprès de la
Fédération de Chasse
n la nasse (qui piège l’animal) utilisable par tous
n le tir (au fusil ou plus rarement à l’arc).
La lutte certes plus laborieuse continue. Toutefois, le
mauvais entretien de certains cours d’eau ou le vol
des pièges ajoutent encore aux difficultés des béné-
voles. Reste la crise des moyens humains et finan-
ciers. Plus que jamais l’appui de tous les acteurs,
des élus et des collectivités locales est primordial
pour enrayer le développement de ce nuisible.
La mise en place de ces outils communs permettra
ainsi d’accentuer la collaboration transfrontalière
dans la lutte contre le rat musqué tout en respectant
l’environnement.
* (CARTORA = Cartographie transfrontalière de l’infestation des rats musqués).
Pour en savoir plus, voici le site Internet : http://www.cartora.eu
AUX GESTIONNAIRES DES VOIES D’EAU :
ATTENTION !
Le reprofilage des berges en pente douce est un
élément positif dans la régulation des popu-
lations de rat musqué, ceux-ci ne creusent en
effet leurs galeries que dans les pentes raides
(inclinaison supérieure à 30 °).
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