
transformation de la ville, jusqu’à la nomination de responsables (anciens) et la multiplication-
reproduction de l’église ». Comment rester indifférent devant un mouvement missionnaire qui a été
l’instrument de la création de milliers de communautés chrétiennes et indirectement certainement, de
millions de conversions ? Comment d’un point de vue catholique analyser ce phénomène missionnaire
pour essayer peut-être d’en tirer quelques leçons pratiques pour la missiologie catholique ?
Mon sujet apparaissait tout naturellement : de quelle manière le concept de missio Dei, concept
fondamental de la missiologie catholique était-il reçu ou intégré au cœur même de la théologie et de la
pratique évangélique d’implantation d’églises. Ma recherche était d’autant plus motivée que je découvrais
que ce même concept avait été posé à la conférence de Willingen de 1952, comme un concept central de
la théologie missionnaire du mouvement œcuménique naissant.
Trois grandes parties structurent mon travail. Dans la première, je montre combien le concept de missio
Dei est de plus en plus accueilli au cœur de la théologie évangélique de la mission. Depuis les discours de
Billy Graham jusqu’au document de l’engagement du Cap de 2010, quel chemin parcouru ! Cette partie a
le mérite de présenter les jalons historiques qui permettent de comprendre pourquoi, au début du
mouvement œcuménique, ce concept a été difficilement accueilli dans le milieu évangélique tout en
montrant les raisons de son intégration actuelle. Elle offre également une typologie sur la manière dont ce
concept est accueilli au cœur de la vaste et très diversifiée communauté évangélique. La seconde partie, à
dimension plus pratique, a tout d’abord essayé de comprendre d’une manière synthétique le phénomène
d’implantation d’églises. Nous avons alors concentré notre recherche sur plusieurs mouvements
missionnaires marquant la théologie de l’implantation notamment le Church growth movement et le
Natural church developpement. Autant que possible nous avons essayé de mettre en lumière les grandes
lignes théologiques de fond pouvant avoir un rapport avec le concept de missio Dei. Enfin, la dernière
partie explore les grands champs de contact entre la missiologie catholique et la théologie évangélique de
la mission. Pour une mise en évidence de leur stimulation mutuelle, je retiendrai plus particulièrement de
cette partie deux choses. D’une part, le concept de missio Dei reçoit dans la théologie catholique une
signification précise à l’intérieur d’une théologie de la création permettant de bien distinguer ce qui
relève de l’œuvre de création, des missions trinitaires comprises comme des missions de restauration de
la création. Les débats évangéliques sur le statut de la mission intégrale pourraient y recevoir un
éclairage. D’un autre côté, la connaissance de la pratique missionnaire d’implantation d’églises pourrait
être un bon stimulant pour les communautés catholiques afin qu’elles s’approprient en acte la vérité de la
nature profondément missionnaire de l’Eglise.
Au-delà de ces résultats intermédiaires, le fruit le plus significatif de mon travail, dans le cadre de cette
journée qui nous rassemble, est l’interprétation concrète que nous pouvons donner à la conclusion de mon
mémoire. Si, en effet, le concept de missio Dei pénètre d’une manière effective non seulement la théologie
évangélique de la mission mais aussi la pratique évangélique d’implantation d’églises, cela signifie qu’il
peut constituer un fondement théologique pour une théologie missionnaire œcuménique embrassant
l’ensemble des grandes dénominations chrétiennes. Au-delà de certaines divergences, ce concept y reçoit
des valences communes, expressions d’un certain consensus autour de son interprétation : signification
profondément théologique de l’acte missionnaire, prise en compte du fait social et culturel à l’intérieur de
l’intentionnalité missionnaire, valorisation du lien Eglise-mission, urgence de la mission de l’Eglise.
Espérons que se consolide entre les grandes confessions chrétiennes cette unité théologique autour du
fondement de la mission et qu’elle se traduise toujours plus dans une unité de foi et de pratique
missionnaire.
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Permettez-moi dans un deuxième temps de vous parler des fruits de ce travail dans le cadre d’une
application pratique au cœur de l’ecclésiologie catholique. Je vois dans la remise de ce prix une
confirmation et un encouragement de notre Seigneur Jésus Christ pour une initiative missionnaire
commencée.
En effet, depuis deux ans avec deux autres frères prêtres, nous réfléchissons sur la manière de penser la