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pour ouvrir notre économie et l'exposer aux vents de la concurrence
internationale. Nous avons éliminé progressivement l'assistance déjà
limitée dont bénéficiaient nos agriculteurs. Nous avons démantelé notre
régime de licences à l'importation; nous avons supprimé les contrôles de
change.
Le fermier néo-zélandais ne reçoit que 15 pour cent de ce qu'un
fermier européen obtient pour le même produit.
Ceux qui sont protégés, ceux qu'anime l'esprit de clocher, les privi-
légiés,
les subventionnés et ceux qui n'ont que leurs propres intérêts à
coeur chercheront à arrêter la marche de l'histoire; mais ils n'arrêteront
pas l'histoire, tout ce qu'ils risquent est de provoquer un retour aux
années 30.
Le prix qu'il faudra payer si nous ne nous engageons pas résolument et
en jouant cartes sur table dans une nouvelle série de négociations est
difficile à imaginer. Notre immobilisme
s'est
soldé par des excédents
monstrueux de blé, de beurre et de boeuf.
Le prix à payer si nous ne prenons pas un nouveau départ, tout en
conservant ce qu'il y a de positif et d'équitable dans le GATT et dans le
respect des principes de l'équité et de la liberté ainsi que du rythme du
développement économique, sera insoutenable pour certaines économies
démocratiques. Faute de prendre un nouveau départ, les pays débiteurs
seront soumis à des pressions inacceptables, qui se répercuteront sur les
nations créancières.
Les nations en voie de développement qui sont des nations agricoles
ont des griefs légitimes. Les pays en voie de développement ne veulent pas
une aide économique, ils demandent simplement la justice économique: les
Philippines et la Thaïlande, pour ne citer qu'elles, doivent pouvoir
commercialiser les produits pour lesquels elles jouissent de l'avantage
comparatif selon les mêmes règles et avec la même facilité que les pays
industrialisés commercialisent leurs produits manufacturés. Refuser aux
nations en voie de développement aux prises avec leurs problèmes les droits
économiques revient à opter pour un monde dans lequel
l'aide
militaire
deviendra inévitable. Les grands ont à choisir entre l'équité, la liberté
et le progrès, ou le chaos et la réaction.
Il ne saurait y avoir de paix politique sans justice économique.
L'ambivalence et la partialité du GATT, qui refuse aux produits tropicaux
agricoles des conditions de commerce équitables et qui n'abolit pas les
subventions,
sont inadmissibles. Subventionner l'agriculture et protéger
les marchés n'est qu'un moyen maladroit d'exporter des problèmes sociaux et
politiques.
La position de la Nouvelle-Zélande est simple: nous appuyons la
nouvelle série de négociations. Nous estimons simplement que les produits
alimentaires doivent être traités comme n'importe quel autre produit. Nous
savons que ce n'est ni par des déclarations ni par des discours fracassants
que l'on résoudra le problème. Nous avons tous notre part de
responsabilité.