WORLD HEALTH ORGANISATION MONDIALE O R G A N I Z A T I O N DE LA SANTÉ A2/68 DEUXIEME ASSEMBLEE MONDIALE DE LA SANTE 18 juin 1949 ORIGINAL : ANGLAIS PALUDISME [/ Note présentée par la Délégation de l'Italie (point 8.3 de l'Ordre du jour provisoire) La délégation italienne désire attirer l'attention de la Commission sur le fait qu'à son avis, la lutte antipaludique devrait être considérée comme faisant partie de la lutte générale contre les maladies transmises par les insectes. Tous les pays du monde ont à faire face à un problème permanent se rapportant aux maladies transmises par des insectes domestiques. Avec les moyens puissants, tels que les insecticides de contact, dont on dispose aujourd'hui, il semblerait que le moment soit venu de lancer une attaque de grande envergure contre les insectes domestiques, afin de prévenir les maladies dont ceux-ci sont responsables. L'expérience de ces dernières années a montré que la lutte contre les insectes domestiques est accueillie avec faveur par toutes les populations; les dépenses qu'elle entraîne sont très peu élevées comparées aux bénéfices immenses qui en résultent. Il paraît donc évident que ce soit là une tâche extrêmement importante que l'OMS pourrait assumer, en aidant les gouvernements à entreprendre de grands programmes contre les insectes domestiques. La délégation italienne suggère que le Comité d'experts du Paludisme reçoive un mandat plus large et soit transformé en Comité du Paludisme et autres Maladies communiquées par les insectes, en vue de donner des avis à l'OMS sur toutes les activités se rapportant à la lutte contre les maladies communiquées par les insectes. L'avantage de cette proposition est évident, si l'on considère que, dans de nombreux pays impaludés, la prévention du paludisme peut n'entraîner que des dépenses insignifiantes, une fois que les maladies communiquées par les insectes domestiques sont arrêtées. La suggestion de la délégation italienne, si elle est adoptée, aurait pour corollaire que des cours de formation spéciale sur le paludisme devraient être compris dans les cours de formation spéciale pour la lutte contre les maladies dues aux insectes. C'est ce qui a été réalisé dans les cours actuellement donnés, sous les auspices de l'OMS, à l'Institut de la Santé Publique de Rome. En conséquence, la délégation italienne présente le projet de réolution suivant : "Considérant que la lutte antipaludique au moyen des insecticides modernes de contact a souvent constitué une lutte contre les maladies autres que le paludisme, qui sont dues à des insectes, Considérant que ces maladies posent un problème à tous les pays, La Deuxième. Assemblée .Mondiale de la Santé DECIDE que le Comité d'experts, du Paludisme est désormais transformé en Comité d'experts du Paludisme et autres maladies communiquées par les insectes, et .RECOMMANDE que les cours de formation technique relatifs au paludisme, donnés dans divers pays, soient intégrés aux cours de formation technique qui portent sur- la lutte contre les insectes considérée comme une mesure de santé publique." WORLD ORGANISATION MONDIALE HE A L TH O R G A N I Z A T I O N DE LA SANTÉ DEUXIEME ASSEMBLEE MONDIALE DE LA SANTE A2/68 Add.1 20 juin I949 ORIGINAL : ANGLAIS V PALUDISME Observations de la délégation des Philippines sur la note présentée par la délégation de l'Italie (Point 8.5 de l'Ordre du Jour provisoire) On trouvera ci-après le texte d'une lettre reçue du Dr Antonio Ejercito de la délégation des Philippines : "Permettez-moi, Monsieur, d'adresser mes félicitations à la délégation italienne, qui préconise d'étendre les activités de l'OMS aux autres maladies transmises par les insectes, et propose de transformer le Comité d' e:xperts du Paludisme en un Comité d'experts du Paludisme et autres maladies transmises par les insectes. Il semble que cette proposition s'inspire des succès obtenus par les pulvérisations effectuées sur les habitations avec les insecticides de contact, au cours de la lutte antipaludique; ceci s'explique par le fait que les anophélinés vecteurs de paludisme sont des insectes domestiques, c'est-à-dire qu'ils vivent et se reproduisent dans les habitations. C'est pourquoi, la lutte contre cette espèce a également pour conséquence la destruction d'autres insectes domestiques. Convaincu que la délégation italienne accueillera volontiers des critiques constructives touchant sa proposition, je me permets de formuler les observations suivantes : 1) Le mode de vie des anophèles vecteurs de paludisme ne diffère pas seulement selon les régions, il diffère également selon les divers pays d'une même région. Ainsi, s'il est exact que, dans certains pays, l'anophèle vecteur est un insecte domestique, il est également vrai que, dans d'autres pays, cette espèce vit à l'état sauvage, et, après s'être repu de sang humain, quitte les maisons et retourne à son habitat normal dans la nature. Si, dans le premier cas, l'insecticide de contact est efficace, il ne l'est pas dans le second. Par conséquent, comment pouvons-nous logiquement passer du particulier au général et dire que les insecticides de contact qui sont efficaces contre les moustiques domestiques du paludisme et certains autres insectes, le sont aussi partout et dans tous les cas ? 2) La lutte antipaludique ne s'effectue pas uniquement avec les insecticides de contact; elle comporte d'autres éléments. Ceci ne ressort pas des mots "Paludisme et autres maladies transmises par les insectes" qui laissent entendre que la lutte antipaludique se borne uniquement à la destruction des moustiques. 3) La destruction des moustiques, en tant que phase de la mala-_ riologie, comporte ce que l'on appelle "l'assainissement visant une espèce ou la destruction d'une espèce", et l'on entend par là que, parmi les nombreuses espèces d'anophèles existant dans une région ou une localité, la lutte est dirigée uniquement contre l'espèce particulière qui communique le paludisme. Le but est évidemment de réduire les frais de la lutte contre les moustiques, car les sommes engagées risqueraient autrement d'être excessives et dépensées en pure perte. Dans ces conditions., puisque le principe adopté en matière de lutte antipaludique est de n'effectuer que des dépenses judicieuses pour détruire les anophèles, est-il logique d'aller au-delà et de s'attaquer à d'autres insectes ? 4) Les mots "et autres maladies transmises par les insectes" ajoutés dans le titre, après'le mot "Paludisme", pourraient être pris dans un sens universel et viser même la fièvre jaune, la dengue et la filariose. Par conséquent, non seulement le Comité d'experts du Paludisme perdrait- son caractère particulier, mais • encore ses neuf membres, seraient insuffisants pour traiter de maladies autres que le'paludisme. D'ailleurs, à mon humble avis, le ..nombre de ses membres est insuffisant pour un organisme consultatif chargé de conseiller l'administration de l-'Offi sur les questions relatives au paludisme. J'espère vivement que la délégation italienne, qui est composée de savants, fera bon accueil aux observations que je viens de formuler dans'un esprit de critique constructive, et je compte que la Commission du Programme en tiendra compte lorsqu'elle examinera la proposition italienne."