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industrialisés une maladie du voyageur, un
grand nombre de cas survenant au retour
d’un séjour en zone d’endémie. La période
d’incubation de la maladie est de trois à cinq
semaines. Les symptômes sont une fièvre,
une perte d’appétit, des nausées suivies
d’une jaunisse. La maladie est en général
bénigne et dure de dix à trente jours. La
guérison peut toutefois prendre des mois,
avec une jaunisse persistante et une fatigue
intense.
Le diagnostic d’hépatite virale A aiguë se
fait sur la présence d’un marqueur séro-
logique, l’IgM anti-VHA. Il n’existe pas de
traitement spécifique de l’hépatite A.
Il existe depuis quelques années un vaccin
efficace, nécessitant deux injections. Il est
préconisé pour tout sujet voyageant en
zone à risque.
Hépatite B
L’infection par le virus de l’hépatite B (VHB)
demeure une maladie de dimension mon-
diale et peut être responsable d’une
hépatite aiguë ou chronique. Dans
les pays industrialisés, l’hépatite B
chronique touche moins de 1 % de la
population ; à l’inverse, dans les pays
en voie de développement, il s’agit
presque d’une infection universelle
de l’enfance et le statut de porteur
du virus touche 5 à 15 % des adultes.
On estime qu’environ 300 millions
d’individus ont une infection chro-
nique par le VHB. Le responsable de
cette atteinte hépatique est un petit
virus à ADN qui infecte le foie et s’in-
tègre rapidement dans le génome des
cellules hépatiques humaines.
Le mode de transmission du virus
est l’exposition au sang ou à ses
dérivés, même si actuellement la
transmission par transfusion est
exceptionnelle depuis le dépistage
des donneurs. Le virus se transmet
également par voie sexuelle. Ce
mode de transmission est le plus
fréquent dans les pays industrialisés et
explique le fort taux de contamination chez
les homosexuels masculins et les personnes
à partenaires multiples. L’hépatite virale B
est également fréquente chez les usagers
de drogues par voie intraveineuse lorsqu’il
y a partage de matériel. Le virus peut aussi
se transmettre par l’utilisation de matériel
non stérilisé utilisé pour des tatouages,
scarifications et piercing. Enfin, la transmis-
sion mère-enfant, qui survient au cours de
l’accouchement, représente une des voies
de transmission les plus importantes dans
les pays en voie de développement.
Les tests sanguins permettant d’établir le
diagnostic d’hépatite aiguë B sont la forte
élévation des transaminases, associée à la
présence conjointe de l’antigène HBs et de
l’anticorps anti-HBc de type IgM. Elle peut
parfois évoluer vers une hépatite fulminante
gravissime et nécessiter une greffe du foie
en urgence. Le deuxième risque est le pas-
sage à la chronicité avec évolution vers la
cirrhose et le cancer du foie.
Le traitement de l’hépatite chronique B
concerne les malades ayant des lésions
hépatiques au moins modérées à sévères.
Les lésions du foie sont évaluées lors de la
biopsie hépatique, qui consiste à prélever un
petit morceau du foie à l’aide d’une aiguille.
Le traitement repose sur l’administration
de médicaments anti-viraux. L’interféron
est prescrit pendant une durée de quatre à
six mois. Il permet l’arrêt de la réplication du
virus dans environ un tiers des cas. D’autres
médicaments peuvent être utilisés, notam-
ment en cas d’échec de ce traitement par
interféron ou lorsqu’il s’agit d’un virus
muté : la lamivudine et l’adéfovir.
Le traitement préventif de l’hépatite B reste
la vaccination. Celle-ci doit être réalisée chez
les personnes à risque : personnes ayant
des partenaires sexuels multiples, homo-
sexuels, professionnels de santé, personnes
voyageant en pays d’endémie et personnes
en cours de dialyse. Elle doit être proposée
aux enfants de façon systématique, afin de
prévenir le risque de transmission sexuelle
dès l’adolescence et le risque d’hépatite
chronique ou fulminante. Plusieurs études
ont confirmé l’absence de relation entre la
vaccination et la survenue de maladies telles
que la sclérose en plaques.
Hépatite Delta
Le virus de l’hépatite Delta (VHD) ne peut
provoquer une infection que chez les mala-
des simultanément infectés par le virus de
l’hépatite B. Il a en effet besoin des fonc-
tions du VHB pour vivre et se multiplier, et
se transmet de la même manière. Ce virus
est endémique en Italie du Sud, en Grèce,
en Albanie ou encore en Afrique noire et en
Asie (Inde, Chine). En France, les toxicoma-
nes sont les victimes les plus fréquentes de
ce virus. On a observé une nette décroissan-
ce de l’hépatite Delta après les campagnes
de vaccination contre l’hépatite B.
Le diagnostic se fait sur la présence de
l’anticorps Delta. L’hépatite Delta est sou-
vent plus grave que l’hépatite chronique
B. Le traitement est l’injection d’interféron,
à fortes doses pendant au moins un an.
Malheureusement, la guérison n’est obte-
nue que chez 10 % des malades. Là encore,
le traitement préventif de l’hépatite Delta
est la vaccination contre l’hépatite B.
Hépatite C
L’infection par le virus de l’hépatite C (VHC)
touche plus de 150 millions de personnes
dans le monde, principalement dans les
pays d’Afrique ou d’Asie du Sud-Est.
L’Europe et les États-Unis représen-
tent des zones à plus faible risque.
Le VHC est composé de sous-grou-
pes de virus appelés « génotypes ». Il
se transmet par transfusion de sang
ou de produits dérivés (avant 1990),
par toxicomanie (partage de serin-
gues, coton, cuillère ou paille pour
les sniffs). Contrairement au virus
de l’hépatite B, la contamination
sexuelle est rare, et favorisée par
des lésions génitales ou en cas de
rapports traumatiques. La contami-
nation mère-enfant est également
faible sauf s’il existe une co-infection
par le VIH.
La transmission nosocomiale du
virus est maintenant reconnue :
l’hémodialyse, les actes médicaux
invasifs tels que les cathétérismes,
les endoscopies digestives, les séjours
prolongés en réanimation ont pu,
par le passé, favoriser la transmis-
sion du virus. Actuellement, l’utilisation de
matériel à usage unique, et le renforcement
des mesures d’hygiène et de stérilisation
rendent ce risque infime. Depuis quelques
années, d’autres modes de contamination
sont reconnus : l’acupuncture, le piercing,
les tatouages et la mésothérapie, ainsi que
les contacts intra-familiaux. Le partage
d’objets de toilette tels que brosse à dents,
rasoir, coupe-ongles, peigne, pince à épiler
est à proscrire dans l’entourage d’un malade
atteint d’hépatite C.
Il n’existe pas ou peu de signes cliniques de
l’hépatite chronique C, qui est insidieuse et se
développe à bas bruit. Certaines personnes
peuvent néanmoins présenter une fatigue
intense inhabituelle qui pourrait être liée à
l’infection. Le risque de l’hépatite chronique
Le virus HBV est le plus contaminant des virus transmissibles
par voie sanguine et sexuelle.
D.R.
CAESmagazine n° 71 • été 2004