Différences régionales dans l’utilisation du verbe impersonnel haber de l’espagnol :
Les Caraïbes contre l’Amérique Latine continentale
Angélica Hernández Constantin - L’Université de Western Ontario
La pluralisation du verbe impersonnel haber de l’espagnol est un phénomène où les
locuteurs natifs de la langue utilisent des formes plurielles du verbe. Cependant, selon les normes
prescriptives de la langue ce verbe impersonnel, qui peut être traduit comme ‘il y a’ en français,
ne devrait être conjugué qu’á la troisième personne du singulier. Alors, les formes plurielles
comme celle en (1) ne sont pas acceptées.
1. Había-n mucha-s persona-s
Il y avait-PL plusieurs-PL personne-PL
Plusieurs études sur ce phénomène dans des différentes communautés hispanophones ont
noté que leur utilisation est en hausse (Diaz-Campos 2003, De Mello 1994). De plus, Claes
(2014) a suggéré que ce phénomène représente un changement linguistique dans la langue où une
forme personnelle du verbe surgit. Claes (2014) considère qu’on voit un changement dans la
fonction du complément du verbe, de façon que l’objet direct du verbe est utilisé comme sujet
pour former l’accord avec le verbe. Une autre opinion est présentée par Quintanilla-Aguilar
(2009) qui considère que la pluralisation de haber ne représente que de la variation stable dans la
langue. De plus, Pacheco Carpio et al. (2013) explique que le niveau de stigma associé avec le
phénomène peut demeurer ou arrêter le progrès de ce phénomène de façon dans quelques pays.
Dans cette étude, on fait une comparaison entre l’utilisation des formes plurielles du
verbe haber dans deux régions : Les Caraïbes et l’Amérique Latine continentale. Le but est de
déterminer si les caractéristiques sociales qui conditionnent le phénomène différent entre les
régions et donc le phénomène représente de la variation régionale.
Pour cette analyse, on utilise sept corpus et plus de 500 données. On compare quatre
villes des Caraïbes : Holguín, Cuba (Tennant et al. 2006); La Havane, Cuba (Gonzales Mafud et
al. 2010); San Juan, Porto Rico (Morales et Vaquero 1990); et Caracas, Venezuela (Rosenblat et
al. 1979), contre trois villes de l’Amérique Latine continentale; Bogotá, Colombie (De
Fernandez et Gonzales 1986); La Paz, Bolivie (Marrone 1992); et Lima, Pérou (Caravedo 1989).
En utilisant ces corpus, on recherche l’utilisation de la pluralisation de haber selon l’âge (jeune =
15-35; moyenne = 36-55; majeure = 56+), le niveau éducationnel (bas = sans éducation
supérieure; haut = avec éducation supérieure), et le sexe des locuteurs. Cette analyse permettra
de déterminer si le phénomène montre des caractéristiques de changement linguistique dans les
deux régions ou si le phénomène ressemble plutôt de la variation régionale.
Quelques résultats préliminaires montrent que dans les Caraïbes et dans l’Amérique
Latine continentale le niveau éducationnel est le facteur social plus significatif pour le
conditionnement du phénomène. Cependant, on trouve des différences dans l’usage du
phénomène entre les régions selon l’âge. Dans les Caraïbes les plus jeunes utilisent la
pluralisation plus fréquemment, mais on voit une tendance opposée dans l’Amérique Latine
continentale. Ces résultats peuvent suggérer que le phénomène est un exemple de variation
régionale peut être dû aux différences dans le niveau de stigmatisation du phénomène dans
chaque région, mais on a besoin de plus d’analyse pour confirmer cette conclusion.