Décembre 2009
Epargne Sans Frontière – www.esf.asso.fr
Ce lien entre les deux zones monétaires s’opérait à l’origine par rapport à une devise : le franc
français, dont le positionnement sur les marchés était fort différent de celui que connaît l’euro,
dont la filiation est beaucoup plus proche de l’ancien deutsche mark. On peut donc
légitimement s’interroger, non pas sur le principe du maintien d’une garantie de changes
fixes, dont les mérites paraissent peu douteux, mais sur la référence pour fixer cette parité à
une seule devise, l’euro, dont le positionnement sur le marché des changes parait beaucoup
trop élevé pour s’adapter aux économies des zones monétaires CFA, risquant de priver celles-
ci des conditions nécessaires à tout décollage économique réussi.
Dualité des zones monétaires
La dualité de ces zones monétaires, fondées sur des raisons semble-t-il essentiellement
historiques (AOF/AEF), entraîne des rigidités, des antagonismes et des doublons à tous les
niveaux de leur gestion et de leur fonctionnement quotidien.
Actuellement, il n’existe pas de réelle mobilité des capitaux, alors-même que, paradoxe, le
principe de convertibilité a notamment pour but, en sécurisant les transactions, d’assurer une
telle mobilité. Au minimum, un décloisonnement interne et une interconnexion de ces zones
entre elles serait une première et indispensable avancée, au demeurant conforme aux textes
qui régissent le fonctionnement des zones en question. Autant dire qu’il ne s’agirait pas d’un
bouleversement mais de la simple application des règles.
Il y a là des dysfonctionnements qui devraient être considérés puis levés, la France jouant un
rôle significatif dans la gestion de ces zones monétaires. Pour ce qui concerne les deux zones
« CFA », tout se passe comme si la France, partenaire important dans la gestion de la
monnaie, cautionnait une gestion patrimoniale de la monnaie, délaissant son rôle de levier et
d’outil de développement de l’économie. Les crises financières des années 80/90 dans les
deux zones CFA ne sont pas étrangères à cette attitude extrêmement prudente et conservatrice
des banques centrales. On constate aujourd’hui que les deux zones financières se portent bien
dans des économies qui pourraient beaucoup mieux faire et qui manquent cruellement de
financement. L’heure est peut être venue de rendre à la monnaie les rôles qu’elle peut et doit
jouer : être au service de l’économie, et non l’inverse.
Frilosité des banques
Les capitaux sont largement stérilisés, avec l’assentiment tacite des banquiers traditionnels
qui fondent leur rentabilité sur d’autres segments que celui du financement de l’économie.
Ceci résulte du fait que les banques centrales de la zone franc optent pour une position très
proche de la recherche d’un « risque zéro », ce qui relève plus d’un comportement que d’une
limite quelconque qui serait apportée par les textes réglementaires ou prudentiels applicables.
Ce choix de gestion conduit à une attitude frileuse de la part des banques commerciales :
celles-ci se referment à l’intérieur d’une « bulle » par aversion au risque avec la caution
objective des banques centrales. On se retrouve face à des zones monétaires sur-liquides et
des banques qui constituent leurs marges en prélevant des commissions directes ou induites
(jours de valeur) sur l’ouverture et la gestion de comptes, et en pratiquant des opérations de
caisse sans risque (crédit causé et garanti), ou encore en développant des activités très prisées
et très pourvoyeuses de marge que sont les transferts de fonds des migrants, en accord avec
des opérateurs bien connus prélevant des commissions plus que confortables.
Ce désintérêt de nombreuses et importantes banques traditionnelles pour le secteur du
financement de l’économie est en partie compensé par la substitution qu’opèrent les bailleurs