apporter ne sont pas sans rappeler ceux soulevés par la population juive de la fin du XIXe siècle
jusqu’au XXe siècle, au milieu duquel la guerre et la création de l’Etat d’Israël allaient créer un
tournant qui influence les relations contemporaines entre juifs et musulmans, dont l’histoire
remonte bien avant dans le temps, en France, en Grande-Bretagne et au-delà.
La question qui nous occupe est de savoir comment s’opèrent les relations positives entre
juifs et musulmans dans la Grande-Bretagne multiculturelle et la France laïque républicaine
d’aujourd’hui du point de vue de l’action des gouvernements et des populations.
Nous l’aborderons sous les thématiques des relations interethniques et interreligieuses car le
choix des religions juive et musulmane et des sociétés française et britannique pose à la fois des
questions d’ethnicité et de religion (…)
Au-delà de la dimension interreligieuse vue à travers le prisme des relations entre les
populations de deux religions, cette thèse pose les bases d’une recherche sur ce qui permet à des
personnes et des groupes, ayant des modes différents de penser, d’agir, de vivre ensemble. Et ce,
dans des sociétés qui, elles-aussi, à travers leur modèle politique et social, ajoutent aux préceptes
religieux d’autres codes de conduite à tenir.
Ainsi, cette thèse, par le choix même des religions juives et musulmanes, s’inscrit dans
l’actualité des sociétés dites occidentales qui vivent un regain de questionnement de leurs modèles
avec les défis apportés par les revendications politiques, religieuses et historiques de ces religions. A
mesure que les sociétés britanniques et françaises régulent pour encadrer la multiplicité qui les
constitue selon le multiculturalisme ou la laïcité républicaine, ces mêmes modèles sont eux-mêmes
remis en question par les personnes et les religions qu’ils souhaitent encadrer. C’est pourquoi en
étudiant les formes de collaborations interreligieuses nous avons aussi attaché beaucoup
d’importance à l’analyse des cadres politiques et sociétaux des pays où ces collaborations se font.
L’étude des relations interreligieuses au sein d’un pays ne s’arrête ainsi pas à la porte des
associations interreligieuses, mais se révèle un véritable dialogue des acteurs de l’interreligieux avec
les autorités de leur pays qui ouvrent plus ou moins le champ de leurs perspectives de collaboration.
Selon la politique du pays se posent les questions : « puis-je librement parler de religion ou dois-je
passer par la case culturelle ou autre ? Comment parler de religions ? Et comment maintenir des
relations avec des personnes de confessions différentes dans divers contextes socio-politiques tout
en maintenant l’unité du pays ?