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Plan « R » pour la Région bruxelloise
Contribution de Vincent De Wolf
Chef de groupe MR au Parlement bruxellois
Contexte bruxellois du radicalisme
D’abord comprendre de quoi on parle et éviter les amalgames…
La radicalisation consiste en la légitimation et/ou le recours à la violence. Elle peut
concerner divers domaines : religieux, social ou politique.
La lutte contre le radicalisme en Région bruxelloise doit d’abord définir sa cible.
Dans la lignée des plans successifs « anti-radicalisation » mis en œuvre par le
Gouvernement fédéral (et dernièrement les 12 mesures décidées par le Fédéral), le
présent plan vise particulièrement la forme majoritaire du radicalisme religieux
fondant son discours sur une pratique totalitaire de l’Islam, à savoir le Salafisme
jihadiste.
Rappelons que le Salafisme est une conception mythologique, pseudo-authentique,
basée sur une imitation rituelle du temps du Prophète. La volonté est de retrouver
l’islam des Compagnons du Prophète dans sa pureté originelle.
En outre…
« Le Salafisme n’est pas une pratique religieuse mais la revendication d’une
identité politico-religieuse totalitaire qui :
- prétend représenter l’ensemble des musulmans de la planète (l’Oumma) et
rejette ainsi toutes les autres pratiques de l’Islam ;
- souhaite imposer la ghettoïsation à toute la communauté musulmane par
la formulation de revendications clivantes sans cesse renouvelées.
Le Salafisme exacerbe son discours par son idéologie complotiste et par les
interventions occidentales dans le monde arabo-musulman. Il mobilise sur le
thème de la défense des opprimés et des massacrés par l’Occident et est
parvenu à créer une nouvelle idéologie tiers-mondiste mobilisatrice de jeunes
à la recherche d’une cause.
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Le Salafisme cherche à imposer ses règles, à rejeter les formes républicaines et
légitime l’usage de la violence qu’il présente comme vengeresse. »
-- « Quelle politique de contre-radicalisation en France ? » - P. Conesa Déc. 2014.
Rapport commandé par la Fondation d’aide aux victimes du terrorisme.
Ensuite, comprendre l’essor en Région bruxelloise…
« La radicalisation (Salafiste) est la construction d’une identité à laquelle
adhèrent différentes franges sociales, allant des délinquants issus de
(quartiers précaires), à de jeunes diplômés ou encore des « convertis »,
Européens de souche. » -- Rapport Conesa.
Il s’agit donc de comprendre pourquoi des jeunes européens, Belges ou autres,
partent dans des pays comme la Syrie, le Yémen ou l’Arabie Saoudite en quête
d’une identité nouvelle, alors qu’il n’en parlent le plus souvent pas la langue et
ignorent souvent les coutumes et pratiques de ces sociétés.
Avec le récent procès du groupe Sharia4Belgium, l’affaire Medhi Nemmouche et
l’attentat au Musée Juif et, évidemment, avec les derniers attentats déjoués sur
notre sol, le monde pointe systématiquement du doigt la Belgique et la Région
bruxelloise, comme rongées par le radicalisme religieux. Proportionnellement, notre
pays serait (est) proportionnellement le principal fournisseur de jihadistes en Europe.
Si des études récentes vont jusqu’à estimer, en effet, que par million d’habitants, la
Belgique compterait 27 jihadistes partis en zones de conflit, contre 15 au Danemark,
9 au Pays-Bas et 6 en France, nous savons les Bourgmestres de la Région
bruxelloise que ces chiffres reflètent une situation plus intense à Bruxelles les
autorités de police poursuivent l’identification les candidats au départ, ceux
partis/revenus des zones de combat et ceux constituant, depuis notre sol, des
groupuscules Salafistes qui recourent à la violence ou légitiment, seulement, le
recours à celle-ci.
Il faut laisser aux experts le soin de déceler les raisons d’un tel succès, encore faut-il les
comprendre pour mener une politique publique efficace.
On peut cependant avancer que les recruteurs Salafistes trouvent, chez nous, un
terreau propice de jeunes en crise d’identité, en sentiment d’inutilité sociale, en
décrochage social, décrochage scolaire, etc.
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Le discours Salafiste semble trouver sa force comme « idéologie refuge » dans une
société qui, pour ses recruteurs, n’a plus rien à proposer, les autres idéologies
(politiques) sont en crise, et l’Islam, dans une observance originelle, permettrait
l’émergence d’un ordre social nouveau où la justice serait assurée grâce à des
valeurs islamiques puisées directement dans les textes sacrés pour lesquels n’est
autorisée qu’une lecture strictement littérale et exclusive… et qui font des Salafistes,
selon eux, les seuls « bons Musulmans ».
Le discours Salafiste peut aussi, semble-t-il, conquérir des ralliements, précédés ou
non d’une conversion à l’Islam, par une idéologie de défense des pauvres et des
opprimés (musulmans), qu’ils soient les victimes des Occidentaux mais aussi de
régimes politiques chiites, comme celui de Bachar el-Assad en Syrie.
L’un des enseignements principaux du rapport Français « Conesa » témoigne de
l’importance de concentrer les politiques publiques vis-à-vis de publics cibles sujets
aux tentatives de recrutement et d’embrigadement Salafistes :
« Les Salafistes sont installés dans l’enfermement des idéologies sectaires. Il est
difficile de faire redescendre sur terre un transcendant. C’est le reste de la
communauté, réservoir normal du recrutement, qui doit, entre autres, faire
l’objet d’une mobilisation dans le cadre de la politique publique. »
Un autre enseignement intéressant de ce rapport doit nous encourager à mener une
politique concrète sur le terrain de nos communes, rues et quartiers, puisque le
constat est posé que…
« 80 % des jeunes (Français) rentrés de Syrie n’ont auparavant fréquenté ni la
mosquée, ni la prison ».
Les seules politiques basées sur un meilleur contrôle carcéral, en ce qu’il permet la
contagion des idées Salafistes (ex. des détenus de Sharia4Belgium recrutant en
prison) ou d’un meilleur contrôle des discours prêchés par certains prédicateurs dans
certaines Mosquées paraissent donc, si bien nécessaires, insuffisantes.
Or, à ce jour, si le Gouvernement fédéral a renforcé l’arsenal des mesures propres à
lutter contre le Salafisme jihadiste (12 mesures), et si la Fédération Wallonie-
Bruxelles a développé également des mesures de lutte contre le radicalisme, la
Région bruxelloise semble dépourvue de plan régional concret.
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En novembre 2014, répondant à une interpellation du député Vincent De Wolf, le
Ministre-Président bruxellois s’interrogeait encore…
« Dans toutes les religions, on trouve des individus très radicaux, qui ne
feraient pas de mal à une mouche. C'est leur droit le plus strict d'avoir des
opinions. À partir de quand estime-t-on que celles-ci sont constitutives d'un
danger social ? »
« L'intention de partir, pour un mineur, est-elle déjà en soi constitutive de
quelque chose d'inquiétant ? La réponse est non. »
« Il me semble avant tout nécessaire de rappeler le cadre de compétences de
la Région. Nous allons certainement nous impliquer dans cette question
grave, mais je ne voudrais pas donner raison à ceux qui pensent que nous
assumerons la responsabilité de compétences qui demeurent fédérales. En
l’espèce, la lutte contre le terrorisme reste une matière fédérale traitée par les
services de sécurité et les autorités judiciaires fédérales. En tant que telle, la
Région n’est pas directement impliquée dans la gestion de la problématique
des combattants belges en Syrie, en Irak ou ailleurs. »
Et pour l’heure, les initiatives annoncées par le Ministre-Président, à saluer certes,
apparaissent peu mobilisatrices des moyens que la Région pourrait mettre en œuvre.
La Région bruxelloise doit pourtant prendre ses responsabilités et contribuer, dans
le cadre de l’amplitude de ses compétences, à l’effort collectif de lutte contre le
radicalisme, en matière de prévention mais aussi dans le cadre de ses compétences
parcellaires en matière de sécurité.
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Plan R pour la Région bruxelloise : 3 axes
Axe Préventif et de Coordination
1. Créer une cellule « R » au sein de l’OIP de prévention et de sécurité
Depuis le 1er juillet 2014 (6e Réforme de l’Etat), la Région bruxelloise est dotée des
compétences, notamment, de
- coordonner les politiques de sécurité,
- élaborer un plan régional de sécurité (en conformité au plan national),
- coordonner les politiques de prévention.
Dans ce cadre, la Région bruxelloise est en charge de créer un OIP en charge de la
Prévention et de la Sécurité que l’accord de majorité a dénommé « Bruxelles
Prévention & Sécurité ».
Pour le MR, une cellule « R » doit être intégrée dans ce nouvel organe qui sera
central dans la coordination de l’ensemble des acteurs bruxellois de prévention et
de sécurité.
Cette cellule sera l’acteur régional centralisé en charge des missions suivantes :
- coordination de l’ensemble des politiques locales et régionales de lutte
contre le radicalisme, en dialogue avec les autorités fédérales ;
- renforcement de la connaissance et de l’expertise du phénomène du
radicalisme en Région bruxelloise (pour ce faire, l’OIP pourra également
compter sur l’Observatoire de la Prévention et de la Sécurité qui y est
désormais inclus) ;
- appui structurel et financier aux pouvoirs locaux dans ce cadre ;
- échange d’informations et de bonnes pratiques en la matière ;
- formation au radicalisme des acteurs de terrain ;
- mise en place d’outils régionaux (formations, projets préventifs, etc.) ;
- information de la population.
La cellule « R » collaborera avec 4 types d’acteurs, outre les échelons de pouvoir
supérieur : les zones de police, les communes, les écoles et la population.
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