Lutte contre
le changement
climatique : la
responsabilité des
progressistes
air pur, c’est-à-dire non chargé exagérément de produits carbonés, une eau propre, c’est-à-dire en
particulier pas trop acide – ces biens fondamentaux sont encore trop souvent considérés comme
dénués de valeur car librement accessibles en quantités illimitées. Or nous savons bien que rien
n’est plus faux et, si j’ose dire, de plus en plus faux !
Il faut donc donner une valeur à ces biens et, en l’absence de marchés appropriés, cela ne peut
être qu’un centre de décision politique qui la définit, sur la base de la notion d’un intérêt collectif ;
introduire dans la gestion de l’économie cette notion d’un intérêt collectif, en plus de la notion
d’intérêts individuels, a toujours été un élément distinctif de la pensée des progressistes et cet
élément doit une fois de plus être réaffirmé.
Mais c’est là que nous nous heurtons aujourd’hui à une difficulté fondamentale : les centres de
décision politique existants sont, pour les plus élevés d’entre eux, au niveau des États, un niveau
où la pression de marchés financiers mondialisés étrangle toute velléité de politique économique
déviant de la doxa évoquée plus haut. Ce constat apparaît évidemment particulièrement vrai pour
les États trop endettés, les plus nombreux dans la crise actuelle, dont les équilibres financiers
dépendent de façon cruciale des taux d’intérêt auxquels il leur faut réemprunter. Face à ce défi,
les progressistes se doivent alors, c’est la thèse que je veux défendre, de hausser leurs ambitions
politiques.
relever Un noUveaU défi politiqUe
Je vais, pour illustrer ce propos, revenir à la question climatique. Parmi toutes les politiques suivies
ces dernières années pour lutter contre le réchauffement climatique qui nous préoccupe, l’une
d’elles me paraît particulièrement réussie, et pour dire le fond de ma pensée, presque exemplaire :
celle de la Suède. Je renverrai ici ceux qui veulent en savoir plus à un article à paraître de Claude
Henry, professeur à la Columbia University et à Sciences Po Paris. En résumé donc, la politique
suédoise a été, il y a près de vingt-cinq ans maintenant, d’introduire une taxe significative sur les
rejets des principaux émetteurs de gaz carbonique et, c’est là que réside l’originalité et l’efficacité
de cette taxe, d’annoncer qu’elle serait croissante dans le temps à un rythme aux modalités
de définition explicites. L’objectif de départ était de lutter contre les pluies acides, le charbon
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Note n°240 - Fondation Jean-Jaurès - 8 décembre 2014 - page 3