3ème trimestre 2008•
La croissance est en train de ralentir en France après des années 2006-2007 qui,
malgré la perception courante de l’opinion et la faiblesse objective du taux de crois-
sance constaté, ont été plutôt des années fastes.
En effet, le PIB de la France, selon l’OCDE, était inférieur à sa valeur potentielle
entre 2002 et 2005. Il a ensuite atteint cette valeur potentielle en 2006 puis l’a légè-
rement dépassé (de 0,3 %) en 2007. Jusqu’où pourrait aller ce redressement tout rela-
tif ?
Pour appréhender comment va évoluer la situation dans les mois qui viennent, on
peut soit procéder selon les schémas traditionnels assez systématiquement utilisés
par les conjoncturistes, schémas consistant à se caler sur l ‘évolution de la demande,
soit regarder en ligne directe comment va réagir la production en tant que telle. La
célèbre métaphore sur les « moteurs de la croissance » que seraient la consommation,
l’investissement et la demande extérieure est à bien des égards pratique. Elle se coule
dans les schémas keynésiens jadis très prisés. Surtout, elle a permis de construire
naguère des modèles économétriques intellectuellement séduisants et fournissant de
façon détaillée des prévisions économiques pour le court, le moyen et le long terme.
Néanmoins, bien que toujours très en vogue, cette présentation a, à nos yeux, un
inconvénient majeur, celui de ne pas correspondre à la réalité économique. En parti-
culier, la consommation n’est pas un moyen de soutenir la croissance mais le résultat
– et le but – d’une croissance soutenue. Pour s’en convaincre, il suffit de bien vouloir
constater que les politiques dites de relance par la consommation se sont toutes
abîmées dans l’inflation et le déficit extérieur. Et ce tout bonnement parce que leur
fondement théorique était à courte vue pour ne pas dire erroné.
Nous n’examinerons donc pas les tendances actuelles de l’économie française selon
le prisme des « moteurs de la croissance » et de leur possible évolution mais selon
celui d’une analyse de l’offre de produits, c’est à dire de ce qui modifie les capacités
productives réelles du pays.
Nous aborderons dans ce contexte trois aspects : le premier sera le positionnement
de l’économie française dans le cycle de moyen terme, le deuxième celui de son
problème majeur qu’est la situation du commerce extérieur et donc le problème de
l’épargne qui lui est intrinsèquement lié et le troisième celui des marges de manœu-
vre dont pourrait bénéficier la politique économique.
Stagationetcycleéconomique