The Sacred Harp (la harpe dont il est question est celle constituée par les cordes vocales) Sacred Harp est le titre d’une compilation de 1844 de chants sacrés a capella harmonisés à 3 voix puis amplifiés à 4 au fil des rééditions et comprenant notamment des tunes, anthems et hymns de William Billings (1746-1800), considéré comme le père de la musique chorale américaine. Il existe une édition de 1860 et une plus récente date de 1991. Les puritains interdisant la polyphonie lors des cultes, celle-ci s’est développée comme pratique domestique et conservée dans le sud des États-Unis. C’est aussi devenu le nom du genre musical. On peut constater le revival dont le Sacred Harp singing fait l’objet de nos jours. On trouve d’autres compilations comme Southern Harmony, Hesperian Harp ou Harmonia Sacra. Ce sont de gros volumes de 500 pages dans un format à l’italienne. Les chants sont brefs avec un seul couplet, souvent en deux parties, la seconde étant généralement répétée. Il ne s’agit pas de musique pour le concert mais de musique « participative » où tout le monde est invité à chanter; la justesse n’est pas en priorité recherchée. Une de ses grandes caractéristiques est le système de notation utilisé. Comme pour le système de solmisation, la hauteur des notes est donnée par des syllabes, ici au nombre de 4, représentées sur le papier par des notes de forme différente (triangle pour Fa, cercle pour Sol, rectangle pour La et « diamant » pour Mi ou Me), d’où le nom de Shape note music (encore appelée Fasola) introduit en 1801. Le rythme est noté de la manière habituelle. Voici les quatre formes de note sur la gamme de do majeur : Greenwich A titre d’exemple, dans Greenwich de Daniel Read, les alti vont solmiser ainsi les quatre premières mesures : La-La-La-Sol-Fa-La-Sol-Mi-Fa (mi-mi-mi-fa#-sol-si-la-fa#-sol sur un piano). Le chant est d’abord interprété en entier avec ces quatre syllabes puis dans un second temps avec le texte généralement placé au-dessus de la partie de tenor qui a la mélodie originale (la doublure à l’octave par des femmes en fait la voix la plus aigüe et donc la plus audible). Sur l’évolution des chants à travers la pratique, voici l’édition de 1797 qui n’était pas écrite en shape notes : On peut, par ailleurs, remarquer la disposition en carré des quatre pupitres autour d’un chef tournant lui-même issu des chanteurs, la battue partagée avec ceux-ci, une première version « solmisée » et un peu bancale (on entend très bien les La et Fa répétés de la seconde partie chantés par les basses) puis la version avec le texte. Retour à Cold Mountain Retour à Cold Mountain (Cold Mountain) est un film américain réalisé par Anthony Minghella sorti en 2003 et tiré du livre du même nom publié par Charles Frazier en 1997. Synopsis : Les États-Unis d'Amérique sont déchirés par la guerre de Sécession. Ada (Nicole Kidman) se dévoue au service de son père, pasteur veuf, qu'elle aime plus que tout au monde. Inman (Jude Law) n'est qu'un simple ouvrier appelé sous les drapeaux. Il s'engage au côté des confédérés. À la veille de son départ pour le front, leur rencontre et leur baiser volé embrasera pour l'un comme pour l'autre un amour infini. Certains passages de ce film font référence au Sacred Harp. On entend notamment interpréter le chant « Idumea » pendant les affrontements entre nordistes et sudistes : ou encore « I'm going home » lors d' une interprétation dans la paroisse du père d' Ada, pasteur : Remarque : On peut se demander si Aaron Copland, pianiste, compositeur et chef d' orchestre américain du XX siècle, profondément influencé par les musiques populaires de son pays (jazz, musique juive, musique de rue ...) et soucieux de refléter l'identité américaine à travers sa musique n'aurait également pas été influencé par ce genre musical. En effet, la puissante polyphonie des cuivres dans « Fanfare for the common man » ne serait elle pas sans rappeler certains de ces chœurs a cappella ? Sacred harp singers, Texas 1915 ème