
Depuis plusieurs années, on observe une nette
dégradation des conditions de travail du person-
nel soignant et non-soignant dans les hôpitaux
publics en Suisse :
- La charge de travail augmente, et le nombre
de patients par soignant croît sans cesse.
- Les absences pour cause de maladie et de
maternité ne sont souvent pas remplacées.
- Le travail administratif pour les soignants
(LEP, DPI) augmente massivement, ce qui les
empêche de réaliser leur mission première :
être au lit du patient.
- Les effectifs diminuent en raison des me-
sures d’économies décidées par le Conseil
d’Etat en 2013 (« personal stop »).
Ces différents facteurs provoquent l’épuisement
des équipes soignantes. Ils ont également un
impact sur la qualité des soins, qui est dégradée.
Cette situation est profondément démotivante
pour le personnel concerné et pousse de nom-
breux soignants – en particulier les jeunes – à
quitter le milieu hospitalier, car ils ne se recon-
naissent plus dans la manière dont les patients
sont traités.
Le maintien de la Loi sur le personnel de l’Etat de
Fribourg (LPers) dans les hôpitaux publics fribour-
geois (HFR et RFSM) est tout à fait possible, et peut
être nancé.
Avec le nouveau nancement hospitalier – les « for-
faits par cas » / DRG – les collectivités publiques
ne peuvent plus nancer directement les hôpitaux,
comme cela se pratiquait auparavant. Dorénavant,
les prestations hospitalières sont facturées « à la
prestation », sur la base d’un « baserate » (tarif par
point DRG) négocié avec les assureurs. Ces der-
niers, bien entendu font tout pour diminuer la note !
Ceci dit, il reste aux collectivités publiques une
marge de manœuvre pour nancer les activités
hospitalières : les prestations d’intérêt général (PIG).
L’Etat de Fribourg peut directement nancer, par
ce biais, les prestations qui relèvent des hôpitaux
publics, et qui ne sont pas assumées par les éta-
blissements privés, notamment :
- Le maintien des capacités hospitalières pour
des raisons de politique régionale.
- La recherche et la formation, universitaire ou
non-universitaire.
- Les services d’urgences.
En 2015, le montant octroyé à l’HFR à titre de pres-
tations d’intérêt général (PIG) se montait à 36 mil-
lions de francs. C’est peu, et très inférieur aux PIG
qui sont versées dans des cantons comparables
(l’Hôpital neuchâtelois, HNE, a reçu en 2013 plus
de 94 millions de francs à titre de PIG).
Face à cette situation, il est indispensable d’agir.
Il faut, en particulier, augmenter le nombre de
postes de travail, qu’il s’agisse du personnel soi-
gnant (inrmiers/-ières ; ASSC etc.) ou du person-
nel de l’intendance (nettoyage, service hôtelier).
Le syndicat du personnel de l’HFR – le SSP –
HFR – est en discussion avec la Direction pour
mettre sur pied un « pool inrmier », susceptible
de remplacer l’ensemble des absences. Nous en
sommes toutefois encore loin, et nous constatons
que de nombreux services souffrent d’un manque
de personnel.
Pour obtenir des améliorations, il n’y a qu’une
solution : s’organiser, collectivement, pour dé-
fendre au mieux les conditions de travail et de
salaires. Nous vous invitons donc à rejoindre
le SSP-HFR !
Le nouveau mot à la mode, fusion… pour diminuer
les coûts. Chez nous, les inrmières, la fusion est
aussi à l’ordre du jour. Nous avons, par exemple,
fusionné nos équipes de soins. Une équipe qui
comptait, avant l’introduction des « forfaits par
cas », 12 lits peut en compter jusqu’à 28 au-
jourd’hui avec des effectifs inrmiers rabotés.
Le nombre d’EPT (équivalents plein temps, ou
postes de travail) par lit a été drastiquement dimi-
nué. Notre dotation fond comme neige au soleil.
Souvent, nos journées de travail vont jusqu’à 13
heures, ou 14 heures, et les inrmières ont dû tro-
quer leur Crocs pour des nikes…
Beaucoup viennent travailler 30 à 40 minutes avant
l’horaire pour pouvoir prendre connaissance des
dossiers, les temps de transmissions oraux ont été
supprimés. Leur temps n’est pas compté, même
si nous avons timbré !
L’Etat de Fribourg a fermé le robinet de l’enga-
gement, les jeunes inrmières nouvellement di-
plômées ne trouvent pas de place de travail ou
sont engagées en contrat de durée déterminée
(CDD). Une inrmière, avant l’introduction des for-
faits par cas, était responsable de 4 à 6 patients.
Aujourd’hui, elle a la responsabilité de 10 à 14 pa-
tients. Les inrmières en congé de maternité ne
sont pas remplacées et les malades de longue
durée non plus… Nos équipes s’épuisent. Et que
dire de la charge administrative toujours plus im-
portantes des inrmières ?
Témoignage d’une inrmière travaillant à l’HFR
Surcharge et pénibilité :
il faut agir !
Augmenter les prestations
d’intérêt général (PIG)
Quelles solutions ? DRG : qu’est-ce qui a changé
dans notre pratique inrmière ?