Tribune d’éthique
les interventions nécessaires au bien-être de son
patient. Cependant, la déontologie professionnelle
reconnaît que le médecin peut adhérer à des con-
victions morales ou religieuses incompatibles avec
certaines interventions qui peuvent lui être deman-
dées. Dans ce type de cas, l’article 2.03.06 du Code
de déontologie des médecins du Québec (le Code)
pourvoit au bien du patient et exige du praticien
qu’il informe celui-ci de ses convictions suscepti-
bles de l’empêcher de conseiller ou de dispenser
une intervention. Le médecin a aussi l’obligation
d’aviser son patient des conséquences possibles
d’une absence d’intervention : «Le médecin doit
informer son patient de ses convictions morales ou
religieuses pouvant l’empêcher de lui recommander
ou de lui administrer une forme de traitement qui
pourrait être appropriée et l’aviser des conséquen-
ces possibles de l’absence de ce traitement.»
Par ailleurs, la déontologie professionnelle
exprime des attentes à propos des situations dans
lesquelles un médecin cesse de traiter un patient.
L’article 2.03.10 du Code se lit comme suit :
«Avant de cesser de traiter un patient, le médecin
doit s’assurer que celui-ci peut continuer à obtenir
les soins requis et y contribuer dans la mesure
nécessaire.» Le Dr Clinicos ne se trouve pas dans
l’obligation de continuer à traiter ce patient. Par
contre, dans les circonstances, il doit s’assurer que
le patient sait à qui s’adresser en cas de besoin.
La question à propos de laquelle le Dr Clinicos
éprouve un malaise de plus en plus important consiste
à savoir si ce qu’il prescrit au patient est médicalement
requis. Cette question concerne l’intégrité profession-
nelle puisque le praticien doit intervenir conformé-
ment à ce que sa profession considère comme étant la
nécessité médicale justifiée par l’état actuel des con-
naissances. L’article 2.03.21 du Code prescrit que «Le
médecin ne doit fournir un soin ou donner une
ordonnance de médicaments ou de traitement que si
ceux-ci sont médicalement nécessaires».
L’aspect éthique
Il peut arriver qu’un patient, un collègue ou un
autre professionnel demande à un médecin de
poser un acte qui entrerait en conflit direct avec
certaines valeurs fondamentales du médecin. Les
valeurs en cause pourraient être personnelles ou
professionnelles. Dans sa forme aiguë, un tel con-
flit est susceptible de provoquer chez le praticien
l’adoption d’une attitude qu’on appelle l’objection
de conscience. L’expression «objection de con-
science» a eu pour première signification le «refus
de porter les armes formulé par un objecteur de
conscience».1Dans le contexte de la relation d’aide,
l’objection de conscience consiste dans le refus de
poser un acte au nom d’une valeur morale ou
religieuse que le professionnel concerné estime
prépondérante en raison de sa densité morale. Il se
61le clinicien octobre 2000
Que doit -on savoir sur
les biphosphonates?
Allez voir à la page 143