Une nouvelle hypothèse géologique
Autor(en): Revel, A.
Objekttyp: Article
Zeitschrift: Revue de théologie et de philosophie et compte rendu des
principales publications scientifiques
Band (Jahr): 15 (1882)
Persistenter Link: http://doi.org/10.5169/seals-379312
PDF erstellt am: 25.05.2017
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UNE NOUVELLE HYPOTHESE GEOLOGIQUE
Nous ne venons pas ici raconter ànouveau l'histoire de la
science géologique, mais produire une nouvelle preuve que
l'étude de la nature est dans un perpétuel devenir et ne se
prête point, par conséquent, àla construction de systèmes
arrondis et tout d'une pièce. Que n'a-t-on pas dépensé de
savoir et d'efforts, depuis le siècle dernier, en faveur des
théories rivales du neptunisme, qui attribuait l'origine de
toutes les roches àl'action de l'eau, et du plutonisme, qui
l'attribuait en grande partie àl'action du feu? Et que reste-t-il
maintenant de cet antagonisme absolu? Le temps amarché,
et ces systèmes contradictoires ont subi des modifications con¬
sidérables et essentielles, grâce au développement rapide des
connaissances scientifiques, au nombre toujours croissant des
observations individuelles et, par-dessus tout, àl'heureuse et
féconde coopération des sciences soeurs :la chimie, la minéra¬
logie, la paléontologie et la micrographie. Grâce aux révélations
surprenantes du microscope, Sorby apu se livrer àdes re¬
cherches d'une importance capitale sur la transformation des
argiles sédimentaires àbase d'alumine, et établir que, sou¬
mises àl'effort d'une pression incalculable et prolongée, elles
ont pu se métamorphoser graduellement en micaschistes cris¬
tallins, sans l'intervention d'aucune action ignée et, qui plus
est, sans le secours d'aucun cataclysme De même, il est permis
de croire que les argiles magnésiaques ont pu être transformées
àla longue en serpentines schisteuses, tout en conservant leur
stratification originelle, ou bien en serpentines àstructure plus
ou moins compacte, ayant perdu parfois toute trace de strati¬
fication; en ce cas il se présente des plans de fracture très
UNE NOUVELLE HYPOTHÈSE GÉOLOGIQUE 577
irréguliers, qui sont dus en grande partie àla séparation de
certaines molécules constituant la steatite, minéral très apte
àfaciliter les mouvements mécaniques internes de la roche,
en diminuant le frottement le long des plans inclinés. Comme
dernier terme de la métamorphose des argiles magnésiaques,
on pourrait signaler la formation de la serpentine àgros cris¬
taux de diallages.
Cette manière de voir, qui fait bon marché des cataclysmes
et des révolutions telluriques, n'est encore admise que par un
petit nombre de géologues et de minéralogistes, et elle ne
s'accorde guère avec les opinions généralement reçues. Elle
soulèvera, sans doute, beaucoup d'objections et se heurtera à
une opposition très vive. Nous n'y pouvons rien, et ce n'est pas
notre affaire. Ce qui nous importe, et nous ne devons pas le
perdre de vue, c'est que les sciences naturelles, bien loin
d'avoir dit leur dernier mot, n'en sont encore qu'à leurs débuts,
selon le mot énergique de Laplace :«Ce que nous savons est
peu de chose; ce que nous ne savons pas est infini! »Et, pour
ne parler que de la géologie, que sait-elle de certain sur la
constitution intérieure de notre globe? Toutes les recherches
et toutes les découvertes auxquelles elle adonné lieu sont
absolument superficielles ;et ce n'est que par exception, lors¬
qu'il s'agit de certaines mines, qu'on peut atteindre àla pro¬
fondeur de quelques centaines de mètres. Or qu'est-ce qu'une
profondeur pareille Elle équivaut, ni plus ni moins, àl'épais¬
seur d'une feuille de papier àlettre qu'on aurait collée sur
un globe de six mètres de circonférence!
Ces considérations générales ne sont pas de notre cru; nous
ne sommes pas qualifié pour nous ylivrer sans péril, car nous
n'avons pas en pareille matière la compétence voulue. Nous en
sommes redevable au savant conservateur du musée industriel
de Turin, M. le chevalier Guillaume Jervis, membre des Sociétés
géologiques d'Italie et de Londres et correspondant de l'Institut
géologique de Vienne, qui s'est acquis une belle et solide répu¬
tation par des travaux considérables et justement appréciés en
Italie et àl'étranger. M. Jervis est l'homme qui connaît le mieux
le sol et le sous-sol de la péninsule; etil aentrepris d'en décrire
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les richesses dans deux ouvrages de longue haleine qui lui ont
coûté plus de vingt ans de recherches et d'explorations labo¬
rieuses. Dans une première série de trois forts volumes1, il a
donné une complète description de toutes les richesses minérales
de l'Italie, distribuées suivant leurs bassins hydrographiques;
le premier volume traite de la région des Alpes, le second
de la région de l'Apennin et des volcans qui en dépendent, le
troisième de la région insulaire (Sardaigne et Sicile). Topo¬
graphie, géologie, analyse minéralogique, considérations éco¬
nomiques, notes sur toutes les questions se rattachant au sujet,
on trouve tout cela dans cet ouvrage admirable par sa précision
scientifique et par son érudition solide et étendue; et les jour¬
naux italiens, anglais et allemands n'ont pas marchandé leurs
éloges àcette première série non plus qu'à la seconde2,
encore inachevée, l'auteur se propose de faire connaître
les propriétés physiques, chimiques et médicales de toutes les
sources thermales du midi, du centre et du nord de l'Italie.
Ajoutons àces cinq volumes une excellente monographie sur
l'or- en nature3; et nous aurons devant nous des titres sérieux
àêtre écouté par les hommes les plus compétents.
Parvenu au terme de ses longues et consciencieuses re¬
cherches, l'auteur aformulé deux thèses d'une grande har¬
diesse et d'une grande portée.
Sa conviction est que le Créateur acréé notre globe en une
seule fois, ainsi qu'il résulte de la première page de la Bible.
Achaque époque subséquente, les roches n'ont subi que de
simples modifications dues àl'action de l'eau; les éruptions
volcaniques et les filons et veines de roches eruptives ne con¬
stituent en réalité que des exceptions.
1ITesori sotterranei dell'Italia. Turin, H. Loescher, 1873-1874-1881.
3vol. in-8 avec de nombreux dessins originaux.
*Guida alle acque minerali dell' Italia, Turin. H. Loescher, 1868-1876;
2vol. in-8 avec de nombreux dessins originaux. Le troisième volume
(provinces septentrionales) est en préparation.— L'auteur afait hommage
de ses deux livres àS. M. le roi Humbert qui lui aaussitôt accordé une
distinction très flatteuse, en le créant officier de la couronne d'Italie.
5Dell'oro in natura;la sua storia,.., la sua distribuzione geografica, etc.
Turin, H. Loescher, 1881. in-8 de XVI et 204 pag.
UNE NOUVELLE HYPOTHÈSE GÉOLOGIQUE 579
La première thèse, formulée par l'auteur dès 1876, revient
àceci :«la théorie du feu central est une fable; les éruptions
volcaniques sont des phénomènes comparativement super¬
ficiels. »
Prenons pour premier exemple la région de l'Etna. Le Mongi-
bello, comme on le nomme en Sicile, se trouve tout juste à
l'extrémité méridionale des roches primitives de l'Apennin,
paléozoïques, prépaléozoïques et cristallisées. Ce n'est point
une circonstance fortuite; elle se reproduit également à
l'égard de l'archipel des îles Eoliennes et de l'île Ponza. Selon
toute probabilité, il existe, sous la mer Ionienne, entre la Sicile
et la Calabre, d'immenses excavations; lorsque la mer s'y
précipite, àla suite de tremblements de terre, et lorsque
s'écroule la voûte de ces antres souterrains, il s'y engendrerait
une quantité de substances gazeuses qui, soumises àune
pression incommensurable, donneraient lieu àune puissante
décomposition chimique et àdes éruptions locales, sans qu'il
soit nécessaire d'évoquer l'hypothèse du feu central. Nombre
de minéraux insolubles, trouvés dans les roches volcaniques
de l'Etna, sont dus précisément àla décomposition chimique.
Il semblerait, au premier abord, que les immenses gise¬
ments de soufre de la Sicile doivent aussi leur origine àdes
phénomènes volcaniques secondaires ;il n'en est rien ;une
étude attentive, faite sur les lieux, aprouvé que la Sicile n'est
aucunement redevable de ses gisements de soufre àl'action de
ses volcans. Le soufre se rencontre les volcans n'ont pas
agi; il se trouve dans l'intérieur des terres et il n'a été formé
que par l'action des eaux de lamer, alors qu'elles recouvraient
les terrains qui ont émergé plus tard; il se présente en effet
sous la forme de stratifications alternant avec la marne cendrée,
le calcaire marneux et le gypse, et appartenant au terrain
miocène supérieur, c'est-à-dire àla fin de l'époque tertiaire
moyenne; et ces stratifications, presque toujours indépendantes
les unes des autres, ne sont autre chose que des terrains sédi-
mentaires formés sous les eaux, en l'absence complète de
n'importe quelle éruption volcanique. La faune de ces terrains
(poissons et insectes) permet en outre deles considérer comme
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