Chapitre 3
Révolution et Empire
Dans les années/décennies ayant précédé 1789, Réflexion européenne sur ses propres
institutions. Les abus commis par les Nations européennes dans des terres lointaines – en
premier lieu la traite des Noirs – sont ainsi dénoncés par certains (Condorcet dans Réflexions de
1780) dans un double sens : désignés comme des abus, désignés comme des symptômes
nécessitant des réformes en Europe. N’empêche cependant pas l’Europe d’explorer le reste du
monde (Alexandre Humboldt arpentent les Andes au début du XIXe siècle, La Pérouse qui se
perd en 1788). Ces découvertes sont motivées par diverses causes, mais l’une d’entre elles sont les
gains économiques : l’Angleterre voit son commerce extérieur doubler entre les années 1780 et le
début des années 1790.
En Europe même, la partie occidentale voit son agriculture devenir de plus en plus
productive (France, Angleterre, Provinces-Unies). Dans cette même région, ponctuellement en
France, plus largement en Angleterre, commence (dès 1760) l’industrialisation. Les transports
s’améliorent nettement tout au long du XVIIIe siècle.
Or ce développement est en décalage avec le cadre politique et social. À l’Est et au centre
de l’Europe, des régimes seigneuriaux de servage existent encore. Le cadre politique du Saint
Empire et la division de l’Italie entravent le développement de ces deux régions.
Dans ce paysage, un pays paraît affaibli. La France a brillamment aidé les États-Unis dans
leur indépendance, mais elle est indécise dans plusieurs régions : les troubles en Hollande, le
conflit entre Russie et Turquie. Cependant, ce pays dispose d’atouts qui n’ont alors pas été perçus
comme tels :
Sa population : 26 millions de Français, qui dépasse largement les États
allemands, l’Italie et l’Angleterre.
Pensée politique vigoureuse, un État-Nation arrivé à maturité,
La paysannerie est active et la Révolution arrive, dès 1789-1790, à l’intégrer à la
Nation,
La bourgeoisie fournit des cadres à cette Nation, envie d’arriver au pouvoir,
montée en puissance politique bloquée par l’aristocratie (contrairement à
l’Angleterre).
France subit alors une crise économique certaine : à Lyon en 1788, la moitié des ouvriers
sont au chômage.
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1ère phase : Révolution juridique et pression populaire. L’un des problèmes
est budgétaire et fiscal. Sous pression depuis 1788, Louis XVI convoque les
États-Généraux pour le 1er mai 1789. Dès son ouverture, opposition sur la
nature de cette assemblée, qui finit par abolir la différence entre la noblesse, le
clergé et le tiers-état et par se proclamer en Assemblée nationale constituante :
serment du Jeu de paume (juin). Après cette révolution juridique, arrive la
révolution populaire, ie la prise de la Bastille. Le roi doit évacuer les troupes
encerclant Paris. Puis Grande Peur dans les campagnes : l’Assemblée réagit par
l’abolition des privilèges dans la nuit du 4 août 1789. Le 26 août, vote de la
Déclaration universelle des Droits de l’Homme.
2nde phase : l’échec de la monarchie constitutionnelle.
Liberté économique, réorganisation administrative (département),
réglementation religieuse, nationalisation des biens du clergé.
Ces mesures, surtout la nationalisation des biens du clergé, provoquent
une hostilité à la Révolution. Si en 1790, le roi prête serment à la
Constitution, Louis XVI louvoie entre différents clans et essaye de
récupérer son pouvoir perdu. Se termine mal, par la fuite à Varennes
(juin 1791). La réaction des modérés (La Fayette : monarchie
constitutionnelle) qui tirent sur la foule sur le Champ de Mars,
provoque une rupture dans la Révolution entre monarchiste modéré et
Républicains (Danton, Robespierre). Louis XVI finit par accepter la
nouvelle constitution écrite de septembre 1791 (exécutif, véto).
1792 : problème de l’exportation de la révolution. Modifie les rapports
de force, et aboutit à l’abolition de la monarchie, en août 1792. Élection
d’une Convention pour rédiger une nouvelle constitution.
3e phase : la Terreur. Juillet 1793 : nouvelle constitution, très démocratique,
jamais appliquée. Mise en place d’un gouvernement d’exception : le Comité de
Salut Public. Jusqu’en juillet 1794.
4e phase : le Directoire. Reflux de la Révolution, car largement moins
démocratique que la constitution de 1793. Régime politique rigide, Parlement
bicaméral, stricte séparation des pouvoirs, exécutif assuré par 5 Directeurs.
Entente entre l’exécutif et le législatif impossible, mésentente entre les 5
Directeurs. Régime immobile, sorti de la crise par le général Bonaparte.
Fin de la Révolution : le coup d’État du XVIII Brumaire an VIII
(novembre 1799). Mise en place du Consulat : régime autoritaire dirigé par
trois Consuls, dont le 1er est Bonaparte lui-même.
Consulat fait place à l’Empire en 1804 et Bonaparte devient Napoléon Ier.
Début du Ier Empire, qui s’écroule en 1815.
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I. LES RELATIONS INTERNATIONALES ET LA REVOLUTION
À l’Est de l’Europe :
Empire Ottoman, considéré comme décadent, coupé du reste du monde.
Guerre contre la Turquie (1787-1792) de l’Autriche et de la Russie, Prusse étant
en embuscade en cas de nouvelle agression contre la Pologne. Permet à la
Russie de renforcer ses positions en Mer Noire.
Diplomatie française effacée, en raison de la Pologne,
Autriche, engagée dans le conflit contre la Turquie, se retire d’une part en
raison de la Révolution Française, d’autre part à cause de la crise de Pologne.
Inquiétude de l’Angleterre, notamment pour son approvisionnement en blé
(William Pitt étant alors Premier Ministre, George III, roi, étant à peu près fou).
De plus, succès de la Russie sur la Turquie peut menacer la route de l’Inde.
Intervention anglaise permet à l’Empire Ottoman de céder relativement peu
que la situation militaire n’aurait dû le permettre.
1. La Contre-Révolution
a. Notion de Contre-Révolution
Fuite des nobles à l’étranger les plus favorables à la monarchie dès la prise de la
Bastille, mais attention
Se traduit d’une part par la mise en place d’une idéologie (Joseph de Maistre,
Louis de Bonald : théocratie, restauration des valeurs traditionnelles, Edmund
Burke : lutte contre les extrêmes),
Elle est également action, en France même et à l’étranger.
b. En France
En France, par une activité de presse, par des débats, etc, quand ils sont
possibles, parfois par une activité de conspiration,
Par l’activité militaire ou de guerre civile, notamment en Vendée, populaire et
religieuse,
Mise en place à l’étranger, par les émigrés, de troupes armées.
Activité conspiratrice est aussi soutenue par ces milieux : à Turin
d’abord puis, surtout, à Coblence. Reste très futile.
Activité militaire faible : participation à la campagne de Valmy en 1792.
Émigrés sont des nobles, des prêtres réfractaires, mais aussi des
paysans, venant de Vendée, Bretagne, du Midi et de l’Alsace.
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En France, cette contre-révolution a finalement échoué, avant même que
Bonaparte ne prenne le pouvoir.
c. Dans le reste du monde
La Révolution française n’est pas une révolution unique et isolée. Elle s’inscrit dans une
ère des révolutions :
La révolution américaine,
Irlande, Pays-Bas, Genève connaissent des troubles en 1789,
La Révolution française essaime dans le reste de l’Europe. Cette période dure
jusqu’en 1820 environ. Ne pas oublier non plus l’Amérique du Sud
(indépendances bolivariennes) et les Antilles : Haïti (1804) lutte pour son
indépendance.
Cette tendance de long terme explique que la Révolution française ait été un phénomène
majeur en Europe et dans le reste du monde. Se dégage des autres par le fait qu’il soit le royaume
le plus peuplé, et qu’elle s’inscrit elle-même dans une perspective universelle. Remise en cause
très profonde de l’ordre européen, en tant qu’exemple ou objet de rejet.
Plusieurs phases dans les relations entre la France et le reste de l’Europe :
La Constituante (monarchie constitutionnelle est encore possible) : Révolution
française proclame son pacifisme.
La diplomatie est confiée au roi, qui doit compter avec l’Assemblée.
Ainsi, refus de participer à un conflit entre l’Espagne et l’Angleterre,
malgré les liens dynastiques avec les Bourbons d’Espagne. Changement
diplomatique majeure.
Doit faire face à des dilemmes : en Alsace, certains territoires
appartiennent à des princes allemands ; Avignon appartient au Pape. Or
peuples de ces régions demandent le rattachement à la France : droit
monarchique contre le droit des peuples. Débats jusqu’en 1791 tranche
en faveur du rattachement.
Assemblée se penche sur le droit de paix et de guerre. Mais le roi mène
une diplomatie parallèle. Le 3 décembre 1790, Louis XVI écrit au roi de
Prusse pour demander une coalition des puissances monarchiques pour
le restaurer dans ses pouvoirs.
Les monarchies sont inquiètes : fort impact intellectuel de la Révolution
française.
Mais la révolution bénéficie dans un premiers temps des guerres à l’est :
La guerre russo-turque ;
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Le second partage de la Pologne, en 1793, entre la Russie et la
Prusse. Un soulèvement contre ce règlement mène au troisième
partage de la Pologne (Prusse, l’Autriche et la Russie) en 1795
et, ainsi, à la disparition de cet État jusqu’en 1919.
Dès 1791 cependant, souci de la Révolution de se protéger : premières
levées de troupes populaire, émigrés considérés comme une menace.
Un débat se développe, stimulé par la fuite à Varennes, entre les Jacobin
et les Girondins : Brissot (favorable à la guerre) et Robespierre (évoque
l’émergence d’un sauveur militaire qui viendrait à la rescousse de la
Révolution en perdition).
L’État de guerre.
Ce débat se termine par l’ouverture des hostilités : le 20 avril 1792 contre
l’Empereur autrichien. Ce dernier reçoit toute de suite le soutien des États
allemands et du roi de Prusse.
Catastrophe militaire française jusqu’à l’été 1792, avec invasion au nord et à l’est
(Lyon), qui a deux conséquences :
L’abolition de la monarchie ;
Le redressement de Valmy : 20 septembre 1792.
Le redressement permet une expansion militaire de la Révolution :
Conquête de la Belgique (novembre 1792) et de la rive gauche du Rhin.
Annexion de la Savoie et de Nice (définitivement française 1860).
Ces conquêtes mélangent expansion de la Révolution (on déclare
apporter « fraternité et secours » aux peuples le 19 novembre 1792) et
considérations plus pragmatiques : ouverture de marchés pour la
bourgeoisie et milieux d’affaires, notion de frontière naturelle (le Rhin),
etc.
Reflux révolutionnaire au cours de l’année 1793 :
Aboutit à une nouvelle menace d’invasion sur les frontières françaises,
Nouveaux ennemis : l’Angleterre et l’Espagne (car exécution du roi).
Le partage de la Pologne libère aussi les mains de la Russie, Prusse et
Autriche (le dernier partage mobilise moins de troupes).
Cependant, les combats ne sont plus menés par les Girondins, mais les
Jacobins : répudiation de l’expansionnisme Girondin. La guerre se fait
d’une part aux frontières et d’autre part sur le front intérieur
(reconquête de Lyon et Toulon contre les Anglais).
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