BILAN DU PLAN CANCER 2003-2007 EN LANGUEDOC-ROUSSILLON Annoncé en juillet 2002, le plan cancer 2003-2007 a été lancé au niveau national en mars 2003. Ce plan avait comme objectifs : • de rattraper le retard dans le domaine de la prévention ; • de mieux organiser le dépistage ; • de développer des soins de meilleure qualité centrés autour du patient ; • d’offrir un accompagnement social plus humain et plus solidaire ; • d’organiser une formation plus adaptée ; • de développer une recherche porteuse d’espoir. Autour de ces 6 objectifs, le plan cancer est organisé en 70 mesures. En Languedoc-Roussillon, les différentes instances responsables de la mise en œuvre des politiques de santé dans la région ont pris en compte les priorités et mesures du plan cancer, notamment lors de l’élaboration des programmes de santé ou des schémas d’organisation sanitaire. Ce document présente un bilan en région de l’ensemble des actions entreprises à l’issue des 5 ans du plan. Les chiffres du cancer en Languedoc-Roussillon Depuis 1999, le cancer est la pathologie entraînant le plus grand nombre de décès chez les hommes en Languedoc-Roussillon. Pour les femmes, les tumeurs restent encore la deuxième cause de décès derrière les maladies de l’appareil circulatoire. Ainsi, en 2005, en Languedoc-Roussillon, les tumeurs malignes ont été à l’origine de 4 012 décès chez les hommes et 2 684 chez les femmes. Comparativement au reste du pays, la région présente des taux de mortalité, une fois pris en compte les différences de structure d’âge de la population, moins élevés. Observatoire régional de la santé du Languedoc-Roussillon Parc Euromédecine 209 rue des Apothicaires 34196 Montpellier cedex 5 Direction régionale des affaires sanitaires et sociales du Languedoc-Roussillon 28 – Parc-Club du Millénaire 1025, rue Henri Becquerel – CS 30001 34067 Montpellier cedex 2 Décembre 2008 En 2004, 12 542 admissions en affection de longue durée (ALD) ont été enregistrées pour cancer par les trois principaux régimes d’assurance maladie (général, agricole, indépendants). Plus de 53 % de ces admissions concernent des hommes. Selon les données publiées par le registre des cancers de l’Hérault et portant sur l’année 2004, 5 984 nouveaux cas de cancer ont été recensés dans le département. Les hommes avec 3 472 nouveaux cas sont plus touchés que les femmes (2 512). Chez les femmes, avec 1 675 nouveaux cas sur la période 2003-2004, le cancer du sein est le plus fréquent des cancers. Le côlon, le poumon, le col utérin, la peau forment avec le sein les cinq localisations les plus fréquentes. Chez l’homme, c’est le cancer de la prostate qui est le plus fréquemment retrouvé : 2 204 nouveaux cas sur deux ans. Les quatre autres principales localisations sont le poumon, le côlon, la peau et la vessie. Les estimations régionales sur le nombre de nouveaux cas de cancer établies à partir des données recueillies dans l’Hérault sont disponibles pour l’année 2003 et font état de 11 387 nouveaux cas. nLes mesures du chapitre «prévention» Les mesures du chapitre « prévention » portent aussi bien sur la connaissance de la maladie que sur des mesures de promotion de la santé et de prévention ciblées plus particulièrement sur le tabac, les expositions professionnelles, la nutrition et l’alcool. Bilan du plan cancer 2003-2007 en Languedoc-Roussillon La région Languedoc-Roussillon dispose depuis 1984 d’un registre des tumeurs dans le département de l’Hérault qui contribue à la connaissance de l’évolution de ces pathologies au niveau de ce département et de la région. Depuis 2002, un second registre vient compléter ce dispositif dans le Gard. On relève également que les données épidémiologiques sont régulièrement mobilisées en région et localement pour aider à l’élaboration des politiques de santé. Dans le domaine de la lutte contre le tabac, plusieurs actions ont été menées en milieu professionnel, notamment par le Gefluc, et l’ensemble des médecins du travail ont été sensibilisés à cette question lors d’une de leurs journées annuelles de travail. Avant même l’entrée en vigueur des nouvelles mesures relatives à l’interdiction de fumer dans les lieux publics, le rectorat de l’académie de Montpellier s’était engagée dans une démarche « académie sans tabac », appuyée en cela par de nombreuses actions visant à éviter que les jeunes commencent à fumer ou pour les aider à arrêter. Élaboration d’outils et formation des intervenants sont venu tout au long du plan soutenir ces actions de prévention du tabagisme. Les associations œuvrant dans ce domaine ont également bénéficié d’un soutien, soit par le biais de formations soit par le financement d’actions par la Drass et l’Urcam dans un premier temps, par le GRSP ensuite. On peut souligner tout particulièrement les actions menées d’abord expérimentalement dans le Gard puis étendues à la région pour lutter contre le tabagisme des femmes enceintes. Le conseil régional a également apporté des financements dans ce domaine, notamment pour les actions visant les jeunes. actions de sensibilisation des professionnels de la santé au travail. Dans le cadre du plan santé environnement, une attention particulière a été portée à l’impact cancérigène des agents polluants au travers de deux actions : exposition au radon et exposition aux fibres minérales artificielles. Concernant la thématique alcool, on relève que le dispositif ambulatoire permet une prise en charge dans au moins un site par département de la région. Des équipes de liaison hospitalière existent également dans chaque département. Les actions de prévention et d’éducation aux risques cancérigènes ont été incluses dans le plan académique santé-social. Dans ce domaine, on relève également des actions de formation de formateurs et d’élaboration d’outils. En complément, de nombreuses actions, impossible à recenser de manière exhaustive, ont été menées dans le champ de l’alimentation, notamment auprès de écoliers, des collégiens et des lycéens. Enfin, des actions de sensibilisation aux risques liées à une exposition trop importante au soleil ainsi que des actions de dépistage du mélanome sont régulièrement menées dans la région. Au total, même s’il est impossible de dresser un inventaire complet de l’ensemble des actions de prévention menées sur la durée du plan, il apparaît que, pour chacune des mesures qui pouvaient avoir une application en région, des actions ont été menées. nLes mesures du chapitre «dépistage» À l’issue du plan cancer, tous les départements de la région proposent au moins un site de consultation anti-tabac. Dans le domaine du dépistage, les principales mesures prévues concernaient la généralisation du dépistage du cancer du sein et le développement de celui du côlon. Dès le début du plan, la généralisation du dépistage du cancer du sein était effective sur l’ensemble de la région et l’expérimentation du dépistage du cancer colorectal a débuté en 2003 dans la région aboutissant à sa généralisation dans tous les départements de la région fin 2008. On notera cependant que, malgré les nombreux efforts faits, les taux de participation au dépistage organisé de l’un ou l’autre de ces cancers restent inférieurs à la moyenne nationale. Dans le domaine des risques professionnels, un groupe de travail a été mis en place pour suivre la mise en place du volet santé travail du plan régional de santé publique. Ce groupe permet une coordination des institutions régionales dans leurs Par contre aucune action spécifique n’a été menée concernant le dépistage du cancer du col utérin ni dans le domaine des campagnes grand public de sensibilisation à la détection du mélanome. À l’issue du plan, on relève également qu’un des 15 laboratoires d’oncogénétique agréés en France est situé dans la région et que deux consultations d’oncogénétique sont ouvertes avec des dispositifs de consultation avancée permettant d’offrir 4 sites de consultation répartis sur le territoire régional. nLes mesures du chapitre «soins» Les mesures listées dans le chapitre «soins» sont les plus nombreuses : 24. Elles portent sur la coordination des soins, l’accès à l’information, l’attention aux besoins et attentes des malades et sur l’accès aux innovations diagnostiques et thérapeutiques. L’implication des médecins généralistes dans le réseau régional de cancérologie devait être facilitée. En Languedoc-Roussillon comme ailleurs, le constat d’attentes très différentes entre médecins généralistes et cancérologues n’a pas permis d’avancer plus avant dans ce domaine. Bien que sa mise en place effective ait eu lieu après l’expiration du plan cancer, un pôle régional en cancérologie a été constitué en région entre les deux CHU et le CRLC. Cependant, des actions en commun avaient commencé à être développées sans attendre la mise en place formelle de ce pôle. Dans le domaine particulier de l’onco pédiatrie, l’amélioration de la prise en charge des enfants par la mise en place d’une organisation adaptée des soins a été rendue possible au niveau de l’unité régionale d’hémato oncologie pédiatrique. À l’opposé, aucune action spécifique n’a pu être mise en évidence pour adapter les modes de prise en charge en onco gériatrie bien que les équipes de la région aient fait acte de candidature au niveau national dans ce domaine. L’information des patients a été améliorée par la mise en place d’un kiosque d’information cancer à Montpellier, de deux espaces rencontre information sur deux établissements montpelliérains et par le Les conditions d’annonce du diagnostic ont été améliorées : un dispositif d’annonce existe dans 21 des 23 établissements concernés dans la région. De plus, des soins de support sont accessibles dans la moitié des établissements. Le développement de la prise en charge à domicile a été freiné par la cessation d’activité du service d’hospitalisation à domicile du CRLC. Par contre, le Sros a prévu son développement avec la possibilité de chimiothérapie à domicile par conventionnement du professionnel la mettant en œuvre avec un établissement agréé en cancérologie. Le développement des soins palliatifs s’est poursuivi dans la région pendant la durée du plan et la région dispose maintenant de 120 lits dédiés, de 12 équipes mobiles et de 6 réseaux de soins palliatifs. L’accessibilité aux techniques de diagnostic a été facilitée par le biais du Sros de 3ème génération. L’équipement de la région en tumographe à émission de positrons (TEP) est maintenant conforme aux objectifs du plan cancer et l’augmentation du nombre d’appareils d’IRM et de scanner a permis de réduire les délais d’attente. Dans le domaine de la radiothérapie, on note que 16 des 18 appareils autorisés sont en fonctionnement mais qu’il persiste encore un appareil de télé cobalt. Au total, on relève que pour la quasi-totalité des mesures ayant une application régionale, des actions ont été mises en place. Deux points restent à développer : l’implication des médecins généralistes dans le réseau de soins de cancérologie et l’adaptation des modes de prise en charge en onco gériatrie. nLes mesures du chapitre «social» Ce chapitre comportant sept mesures vise principalement à éviter ou limiter les conséquences sociales de la maladie. L’accès aux dispositions prévues dans la convention relative à l’assurance est facilité par l’intermédiaire de la Ligue contre le cancer. De même, la Ligue intervient pour aider les personnes rencontrant des difficultés de maintien dans l’emploi du fait de leur maladie. D’une façon plus large, le dispositif de maintien dans l’emploi des personnes handicapées (qui prend en compte également les patients atteints de tumeurs malignes) a été organisé et renforcé Bilan du plan cancer 2003-2007 en Languedoc-Roussillon Dans le domaine de la coordination des soins, la région disposait dès avant la mise en œuvre du plan d’un réseau de professionnels en cancérologie. Ce réseau a été renforcé et élargi aux établissements de santé. Il participe à la mise en place des réunions de coordination pluridisciplinaires (78 sur la région à la fin 2007) et à leur évaluation via des fiches remplies pour chaque patient. Le réseau régional de cancérologie participe également à la mise en place du dossier communiquant en cancérologie et au développement des centres de coordination en cancérologie (neuf 3C effectifs et un en cours de mise en place mi 2008). Enfin, le réseau est impliqué dans le développement et la mise à jour de référentiels. développement par la Ligue contre le cancer d’espaces information Ligue dans les villes de la région. dans la région. Un travail a également été initié dans la région avant d’être étendu au niveau national concernant les dépassements d’honoraires, les anomalies de pris en charge notamment dans le domaine des reconstructions mammaires et les reste à charge. Le maintien à domicile est également facilité au travers des actions de la Ligue, celle-ci intervenant en relais en attendant la mise en place des dispositifs de droit commun. Si le service d’hospitalisation à domicile du CRLC a cessé de fonctionner, le développement de celle-ci est prévu dans le Sros avec le doublement du nombre de places existantes. Bilan du plan cancer 2003-2007 en Languedoc-Roussillon Dans le cas particulier des enfants atteints de pathologies malignes, la présence des parents et de la fratrie est facilitée au sein de l’unité régionale d’hémato oncologie pédiatrique. Enfin, des formations ont été proposées pour permettre aux usagers de participer aux conseils d’administration des établissements de santé. nLes mesures du chapitre «formation» Les actions prévues dans le domaine de la formation concernent tant la formation initiale que la formation continue. On relève actuellement en région 10 internes en cours de formation en oncologie et, au niveau de l’encadrement 5 professeurs d’oncologie et un maître de conférences. Ces universitaires interviennent également dans la formation complémentaire en cancérologie des internes en cours de spécialisation dans d’autres disciplines. Méthode Un suivi de la réalisation des différentes mesures du plan cancer en région LanguedocRoussillon avait amorcé par l’Inspection régionale de la santé de la Drass. Un document informatique colligeait mesure par mesure les actions connues par la Drass. Par ailleurs la Mission interministérielle pour la lutte contre le cancer demandait jusqu’en 2004 un rapport d’activité annuel par région qui faisait l’objet d’une publication nationale. Ces différents documents ont servi de base de départ pour ce travail. Dans un premier temps, nous avons passé en revue les mesures une par une pour : déterminer si la mesure relevait d’une mise en œuvre régionale ; identifier la ou les sources d’information permettant de répertorier les actions ayant pu être mises en œuvre en lien avec la mesure. • • La deuxième phase a permis de collecter l’ensemble de l’information nécessaire au travers de rencontres ou de contacts (téléphoniques, par courrier ou par courriel) avec les différentes institutions concernées : services de l’État, de l’Assurance maladie, établissements de santé, associations de dépistage, de malades, de promotion et d’éducation à la santé, réseaux de professionnels… L’analyse et la synthèse des informations collectées ont constitué la troisième phase ce travail, conduisant à l’écriture du rapport. Au niveau de la formation continue en cancérologie des médecins, force est de constater que celle-ci reste encore peu développée et peu organisée en Languedoc-Roussillon. Par contre, pour les professions paramédicales, les actions de formations continues au niveau des établissements sont favorisées. nLes mesures du chapitre «recherche» Plus de 90 équipes de recherche de la région sont associées au cancéropôle Grand Sud Ouest. Ces équipes sont particulièrement impliquées dans les projets de recherche menés par le cancéropôle. Le rapport complet de cette étude est téléchargeable sur le site du Groupement régional de santé publique : http://www.grsp-lr.sante.fr/ et sur le site de l’Observatoire régional de la santé : www.ors-lr.org