« Argumenter, lire, dire, voir le théâtre contemporain »

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Sommaire
Le prix Collidram
p3
Dixième édition !
p3
Année 2015/16
Le déroulement
Les textes, les auteurs
p4
Moi Arcan / Henri Bornstein
p5
Au pied du Fujiyama / Jean Cagnard p 6
Folkestone / Sylvain Levey
p7
Cupidon est malade / Pauline Sales
p8
Les collégiens lecteurs
p9
Mots d’auteure
p 10
Parole de professeure
p 11
Le règlement
p 12
Organisateur et partenaires
p 12
Annexe :
2007-2015 Tous les prix
p 11 à 17
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Le Prix Collidram
Le prix Collidram est un prix national, décerné par les collégiens de différents établissements (majoritairement
« Ambition réussite » et « Zep »), au texte de théâtre qu’ils choisiront parmi quatre pièces sélectionnées dans les
parutions de l’année scolaire précédente*.
Le prix est remis lors d’une soirée à la Maison des métallos à Paris. Il est doté de 1500 €.
Comment aborder un texte théâtral, l’analyser, en rendre compte ? Quelles sont les
différentes méthodes de lecture ? Qu’est-ce que la littérature théâtrale, ses tendances
actuelles, son histoire récente ? Du texte à la représentation, quels écarts ?
Le principe du comité de lecture propose un éveil à la lecture du théâtre contemporain et à l’argumentation, et guide les jeunes
vers une posture critique. Il leur permet de découvrir une littérature vivante, souvent méconnue et d’en rencontrer les auteurs et les
acteurs. À l’image d’un comité de lecture professionnel, le groupe-classe se fixe des enjeux en suivant différentes étapes : lecture
des textes, discussion, et sélection. A chaque séance, les élèves sont invités à trouver leurs « outils », leurs « entrées » pour
aborder la littérature dramatique contemporaine : comment parler d’une pièce ? Comment parvenir à restituer son identité ?
Comment déterminer son avis et en fonction de quels éléments ? L’intervenant, accompagné par l’enseignant, incite les
élèves à se poser des questions sur la littérature et la théâtralité conjointement, en abordant tous les éléments qui participent d’une
pièce de théâtre (notions de fable, personnages, construction, rythme, langue, oralité etc…). Le comité de lecture se présente
comme un parcours de sensibilisation au théâtre d’aujourd’hui et aux auteurs vivants.
Les débats sont un moyen d’accès aux multiples sens des œuvres. Ils sont aussi un apprentissage de l’écoute de l’autre
et de la prise de parole en respectant l’opinion de chacun. Ils invitent les jeunes à développer leur sens critique, à préciser leur
prise de parole, à réfléchir et à choisir les mots pour dire ce qu’ils pensent et pour convaincre.
Si le débat n’aboutit pas à un accord, la sélection se fait en comptant les arguments positifs pour chaque pièce défendue : un
argument égale une voix. Un élève à lui tout seul peut ainsi, en énonçant plusieurs arguments, avoir autant de poids qu’un
groupe d’élèves, aussi nombreux soient-ils.
Parallèlement, aux différentes étapes du comité de lecture, les classes participantes sont incitées à découvrir au moins 2
spectacles de théâtre contemporain choisis dans la programmation des théâtres partenaires afin de permettre aux élèves
d’appréhender les enjeux de la représentation théâtrale d’un texte. Ce lien avec un théâtre prolongera la découverte du théâtre par
les élèves, en leur permettant d’appréhender les enjeux de la représentation théâtrale d’une pièce.
* Voir règlement p.13
Dixième édition !
Initié à la rentrée 2006 par Aneth et organisé depuis 2008 par l’association Postures, le prix Collidram fêtera cette année ses
10 ans !
10 ans de partenariats noués avec des théâtres, des compagnies, des institutions culturelles, 10 ans de rencontres et de travail
partagé avec des professeurs et des chefs d’établissement, de réflexion et de débats avec des adolescents soucieux de défendre
leurs idées et leurs choix, 10 ans d’échanges avec des éditeurs et des auteurs de théâtre.
Avec le soutien de la SACD et à l’ANRAT, Postures organisera une journée consacrée à l’évènement, durant le festival d’Avignon
l’été prochain.
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Année scolaire 2015-2016
Le déroulement
Novembre
Séances de présentation du prix et
des textes
Décembre /
Mars
Séances de discussion autour des
textes lus par les élèves
L’action touche 43 classes dans 13
régions : 5 classes en Alsace, 1 classe en
Bretagne, 2 classes en région Centre, 1
classe en Franche Comté, 8 classes en Îlede-France, 1 classe en LanguedocRoussillon, 1 classe à la Réunion, 1 classe en
Limousin, 2 classes en Lorraine, 4 classes en
Midi-Pyrénées, 2 classes dans le Nord Pas de
Calais, 1 classe en PACA, 8 classes en
Poitou Charente, 8 classes en Rhône-Alpes 1250 élèves –1250 livres achetés.
Comité de lecture, 1er tour : chaque
classe choisit un texte
Mars / Avril
17 mars : Rencontre entre les
collégiens d’Ile de France et les
auteurs des pièces sélectionnées
à la Médiathèque Marguerite Duras
(Paris 20ème) : Lecture d’extraits par
un(e) comédien(ne)
Les textes, les auteurs
Les éditeurs
Ils adressent fin juin 2013 trois titres (pas
nécessairement publiés dans une collection
jeunesse) au comité de sélection.
31 mars (ou 1er avril) Comité de
lecture final à la SACD, Maison des
auteurs.
Ce comité rassemble les suffrages et
commentaires de chaque classe par
le biais d’un délégué par classe.
Le comité de sélection
Il s’est réuni le 9 septembre 2015 pour choisir
les quatre textes dramatiques de langue
française, publiés durant l’année scolaire
2014-2015.
Ce comité de sélection est constitué de
représentants des partenaires du prix, des
enseignants ayant participé à des comités de
lecture en milieu scolaire, des théâtres et des
bibliothèques partenaires.
Rencontre des auteurs avec les
classes qui les ont choisis, dans les
collèges
9, ou 30 mai (ou 6 juin) Remise du
prix en public à la maison des
Métallos à Paris.
Mai
Les pièces sélectionnées :
12 mai Rencontres avec les
auteurs choisis par les classes de
Poitou-Charente au Moulin du Roc,
scène nationale de Niort
Moi, Arcan d’Henri Bornstein, éditions
Théâtrales Jeunesse
Au pied du Fujiyama de Jean Cagnard,
éditions Espaces 34
Folkestone de Sylvain Levey, éditions
Théâtrales Jeunesse
Cupidon est malade de Pauline Sales,
éditions Les Solitaires Intempestifs Jeunesse
26 mai Rencontre publique /
restitution avec les auteurs choisis
en Rhône-Alpes au TNG à Lyon
Juin
Retrouvez Collidram dans l’émission
Ecoute, il y a un éléphant dans le jardin
sur Aligre FM 93.1, les mercredis de
10h à 11h
Rencontres publiques /
restitutions en Alsace
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Moi, Arcan
d’Henri Bornstein
L‘Ecole des loisirs Editions Théâtrales Jeunesse
53 pages
Le résumé
Les murs sont fins dans la chambre d’Arcan, un adolescent métis. Il colle son oreille à la
cloison, écoute et entend tout. Les mots de sa mère, de son frère et des voisins tournent
dans sa tête : carabine, coup de feu, black. Assis en face de l’homme qui veut savoir,
subissant et entretenant une violence ordinaire, Arcan raconte le vide laissé par son
père, sa rencontre avec Aïcha, sa fascination pour sa peau noire, la haine contre le
voisin et la peur.
A travers le regard d’un adolescent, Henri Bornstein dépeint la vie dans une cité où tout
le monde se regarde et s’écoute, et où chacun développe sa colère envers l’autre et
contre la vie. C’est par les tags et l’amour qu’Arcan va trouver le chemin de son identité
et de sa liberté.
L’auteur
Après un diplôme d’ingénieur, Henri Bornstein suit des études musicales et théâtrales. Il
fonde à Toulouse en 1985 la compagnie de théâtre Nelson Dumont avec laquelle il met
en scène une quinzaine de spectacles.
Formateur au Centre de formation des musiciens intervenants à l’université de Toulouse II – Le Mirail jusqu’en 1990, il
enseigne l’art dramatique au Conservatoire national de région de Toulouse de 1984 à 1997.
Depuis 2002, il est directeur artistique de « La Manufacture des sons », un projet d’éducation artistique et de sensibilisation
au théâtre musical. Dans ce cadre, il met en scène Bouli Miro de Fabrice Melquiot, Le Pont de pierres et la Peau d’images de
Daniel danis, Qui dit qui ? d’après Yves Lebeau, ainsi que plusieurs de ses propres textes : J’aurais tant aimé, Un A dans la
fenêtre, Elles, Boule et Masse. En 2010, paraît aux éditions Théâtrales son premier texte de théâtre pour la jeunesse, Mersa
Alam, suivi en 2011 de Frère et sœur, puis en 2015 de Moi, Arcan.
L’extrait
Ce jour-là, le matin
Dans la chambre d’Arcan.
L’homme qui veut savoir est silencieux.
l’homme qui veut savoir.– …
l’homme qui veut savoir.– Tu as eu peur ?
arcan.– Elle est arrivée dans ma chambre. Quelque
chose dans la main. Un marteau peut-être. Je me suis
dressé sur mon lit : « Qu’est-ce que tu tiens dans la
main ? » j’ai demandé. Je me sentais ridicule, tout nu,
devant cette fille que je ne connaissais pas.
arcan.– J’ai mis mon jean devant moi et j’ai crié.
arcan.– Évidemment ! Un temps. Quand j’ai entendu la
voix de Norah Jones, j’ai ouvert les yeux. Je tenais
toujours mon jean devant moi, mes mains tremblaient.
Elle dansait et souriait jusqu’au moment où son regard
s’est posé sur mes mains. Ses joues sont devenues
rouges, les miennes aussi. Elle s’est approchée de moi,
m’a arraché le jean des mains, l’a lancé par terre et m’a
dit : « Rhabille-toi, espèce d’idiot ! »
l’homme qui veut savoir.– …
l’homme qui veut savoir.– Ça a commencé comme ça ?
arcan.– T’es folle !
arcan.– Oui, ça a commencé comme ça !
l’homme qui veut savoir.– …
l’homme qui veut savoir.– Ta rencontre… Un temps.
arcan.– J’étais tout nu et elle allait tout casser ! Je voyais
son marteau frapper mes stylos, mon portable, ma
montre. 8 Tout volait en éclats ! « Imbécile ! Tu me
plais ! » elle a dit. Elle s’est alors retournée vers la fenêtre.
J’ai cru qu’elle allait l’ouvrir et sauter. « Ne fais pas ça !
Non ! Ne fais pas ça ! » Elle s’est tournée vers mes
étagères et elle a levé le marteau. Il montre le geste.
Comme ça ! Un temps. J’ai fermé les yeux.
arcan.– C’était un rêve.
l’homme qui veut savoir.– …
l’homme qui veut savoir.– …
arcan.– Une nuit…
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Au pied du Fujiyama de Jean Cagnard
éditions Espaces 34
79 pages
Le résumé
Des gens vivent aux portes des montagnes, parmi les vestiges de l’industrie minière et
entourés de verdure. Certains sont là depuis toujours, accrochés aux racines, d’autres ont
fait le choix de s’installer, attirés par l’espace : puisqu’il n’y a plus rien, il y a tout. D’autres
encore sont de passage ou croient l’être, d’autres rêvent de partir, revendiquent, aiment.
Tous construisent, par leur présence, un territoire et une histoire.
Jean Cagnard fait le portrait des êtres qui vivent « au pied du Fujiyama », colline
symboloique de notre inscription dans un ytemps et un espace donnés. Il interroge la
question de la mémoire, de l’immigration, de l’appartenance à un lieu. Quelle bascule
entre le passé et l’avenir ? Quelles forces entre soi et l’endroit où l’on vit ?
L’auteur
Né en 1955, Jean Cagnard publie dans différents champs de la littérature (nouvelle, récit,
théâtre). Il a écrit une quinzaine de pièces, et collabore avec plusieurs compagnies
notamment pour un travail sur le théâtre de marionnettes qu’il découvre lors de rencontres
à la Chartreuse de Villeuneuve-lès-Avignon.
Avec Catherine Vasseur, comédienne, il créé en 2006 la Compagnie des 1057 roses.
Celle-ci monte un spectacle La Valise qui contenait des chiens d’après certaines de ses
nouvelles, et en 2007, sa pièce La Chambre à air. En 2008, il met en scène L'avion suivi de De mes yeux la prunelle.
Ses pièces font l’objet de créations (Un cerf-volant sur l’avant-bras, L’avion, Bout de bois, La valise qui contenait des
chiens, Crawl...) et certaines ont été diffusées sur France Culture. Plusieurs de ses textes ont été traduits et joués dans leur
nouvelle langue, espagnol, slovaque, roumain, anglais, chinois.
Aux Éditions Espaces 34 : Au pied du Fujiyama, La distance qui nous sépare du prochain poème, Les Gens légers, L'avion
suivi de De mes yeux la prunelle. Aux éditions Théâtrales Jeunesse : A Demain, L’entonnoir.
Au pied du Fujiyama a été créé par la Compagnie des 1057 roses au Théâtre du Périscope à Nîmes en janvier 2015.
L’extrait
Prologue
Une construction majestueuse et industrielle se
détache sur le ciel et semble tenir un équilibre rare.
Pour celui qui passe, c’est une machinerie complexe
et remplie de mystères ; pour celui qui y est, c’est le
poumon, le présent et l’avenir, une partie de lui-même.
Tandis que tu fais la taupe.
Quand tu arrives au fond, tu te crois au fond mais tu n’es pas
au fond. Tu es avant tout sur le sommet de tes sensations.
Et parce que tu es descendu, tu as gravi.
Ainsi à chaque fois, la chose et son contraire.
Tu crois te trouver dans l’épaisseur de la terre mais tu n’as
fait que monter sur ton propre squelette. Par 800 mètres de
fond, tu te tiens sur la pointe de ton crâne, au bord de vomir
ou de faire l’amour à un monstre, ce n’est pas très clair. Mais
étrangement tu remercies la vie de te placer à cet endroit
unique, sur l’os de l’imagination, où se tiennent
habituellement les héros.
Tu ne connais pas d’autres façons d’être aussi génial et ce
sont des arbres décomposés il y a 400 millions d’années qui
permettent cela. Les arbres qui poussent dans ta ville ne te
donnent pas ce sentiment de pouvoir changer ton existence.
Tu te tiens en dessous pour te protéger du soleil ou tirer une
conversation et c’est tout. Tu ne gagnes pas ta vie avec ces
arbres-là. Certains d’entre eux sont plus jeunes que toi :
quelle rigolade !
Maintenant tu es au fond et ton corps aveugle entre dans la
veine et commence à attaquer la bête. Et tu auras dix heures
devant toi pour que la surface de ton corps se réduise à un
trou grand comme ton nombril. (…)
Descendre dans le noir pour chercher une chose noire.
C’est comme entrer dans un champ de neige pour chercher
une page blanche. C’est illisible.
C’est plonger sa main dans un oiseau pour apprendre à voler.
Chaque jour tu quittes la lumière pour entrer dans l’obscurité
et tu ne sais pas, tu ne l’as jamais su, si c’était l’obscurité qui
t’étreignait au fur et à mesure que tu descendais ou si c’est toi
qui apportais l’obscurité dans les profondeurs. Ça n’a jamais
été très clair.
Le moment où le noir t’enveloppe, où tu te retrouves dans le
noir et qu’une lumière artificielle est devenue nécessaire, tu
ne sais pas si le noir t’attendait ou si c’est une partie de toi qui
se répand.
Ce sont des choses auxquelles tu penses.
Ce sont des choses auxquelles tu rêves.
Tandis que de jour en jour, de mois en mois tu descends
dans la mastication de la roche, dans le silence des
profondeurs pour remplir des wagonnets de bruits et de
fureurs.
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Folkestone de Sylvain Levey
Editions Théâtrales Jeunesse
80 pages
Le résumé
Deux jeunes garçons, Matia et Luca, gravitent dans la galaxie de Cloé, une jeune fille
solaire et incandescente. Elle n’a pas froid aux yeux et compte bien explorer toutes les
facettes de l’amour.
Car, dans ce trio amoureux et amical qui n’est pas sans rappeler celui de Jules et Jim, la
vie ne se joue qu’éperdument.
L’auteur
Né en 1973, Sylvain Levey est comédien et auteur. Il travaille principalement dans la
compagnie Felmur sous la direction de Gweltaz Chauviré et dans la compagnie Zusvex
sous la direction de Marie Bout.
Il a un temps dirigé le théâtre du Cercle à Rennes où il crée le P'tit Festival (théâtre par
les enfants pour tout public). Il est auteur associé au Festival Vingt Scènes organisé par
la municipalité de Vincennes en 2005. Il est accueilli en résidence à l’ADEC 35 en 2006.
Sa pièce Ô ciel la procréation est plus aisée que l’éducation, est primée à la Journée
des auteurs de Lyon en 2003. Ses premiers textes sont parus en 2004 : Ouasmok ? (Prix SACD de la pièce jeune public, 2005)
éditions Théâtrales Jeunesse, Par les temps qui courent in La Scène aux ados vol.1chez Lansman Éditeur. Il a depuis écrit une
vingtaine de textes dont Alice pour le moment (sélection Collidram 2009) et Cent culottes et sans papier (prix Collidram 2011),
éditions Théâtrales Jeunesse.
Folkestone a été créé par Dany Simon du Théâtre du Vestiaire en décembre 2014.
L’extrait
1. 7 septembre 2014
CLOE.– Je leur ai dit qu’ils n’avaient pas le droit.
CLOE – C’est la rentrée.
LUCA.– Elle a déjà un petit frère.
LUCA.– L’été fut long.
MATIA.– C’est bien suffisant.
MATIA.– Beaucoup trop long.
CLOE.– Je ne déteste pas mon petit frère.
LUCA.– Sans toi.
MATIA.– Tu ne l’aimes pas non plus.
CLOE.– Sans toi.
LUCA.– Pas comme une sœur doit aimer son frère.
MATIA.– Sans toi.
CLOE.– Est-ce qu’il y a une seule façon d’aimer quelqu’un ?
LUCA.– J’ai compté les jours.
MATIA.– Et moi les heures.
MATIA.– Pas comme tes parents voudraient que tu aimes
ton frère.
LUCA.– La pluie.
CLOE.– Je l’aime à ma façon.
CLOE – C’est la rentrée.
LUCA.– En lui criant dessus.
MATIA.– Toujours la pluie.
CLOE.– Quand il entre sans frapper dans ma chambre oui.
LUCA.– Tes cheveux sont mouillés Cloé.
LUCA.– En lui pinçant le bras.
CLOE.– Les tiens aussi.
CLOE.– Oui.
LUCA.– J’aime beaucoup tes cheveux mouillés Cloé.
LUCA.– Quand il prend trop de place sur le canapé du
salon.
MATIA.– Les miens sont sous la capuche.
CLOE.– Cette foutue pluie et mes foutus parents.
CLOE.– Mais je le félicite quand il revient de son tournoi de
tennis avec une médaille autour du cou.
MATIA.– Les miens ont divorcé cet été.
LUCA.– Son frère joue très bien au tennis.
CLOE.– Les miens ont parlé d’un troisième enfant.
MATIA.– Il a la tête à ça je trouve.
MATIA.– Tu leur as dit quoi ?
CLOE.– Je suis si heureuse.
LUCA.– Tu leur as dit quoi pour le troisième enfant ?
MATIA.– Se revoir.
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Cupidon est malade de Pauline Sales
Les Solitaires intempestifs Jeunesse
80 pages
Le résumé
Cupidon est malade s’inspire librement du Songe d’une nuit d’été de William
Shakespeare. Ici, c’est sous l’œil lucide des enfants que les joutes amoureuses battent
leur plein. Et ce sont les parents qui en sont les victimes. Pour Pauline Sales, la
commande de Fabrice Melquiot autour de ce texte était une bonne occasion de
considérer pleinement le point de vue des enfants. Habitant instinctivement le monde
surnaturel – dont les grandes personnes ont été chassées sans même s’en rendre
compte –, ils peuvent espionner le monde dit réel et enquêter sur cette question
mystérieuse et hautement importante qui les regarde de près : l’amour et le désamour.
L’auteure
Née en 1969, elle est comédienne, auteure et metteuse en scène. Depuis 2000, elle
publie une quinzaine de pièces mises en scène par Richard Brunel, Marie-Pierre
Bésanger, Philippe Delaigue, Laurent Laffargue, Jean-Claude Berutti. D’octobre 2002
à mai 2007, elle a été auteur associée à la Comédie de Valence (CDN DrômeArdèche). Plusieurs de ses pièces, traduites en anglais et en allemand, ont été
représentées à l’étranger et elle collabore avec Silvia Berutti-Ronelt et Philippe Le
Moine à la traduction vers le français de pièces du répertoire contemporain de langue allemande et anglaise traduites. Elle a
fait partie des intervenants du département écriture de l’Ensatt dirigé par Enzo Cormann. Elle est membre de la coopérative
d’écriture, un collectif d’auteurs qui réunit Fabrice Melquiot, Marion Aubert, Enzo Cormann, Rémi Devos, Samuel Gallet,
David Lescot...
Depuis janvier 2009, elle codirige avec Vincent Garanger le Préau, Centre Dramatique Régional de Basse-Normandie - Vire.
Elle est l’auteur de De la salive comme oxygène (sélection Collidram 2012) aux Solitaires Intempestifs.
Cupidon est malade a été créé par Jean Bellorini au Théâtre Am Stram Gram de Genève en novembre 2014.
L’extrait
Tine et Robin. Ce sont les enfants des mariés.
TINE – J’aime porter des robes
TINE – Je ne sais pas combien de fois vos parents se sont
mariés
C’est le troisième mariage de ma mère
ROBIN – Et moi j’adore les nœuds papillon
TINE – Vous n’arrivez pas à le voir, on n’est pas très
expansifs, mais dans le fond de notre cœur, à l’intérieur de
nos pupilles, c’est de la joie pure, de l’extrait de joie, de
l’essence de joie
ROBIN – Le second pour mon père
TINE – Ils se marient aujourd’hui
Ma mère avec son père
ROBIN – On pourrait tout faire flamber
ROBIN – Mon père avec sa mère
TINE – Et vous avec
TINE – Mon père je ne sais pas à cette heure-là normalement
le samedi, il regarde la télévision. Il est fatigué parce que dis
donc mon bichon le reste de la semaine je travaille moi.
ROBIN – Un vrai feu de joie
TINE – On a le même âge
ROBIN – Nés la même année
ROBIN – Et ma mère, ma mère, elle est là, elle a mis une
robe blanche. C’est pas elle la mariée, mais elle est infirmière
alors le blanc c’est sa couleur
TINE – Dans la même ville
ROBIN – On se dit que nos mères se sont croisées
TINE – C’est la fête.
TINE – Rondes comme des baleines
ROBIN – Vraiment la fête
ROBIN – Avec nous à l’intérieur de leur ventre
TINE – On est heureux
TINE – Mais elles ne savaient pas
ROBIN – Heureux, heureux
ROBIN – Non à l’époque elles ne savaient pas
TINE – Et on s’entend bien
ROBIN – Bien, bien
8
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Les collégiens lecteurs
Académie de Toulouse - 2 classes
Collège Bruant / Albi (81) /
Collège Les Clauzades / Lavaur (81)
Académie d’Aix-Marseille - 1 classe
Collège Monticelli, Marseille (13)
)/4
Académie de Besançon – 1 classe
Collège
ème
Académie de Versailles 3 classes
Collège Paul Eluard / Châtillon (92) / 6ème
Collège Les Petits Ponts / Clamart (92) / 3ème
Collège Val d’Oise / (95)
4ème
Académie de Créteil - 3 classes
Collège H. Chevreul / L’Haÿ Les Roses (94) /
Collège / Cachan
Collège Albert Cron / Le Kremlin Bicêtre (94)
Académie de Lille - 2 classes
Collège Paul Langevin / Avion (62) / 6ème
Collège Simone Signoret / Bruay la Buissière (62)
Académie de Limoges - 1 classe
Collège d’Arsonval / Brive (19) / 3 ème
Académie de Lyon - 8 classes
Collège Daisy Georges Martin / Irigny (69) / 2 classes de 4è
Collège Colette / St Priest (69) / 3è
Collège Gabriel Rosset / Lyon 7 (69) / 6è
Collège Jean Moulin / Lyon 5 (69) / 4è
Collège Laurent Mourguet / Ecully (69) / 3è
Collège Honoré de Balzac / Vénissieux (69) / 5è
Collège Xavier Bichat / Nantua (01) / 5è
Collège Xavier Bichat / Nantua (01) / 5è
Nous avons découvert que le texte de théâtre...
N’est pas comme ceux que nous avions l’habitude de lire.
Recèle mille et un secrets que nous ne pouvons élucider
que si nous sommes attentifs.
N’est pas toujours facile à comprendre ni aussi simple qu’il
y paraît…
Nous oblige à réfléchir.
Nous fait vivre l’histoire.
Se construit à partir de la voix des personnages (et ça,
nous ne le savions pas !)
Est une manière de s’exprimer entièrement et de se lâcher
sur scène.
Nous invite à développer notre imaginaire.
Académie de Paris - 2 classes
Collège J.Perrin (20ème) /
Collège Pierre Mendès France (20ème) /
Académie de Poitiers - 8 classes
Collège Pierre et Marie Curie / Niort (79) /
Collège Rabelais / Niort (79) / 4è
Collège François Truffaut / Chef Boutonne (79)
Collège G Philipe / Niort (79) / 4è-3è
Collège Louis Marle / Secondigny (79) / 2 classes de 4è
Collège Le Marchioux / Parthenay (79) /
Collège Fontanes / Niort (79) /
Construire le sens du texte, c’est comme...
Le grand plongeon, il faut fermer les yeux avant de
s’élancer
Une course de vitesse, il faut être prêt sur les startingblocks
Manger de la pizza tous ensemble (qui aura la dernière
part ?)
Une bonne crise de fou rire, on ne se contrôle pas
toujours.
Construire le sens du texte, c’est difficile et génial !
Académie de Metz-Nancy – 2 classes
Collège Marquette / Pont à Mousson (54)
Collège Jean Lurçat / Frouard (54)
Académie de Montpellier - 1 classe
Collège Eugène Vigne / Beaucaire (30)
Les élèves de 3è 6 du collège Colette (Lyon),
Impliqués, Heureux et Curieux
Académie d’Orléans - 2 classes
Collège Etienne Dolet / Orléans (45) / 3ème
Collège Pierre de Coubertin / Orléans (45) / 3ème
J'ai bien aimé les pièces les commentaires qu'on en a
faits. Et cette expérience est bien parce qu'on a l'occasion
de rencontrer l'auteur du livre qu'on a préféré. (Jade)
Académie de Rennes – 1 classe
Collège Germaine Tillion / La Mézière / 3ème
L'ambiance n'était pas celle des cours habituels, et en
plus, le livre qu'on a choisi au premier tour a gagné ; ça,
j'ai bien aimé ! (Quentin)
Académie de Strasbourg - 5 classes
Collège Des Roseaux / Illkirch-Graffenstaden (67)
Collège Maxime Alexandre / Lingolsheim (67)
Collège Charles de Gaulle / Seltz (67)
Collège Vauban / Strasbourg (67)
Collège Fustel de Coulanges / Strasbourg (67)
Il y a des livres que j'ai aimé et d'autres moins, c'est bien,
ça permettait de dire pourquoi on avait aimé ou pas. Et
puis, ça changeait du travail habituel. On pouvait faire des
groupes, lire beaucoup et parler avec les copains.
(Yohann)
Les élèves de 5è du collège Charles de Gaulle à Seltz
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Mots d’auteure
« Lorsqu'en septembre dernier, Pascale Grillandini m'a téléphoné pour me dire que Au Bois était dans la sélection du
prix Collidram, je suis tombée des nues. Et j'étais dubitative. Pour moi, il ne s'agissait pas d'une "pièce pour ados",
comme on dit. Je me suis dit qu'ils étaient gonflés à Collidram, ça m'a amusée, et j'étais curieuse de vos réactions,
mais je n'imaginais absolument pas que je pouvais avoir le prix.
Aujourd'hui je suis là avec vous et, oui, je suis très heureuse, mais je dois vous dire aussi que vous m'avez fait
réfléchir. Je me suis posé la question : est-ce que si j'avais voulu écrire une pièce "pour adolescents", j'aurais fait ce
texte exactement ? Je crains que non. En partie, non. J'aurais eu
peur de vous ennuyer, j'aurais voulu vous rendre les choses plus
faciles. Vous aurais-je finalement sous-estimés ?
Qu'est-ce que j'aurais modifié ? Pas la langue, mais sans doute
la forme de la pièce.
Est-ce que j'aurais balancé trois pages de monologue de la mère
qui n'est pas l'héroïne ? Est-ce que j'aurais imaginé ne pas
distribuer la parole entre les protagonistes ? Est-ce que j'aurais
créé davantage de personnages adolescents ? Je ne me serais
pas censurée à propos du mot "sexe", de la scène de viol,
j'aurais utilisé les mêmes niveaux de langage, du poétique au
plus familier – comme je l'ai dit à certains, si on parle d'un
salopard on l'appelle salopard, on ne dit pas monsieur !
Je n'ai jamais eu peur d'aborder les choses de front avec quelque public que ce soit. Je n'aime pas prendre les jeunes
pour plus naïfs ou inoffensifs qu'ils ne sont. Je ne cherche pas à vous protéger car les livres m'ont sauvée quand
j'étais adolescente, les livres m'ont donné de l'audace, et ce sont les plus entiers, les plus radicaux, les plus cruels, les
plus forts qui ont joué ce rôle, parce que c'étaient en même temps des textes à la langue superbe, aux histoires et aux
sentiments complexes, et parfois je ne comprenais pas tout, mais ils me parlaient, ils me parlaient très fort de ce qui
m'intéressait, de ce qui nous intéresse tous à partir d'un certain âge, votre âge, ils me parlaient de la passion, du désir,
de la rébellion, de la mort, de la liberté, du dépassement de soi, du désir d'ailleurs, du courage, ils mettaient le monde
et moi-même en questions, ils m'invitaient à l'aventure de la vie.
Quand j'avais quatorze ans, la littérature "pour adolescents" n'existait pas. Je lisais donc de grands auteurs tout court
qui s'adressaient aussi à moi. Je me souviens du Barrage contre le Pacifique de Marguerite Duras, Dune de Frank
Herbert, Les Hauts de Hurlevent d'Emily Brontë, Les Liaisons dangereuses de Choderlos de Laclos, Le blé en herbe
de Colette, Aurélien de Louis Aragon, Mrs Dalloway de Virginia Woolf, La Batarde de Violette Leduc, L'Étranger de
Camus, L'astragale d'Albertine Sarrazin, Frankie Addams de Carson Mc Cullers. Il n'y avait pas Internet, le monde de
l'image c'était la télévision. La télévision me distrayait, mais on ne vit pas, on n'aime pas en étant seulement distrait,
non ?!
Quand on est adolescente, adolescent, on se pose beaucoup de questions, et c'est la même chose quand on est
artiste, écrivain en ce qui me concerne. C'est en disant et en montrant franchement les choses, en dévoilant ce qu'on
nous cache, en libérant ce qu'on censure, en créant des débats, en ouvrant des perspectives, en invitant au rêve et au
changement, sans confondre le rêve avec l'illusion, l'utopie avec la chimère, c'est en offrant de la beauté – richesse de
la langue, poésie, délicatesse des émotions, hauteur de la pensée – qu'on mesure l'étendue, la complexité, l'inventivité
de l'être humain. Vous êtes des êtres humains en formation, quelle chance merveilleuse, vous avez votre vie à
construire et votre vie c'est aussi la vie des autres, notre vie.
Alors je vous dis merci. Merci d'être de vrais lecteurs, audacieux, gourmands, sans a priori, prêts à essayer, à
expérimenter, à "comprendre de l'intérieur" comme l'a dit l'un d'entre vous - et c'est exactement mon travail, essayer
tenter expérimenter chercher creuser oser comprendre de l'intérieur -, prêts à en découdre, prêts à s'enthousiasmer, à
s'interroger, à argumenter, à mettre sur la place publique tout ce qui fait la vie, y compris ce qui fait mal, ce dont on a
peur ou honte, ce qui donne la rage. Merci parce que vous confirmez ce que je pensais : la littérature pour les
adolescents c'est de la littérature. Qu'on vous la confie, qu'on mette les livres entre vos mains, vous savez vous
débrouiller, comprendre, deviner, critiquer, argumenter. Et si vous ne savez pas, vous apprenez. Et vous apprenez
vite. Il y a dans toute œuvre une porte par laquelle entrer, une porte émotionnelle, une porte intime, une porte
sensuelle, une porte collective, une porte insurrectionnelle. Une porte vivante.
Alors merci aussi à Postures, à l'équipe du prix Collidram, car ce sont elles et eux qui ont porté ces textes dans les
classes parmi vous avec les enseignants qui l'ont voulu, et merci à eux, à elles, ils ont osé, ils vous ont fait confiance,
ils ne vous ont pas facilité la tâche, ils ne vous ont pas raconté de sornettes, ils ne vous ont pas caressé dans le sens
du poil. Merci enfin à Sabine Chevallier, mon éditrice qui a eu l'idée de proposer pour la sélection de ce prix
Rien ne vaut la liberté, toute la liberté d'écrire et de lire et de penser et de parler. Il ne faut rien négocier en termes de
liberté. Rien négocier en termes d'exigence et de beauté. Pour vivre sa vie. »
Claudine Galea - Lauréate du prix Collidram 2015
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Parole de professeure
Aux acteurs du projet Collidram,
L’année s’achève et je n’ai pas encore pris le temps de vous remercier pour cette session 2015 toujours aussi riche
en découvertes. Je voulais vous dire combien j’avais apprécié de retravailler cette année avec vous et pourquoi
j’espère que ce projet perdurera.
Tout d’abord, pour mes élèves, Collidram a permis de
rendre concrète la profession d’écrivain et plus
précisément de dramaturge. Ce fut pour eux, une
occasion unique de découvrir des auteurs dramatiques
contemporains : de les lire, de les voir, de leur parler.
Je me souviens, l’an passé de cette très
belle matinée avec Estelle Savasta, venue à la
rencontre des élèves de Plaisance et de Clément
Guyard qui avaient défendu Traversée. Collidram a
permis cet échange avec beaucoup de simplicité et de
proximité.
Ce fut aussi pour mes 5èmes une vraie éducation à la
connaissance du théâtre contemporain trop absent de
nos classes. Les élèves ont tout même lu 4 pièces, les
ont questionnées, commentées… De plus, les interventions d’Anne, comédienne de métier, ont permis un
accès au sens du texte théâtral par des entrées différentes de celles proposées traditionnellement en classe.
Ce fut encore l’opportunité de tisser des liens avec les partenaires de la ville de Créteil et de montrer aux élèves les
possibilités culturelles de leur environnement. Le projet a permis la venue en classe de deux documentalistes (merci
à Céline Mathieu !) de la Médiathèque Nelson Mandela, venues faire une lecture enthousiaste de Au Bois au mois de
janvier.
A leur tour, les élèves se sont rendus à la Maison des Arts de Créteil qui a eu la bonne idée de programmer deux
auteurs sélectionnés par le comité de lecture Collidram 2014 ! (Estelle Savasta avec Le préambule des étourdis et
Philippe Dorin avec Sœur je ne sais pas quoi frère.) Si je n’avais pas connu ces deux auteurs grâce à Collidram, je
n’aurais certainement pas pris le risque d’emmener mes élèves voir leur pièce. Je sais que bon nombre de mes élèves
iront maintenant les yeux fermés voir le prochain spectacle de Claudine Galea ou des auteurs sélectionnés cette
année, car ils sont maintenant connus de ce jeune public.
Merci donc à tous les acteurs de Collidram pour ce projet. Il marque durablement les élèves qui y participent. Il
éduque les collégiens (et les profs !) à la connaissance du théâtre contemporain, il met des visages sur l’acte de
création, il favorise la curiosité des élèves, il met en éveil leur sens critique. Et pour conclure, il donne envie d’aller au
théâtre !
Ma classe de cette année était très agitée (2 conseils de discipline, séjours en classe citoyenne, élèves en
décrochage…), il a été difficile de la faire travailler dans l’ensemble des matières et pourtant, ils ont défendu Au bois
avec acharnement et surtout ils ont tenu le projet jusqu’au bout ! Je laisse le dernier mot à Soufyane, Younès et Amine
qui m’ont dit le soir de la remise du prix : « C’est notre meilleure sortie ! »
A très bientôt pour de nouvelles découvertes !
Marie-Sabine de Saint-Albin, Collège Plaisance de Créteil.
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Organisateur
Le règlement
Article 1 - Objectifs
Le prix Collidram a pour objectifs de mettre en
contact les collégiens avec des livres de
théâtre en tant qu’objets littéraires et matière
à jouer, mettre en lumière les écrivains de
théâtre et valoriser le travail des éditeurs.
Cette action permet un éveil à la lecture du
théâtre contemporain. Les élèves découvrent
une littérature vivante, souvent méconnue et
en rencontrent les auteurs et les acteurs.
Cette action est relayée par les rectorats
d’académie et touche une classe par
département, proposée par les Délégations
Académiques à l’Education Artistique et à
l’Action Culturelle (DAAC), en accord avec les
inspecteurs d’académie.
Article 2 - Les éditeurs
Le prix porte sur les pièces d’expression
française éditées durant l’année scolaire
précédente. Pour l’année scolaire 2015-2016,
le prix porte sur les pièces éditées entre le 1er
juillet 2014 et le 30 juin 2015.
Les éditeurs proposent chacun 3 pièces de
théâtre. Les livres sont adressés à
POSTURES le 1er juillet 2015 au plus tard.
Les rééditions ne sont pas prises en compte.
Créée en 2008, POSTURES est une association agréée
Jeunesse et éducation populaire, qui a pour objet de créer, organiser,
susciter des manifestations culturelles qui favorisent le lien social, la
promotion et l’émancipation de la personne humaine.
L’association développe des actions de sensibilisation à l’écriture
contemporaine à travers l’organisation de comités de lecture en direction
de publics jeunes ou non initiés à la littérature d’aujourd’hui : Des mots
pour le Théâtre, Des Mots pour la Poésie, Collidram - prix de littérature
dramatique des collégiens, l’inédiThéâtre– prix lycéen de pièces
inédites, Inédits d’Afrique et Outremer – prix lycéen de pièces
francophones.
Elle suscite la création de journaux d’élèves Jeunes Pages, de la
maternelle au lycée.
Elle propose des formations en direction des enseignants,
bibliothécaires et documentalistes.
Ces actions fonctionnent grâce à un partenariat qui associe différents
acteurs culturels, éducatifs et sociaux : établissements scolaires,
théâtres, bibliothèques et autres associations, des collectivités
territoriales et les directions régionales des ministères de la Culture et
de l’Education Nationale.
Article 3- Le comité de sélection
Les pièces sont soumises à un comité de
sélection réunissant les organisateurs et leurs
partenaires afin qu’ils sélectionnent quatre
pièces à proposer aux élèves parmi le corpus
proposé par les éditeurs.
Article 4 - Les jurys de collégiens
1 -Chaque classe de collégiens élit un lauréat
à l’issue d’un comité de lecture. Le lauréat est
l’auteur ayant remporté la majorité des
arguments positifs des collégiens.
2 Un comité de lecture interclasses rassemble
les suffrages de chaque classe par le biais
d’un délégué par classe, et élit un auteur
lauréat.
Le lauréat est l’auteur ayant remporté le plus
grand nombre de voix. Dans toutes les
délibérations, en cas d’égalité de voix entre
deux lauréats, ceux-ci sont déclarés ex aequo
et le montant du prix est divisé par deux.
Partenaires
Les Académies d’Aix-Marseille, de Besançon, Créteil, Dijon, La Réunion,
Lille, Limoges, Lyon, Paris, Poitiers, Metz-Nancy, Montpellier, Orléans,
Rennes, Strasbourg, Toulouse et Versailles.
La Drac Ile de France, la DRAC Poitou-Charentes, les Conseils
généraux d’Île-de-France, le service culturel de Ville de Créteil, l’ADDA
du Tarn, l’ADDA du Gers, la SACD.
Le Moulin du Roc - scène nationale de Niort, le Granit – scène nationale
de Belfort, les Treize Arches – scène conventionnée de Brive, le Théâtre
de Cachan, le Théâtre Jean Arp, le Théâtre des Sources, l’ECAM,
théâtre du Kemlin-Bicêtre, le Théâtre de la Tête Noire, le Théâtre Gérard
Philipe à Frouard, le Théâtre de Sartrouville, le Théâtre de Poche à
Hédé Bazouges, le Théâtre de la Vallée, la Maison du théâtre à
Jasseron, La Maison des métallos, le TNG à Lyon, Traversant 3,
Actémobazar, les Sentiers du Théâtre, la médiathèque Marguerite
Duras, la médiathèque de Pont à Mousson, la bibliothèque Lamartine, la
bibliothèque de La Plaine, Aligre FM 93.1, l’ANRAT.
Article 5 - Le montant du prix
Le prix est d’un montant de 1 500 euros.
Article 6
Le présent règlement ne vaut que pour
cette année scolaire 2015-2016
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2007-2015 Tous les prix
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Année scolaire 2006-2007 : Initiée par Aneth, l’action touche 3 classes, une dans
chaque département de l’académie de Créteil : Val de Marne, Seine Saint Denis, Seine
et Marne. 65 collégiens – 65 livres achetés.
Lauréat : Dominique Wittorski / Ohne ; Actes Sud-Papiers
« … Ce Prix m'honore bien sûr. J'en suis fier. Mais il indique une autre chose, infiniment
plus importante pour moi. J'ai écrit Ohne à la suite d'une commande de France Culture...
Et voilà qu'aujourd'hui, ce sont les collégiens qui distinguent Ohne parmi cinq textes. Ils
ont trouvé le texte à leur aune. Merci à eux. Merci pour ce geste qui ressemble au grand
écart.
Et puis non ! Il n'y a aucun grand écart justement. Il y a ce 31 mai 2007, et cette
évidence que nul ne devrait jamais plus remettre en cause : il n'y a pas de fossé entre la
culture exigeante et la soif des collégiens. Il n'y a pas de chose qui soit hors de portée.
Je suis fier de recevoir ce prix de ces collégiens, et ils peuvent être fiers d'eux : ils ont
démontré qu'elle n'existe pas cette jeunesse dont on nous rebat les oreilles, qui ne sait
plus lire, qui est paresseuse, qui glisse vers l'éternelle facilité, vers le consommable,
vers le vide... Une jeunesse au cerveau qui ne penserait pas...
Ah ! si la médiatisation pouvait être aussi intense que quand une voiture brûle...
Rêvons d'un rouleau compresseur médiatique qui dirait "les ZEP ont soif de France
Culture" !»
Dominique Wittorski
Année scolaire 2007-2008 : L’action touche 8 classes, une dans chaque
département d’Île de France. 220 collégiens - 220 livres achetés. Organisateur : Aneth
Lauréat : Dominique Richard / Une Journée de Paul ; éditions Théâtrales
« Je suis très honoré par ce prix. Aucun autre n'aurait pu me faire plus plaisir.
Je suis très heureux que ce soit vous, collégiens, qui me l'ayez décerné, après de
longues discussions passionnées. Je suis aussi particulièrement ému que ce soit ce
texte-là, justement, qui vous ait touché.
C'est un texte qui m'a échappé, qui s'est presque écrit malgré moi, un texte sur le deuil
et l'identité quand il était question des rêves d'une jeunesse d'aujourd'hui, comme si
l'adulte que je suis devenu se demandait ce qu'il pouvait bien vous transmettre, s'il en
avait le droit et la force.
C'est aussi une pièce sur le théâtre, car le théâtre est l'art de la cérémonie, de
l'évocation des morts, le rêve fou de faire revivre les absents, en chair et en os, dans le
présent de la représentation. Les plateaux de théâtre sont toujours remplis de fantômes,
personnages évanouis, acteurs qui les ont interprétés, spectateurs disparus...
On n'est jamais seul quand on écrit, toujours plein de tous ceux que l'on aime. On les
porte en soi et ils vous emmènent dans leurs rêves. Tout ce que je sais de moi, c'est ce
que j'ai tenté d'écrire, guidé dans ma nuit par la lumière de mon enfance, par le souvenir
de ces présences familières.
Continuez de devenir comme vous êtes, pleins d'enthousiasme et de générosité, remplis
de la gravité de la jeunesse, loin du sérieux des adultes, toujours plus convaincus que
"vivre est un privilège, pas un problème"...
Dominique Richard
Année scolaire 2008-2009 : L’action touche 8 classes, une dans chaque
département d’Île de France. 220 collégiens - 220 livres achetés.
Postures prend en charge l’organisation de Collidram.
Lauréat : Sébastien Joanniez / Désarmés, Cantique ; Espaces 34
« J’étais perdu, avec mon cantique sous le bras, au milieu du champ de bataille. J’avais
l’espoir, la tendresse, toutes ces faiblesses qui nous font presque la honte dans le
monde. Tellement le monde ressemble à rien, sauf au contraire d’un cantique.
Alors j’étais là, la peau d’espoir en chair de poule, et faible comme une bougie, comme
un crépuscule, comme un murmure. J’avais aussi l’impression d’être seul, et même un
peu moqué, à cause de mes histoires d’amour et de paix qui s’imaginent même pas sur
un champ de bataille.
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Et puis Pascale Grillandini s’est approchée, elle a lu Désarmés, elle est repartie et elle
est revenue avec des élèves, des profs, des classes, des collèges, des théâtres, des
bibliothèques, des comédiens. On s’est vite retrouvés nombreux au milieu du bazar. On
a commencé à pousser un peu les combattants sur le côté pour avoir une place… Petit
à petit, ça nous a fait du silence, et on a pu discuter.
Ils avaient eu le temps de se poser des questions sur mon cantique, et des intelligentes,
spontanées, fraîches et même carrément franches. Ils ont toujours l’enfance avec eux
les jeunes, ils rebondissent. Pour peu qu’on les accompagne, ils se lancent.
Voilà pourquoi je vais maintenant moins seul avec mon cantique, je suis plusieurs
maintenant, une vraie foule avec moi, et des jeunes, des blancs, des noirs, des grandes
gueules et des timides. J’ai même un bandeau rouge sur le livre comme pour dire
attention ! Lu et approuvé par les futurs ! Je voudrais les remercier ici, les jeunes et
Pascale et les autres. De m’avoir donné la confiance, et l’espoir, et une belle leçon de
courage. Merci et… à bientôt sur la route du mieux ! »
Sébastien Joanniez
Année scolaire 2009-2010 : L’action commence à s’étendre à l’ensemble du
territoire français. Elle touche 9 classes en Île-de-France et 1 classe dans la région
Rhône-Alpes à Lyon. 300 élèves – 300 livres achetés
Lauréate : Suzanne Lebeau / Le Bruit des os qui craquent ; éditions Théâtrales
« Oui, il est beau ce prix, il est précieux. Il dit ce que les mots souvent ne savent pas
expliquer. Il me rassure sur l’intelligence féroce des jeunes lecteurs, des jeunes
spectateurs. Il crie leur force morale, leur curiosité sans limites pour le monde qu’ils
habitent.
Ce sont les enfants qui m’ont donné le courage d’écrire ce texte, ceux de chez nous à
qui je suis allée montrer le documentaire qui m’avait tellement bouleversée. Ce sont les
enfants qui m’ont permis de croire à la résilience, ceux que je suis allée rencontrer en
RDC, deux ex-enfants soldats pendant 5 ans. Ce sont les jeunes spectateurs qui m’ont
donné le courage d’inviter les écoles et les jeunes publics aux représentations car ils ont
su lire l’histoire d’espoir dans Le bruit des os qui craquent quand les adultes se sentaient
désespérément coupables, responsables et impuissants.
Enfin, ce sont les collégiens, vous tous qui avez lu, analysé, commenté, discuté et choisi
une histoire dure, c’est vrai, une histoire dure mais vraie, qui malheureusement dure
encore dans un monde sans bon sens.
Merci d’être lecteurs d’abord, êtres humains et citoyens braves et clairvoyants.
Merci de ce courage que vous me donnez de croire encore à un monde meilleur, vous
tous qui êtes notre avenir. »
Suzanne Lebeau
Année scolaire 2010-2011 : L’action continue à s’étendre à l’ensemble du territoire
français. Elle touche 10 classes en Île-de-France, 8 classes en Rhône-Alpes, 3 classes
en Alsace. 630 élèves – 630 livres achetés
Lauréat : Sylvain Levey / Cent culottes et sans papiers ; éditions Théâtrales
« C 'est pas du bidon ce prix, j'étais très fier de l'avoir après notamment
Sébastien Joanniez
et Suzanne Lebeau
et mes deux éditeurs aussi Pierre Banos et Françoise Du Chaxel.
O ô joie que d'apprendre la nouvelle alors que j’attends un train qui ne vient pas à la
gare Part Dieu à Lyon.
L comme livre, qui est au centre de ce prix et c'est rare et c'est bon et c'est important de
dire cela.
L comme lectures, qu'elles étaient belles ces lectures à Paris comme à Saint Priest,
qu'ils étaient beaux et touchants ces jeunes lecteurs apprentis acteurs d'un soir et
comme ils faisaient plaisir à voir.
I quelle belle idée que ce prix qui donne la parole la vraie, qui la déclenche, lui donne
de l'importance, loin des poncifs de la communication, ici nous sommes dans la vraie
démarche citoyenne de "je donne un avis".
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D comme déception, oui je l'avoue il y a trois ans quand Alice pour le moment est
arrivée sur la deuxième marche du podium j'ai été déçu non pas par pure vanité mais
pour toutes les raisons évoquées ci-dessus.
R un rêve. I have a dream. Que ce prix puisse DONNER L'ENVIE, l'envie de lire,
d'écrire. Et si on touchait du doigt le rêve...
A ligre, la radio, autre très beau souvenir, quand des jeunes prennent la parole qui leur
est offerte sur une bonne radio associative humaine et intelligente.
M agique ces rencontres dans les classes, ces regards critiques qui vous sont adressés
avec fermeté, gentillesse et bonne humeur. »
COLLIDRAM c'est tout ça, c'est magique, c'est intelligent et simple à la fois. C'est
essentiel !
Sylvain Levey
Année scolaire 2011-2012 : L’action continue à s’étendre à l’ensemble du territoire
français. Elle touche 9 classes en Île-de-France, 6 classes en Rhône-Alpes, 6 classes
en Alsace, 2 classes en Lorraine, 1 classe dans le Nord Pas de Calais 750 élèves – 750
livres achetés
Lauréate : Françoise Du Chaxel / Ce matin, la neige ; éditions Théâtrales
« Mardi 19 Juin, je reviens de Strasbourg, dernière étape de mon tour de France
Collidram à la rencontre des collégiens. J'ai la tête pleine de visages et de regards,
pleine de leurs questions et de leurs silences aussi.
C'est si mystérieux et troublant le rapport entre un auteur et ses lecteurs. Comment ontils accueilli mes mots? De quoi ont-ils rêvé en les lisant?
Alors là, savoir que des collégiens, de 11 ans à 15 ans, ont choisi ce texte que je n'ai
pas écrit « pour » eux, mais où j'ai tenté, en mêlant l'histoire intime de deux adolescents
à la grande Histoire, de dire la difficulté de grandir surtout lorsqu'on a constamment des
choix à faire, c'était d'autant plus troublant.
Lorsque Pascale Grillandini m'a dit que Ce matin, la neige faisait partie de la sélection
du prix Collidram, j'ai été surprise et ravie, tant je trouve passionnante l'aventure que
représente ce prix, pas le prix lui-même bien sûr, mais ce voyage dans le théâtre qui
s'écrit aujourd'hui qu'il fait faire aux collégiens, les fans de lecture comme les si
nombreux rétifs. Et l'exigence de la sélection qui ne cherche pas à leur plaire mais à les
emmener très loin.
Leurs questions font revivre Anna et Thomas, m'obligent à revenir sur la fabrique de
l'écriture.
Toutes les rencontres qui ont suivi m'ont fait faire ce chemin.
J'avais l'impression de ne pas répondre ce qu'il fallait, d'ouvrir encore plus de vides,
mais a–t-on vraiment besoin de tout savoir? Il y a eu des rencontres intimes dans une
salle de documentation ou dans une médiathèque et des rencontres plus solennelles
dans des salles de spectacle, et l'émotion de la remise du prix à Montreuil avec les
surprises qu'ils avaient préparées, mais j'ai toujours senti qu'ils étaient là, tout proches,
même ceux qui ne disaient rien ou qui faisaient ceux que ça n'intéresse pas.
Et puis je garde pour la fin ce moment précieux où une jeune fille est venu me dire
lorsque j'allais partir : "Voilà les deux phrases que je préfère dans votre texte: Mon père
me regarde devenir belle. Je le regarde devenir fier." Un beau cadeau! »
Françoise Du Chaxel
Année scolaire 2012-2013 : L’action touche 13 classes en Île-de-France, 4
classes en Rhône-Alpes, 2 classes en Alsace, 2 classes en Lorraine, 2 classes
dans le Nord Pas de Calais, 1 classe en PACA, 2 classes en Poitou Charente,
soit 26 classes participantes - 780 élèves – 780 livres achetés
Lauréate : Catherine Zambon / Mon frère, ma princesse ; L’Ecole des
loisirs
« Lorsque j’ai écrit Mon frère ma princesse, je n’avais aucune idée de la réaction d’un
lectorat d’enfants. N’était-ce pas trop audacieux cette histoire de petit garçon qui affirme
si fort son envie d’être une fille ? En écrivant les mots d’Alyan, je me suis dit quelques
fois que je risquais de surprendre, voire de déranger et, peut-être, de choquer.
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Plus que vers le masculin/féminin, je tournais le regard vers le genre, l’identité profonde.
J’étais donc un peu inquiète. Je ne m’attendais certainement pas à ce qui s’est passé
avec les enfants que j’ai rencontrés et qui, découvrant Mon frère, ma princesse, ont fait
preuve d’une telle ouverture d’esprit. J’ai été bouleversée par ce sens de la justice
affirmé par beaucoup, par leur envie de reprendre pour soi cette parole de Nina :
« Comme on est, on a le droit », sans faire l’impasse sur de vrais débats singuliers,
contradictoires, riches. Lors des rencontres, j’ai vu des garçons venir habillés en fille et
des filles habillées en garçon, comme pour affirmer : « Nous aussi, on prend position, on
défendrait Alyan contre l’intolérance ». A eux tous, je dois des vrais moments de
bonheur et de paix. A tous, enfants, enseignants, équipe de Collidram, un grand merci. »
Catherine Zambon
Année scolaire 2013-2014 : L’action touche 9 classes en Île-de-France, 5 classes
en Rhône-Alpes, 4 classes en Alsace, 2 classes en Lorraine, 1 classe dans le Nord Pas
de Calais, 2 classes en PACA, 2 classes en Midi-Pyrénées, 4 classes en Poitou
Charente, soit 29 classes participantes - 870 élèves – 870 livres achetés.
Lauréate : Fabienne Swiatly / Annette, tombée de la main des dieux ; éd
Color Gang
La belle exigence
Exigence est le mot qui me revient sans cesse quand je me remémore les temps forts
de Collidram. Il peut paraître un peu sec mais l’exigence est une forme de confiance
dans l’intelligence de l’autre.
Ce n’est pas lui en demander trop mais surtout ce n’est pas se contenter du peu.
Etre lue avec exigence et puis avoir été reconnue dans son travail (avoir été compris)
donne le vrai courage, celui de dépasser les montagnes de bêtises et de suffisance qui
voudraient nous détourner du chemin des lumières pour nous entrainer vers les néons
de la consommation.
J’ai rencontré de nombreux élèves, à peine adolescents qui avaient leur mot à dire sur
mon texte. Des mots pour questionner, pour approfondir, pour soulever des doutes …
pour exister à leur tour dans mon écriture. Un texte n’est rien sans des lecteurs ou alors
il vient décorer quelques étagères poussiéreuses. J’ai aimé leur ingérence bienveillante.
Des élèves qui ne s’en laissent pas compter car le rugueux de la vie, ils connaissent. Il
n’y a que les adultes pour croire en l’innocence de leur jeunesse.
Et voir encore une fois combien ces jeunes peuvent s’impliquer dans une lecture si on
sait les accompagner et surtout si on leur fait confiance, me redonne le goût de l’avenir.
Mes mots directs parfois crus, ne leur ont pas fait peur et ils ont compris aussi la
tendresse qui pouvait s’en détacher.
J’espère qu’ils liront mon message ici posté car je veux encore leur dire combien leur
choix, leurs commentaires, leur implication me donnent du courage pour poursuivre mon
métier d’écrivaine.
J’emporte leurs mots, leurs regards, leurs sourires avec moi pour les jours gris de
l’écriture, les jours où le doute empêche d’avancer.
Et je veux également remercier ceux qui permettent que de telles rencontres aient lieu.
Ceux et celles qui pensent que la littérature n’est pas une distraction.
A chacun et chacune de Collidram, j’aimerais offrir ce slogan tout à fait personnel mais
pour qui nous ferons certainement cause commune : « Non. Nous ne nous laisserons
pas distraire ! »
Fabienne Swiatly
2015
26 classes participantes dans 9 régions : Alsace, Centre, Île-de-France, Languedoc,
Midi-Pyrénées, PACA, Poitou Charente, Nord Pas de Calais, Rhône-Alpes.- 700 élèves
– 700 livres achetés
Lauréate : Claudine Galea / Au Bois; éd Espaces 34
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