EPFL Bachelor 2 SIE – Écologie générale et biodiversité – Essentials of ecology, A. Buttler page 51 Chapitre 9: Matière et énergie dans l’écosystème Ecologie gé générale et biodiversité biodiversité - Chap. 9 : Matiè Matière et énergie dans l'é l'écosystè cosystème - A. Buttler 1 • Allocation de l’énergie captée dans la plante • En mesurant la production primaire nette, on obtient une mesure de l‘énergie assimilée et donc disponible pour les consommateurs Photosynthèse PPB: production primaire brute Respiration métabolique Exsudats Biosynthèse Exsudats Coût de la biosynthèse Coût de la maintenance des tissus Croissance des tissus et organes reproducteurs, la biomasse PPN: prod. primaire nette Ecologie générale et biodiversité - Chap. 9 : Matière et énergie dans l'écosystème - A. Buttler Litière 2 Commentaire diapositive : l’efficacité nette de la production primaire (rapport entre production nette et production brute) varie entre 30 et 85 % : • Plantes des zones tempérées, arbres, herbacées ou cultures: 75-85% • Plantes tropicales, arbres, herbacées ou cultures: 40-60% (respiration supérieure) Les plantes terrestres, avec leur litière, et particulièrement les plantes ligneuses, allouent beaucoup de leur production dans les structures. Ainsi, la litière représente un pool important, car les tissus sont peu digestibles (en forêt, 90% de la biomasse termine en litière). Ceci alimente la faune du sol, spécialement la chaîne des détritivores. 51 EPFL Bachelor 2 SIE – Écologie générale et biodiversité – Essentials of ecology, A. Buttler page 52 • Allocation de l’énergie assimilée chez le consommateur herbivore et carnivore Consommation/ingestion Respiration métabolique Digestion, assimilation PSB: production brute Rejets, défécation Excrétions Biosynthèse Coût de la biosynthèse Coût de la maintenance des tissus et activités de prédation Croissance des tissus et organes reproducteurs, la biomasse PSN: prod. secondaire nette Cadavre Ecologie gé générale et biodiversité biodiversité - Chap. 9 : Matiè Matière et é nergie dans l'é l'écosystè cosystè me - A. Buttler 3 Commentaire diapositive : • Rejets, défécations: matières non digérables (plumes, coquilles, chitine de l’exosquelette des insectes, os, kératine des tissus animaux, poils, lignine et cellulose des plantes, etc.) • Excrétions: l’excès de composés organiques azotés (surtout l’ammonium) part dans l’urine sous forme d’urée ou d’acide urique • Les cadavres servent de nourriture au détritivores. Par rapport aux plantes, une part importante de la production brute est allouée à l’activité. 52 EPFL Bachelor 2 SIE – Écologie générale et biodiversité – Essentials of ecology, A. Buttler page 53 Commentaire diapositive : si une biomasse produit 10% de sa masse en un an (productivité de 10%), le turn-over sera de 10 ans. Commentaire diapositive : elle est exprimée en masse de matière sèche par unité de surface et de temps (p.ex. t/ha/an). En fait, il faut encore considérer les pertes de biomasse dans l’intervalle de temps, par • mortalité (chute des litières, nécromasse, donc tissus morts non consommés), • consommation (par les herbivores) et 53 EPFL Bachelor 2 SIE – Écologie générale et biodiversité – Essentials of ecology, A. Buttler • page 54 exportations (par les oiseaux et insectes), lesquels conduisent aussi à une respiration, mais différée. Commentaire diapositive : la figure donne les ordres de grandeur de la biomasse (B) et de la production primaire (PN1) le long d’un transect nord-sud menant de la zone arctique à la région équatoriale. • Les milieux tropicaux humides et équatoriaux sont très productifs en raison de l’abondance des pluies, de la lumière et des températures élevées 54 EPFL Bachelor 2 SIE – Écologie générale et biodiversité – Essentials of ecology, A. Buttler • • • • • • • • page 55 Les milieux arctiques sont peu productifs en raison des températures basses en hiver et des longues nuits hivernales Les milieux désertiques sont peu productifs en raison du manque d’eau ou des pertes hydriques importantes en raison des températures élevées Les zones marécageuses sont très productives, même plus que la forêt tropicale humide, car l’eau est abondante et la température généralement favorable, les nutriments sont aussi abondants, car rapidement rechargés dans l’eau L’océan ouvert est quasiment un désert, car peu de nutriments sont disponibles, mais dans les zones d’upwelling, la production devient très importante, de même que dans les estuaires aux eaux peu profondes, car il s’y fait beaucoup d’échanges entre eaux de différentes qualités et propriétés Les habitats d’eaux douces présentent une production supérieure aux habitats marins du large. Cette production est en général plus grande dans les étangs et les lacs peu profonds, plus faible dans les grands lacs et rivières En mer, eaux du large : 1,25 tonnes MF/ha/an ou 4 tonnes MS/ha En mer, eaux côtières : deux fois plus de production, comparable à celle d’une forêt tempérée En mer, upwelling et lagunes côtières : production comparable à celle d’une forêt équatoriale. Commentaire diapositive : pour qu’il puisse prospérer dans un biotope donné, tout organisme exige des conditions particulières de température, de lumière, de disponibilité en nourriture, etc. Le facteur écologique qui sera au niveau le plus proche du minimum critique pour l’espèce se comportera alors comme un facteur limitant. Ainsi, parmi l’ensemble des facteurs abiotiques agissant sur un organisme, certains sont plus importants quant à leur influence sur la survie ou la production de l’organisme en question, même si tous ont des actions individuelles démontrées. 55 EPFL Bachelor 2 SIE – Écologie générale et biodiversité – Essentials of ecology, A. Buttler page 56 C’est la loi du minimum de Liebig (chimiste-agronome, 1840): « La croissance d’un végétal n’est possible que dans la mesure ou tous les éléments indispensables pour l’assurer sont présents en quantités suffisantes dans les sols. Ce sont les éléments déficitaires qui conditionnent la production des cultures ». Présent en quantité déficitaire ne veut pas dire que l’élément est en quantité le plus faible dans l’absolu, mais par rapport aux besoins de l’organisme. L’azote est en quantité plus importante que le cuivre dans le sol, et pourtant il est souvent limitant avant le cuivre. Pratiquement, les conséquences de ceci sont qu’il suffit d’améliorer les teneurs de l’élément limitant pour augmenter le rendement d’une culture, et rien ne sert de procéder à des apports indifférenciés et à l’aveugle de tous les nutriments (importance de connaître les propriétés nutritive d’un sol de culture). Le problème est que les facteurs limitants ne sont pas les mêmes pour toutes les plantes et dépendent aussi, pour une même plante, du milieu dans lequel elle se développe, c’est-à-dire des autres nutriments à disposition (on en déduit qu’il y a des interactions entre facteurs écologiques). Plus généralement, cette loi des facteurs limitants peut se reformuler de la manière suivante: « un processus écologique est limité par le facteur quantitatif le plus proche de son seuil minimal ». La loi a été étendue par Shelford (1911): « Pour tout facteur de l’environnement existe un domaine de valeurs (ou intervalle de tolérance) dans lequel tout processus écologique sous la dépendance de ce facteur pourra s’effectuer normalement ». C’est seulement à l’intérieur de cet intervalle que la vie de tel ou tel organisme, population ou biocénose est possible. La borne inférieure le long de ce gradient délimite la mort par carence, la borne supérieur la mort par toxicité. Pour suivre l’idée de Liebig, dont la loi se place vers la borne inférieure, on pourrait placer dans ce schéma une loi du maximum vers la borne supérieure. • Préférendum écologique et intervalle de tolérance • Espèce euryoïque (euryèce) ou sténoïque (stenoèce) (Dajoz, 1996) Ecologie gé générale et biodiversité biodiversité - Chap. 9 : Matiè Matière et énergie dans l'é l'écosystè cosystème - A. Buttler 11 Commentaire diapositive : suite à la loi de tolérance, on peut dire que chaque espèce possède un optimum et une amplitude par rapport aux gradients écologiques de l’environnement. On 56 EPFL Bachelor 2 SIE – Écologie générale et biodiversité – Essentials of ecology, A. Buttler page 57 définit ainsi des espèces à amplitude écologique large par rapport à un facteur donné – euryoïque – ou à amplitude étroite – sténoïque. Par exemple, dans le règne animal, il existe des invertébrés réussissant à vivre dans des intervalles de température très larges. L’insecte alpin Boreus hiemalis demeure actif dans un gradient thermique allant de -12 à 32 degrés C. C’est un euryoïque typique (eurytherme), vivant à la limite des neiges éternelles, dans les coussinets de mousses ou même sur la neige. On l’appelle d’ailleurs « puce des neiges » (ordre des Mécoptères, Panorpes). A l’opposé, le poisson Trematomus qui vit en bordure de la banquise, ne supporte qu’un gradient de température allant de -2.5 à +2 degrés C. C’est une espèce sténoïque (sténotherme). Commentaire diapositive : Lindemann (1942) a fait un budget énergétique du lac « Cedar Bog Lake » au Minnesota, en distinguant 3 niveaux: producteurs primaires, consommateurs primaires, consommateurs secondaires. Il a mesuré la production nette in situ (récoltes) et mesuré en laboratoire la respiration et l’efficacité d’assimilation par rapport à la production en laboratoire. L’efficacité nette de la production (énergie utilisée pour la PN par rapport à celle qui était assimilée) fut: • 100-33% pour les plantes aquatiques • 100-63% pour les herbivores • 100-140% pour les carnivores Le budget a montré un surplus d’énergie (production), explicable par les importations de matière organique depuis les zones voisines (feuilles sur l’eau, courant). Le rendement global du lac fut de 12%. Les conclusions de cette étude furent que (voir figure): • l’efficacité d’assimilation (assimilation/ingestion) augmente vers le haut de la chaîne alimentaire (attitude non gaspilleuse) 57 EPFL Bachelor 2 SIE – Écologie générale et biodiversité – Essentials of ecology, A. Buttler • • • page 58 l’efficacité nette de la production (production nette/assimilation) diminue (de plus en plus d’énergie est utilisée pour la maintenance et l’activité de prédation) l’efficacité brute de la production (production nette/ingestion) diminue aussi l’efficacité ou le rendement écologique reste constant à environ 10%. Ceci limite le nombre de niveaux trophiques (le plus souvent, on a 3 niveaux ; le maximum observé est de 6). Exemples: • Efficacité d’assimilation: dépend de la qualité de la nourriture ; plantes 30-80%, herbivores 60-80%, en général les brouteurs 30-40%, prédateurs 60-90%, insectivores 70-80%, carnivores 90% (en général entre 15-90%) • Efficacité nette de la production: le plus bas chez les animaux 1-5%, dont le coût de maintenance est le plus grand, surtout chez les endothermes, 15-45% chez les invertébrés. • Efficacité brute de la production: animaux à sang chaud 5%, oiseaux et grands mammifères 1% (beaucoup de coût de maintenance pour l’endothermie), insectes 5-15%, animaux aquatiques 30% (en général entre 5-20%). Dans le rendement écologique, contrairement aux trois autres grandeurs, on ne considère pas ce qui est mangé et sa mise en valeur finale, mais ce qui est produit à un niveau trophique donné (PN-1), par rapport à ce qui est produit au niveau suivant (PNn). Ceci ne veut pas dire que toute la biomasse d’un niveau est mangée par le niveau suivant (les vaches ne mangent pas toute l’herbe); il y a des contraintes écologiques et interactions qui interviennent (p. ex. succès de la prédation). 58 EPFL Bachelor 2 SIE – Écologie générale et biodiversité – Essentials of ecology, A. Buttler page 59 59 EPFL Bachelor 2 SIE – Écologie générale et biodiversité – Essentials of ecology, A. Buttler page 60 • Rendement global de l’écosystème • Au-delà de la chaîne alimentaire, c‘est le réseau alimentaire qui intervient ici (food web) • PNE = production nette de l‘écosystème, qui correspond à l‘augmentation nette d‘énergie dans le système sous forme de tissus organiques PNE = production net de l‘écosystème PPB = production primaire brute PNE = PPB - (!RA + !RH) PPN = production primaire nette ou RH = respiration des hétérotrophes RA = respiration des autotrophes PNE = PPN - !RH = T (incrément biomasse) + ∆ MOM (humus) Ecologie gé générale et biodiversité biodiversité - Chap. 9 : Matiè Matière et énergie dans l'é l'écosystè cosystème - A. Buttler 14 Commentaire diapositive : pour une forêt de pins et de chênes, Whittaker donne les valeurs suivantes : • • • • • PPB = 26.5 t/ha/an RA = 14.5 RH = 6.5 PPN = 12 PNE = 5.5, dont 5 de tissus ligneux et 0.5 de litière et d’humus 60