Médicaments et phytothérapie :
l’exemple d’un cas d’hépatite notifié au Centre Régional
de Pharmacovigilance de Caen
Une patiente de 60 ans, aux antécédents d’an-
gor, de cholécystectomie et d’insomnies, est vue
en consultation le 25/05/2012 pour nausées et
diarrhées. La patiente présente ces symptômes
depuis une dizaine de jours.
Son traitement au long cours se compose de
diltiazem (TILDIEM®) et d’alprazolam (spécialité
non précisée). Le bilan hépatique réalisé le
12/04/2012 était normal.
Depuis deux mois, elle prend, chaque matin,
deux gélules de THE VERT GUARANA Juvamine
pour l’aider à perdre du poids ; elle a arrêté la
prise de ces gélules dès la survenue des troubles
digestifs vers le 20/05/2012.
Le bilan biologique du 25/05/2012 montre une
perturbation du bilan hépatique avec cytolyse et
cholestase (ALAT 12N, ASAT 4N, Gamma GT 14N,
PAL 3N), sans augmentation de la bilirubine. Les
recherches virales (hépatites A, B et C) sont néga-
tives, il n’y a pas de consommation d’alcool.
L’échographie et le scanner abdominal réalisés le
04/06/2012 ne retrouvent pas d’obstacle intrin-
ou extrinsèque sur les voies biliaires.
Le diltiazem et l’alprazolam sont continués. Les
chiffres du bilan hépatique se normalisent dans
un délai d’un mois.
La patiente n’a pas été hospitalisée, les recher-
ches étiologiques sont incomplètes (recherches
virales VHE, CMV, HSV et EBV, recherche d’auto-
anticorps non faites). Néanmoins, la responsa-
bilité de la phytothérapie, dans ces manifesta-
tions hépatiques, est évoquée sur des arguments
chronologiques et bibliographiques
1-3
: le THE
VERT GUARANA Juvamine est donc suspect. Une
interaction du complément alimentaire récem-
ment introduit avec le traitement au long cours
n’a pas été retenue.
Bibliographie :
1. Mazzanti G and al. Hepatotoxicity from green
tea: a review of the literature and two
unpublished cases. Eur J Clin Pharmacol. 2009
Apr;65(4):331-41.
2. Joshi D and al. Acute drug induced hepatitis
secondary to a weight loss product purchased over
the internet. Nutr J. 2007 Jun 27;6:13.
3. Kotzki S and al. Thé vert : étude rétrospective des
cas recensés dans les CAPTV entre 2000 et 2010.
Rapport du Comité de Coordination de Toxicovigi-
lance. Septembre 2010.
Sommaire :
Médicaments et phyto-
thérapie : l’exemple
d’un cas d’hépatite noti-
fié au Centre Régional
de Pharmacovigilance
de Caen.
Evaluation des risques
liés à l’utilisation de
produits de santé à des
fins d’amaigrissement.
Octobre 2012
n° 19
Bulletin de Pharmacovigilance
de Basse Normandie
Centre Régional de Pharmacovigilance de Caen
Centre Régional de Pharmacovigilance de CaenCentre Régional de Pharmacovigilance de Caen
Centre Régional de Pharmacovigilance de Caen
Responsable : Professeur Antoine Coquerel
Service de Pharmacologie, Niveau 3
CHU — Avenue de la Côte de Nacre
14033 CAEN cedex
Téléphone : 02 31 06 46 72
Télécopie : 02 31 06 46 73
Courriel : pharmacovigilance@chu-caen.fr
Médecin
MédecinMédecin
Médecin
: Brigitte Mosquet
: Brigitte Mosquet: Brigitte Mosquet
: Brigitte Mosquet
Pharmaciens
PharmaciensPharmaciens
Pharmaciens
: Jacqueline Lacotte, Virginie Philippe, Sophie Fedrizzi,
: Jacqueline Lacotte, Virginie Philippe, Sophie Fedrizzi,: Jacqueline Lacotte, Virginie Philippe, Sophie Fedrizzi,
: Jacqueline Lacotte, Virginie Philippe, Sophie Fedrizzi,
Marie
MarieMarie
Marie-
--
-Lys Le Bellec, Reynald Le Boisselier
Lys Le Bellec, Reynald Le BoisselierLys Le Bellec, Reynald Le Boisselier
Lys Le Bellec, Reynald Le Boisselier
Pharmacovigilance des essais cliniques
Pharmacovigilance des essais cliniquesPharmacovigilance des essais cliniques
Pharmacovigilance des essais cliniques
: Laure Peyro Saint Paul
: Laure Peyro Saint Paul: Laure Peyro Saint Paul
: Laure Peyro Saint Paul
Internes : Anne
Internes : AnneInternes : Anne
Internes : Anne-
--
-Laure Grignac, Marion Toromanoff
Laure Grignac, Marion ToromanoffLaure Grignac, Marion Toromanoff
Laure Grignac, Marion Toromanoff
Secrétariat : Yann David
Secrétariat : Yann DavidSecrétariat : Yann David
Secrétariat : Yann David
Le centre a pour mission de répondre à vos questions sur les médicaments : bon usage,
effets indésirables, risques en rapport avec des modifications de posologie ou
d’indications, interactions, avec l’usage pendant la grossesse, l’allaitement ou en
présence d’autres terrains particuliers.
Les notifications d’effets indésirables médicamenteux y sont reçues et analysées. La loi
rend obligatoire la notification des effets indésirables graves ou nouveaux au Centre
Régional de Pharmacovigilance (CRPV).
Page 2
n°19
Evaluation des risques liés à l’utilisation de produits de santé à des fins
d’amaigrissement
Une étude individuelle nationale des
consommations alimentaires réalisée par
l’Agence Française de Sécurité Alimentaire
en 2006-2007 (INCA 2)
1
montrait que près
de 50% des femmes de corpulence nor-
male interrogées avaient suivi un « régime
amaigrissant » pendant l’enquête ou l’an-
née la précédant. Par ailleurs, d’après l’en-
quête INSERM-Roche ObEpi, le surpoids et
l’obésité touchaient en 2009 respective-
ment 32% et 15% des personnes de plus
de 18 ans en France. La quête croissante
d’amaigrissement repose souvent sur des
régimes amaigrissants, la prise de médica-
ments ou de compléments alimentaires
sans justification ni suivi médical
2
.
C’est dans ce cadre que l’Agence Nationale
de Sécurité du Médicament et des produits
de santé (ANSM) vient de publier un rapport
détaillé sur l’évaluation des risques liés à
l’utilisation de produits de sanà des fins
d’amaigrissement et de transmettre quel-
ques messages essentiels à destination du
public et des professionnels de santé
3
.
Le rapport bénéfice/risque des
Le rapport bénéfice/risque des Le rapport bénéfice/risque des
Le rapport bénéfice/risque des
rares médicaments encore auto-
rares médicaments encore auto-rares médicaments encore auto-
rares médicaments encore auto-
risés dans le traitement de l’obé-
risés dans le traitement de l’obé-risés dans le traitement de l’obé-
risés dans le traitement de l’obé-
sité ou du surpoids est modeste
sité ou du surpoids est modestesité ou du surpoids est modeste
sité ou du surpoids est modeste
Depuis une quinzaine d’années, de nom-
breux médicaments qui avaient obtenu une
Autorisation de Mise sur le Marché (AMM)
dans ces indications ont été retirés du mar-
ché en raison d’effets indésirables graves
sur le système nerveux central ou le sys-
tème cardiovasculaire déterminant une
balance bénéfice/risque favorable
(anorexigènes amphétaminiques, rimona-
bant ACOMPLIA®, sibutramine SIBU-
TRAL®).
Seul l’orlistat
orlistatorlistat
orlistat, qui limite l’absorption diges-
tive des graisses, conserve cette indication
conserve cette indication conserve cette indication
conserve cette indication
chez l’adulte
chez l’adultechez l’adulte
chez l’adulte. Il s’agit de XENICAL® 120 mg,
soumis à prescription médicale pour l’obési-
et le surpoids, et de ALLI® 60 mg, en
vente libre pour une durée maximale de
traitement de 6 mois du surpoids (IMC ≥28
kg/m²). Cette dernière spécialité fait l’objet
d’un mésusage important (36% d’après une
enquête de 2010) malgré la mise en place
de mesures de minimisation du risque. Les
effets indésirables rapportés à la pharma-
covigilance sont majoritairement d’ordre
digestif (selles graisseuses, flatulence). Les
effets graves ont été des pancréatites ai-
guës d’évolution favorable, et des interac-
tions avec l’absorption de certains médica-
ments à l’origine notamment de crises épi-
leptiques et de grossesses non désirées.
Par ailleurs, plusieurs cas d’atteintes hépa-
tiques graves, dont certains ont conduit à
une transplantation hépatique voire au
décès du patient, ont été rapportés. En
l’absence de preuve solide d’un lien de
causalité entre l’administration d’orlistat et
ces atteintes hépatiques, l’Agence Euro-
péenne du Médicament a considéré que le
rapport bénéfice/risque restait favorable,
sous réserve d’informer les patients des
symptômes évocateurs d’une toxicité hépa-
tique qui imposent arrêt immédiat du traite-
ment et avis médical. D’une manière géné-
rale, la survenue d’une hépatotoxicité peut
être favorisée dans un contexte de régime
alimentaire strict et de dénutrition, à l’ori-
gine d’une diminution de molécules de dé-
toxification (glutathion). En cas de suspi-
cion, la notification à la pharmacovigilance
de tels effets graves reste indispensable.
D’autres médicaments sont traditionnelle-
D’autres médicaments sont traditionnelle-D’autres médicaments sont traditionnelle-
D’autres médicaments sont traditionnelle-
ment utilisés en complément de régimes
ment utilisés en complément de régimes ment utilisés en complément de régimes
ment utilisés en complément de régimes
amaigrissants
amaigrissantsamaigrissants
amaigrissants.
..
. L’AMM de ces médicaments
repose sur leur utilisation traditionnelle
dans cette indication ; leur efficacité n’a
pas fait l’objet d’études réalisées selon les
standards actuels. Ils sont utilisés soit pour
leurs propriétés modératrices de l’appétit,
(par exemple, les mucilages confèrent une
sensation de satiété en gonflant dans l’es-
tomac), soit pour leurs propriétés diuréti-
ques, ou bien encore pour des propriétés
sur les réserves adipeuses. Il s’agit de :
- Mucilages : alginate de sodium, Agar-Agar,
gélose (BIOFAGAN®, PSEUDOPHAGE®).
- Médicaments homéopathiques : COM-
PLEXES HOMEOPATHIQUES LEHNING®,
comprimés FUCUS complexe 111, DIA-
BENE®, DIACURE®, SLIMUM®.
- Eléments minéraux : zinc-nickel-cobalt
(OLIGOSOL®, OLIGOGRANUL®, OLIGOS-
TIM®) utilisés comme modificateurs du
terrain, en particulier en cas de régime
amaigrissant.
- Médicaments de phytothérapie : fucus, thé
vert, guarana, maté, orthosiphon, frêne,
prêle.
Leur sécurité d’emploi est généralement
favorable, sous réserve pour les plantes, du
contrôle, du respect de la qualité décrite
dans le dossier d’enregistrement et d’un
suivi de pharmacovigilance.
Produits de phytothérapie à vi-
Produits de phytothérapie à vi-Produits de phytothérapie à vi-
Produits de phytothérapie à vi-
sée amaigrissante
sée amaigrissantesée amaigrissante
sée amaigrissante
: des risques
: des risques : des risques
: des risques
pour la santé
pour la santépour la santé
pour la santé
?
? ?
?
Les produits à base de plantes, souvent
perçus comme une approche naturelle, ne
sont pas tous dépourvus de risques. Des
médicaments de phytothérapie ont été reti-
rés du marché à la suite de notifications
d’effets graves à la pharmacovigilance.
Certaines plantes destinées à l’amaigrisse-
ment ne peuvent être délivrées qu’en phar-
en phar-en phar-
en phar-
macie
maciemacie
macie (monopole pharmaceutique) :
- sous la forme de spécialités pharmaceuti-
ques contenant une ou plusieurs plantes
qui ont obtenu une AMM dans les condi-
tions d’utilisation définies, répondent à des
exigences de qualité et d’information, et
font l’objet de contrôles de qualité réguliers.
Néanmoins, le suivi de pharmacovigilance
peut détecter des effets graves inattendus,
comme ce fut le cas pour la spécialité EXO-
LISE® (extraits hydro-alcooliques forts de
thé vert), suspendue du marché en 2003
en raison de cas d’atteintes hépatiques
rares mais graves
4
.
- ou dans des préparations magistrales
(PM). Des décisions de police sanitaire in-
terdisent toutefois l’intégration de certaines
plantes dans ces PM.
D’autres produits de phytothérapie à visée
amaigrissante sont enregistrés comme
compléments alimentaires
compléments alimentaires compléments alimentaires
compléments alimentaires mais répondent
en réalité à la définition du médicament du
fait de l’activité pharmacologique de leurs
composants. L’Agence Nationale de Sécuri-
té Sanitaire des aliments (ANSES) assure
depuis 2010 la nutrivigilance de ces com-
pléments alimentaires. Une collaboration
systématique et active s’est établie entre la
pharmacovigilance et la nutrivigilance pour
l’analyse d’imputabilité des cas d’effets
indésirables notifiés, lorsqu’un ou plusieurs
compléments alimentaires sont associés à
un ou plusieurs médicaments suspects.
Enfin, d’autres plantes utilisées à visée
amaigrissante, qui ne possèdent ni l’un ni
l’autre de ces statuts, sont conditionnées et
vendues avec des contrôles moins systéma-
tisés, par exemple en herboristerie
herboristerieherboristerie
herboristerie.
Les produits à base de plantes « hors médi-
caments » ont montré, à l’occasion de
contrôles, que :
- leur composition peut varier tant sur le
plan de la nature que sur celui de la
concentration en constituants actifs ;
- la qualité des produits n’est pas assurée :
présence inattendue de métaux lourds,
d’espèces végétales mal identifiées, substi-
tution d’ingrédients ou de substances acti-
ves chimiques ;
- leur emballage et étiquetage, s’il existe, ne
répond pas à un cadre réglementaire. Cer-
tains composants peuvent ne pas être lis-
tés, et généralement, l’information destinée
à l’utilisateur ne mentionne ni les risques
d’effets indésirables, ni ceux d’interaction
médicamenteuse ou alimentaire.
Outre l’EXOLISE® citée plus haut, certaines
plantes contenues dans des produits reven-
diquant un effet amaigrissant et à l’origine
d’effets indésirables graves, ont fait l’objet
de décisions de police sanitaire
décisions de police sanitairedécisions de police sanitaire
décisions de police sanitaire interdisant
leur prescription, y compris dans des PM ou
des préparations homéopathiques
5,6
:
n°19
Page 3
- En 2001, les plantes de la famille des
Aristolochiacées ou autres contenant des
acides aristolochiques ou des aristolacta-
mes, et les plantes chinoises Mutong ou
Fangji qui peuvent être substituées par des
espèces contenant des acides aristolochi-
ques du fait de leur dénomination voisine.
Elles présentent des risques cancérogènes,
néphrotoxiques, et une action génotoxique
in vitro et in vivo.
- En 2003, l’Ephedra ou Ma huang qui a
présenté des effets indésirables graves
majoritairement cardiovasculaires et neu-
ropsychiatriques liés à la présence d’éphé-
drine.
- En mai 2012 :
le Citrus aurantium dont le fruit immature
contient de la synéphrine, agoniste alpha-
adrénergique apparen à l’éphédrine, et
de l’octopamine aux activités adrénergique
et dopaminergique. Ses risques sont liés
aux effets vasoconstricteurs artériels, bron-
chodilatateurs, inotropes positifs et à une
psychostimulation de type amphétamini-
que. Des infarctus du myocarde et AVC
ischémiques liés à la prise de compléments
alimentaires ont été rapportés dans la litté-
rature avec la synéphrine. Il pourrait égale-
ment être à l’origine d’interactions par inhi-
bition du CYP3A4
7
.
le Garcinia cambogia, dont la substance
active est l’acide hydroxycitrique aux pro-
priétés hypoglycémiantes et hypolipémian-
tes, et qui est suspecté dans des effets
graves à type d’hépatites, d’atteintes mus-
culaires et de convulsions. Cette plante a
été retrouvée dans la gamme de complé-
ments alimentaires HYDROXYCUT®, non
commercialisée en France, dont l’arrêt de
commercialisation a été recommandé aux
Etats-Unis et au Canada.
Enfin, la plante Hoodia gordonii, coupe-
faim retiré en mai 2009 des marchés nord-
américain et canadien.
Le
LeLe
Le public et les professionnels
public et les professionnels public et les professionnels
public et les professionnels
de
dede
de santé ont été mis en garde
santé ont été mis en garde santé ont été mis en garde
santé ont été mis en garde
par
parpar
par les Autorités Sanitaires
les Autorités Sanitaires les Autorités Sanitaires
les Autorités Sanitaires
Nationales
NationalesNationales
Nationales contre
contre contre
contre
:
: :
:
-
--
- Les produits revendiquant un effet amai-
Les produits revendiquant un effet amai- Les produits revendiquant un effet amai-
Les produits revendiquant un effet amai-
grissant et vendus en dehors du circuit
grissant et vendus en dehors du circuit grissant et vendus en dehors du circuit
grissant et vendus en dehors du circuit
officinal
officinalofficinal
officinal, en particulier en herboristerie et
sur Internet, malgré l’interdiction de ce pro-
cédé en France. En effet, ces produits ne
sont pas contrôlés par les autorités sanitai-
res (possibilité de contrefaçon, composition
et qualité non garanties, altération ou pé-
remption liées au stockage ou au trans-
port). Certains produits sont présentés
comme compléments alimentaires mais
répondent en fait à la définition du médica-
ment puisqu’ils contiennent une ou plu-
sieurs substances actives. Des substances
interdites et non mentionnées sur l’étique-
tage ont été retrouvées dans plusieurs cas
de pharmacovigilance (par exemple : sibu-
tramine, Ephedra). Parfois, des médica-
ments retirés en France du fait de leurs
effets indésirables sur le système nerveux
central, sont encore proposés sur certains
sites.
-
--
- L’usage détourné de certains médica-
L’usage détourné de certains médica- L’usage détourné de certains médica-
L’usage détourné de certains médica-
ments
mentsments
ments
:
: :
:
vendus en pharmacie sans ordonnance
(laxatifs, diurétiques),
ou prescrits hors AMM alors qu’ils n’ont
pas d’indication dans le surpoids. En parti-
culier, l’Agence Française de Sécurité Sani-
taire a été informée pour le topiramate
(EPITOMAX®), médicament indiqué dans
l’épilepsie et en traitement de fond de la
migraine, d’un usage détourné à visée
amaigrissante. En août 2011, un courrier
adressé aux prescripteurs a rappelé les
risques potentiels associés à ce mésusage :
troubles rénaux, oculaires ou métaboliques,
diminution de l’efficacité d’une contracep-
tion orale, malformations fœtales
8
. Le topi-
ramate, outre ses effets inhibiteurs sur les
canaux ioniques et le GABA justifiant ses
indications comme antiépileptique et anti-
migraineux, se comporte aussi comme un
inhibiteur de l’anhydrase carbonique. Ce
mécanisme d’action provoque une diurèse
aqueuse (recherchée dans le détournement
dans l’obésité) et explique les effets indési-
rables au niveau des organes se trouve
l’anhydrase carbonique, notamment tubu-
les rénaux, œil, plexus choroïdes et appareil
digestif
9
.
-
--
- La prescription de préparations magistra-
La prescription de préparations magistra- La prescription de préparations magistra-
La prescription de préparations magistra-
les dans la recherche de perte de poids qui
les dans la recherche de perte de poids qui les dans la recherche de perte de poids qui
les dans la recherche de perte de poids qui
n’est pas justifiée
n’est pas justifiéen’est pas justifiée
n’est pas justifiée.
..
. Une enquête réalisée en
2006-2007 dans plus de 200 pharmacies
retrouvait la prescription, dans des prépara-
tions magistrales d’antidiabétiques, de
diurétiques, de psychotropes et d’hormones
thyroïdiennes. La loi Talon interdit depuis
1980, dans une même préparation, des
substances vénéneuses figurant sur une
liste et appartenant à des groupes théra-
peutiques différents. De nombreuses subs-
tances actives détournées de leur AMM
dans le but d’obtenir une perte de poids ont
été interdites dans les préparations à visée
amaigrissante, y compris homéopathi-
ques
5,6
:
De 1995 à 2007 : anorexigènes, phényl-
propanolamine, éphédrine, hormones thy-
roïdiennes ou dérivés, tiratricol, extraits de
thyroïde, rimonabant, sibutramine.
En mai 2012 ont été ajoutées à cette
liste 26 substances actives sans efficacité
prouvée dans ces préparations et pouvant
présenter des risques pour la santé : orlis-
tat ; exénatide, liraglutide, metformine
( a n ti d i a b é ti q ue s ) ; c l e n b u té r o l
(anabolisant) ; synéphrine ; chlordiazé-
poxide, clonazépam, clorazépate, diazé-
pam, méprobamate (anxiolytiques) ; furosé-
mide, hydrochlorothiazide, spironolactone
(diurétiques) ; bupropion, duloxétine,
fluoxétine, imipramine, paroxétine, venla-
faxine (antidépresseurs) ; topiramate
(antiépileptique) ; almitrine, méthylphéni-
date, naltrexone, pirfénidone et roflumilast.
Néanmoins, l’utilisation de certaines de ces
substances reste possible dans des PM
dans les indications autorisées pour cer-
tains patients pour lesquels les spécialités
disponibles ne sont pas adaptées
(exemples : enfants <12 ans, adultes avec
troubles de déglutition).
-
--
- La perception d’innocuité des prépara-
La perception d’innocuité des prépara- La perception d’innocuité des prépara-
La perception d’innocuité des prépara-
tions à base de plantes
tions à base de plantestions à base de plantes
tions à base de plantes, souvent considé-
rées comme une approche « naturelle »,
dépourvue de risques, ne nécessitant pas
de prise en charge médicale. Concernant
certains médicaments de phytothérapie,
des contrôles ont pourtant montré que la
composition, la qualité et l’information dis-
ponible sur l’emballage devaient être amé-
liorées. Certaines plantes ont été interdites
dans les préparations magistrales : celles
contenant des acides aristolochiques ou
aristolactames, l’Ephedra ou Ma huang, le
Citrus aurantium, le Garcinia cambogia et
le Hoodia gordonii.
Une demande d’AMM a été reje-
Une demande d’AMM a été reje-Une demande d’AMM a été reje-
Une demande d’AMM a été reje-
tée par l’Agence Européenne du
tée par l’Agence Européenne du tée par l’Agence Européenne du
tée par l’Agence Européenne du
Médicament pour un nouveau
Médicament pour un nouveau Médicament pour un nouveau
Médicament pour un nouveau
médicament de l’obésité asso-
médicament de l’obésité asso-médicament de l’obésité asso-
médicament de l’obésité asso-
ciant du topiramate et de la
ciant du topiramate et de la ciant du topiramate et de la
ciant du topiramate et de la
phentermine
phenterminephentermine
phentermine
10,11
10,1110,11
10,11
Le topiramate
topiramatetopiramate
topiramate, qui fait l’objet d’un usage
détourné en vue d’obtenir un amaigrisse-
ment, est interdit dans les préparations
magistrales depuis mai 2012.
La phentermine
phenterminephentermine
phentermine, anorexigène amphétamini-
que, est l’anorexigène le plus vendu au
monde depuis les années 2000. En France,
son incorporation dans les PM est interdite
depuis 1995, et en 2012, il n’est présent
dans aucun médicament autorisé (la spé-
cialité LINYL® à base de phentermine a
cessé d’être commercialisée à la fin des
années 1980). Les risques liés à l’utilisa-
tion de la phentermine sont ceux des autres
amphétaminiques anorexigènes : neuropsy-
chiques, cardiovasculaires, et plus rare-
ment hypertensions artérielles pulmonaires
et valvulopathies.
La FDA a rendu, en juillet 2012, un avis
favorable à la commercialisation de cette
association dans la spécialité QSYMIA® aux
Etats-Unis. L’EMA, préoccupée notamment
par les risques à long terme des effets car-
diovasculaires et psychiques, vient de reje-
ter, le 18 octobre 2012, la demande d’AMM
sur son territoire
11
.
Page 4
n°19
Bibliographie :
1- INCA 2. Etude individuelle Nationale sur
les Consommations Alimentaires 2006-2007.
http://www.anses.fr/Documents/PASER-Sy-
INCA2.pdf
2 - ObEpi Roche 2009. Enquête épidémiolo-
gique nationale sur le surpoids et l’obésité.
http://www.roche.fr/fmfiles/re7199006/cms2_
cahiers_obesite/AttachedFile_10160.pdf
3- Evaluation des risques liés à l’utilisation
de produits de santé à des fins d’amaigrisse-
ment. ANSM. Rapport d’expertise 17 juillet
2012.http://ansm.sante.fr/var/ansmsite/storag
e/original/application/b8f161a334c90198fbe
48827e71b34d6.pdf
4- Gloro R, Hourmand-Ollivier I, Mosquet B,
Mosquet L, Rousselot P, Salamé E, Piquet
MA, Dao T. Fulminant hepatitis during self-
medication with hydroalcoholic extract of
green tea. Eur J Gastroenterol Hepatol 2005;
17(10):1135-7.
5- Les préparations magistrales à visée amai-
grissante : historique des dispositions régle-
mentaires et décisions de police sanitaire.
ANSM 10 mai 2012.
6- L’ANSM interdit l’utilisation de 3 plantes
et de 26 substances actives dans les prépara-
tions à visée amaigrissante réalisées en phar-
macie. ANSM, Communiqué de presse 10 mai
2012.
7- Durrieu G. Risques de l’utilisation du
citrus aurantium (oranger amer) dans les
régimes amaigrissants. BIP. 2005;12(3):13-
17.
8- Mise en garde de l’Afssaps sur le détour-
nement de lusage du topiramate
(Epitomax®) en dehors des indications auto-
risées pour perdre du poids. Lettre aux pro-
fessionnels de santé, Afssaps 25 août 2011.
9- Montastruc JL. Détournement d’usage du
t o p i r a m a t e . R e v u e P r e s c r i r e .
2012;32(343):394.
10- Phentermine : un amphétaminique ano-
rexigène classé comme stupéfiant en France.
Revue Prescrire mai 2012;32(343):344.
11- Rejet de la demande d’autorisation de
mise sur le marché de Qsiva®
(phentermine/topiramate). Décision de l’A-
gence Européenne du médicament. Communi-
qué ANSM du 18/10/2012.
http://www.ansm.sante.fr/S-
informer/Actualite/Rejet-de-la-demande-d-
autorisation-de-mise-sur-le-marche-de-
Qsiva-phentermine-topiramate-Decision-de-
l-Agence-europeenne-desmedicaments
Lien vers le site de l’Agence Nationale de Sécurité du Médicament et des produits de santé (ANSM)
http://www.ansm.sante.fr/
Téléchargement de la fiche CERFA 10011-2
Via le site Internet de l’ANSM :
http://www.ansm.sante.fr/
Retrouvez les informations et nos derniers bulletins de phamacovigilance
Via le site Internet du CHU de Caen : http://www.chu-caen.fr/service-37.html
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