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Diego-Garcia
Située au cœur de l'Océan Indien,
l'île de Diego Garcia joue aujourd'hui
un rôle majeur
dans la stratégie des États-Unis.
(d'après "le Dessous des Cartes" – mars 2003)
Diego Garcia, une position stratégique
L'île de Diego Garcia doit son importance stratégique à son emplacement géographique :
au centre de l'Océan Indien, à 7 degré sud de l'équateur,
à moins de 2 000 km de l'Inde, à 3 500 km de l'Afrique et de l'Indonésie,
à 4500 km du Golfe Persique, et à 5000 km des côtes occidentales de l'Australie.
l'Archipel des Chagos
Diego Garcia est la plus vaste île de l'archipel des Chagos (40 km²).
Diego Garcia est reconnaissable par sa forme en fer à cheval.
la Découverte de l'île
Diego Garcia est une île déserte lorsqu'elle est découverte au début du XVIe s.
par des Portugais en route vers les Indes.
L'origine de son nom n'est pas claire.
Une île au cœur des rivalités franco-britanniques
Diego Garcia est revendiquée par la France, déjà présente dans les îles de France et Bourbon,
aujourd'hui Maurice et La Réunion.
De plus, Diego Garcia est un point d'appui sur la route des Indes au XVIIIe s.
Grâce à son isolement, l'île va d'abord servir de léproserie pour les Français de l'île de France,
avant que ne soit exploitée la noix de coco à la fin du XVIIIe siècle.
Une colonie britannique
En 1814, Diego Garcia devient britannique, l'exploitation de la coco s'intensifie,
et des huileries sont installées.
Après l'ouverture du canal de Suez, à la fin du XIXe siècle,
l'île sert de ravitaillement en charbon pour les vapeurs qui vont de Grande-Bretagne en Australie.
Un point d'appui pendant la seconde guerre mondiale
Pendant la seconde guerre mondiale, la Royal Air Force et un déploiement de fusillés marins
sont installés sur l'île afin de tenir à l'écart la marine japonaise (en rouge sur la carte),
dont les sous-marins ont déjà coulé plusieurs navires de sa Majesté.
Une île à proximité des routes commerciales
L'île de Diego Garcia est située sur des routes commerciales importantes,
reliant le Moyen-Orient producteur de pétrole, à l'Europe, à l'Amérique (via le Cap),
et à l'Asie (par les détroits indonésiens).
Ces routes maritimes sont celles empruntées par les supertankers,
car leur tonnage ne leur permet pas de passer par le Canal de Suez.
l'Intérêt des États-Unis
Lors de la fermeture du Canal de Suez, en 1956,
les États-Unis prennent conscience de l'importance stratégique
des routes maritimes de l'Océan Indien pour le transport des hydrocarbures.
la Création du BIOT
Dans les années 1960, la flotte américaine est à la recherche d'un point d'appui dans cette région.
Les Britanniques vont alors détacher de leur colonie mauricienne l'archipel des Chagos,
pour former en 1965 le British Indian Ocean Territory.
la Création du BIOT
Puis le 30 décembre 1966, les États-Unis signent un bail d'une durée de 50 ans,
renouvelable pour 20 ans,
pour établir sur cet atoll de Diego Garcia, une base d'écoutes et de communication.
En échange, les Américains offrent à très bas prix au Royaume-Uni des fusées Polaris.
la Guerre froide dans l'Océan Indien
La guerre froide va véritablement changer le rôle de Diego Garcia.
La présence navale soviétique est en nette augmentation dans la région à la fin des années 1960.
En 1971, l'accord "d'Amitié et de coopération" indo-soviétique
permet à la marine soviétique de prendre des points d'appui
dans les ports de Okha, Vishapatnam et de Port Blair, dans les îles Andaman.
la Guerre froide dans l'Océan Indien
L'URSS a également des facilités navales au Sud Yémen et en Somalie.
Cette présence se renforce dans les années 1970 avec la mise en place d'un régime pro-soviétique
au Mozambique en 1975, en Éthiopie en 1976, et en Afghanistan en 1979.
la Construction d'une base américaine à Diego Garcia
Face au contexte de guerre froide et suite à l'accord de Londres,
les États-Unis décide la construction d'une base américaine à Diego Garcia,
qui deviendra peu à peu un complexe aéronaval ultramoderne, capable d'accueillir des porte-avions.
l'Expulsion des Chagossiens
Près de 1 400 Chagossiens vont être expulsés de leur archipel
vers les Seychelles et l'île Maurice nouvellement indépendantes.
Un dédommagement financier est accordé au gouvernement mauricien pour leur installation.
Mais cet argent ne vient qu'au compte-goutte et les Chagossiens, majoritairement analphabètes,
et ne parlant que le créole, finissent dans les bidonvilles de Port-Louis.
les Fonctions de la base américaine
La base de Diego Garcia a deux fonctions dans la stratégie de défense américaine :
compenser la perte d'un allié stratégique dans la région depuis la chute du Shah d'Iran en 1979,
et garantir l'accès au pétrole du Moyen-Orient.
les Fonctions de la base américaine
Depuis Diego Garcia, les États-Unis peuvent intervenir dans tous les recoins de l'Océan Indien.
Ils sont à 3, 4 jours en bateau de l'Inde ou du détroit de Malacca,
à 5, 6 jours du détroit d'Ormuz, et de la côte Ouest de l'Australie
et à 7 jours du Cap de Bonne Espérance.
Diego Garcia, un port naturel
L'atoll de Diego Garcia s'étire sur 25 km, du Nord au Sud.
C'est un port naturel protégé puisque le lagon n'est accessible que par le Nord.
Avec une profondeur de 31 m et une largeur maximale de 10 km,
il peut accueillir des navires de surfaces et des sous-marins nucléaires.
le Complexe militaire de Diego Garcia
L'île renferme un complexe militaire comprenant :
une base à l'entrée du lagon, au Nord ;
une piste d'aviation pouvant accueillir les B-52 et les avions de surveillance AWACS ;
des dépôts de munitions conventionnelles ;
le centre de surveillance de l'espace, dit GEODSS.
Une population américano-britannique
Quant à la population de l'île, elle se compose de près de 3 500 personnes militaires et civils
travaillant pour l'Armée américaine,
et une cinquantaine d'Anglais chargés de l'administration civile, des douanes à l'aéroport,
de la sécurité de l'archipel, et de l'environnement,
car l'île est toujours sous souveraineté britannique.
l‘Ile, un atout indispensable
Depuis la fin de la guerre froide en 1989,
Diego Garcia a de plus en plus d'importance au sein du système militaire américain.
En 1991, pendant la guerre du Golfe, l'île est le pivot des raids contre l'Irak
au cours de l'opération tempête du Désert.
l‘Ile, un atout indispensable
Les avions viennent se ravitailler sur l'île lui valant le surnom de "super porte-avions".
Après le 11 septembre 2001, Diego Garcia est la tête de pont américaine dans l'Océan Indien
lors de la guerre lancée contre le régime des Talibans.
L'Afghanistan n'est qu'à six heures de vol pour les B-52 qui vont pilonner les caches d'Al Qaïda.
Diego Garcia au cœur de la stratégie américaine
En observant la localisation des crises et des conflits autour de l'Océan Indien,
on mesure le rôle plus large de l'île dans le dispositif général américain.
Avec la lutte contre le terrorisme, Diego Garcia est essentiel dans une région qui reste instable :
en Irak, en Afghanistan, au Cachemire au Sri Lanka en Somalie et dans l'Afrique des Grands lacs.
Diego Garcia au cœur de la stratégie américaine
Dans ce contexte stratégique,
les États-Unis ne sont pas prêts à renoncer à leur unique base dans l'Océan Indien.
Et en plus il n'y a plus d'habitants.
Les États-Unis ne voulaient pas de population près de leur base,
car elles auraient pu, à l'époque subir l'influence communiste.
C'est bien là, la raison de l'expulsion des habitants.
Que sont devenus les 8500 descendants des Chagossiens
qui ont été réfugiés à l'île Maurice
Ils ont porté plainte contre le Royaume-Uni,
et ils ont obtenu gain de cause en 2000.
La Haute Cour de Justice du Royaume-Uni
a jugé illégale l'expulsion des populations,
et elles ont obtenu la pleine citoyenneté britannique,
donc européenne,
le droit au retour,
et une compensation financière.
Maintenant une plainte a été déposée contre les États-Unis.
Bien logiquement, ceux-ci vont s'opposer
au retour des Chagossiens.
Du moins, tant que cette base servira leurs intérêts stratégiques.
Mais le bail expire en 2016.