Moïse : Table ronde du 23/4/2012, à « Mains Ouvertes » ; Texte de Claude LEVY Page 4/5
Le peuple accepte le livre de l’Alliance et Moïse monte sur le Mont Sinaï pour recevoir les tables de pierre, la doctrine
et les préceptes que j’ai écrits pour leur instruction (Ex. 24/12). Il y reste quarante jours et nuits, mais le peuple ne le
voyant pas revenir demande à Aaron Un Dieu qui marche à notre tête, puisque celui-ci, Moïse, l’homme qui nous a
fait sortir du pays d’Egypte, nous ne savons pas ce qu’il est devenu (Ex. 32/1).
Moïse, après moult implorations afin que Dieu révoque l’anéantissement du peuple, redescend du Sinaï et, voyant le
Veau d’or, brise les tables de pierre et élimine les membres du peuple qui s’étaient adonnés à l’idolâtrie. Il remonte
sur le Sinaï avec deux tables semblables aux précédentes. Il y reste 40 jours et 40 nuits sans manger ni boire et Dieu
écrit sur les tables les Dix commandements.
Pour André Neher dans « Moïse et la vocation juive » : « Moïse pourra confier, fidèlement transcrit sur le Livre
l’ensemble de la Loi. Car c’est bien la Loi qui est au centre de la Révélation du Sinaï. Dieu qui, depuis l’Exode, parle en
parfaite égalité à l’homme, ne lui dit pas Tu, mais TU Dois. L’impératif a surgi : il est inscrit sur les Tables de pierre du
Décalogue que Moïse, après les avoir portées de ses bras assurés, dépose dans l’Arche d’Alliance ; inscrit aussi dans
ce livre de la Torah qu’avec la conviction sereine d’avoir ainsi livré aux hommes la clé de toute vocation humaine ».
Dans Deut.4/6 :Observez-les et pratiquez-les ! Ce sera là votre sagesse et votre intelligence aux yeux des peuples, car
lorsqu’ils auront connaissance de toutes ces lois, ils diront : Elle ne peut être que sage et intelligente, cette grande
nation ! Moïse en souligne l’idéale et universelle grandeur.
Le terme même de Loi est insuffisant pour marquer la plénitude du mot hébreu Torah : ce n’est pas l’ordre, mais
l’orientation ; pas la Loi mais la Voie, la route sur laquelle est possible un cheminement en commun. C’est l’énoncé
des efforts nécessaires à une aventure commune, sur terre, entre Dieu et les hommes (Ex. 13/5-6). Le chemin tracé
par la Torah va, dans les seules limites de la vie, de l’isolement de Dieu et des hommes à leur participation au sein
d’une Cité commune.
Mais une crise dramatique survient : celle du désert.
Moïse et le désert : Il eut deux déserts :
1 : l’expérience entre le meurtre de l’Egyptien et le retour en Egypte où il était seul au départ. C’est un homme trahi
que le désert accueille : trahi par l’Egypte dont l’injustice fait bondir la conscience, trahi par ses frères dont la
veulerie, le désespoir et dont les délations le menacent. En fuyant l’Egypte, il est en rupture de civilisation et cherche
à échapper à la machine qui fait de l’homme un rouage.
Le désert l’appelle, lieu de solitude, du silence, de l’oubli, espace sacré. Le calme naît dans sa conscience. Il est dans
le renoncement, une sorte d’ascèse, dans l’indigence, dans la solitude satisfaite. Au moment où le buisson devient
ardent, tout s’éclaire : le désert a mené sa tâche jusqu’au bout : il l’a transfiguré, comblé de plénitude spirituelle, de
parole et de prière. Dans son être l’univers des hommes l’avait trahi ; le désert y a déposé le monde de l’Esprit.
2 : Au lendemain de l’Exode, Moïse sillonne le même désert durant 40 ans, mais celui-ci a changé de sens. Il n’est
plus seul, mais conduit son peuple vers la terre de Canaan. Il en est le chef et doit l’organiser selon les principes
d’une constitution pour réglementer la vie politique, sociale, religieuse et économique. Il conduit son peuple dans les
batailles contre ceux qui l’attaquent. Il est responsable, c’est-à-dire solidaire jusqu’au prix de sa vie de ceux dont il a
la charge : Je ne puis, moi seul, porter tout ce peuple : c’est un faix trop pesant pour moi. Si tu me destines un tel sort,
ah ! je te prie, fais-moi plutôt mourir, si j’ai trouvé grâce à tes yeux ! et que je n’aie plus cette misère en perspective !
(Nb 11/14-15) Il porte avec eux leurs faiblesses et leurs pêchés : Rappelle-toi, n’oublie jamais combien tu as
mécontenté l’Eternel, ton Dieu, dans le désert ! Depuis le jour où tu es sorti du pays d’Egypte, jusqu’à votre arrivée en
ce lieu-ci vous avez été rebelles envers le Seigneur ! Au Horeb même, vous avez mécontenté le Seigneur et il s’irrita
contre vous, au point de vouloir vous anéantir. (Deut. 9/7-8).
Ainsi, à plusieurs reprises il intercède auprès de Dieu pour l’empêcher d’anéantir le peuple : par exemple, la réaction
face au compte-rendu des explorateurs. Ceux qui ont désespéré, qui n’ont pas gardé à Dieu l’espoir que lui doit
toute créature, mourront dans le désert sans avoir la joie d’entrer en Canaan.