CABINET Forum Med Suisse No14 2 avril 2003 341
rite d’être poursuivie ou non est peut-être effi-
cace du point de vue rhétorique; mais les
couples atteints de maladies héréditaires ont de
la peine à comprendre que l’on refuse le diag-
nostic de l’embryon avant même l’implanta-
tion alors qu’un avortement d’une vie beaucoup
plus fermement établie, jusqu’au troisième
mois de grossesse, est autorisé!
La question de savoir quand la vie (devant être
protégée) commence (tableau 2) n’est absolu-
ment pas suffisamment approfondie dans ce
débat, elle n’est même pas abordée!
Don d’ovule
Indications au don d’ovule:
– ménopause précoce (1% environ des fem-
mes en âge de procréer)
– maladies génétiques
– maladies auto-immunes
– état après traitement oncologique.
Le don d’ovule est condamné selon la Loi fédé-
rale sur la procréation médicalement assistée,
alors que le don de spermatozoïdes est autorisé.
La raison de cette mesure discriminante pour
la femme n’est pas mentionnée.
Les ovules et les spermatozoïdes sont équiva-
lents du point de vue biologique. Il est cepen-
dant bien plus difficile de disposer d’ovules, un
seul ovule arrivant à maturité en moyenne lors
de cycles non-stimulés et devant être récolté
par une opération. Des stimulations pour ré-
colter un seul ovule sont éprouvantes tant
physiquement que psychiquement.
Des dons d’ovules seraient possibles dans le
cadre des «egg-sharings». Ils seraient dispo-
nibles quand 2–3 ovules sont récoltés dans le
cadre d’une fertilisation in vitro, et l’un d’entre
eux pourrait être mis à disposition d’une femme
ayant perdu sa fonction ovarienne, par ex.
après un traitement oncologique. Cette procé-
dure serait acceptée socialement, mais elle
demeure cependant interdite légalement.
Ce qui est permis dans la plupart des pays
européens, aux USA et outre-mer, est stricte-
ment interdit par les lois restrictives en Suisse,
en Autriche, en Allemagne et en Suède. Ceci
incite les couples concernés, à l’instar de la
situation pour le transfert de blastocytes, à re-
courir au tourisme médical à travers l’Europe
et outre-mer.
Au vu de ces différentes législations, la question
se pose de savoir quel peuple, quelle nation –
dans quelles circonstances et sous quelles
conditions culturelles – agissent le plus juste-
Tableau 3.
Quel peuple, quelle nation est moralement/éthiquement meilleure?
CH A D I F UK B USA
Don d’ovule –––+++++
Culture de blastocytes – + – +++++
Don de sperme + – (+) +++++
Avortement ++++++++
Peine de mort –––––––+
Euthanasie ––––––(+)–
Lois diverses
dépendant entièrement des lobbys ■démocratie ■
Quintessence
Seul le choix d’embryons à partir d’un grand pool d’ovules fécondés
conduit à une véritable amélioration du taux de grossesse (culture de blasto-
cytes).
Le diagnostic préimplantatoire dans le cadre de l’analyse des globules
polaires donne nettement moins de renseignements que l’analyse de
l’embryon.
L’interdiction du don d’ovules est considérée par beaucoup de femmes
concernées comme une discrimination (par ex. dans le cas de radiations,
chimiothérapie, ablation des ovaires pour une femme en âge d’avoir des
enfants).
Une modification de la Loi fédérale sur la procréation médicalement
assistée (LPMA) et une adaptation aux expériences internationales seraient
déjà appropriées, un an après l’entrée en vigueur de cette loi.
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