Fiche acteur - René Frydman - Description de controverses – Mines

Fiche acteur - René Frydman
Les fiches-acteur sont issues de nos recherches sur la base de données Europresse. Elle ne
cherchent pas à condenser toutes les informations possibles sur les acteurs, mais n'explicitent que
ce qui est pertinent au débat, et facilement accessible sur le web.
Informations générales
Né le 3 novembre 1943 à Soumoulou (Pyrénées-Atlantiques, France)
Obstétricien français, gynécologue des hôpitaux de Paris et professeur des universités depuis
1979
Il est notamment connu comme étant l'un des « pères scientifiques » du premier « bébé-
éprouvette » français (Amandine, 1982)
1986 : il accouche le premier bébé issu d'un embryon congelé
2000 : il réalise la première naissance après diagnostic préimplantatoire
2003 : il accouche le premier bébé issu de la maturation in vitro
2010 : il réalise la première naissance à partir d'ovocytes congelés (méthode lente) ; ce sont
des jumeaux
2011 : il accouche le premier « bébé-médicament » (ou « bébé du double espoir) en France
Il a passé une grande partie de sa carrière (36 ans) à l'hôpital Antoine-Béclère de Clamart,
avant de rejoindre l'hôpital Foch de Suresnes
Il était membre du CCNE (Comité Consultatif National d'Ethique) de 1986 à 1990
Il était membre de la Commission Nationale Consultative des Droits de l'Homme
Il anime depuis 2008 sur France Culture l'émission Révolutions médicales, et a lancé en
2012 sur Le Monde.fr le blog Un enfant... enfin
Présence dans le débat :
Avant 2010 :
Il se prononce souvent sur divers sujets touchant à la PMA, en particulier en ce qui concerne la
recherche embryonnaire : il souhaite développer plus fortement ces domaines en France. Il a déjà
permis de nombreux « premiers », et sa renommée est faite en 2010.
2010 :
En 2010, ses efforts dans la presse redoublent dans le contexte de l'attribution du prix Nobel de
Médecine au Britannique Robert Edwards (père de la fécondation in vitro) et l'approche de la
révision des lois de bioéthique (prévue pour début 2011). Son argument-choc : « S'il fallait
démarrer aujourd'hui la fécondation in vitro, je ne pourrais pas. Amandine ne pourrait pas naître en
2010! » La Loi est en effet trop restrictive, trop peu propre à l'innovation en France : il déplore
fortement le retard français s'accélérant en matière de PMA, et espère pouvoir changer la donne
avec la révision des lois de bioéthique.
Il multiplie ainsi les entretiens et articles (Le Figaro, Le Monde, etc.) pour parler de la situation de
la PMA en France, et en profite pour mentionner la congélation d'ovocytes, en insistant plus
particulièrement sur les bienfaits de cette nouvelle méthode de congélation ultrarapide qu'est la
vitrification.
Son grand coup de force vient toutefois début novembre 2010, lorsqu'il permet la première
naissance (des jumeaux) en France à partir d'ovocytes congelés par congélation lente. Selon lui, « la
loi autorise, dans des conditions de risque de perte de fertilité pas bien définies, à préserver des
ovocytes par congélation, mais pas avec la méthode la plus performante (la vitrification, ou
congélation ultra rapide) sous prétexte que toute innovation est assimilée à de la recherche sur
l'embryon ». A travers cette première française, il ne cherche pas à annoncer une avancée, mais
plutôt un retard français (cette technique était déjà utilisée depuis plusieurs années dans d'autres
pays) ; c'est une façon pour lui « de secouer le cocotier » et « d'éclaircir une situation législative qui
n'est pas claire », « un imbroglio juridico-politique et idéologique qui a mis notre pays en retard
dans l'innovation thérapeutique par rapport à l'ensemble des autres pays ». Il profite donc de cet
événement fortement médiatisé pour insister sur la PMA en général, mais aussi plus
particulièrement sur la nécessité de légaliser la vitrification en France.
2011 :
Il ne s'arrête pas là, et donne un deuxième grand coup en février 2011 : la naissance du premier
« bébé du double-espoir ». Ici encore, la forte couverture médiatique le met en position de force
pour discuter législation. « Nous devons batailler 3 ans pour la moindre demande ! Il faut alléger les
procédures et faire confiance aux chercheurs. […] Nous ne sommes pas des apprentis sorciers, ce
que l'on fait n'est pas sulfureux. », explique-t-il à la presse début février.
Il continue en mai, avec un entretien pour Libération : « Le décalage demeure entre les médecins et
les politiques. Les chercheurs connaissent un véritable parcours du combattant pour obtenir la
moindre autorisation. Nous en parlons comme du syndrome des mille feuilles, c'est-à-dire les mille
contrôles. Le cadre législatif change tout le temps, un pas en avant, trois pas en arrière. Un jour c'est
oui à la recherche sur l'embryon, le lendemain ce sera non. »
Il continue donc férocement le combat pour permettre une plus grande liberté en termes
d'innovation médicale, en mettant en avant la vitrification d'ovocytes comme l'une de ces
innovations qu'il faut absolument légaliser en France sous peine d'accumuler les retards.
La révision des lois de bioéthique en 2011 légalise finalement la vitrification d'ovocytes dans le
cadre médical (suite à un traitement pour une patiente victime d'un cancer par exemple). Elle
permet également à une femme de faire congeler ses ovocytes au cours d'une procédure de don
d'ovocytes ; en dehors de ce cadre, la « congélation de convenance » n'est pas autorisée.
2012 :
A l'occasion des 30 ans de la naissance d'Amandine (premier bébé-éprouvette français), René
Frydman bénéficie d'une présence médiatique renouvelée. Dans un entretien pour Le Monde début
février 2012 par exemple, il fait mention des problèmes posés par la congélation d'ovocytes et de sa
déception vis-à-vis du CCNE : « Quand on constate une dérive, on peut réagir. Le Comité national
d'éthique est fait pour cela. Evidemment, il faut qu'il soit indépendant et cesse d'être obnubilé par
les conséquences de ses décisions. Aujourd'hui, ses membres ont tellement peur qu'il ne sort plus
d'avis. J'attends toujours la réponse à la saisine que j'ai faite, il y a quatorze mois, sur les problèmes
posés par la congélation d'ovocytes. »
Il lance également en 2012 un blog pour discuter de l'infertilité et de la PMA : Un enfant... enfin,
publié sur Le Monde.fr.
2013 :
Il est de nouveau très présent dans le contexte des discussions autour du mariage pour tous en 2013
(en ce qui concerne les questions de PMA), et appelle François Hollande à faire de la PMA une
cause nationale. « J'exhorte François Hollande à lancer un grand plan PMA avec une double
ambition : améliorer notre système de PMA et réviser la législation bioéthique. », dit-il dans un
entretien pour le JDD en janvier. La congélation d'ovocytes pour convenance personnelle intervient
alors dans le débat. « Il faut l'autoriser en France : ce n'est pas du confort mais de la médecine
prédictive. », explique-t-il dans ce même entretien. « Aujourd'hui, ce droit est réservé aux femmes
qui ont un cancer et vont subir des traitements potentiellement dangereux pour leur fécondité ou à
celles qui acceptent de donner leurs ovocytes pour aider des femmes stériles. Le système est
tellement opaque que les donneuses ne savent pas si on conserve 10 % ou 90 % de leurs ovules!
Une fois autorisée, la congélation devrait être remboursée par la Sécu. Pas à tous les âges mais à
partir de 33 ans, par exemple. On minimiserait les risques pris par certaines Françaises pour
bénéficier d'un don d'ovoctes (on en manque en France). Dans certains pays comme la Russie ou
l'Ukraine, un vrai business incontrôlé se développe et on voit revenir en France des femmes avec
des grossesses triples ou quadruples. Aucun risque, en autorisant la congélation, de voir se
multiplier les maternités monstrueuses de femmes âgées : la PMA sur une femme dépassant l'âge
physiologique maximal pour être enceinte, 48 ans, est interdite. »
Il écrit même en janvier un article à ce sujet dans le monde, en faisant mention de la congélation
d'ovocytes de convenance : « Certes l'efficacité de la congélation d'ovules est loin d'être totale et
n'est pas la panacée. Mais aujourd'hui, selon la loi de 2011, une femme ne peut conserver ses
propres ovocytes que si elle a un cancer ou si elle participe à un programme de don d'ovules.
Puisque l'on parle de l'autonomie des femmes, parlons donc de l'autoconservation des ovocytes et
de la prévention de l'infertilité que celle-ci autorise. On le voit, il y a nécessité à réformer le
dispositif et à proposer un cadre cohérent, performant, pour toutes les PMA que l'on prend en
charge depuis trente ans. Alors, faut-il esquiver la demande des femmes seules ou homosexuelles en
couple ? »
2014 :
En 2014, ses interventions sont particulièrement fortes suite aux propositions d'Apple et Facebook
d'aides au financement de la congélation d'ovocytes pour leurs employées. Il intervient notamment
lors d'un entretien télévisé sur Europe1, au cours duquel il interroge différents éléments du débat,
dont par exemple le rôle des entreprises, les risques et taux de succès, le financement, et la nécessité
de sensibiliser les français.
Sources et pour en savoir plus :
Marianne Gomez. « René Frydman veut “créer des embryons pour la recherche” » . La Croix
n°37669 p.17, 8 février 2007.
Cécile Klingler. « René Frydman : “il vaut mieux évaluer la fécondation in vitro” ». La Recherche
n°420 p.54, juin 2008.
Anne Jouan. « “Amandine ne pourrait pas naître en 2010 !” ». Le Figaro n°20419 p.17, 26 mars
2010.
« La vitrification d'ovocytes devrait conduire à assouplir la loi bioéthique ». Le Monde, 20 mai
2010.
Alexandra Echkenazi. « Les premiers bébés issus d'ovules congelés sont nés en France ».
Aujourd'hui en France, 4 novembre 2010.
« Premières naissances en France à partir d'ovocytes congelés ». AFP, 4 novembre 2010.
Anne Jeanblanc. « Un retard français ». Le Point, 11 novembre 2010.
Christine Lambert. « Bioéthique. Coup de Force Médical ». Marianne n°708 p.50, 13 novembre
2010.
Frédéric Soumois. « René Frydman : “Pas de procréation sans liberté” ». Le Soir, 20 novembre
2010.
Hélène Rouquette-Valeins. « La dimension symbolique de la naissance demeure ». Sud Ouest, 26
décembre 2010.
Anne Jeanblanc. « Pr René Frydman : “Nous ne sommes pas des apprentis sorciers” ». Le Point, 8
février 2011.
Alexandra Echkenazi. « Deux premières grossesses issues d'embryons vitrifiés ». Aujourd'hui en
France, 19 mai 2011.
Eric Favereau. « “Je reste opposé à la grossesse pour autrui” ». Libération, 28 mai 2011.
Gaëlle Dupont. « René Frydman : « Le statut de l'embryon reste tabou” ». Le Monde, 18 février
2012.
Anne Jeanblanc. « Fécondation in vitro : Amandine fête ses 30 ans ! ». Le Point, 24 février 2012.
« De nouvelles avancées sont-elles possibles ? ». Le Progrès, 24 février 2012.
« Une éprouvette pour la vie ». Le Berry Républicain, 24 février 2012.
Anne-Laure Barret. « Frydman : “En France, la PMA c'est le loto” ». Le JDD, 12 janvier 2013.
René Frydman. « Un plan pour la procréation médicalement assistée ». Le Monde, 12 janvier 2013.
Fabienne Cosnay. « La congélation des ovocytes, une pratique exceptionnelle en France ». Europe1,
15 octobre 2014.
Jean-Marcel Bouguereau. « Apple et Facebook : la proposition indécente ». La République des
Pyrénées, 16 octobre 2014.
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