l'embryon ». A travers cette première française, il ne cherche pas à annoncer une avancée, mais
plutôt un retard français (cette technique était déjà utilisée depuis plusieurs années dans d'autres
pays) ; c'est une façon pour lui « de secouer le cocotier » et « d'éclaircir une situation législative qui
n'est pas claire », « un imbroglio juridico-politique et idéologique qui a mis notre pays en retard
dans l'innovation thérapeutique par rapport à l'ensemble des autres pays ». Il profite donc de cet
événement fortement médiatisé pour insister sur la PMA en général, mais aussi plus
particulièrement sur la nécessité de légaliser la vitrification en France.
2011 :
Il ne s'arrête pas là, et donne un deuxième grand coup en février 2011 : la naissance du premier
« bébé du double-espoir ». Ici encore, la forte couverture médiatique le met en position de force
pour discuter législation. « Nous devons batailler 3 ans pour la moindre demande ! Il faut alléger les
procédures et faire confiance aux chercheurs. […] Nous ne sommes pas des apprentis sorciers, ce
que l'on fait n'est pas sulfureux. », explique-t-il à la presse début février.
Il continue en mai, avec un entretien pour Libération : « Le décalage demeure entre les médecins et
les politiques. Les chercheurs connaissent un véritable parcours du combattant pour obtenir la
moindre autorisation. Nous en parlons comme du syndrome des mille feuilles, c'est-à-dire les mille
contrôles. Le cadre législatif change tout le temps, un pas en avant, trois pas en arrière. Un jour c'est
oui à la recherche sur l'embryon, le lendemain ce sera non. »
Il continue donc férocement le combat pour permettre une plus grande liberté en termes
d'innovation médicale, en mettant en avant la vitrification d'ovocytes comme l'une de ces
innovations qu'il faut absolument légaliser en France sous peine d'accumuler les retards.
La révision des lois de bioéthique en 2011 légalise finalement la vitrification d'ovocytes dans le
cadre médical (suite à un traitement pour une patiente victime d'un cancer par exemple). Elle
permet également à une femme de faire congeler ses ovocytes au cours d'une procédure de don
d'ovocytes ; en dehors de ce cadre, la « congélation de convenance » n'est pas autorisée.
2012 :
A l'occasion des 30 ans de la naissance d'Amandine (premier bébé-éprouvette français), René
Frydman bénéficie d'une présence médiatique renouvelée. Dans un entretien pour Le Monde début
février 2012 par exemple, il fait mention des problèmes posés par la congélation d'ovocytes et de sa
déception vis-à-vis du CCNE : « Quand on constate une dérive, on peut réagir. Le Comité national
d'éthique est fait pour cela. Evidemment, il faut qu'il soit indépendant et cesse d'être obnubilé par
les conséquences de ses décisions. Aujourd'hui, ses membres ont tellement peur qu'il ne sort plus
d'avis. J'attends toujours la réponse à la saisine que j'ai faite, il y a quatorze mois, sur les problèmes
posés par la congélation d'ovocytes. »
Il lance également en 2012 un blog pour discuter de l'infertilité et de la PMA : Un enfant... enfin,
publié sur Le Monde.fr.
2013 :
Il est de nouveau très présent dans le contexte des discussions autour du mariage pour tous en 2013
(en ce qui concerne les questions de PMA), et appelle François Hollande à faire de la PMA une
cause nationale. « J'exhorte François Hollande à lancer un grand plan PMA avec une double
ambition : améliorer notre système de PMA et réviser la législation bioéthique. », dit-il dans un
entretien pour le JDD en janvier. La congélation d'ovocytes pour convenance personnelle intervient
alors dans le débat. « Il faut l'autoriser en France : ce n'est pas du confort mais de la médecine
prédictive. », explique-t-il dans ce même entretien. « Aujourd'hui, ce droit est réservé aux femmes
qui ont un cancer et vont subir des traitements potentiellement dangereux pour leur fécondité ou à
celles qui acceptent de donner leurs ovocytes pour aider des femmes stériles. Le système est
tellement opaque que les donneuses ne savent pas si on conserve 10 % ou 90 % de leurs ovules!
Une fois autorisée, la congélation devrait être remboursée par la Sécu. Pas à tous les âges mais à
partir de 33 ans, par exemple. On minimiserait les risques pris par certaines Françaises pour