M. Mermillod. L`incident Bonaparte.

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PATRIOTE
et au moment où l'avènement en France de la
Eépublique définitive paraît assuré.
Pous nous, i l est évident que l'article du
Courrier est une de ces compilations faites uni¬
quement pour être envoyées à Versailles par des
gens de haut-lieu qui en ont besoin, et y être
placées sous les yeux du gouvernement ; per¬
sonne ne s'y est trompé, à Chambéry pas plus
que dans le reste de la Savoie. On a compris
de suite quel parti nos meneurs réactionnaires
prétendaient tirer des affirmations calculées de
leur journal:
« Voyez, — diront-ils au gouvernement, —
voyez combien peu vous pouvez compter sur
les républicains de la Savoie. Ces gens-là sont
les ennemis acharnés de la France. Gardezvous de leur confier une fonction quelconque !
Il faut les renvoyer des administrations et ne
pas leur abandonner un pouvoir dont ils pour¬
raient se servir contre la mère-patrie. Vos
seuls amis sont ceux qui, en 1860, sont venus
proposer à l'empereur l'annexion de la Savoie.
Ils aiment la France, ceux-là ! mais malheureu¬
sement ils ne peuvent plus rien pour elle ! Il
vous appartient de réparer les erreurs passées
et de ne plus vous fier qu'aux vrais amis de la
France, aux honnêtes gens du Courrier des
Alpes.... »
êtes les maîtres ; les Français,en vous plaignant,
respecteront jusqu'à votre aveuglement et ne
s'occuperont que de leur propre sûreté. Si vous
voulez un gouvernement libre, fondé sur l'éga¬
lité des droits de tous les citoyens sans distinc¬
tion, nous vous jurons, au nom de la nation
française, paix et alliance éternelle. »
Du reste, la Convention en agissait ainsi
avec tous les peuples conquis, et c'est à propos
de nos élections qu'elle faisait paraître ce ma¬
gnifique décret qui réglait, au point de vue
exclusif de l'indépendance des peuples, le droit
international.
« Les généraux français, disait l'article 2,
pourront adresser aux peuples dont ils occupe¬
ront le territoire les proclamations, instruc¬
tions et invitations nécessaires pour les porter
à se donner un gouvernement libre; mais ils
ne pourront ni les inviter à adopter les lois
françaises, ni leur proposer telle autre forme de
gouvernement. »
«/v^u
Ainsi, ce furent des républicains qui, en
1792, lièrent librement, volontairement, le sort
de la Savoie à celui de la France.
Et certes, l'on sait si l'œuvre de régénéra¬
tion européenne, poursuivie par la mère-patrie,
demandait alors des sacrifices, un dévouement
sans limites, un attachement à l'épreuve même
des plus grandes infortunes ! L a France com¬
mençait ses luttes gigantesques contre les coa¬
litions monarchiques': i l fallait beaucoup d'hom¬
mes et beaucoup d'argent: la Savoie républi¬
caine les donna avec joie. On sait qu'elle eut à
subir tous les changements de gouvernement,
toutes les cruelles destinées de la patrie.Le con¬
sulat arriva, puis l'empire. A ce moment le
parti républicain fut entraîné, comme tout le
reste, dans les terribles aventures de l'homme
du dix-huit brumaire.
Le tumulte des passions politiques s'éteignit
peu à peu sous le bruit des armes. Tous les es¬
prits, toutes les intelligences, toutes les opi¬
nions étaient emportées pêle-mêle dans cet in¬
fernal tourbillon qui enveloppait l'Europe. On
eût dit que la vie de la France reposait sur un
coup de canon ; les préoccupations étaient tou¬
tes aux frontières, et lorsque vint la fatale nou¬
velle de Waterloo, on s'éveilla comme d'un long
et pénible cauchemar.
Nous arrivons à 1815. Que firent les répu¬
blicains ?
SAVOISIEN
L'incident Bonaparte.
Les feuilles bonapartistes s'obstinent à pré¬
senter l'expulsion du prince Napoléon comme
étant de nature, vu la présence de la princesse
Clotilde, à provoquer un refroidissement dans
les relations du gouvernement français et du
gouvernement italien. C'est fausser à plaisir
la plus simple des situations.
D'abord, il est de notoriété publique que la
fille de Victor-Emmanuel n'a pas été comprise
dans la mesure qui a frappé son mari : elle l'a
suivi, parce que tel était son bon plaisir, mais
elle a été l'objet de tous les égards dus à son
caractère personnel et à sa qualité de femme.
Un acquittement instruetif.
Le roi d'Italie ne peut à aucun titre se plain¬
dre de la façon éminemment courtoise dont a
Nous donnions dans notre dernier numéro la nou¬
été traitée la princesse. Y songeât-il, d'ailleurs,
velle
de l'acquittement des citoyens prévenus du
ce qui n'est pas vraisemblable, que ce serait
délit
de
Société secrète, ponr avoir fait partie de VAl¬
encore là de sa part un pur sentiment de fa¬
liance
républicaine
de Saint-Etienne. La société de
mille, ne devant avoir aucune influence sur la
politique de son gouvernement, qui est un gou¬ la rue Grolée, à Lyon, était la première alliance ré¬
vernement constitutionnel, placé par consé¬ publicaine qu'on ait poursuivie; l'Alliance stéphaquent en dehors des influences et des caprices noise était la deuxième. Espérons qu'il n'y en aura
souverains.
pas de troisième! A Lyon, la prévention de société
A ce dernier point de vue même, une ré¬ secrète écartée, le tribunal correctionnel avait retenu
flexion n'est pas inutile. Si l'Italie a quelque¬ celle d'association illicite; à Saint Etienne, l'acquit¬
fois, dans ces derniers temps, paru oublier les tement a été complet, il a porté à la fois sur la pré¬
vieilles sympathies qui l'unissent à la France,
c'est parce que la politique de l'empire préten¬ vention de société secrète et sur celle d'association
dait exercer, de l'autre côté des Alpes, une illicite : si bien que la poursuite, qui n'avait éprouvé
tutelle funeste, qu'un grand peuple ne pouvait qu'un demi-échec à Lyon, en a éprouvé un tout en¬
subir sans protestation : et au cas où le cabinet tier à Saint Etienne. Et ce n'était que justice!
de Rome serait tenté, comme le prétendent
L'Alliance républicaine stéphanoise , cemrae celle
gratuitement les feuilles bonapartistes, de de Lyon, s'était manifestée publiquement de mille
s'occuper de l'incident relatif à l'expulsion du manières diverses, et notamment par des affiches,
prince Napoléon, i l ne pourrait qu'en éprouver des réunions publiques, des écrits dans les jour¬
une impression favorable, en y voyant la naux. Elle avait fait imprimer et publier son pro¬
preuve que la France a bien décidément rompu
avec les Bonaparte et avec le régime dont gramme; son but n'était autre que l'affermissement
l'Italie elle-même a eu trop longtemps à souf¬ de la République, et son principal moyen d'action
consistait dans la propagande électorale. Comme la
frir.
Par conséquent, l'expulsion du prince ne société lyonnaise, elle avait donc un caractère
saurait avoir aucun résultat international f⬠avoué; comme elle, il était impossible qu'on la dé¬
cheux, au contraire, et les feuilles bonapartistes clarât société secrèle. Ce qui la distinguait plus par¬
feront bien de chercher un thème plus vraisem¬ ticulièrement de son aînée, c'est qu'elle comptait
blable pour leurs attaques contre le gouverne¬ dans son sein les hommes qui, au moment de sa
ment.
fondation, étaient revêtus des principales fonctions
Telles sont, analysées, simplifiées, les pa¬
roles qu'une certaine personne, en ce moment à
Paris, aura prononcées en présentant la feuille
réactionnaire. Mais heureusement nous sommes
là pour lui rafraîchir la mémoire et pour réta¬
blir, en toute vérité, et les tendances du parti
de la réaction et les idées vraies, dégagées de
toutes fausses interprétations, du parti républi¬
cain.
Quel est celui, ou du parti républicain ou du
parti royaliste, qui a toujours montré le plus
d'attachement à la France ? L a réponse est fa¬
cile.
Rappellerons-nous que ce furent des républi¬
cains qui, en 1792, reçurent les troupes fran¬
A méditer par les amis du C0UBB9ËR.
çaises, en arborant le drapeau tricolore, et qui
envoyèrent de toutes les communes de la Sa¬
Il faut vraiment que les monarchistes soient doués
voie des députations au château des Marches?
d'une incroyable dose d'effronterie, pour venir nous
Rappellerons-nous que ce furent des républi¬
parler encore de leur patriotisme. Mais à quelle épo¬
que de notre histoire moderne, cette [vertu fut-elle
cains qui poussèrent alors les premiers cris de
donc par eux mise en évidence? Serait-ce par ha¬
Vive la France ? Dirons-nous qu'ils n'étaient
sard sous le règne du roi-soleil, de ses prédécesseurs
pas des royalistes ceux qui, dans la journée du
et de son chaste successeur, époque pendant la¬
27 octobre de la même année, suivant l'exemple
quelle tout patriotisme officiel consistait à se rouler
sous les pieds du maître dans la fange de toutes les
donné par la Convention, décrétèrent l'abolition
servilités ? Serait-ce dans la soumission du maréchal
des privilèges, des distinctions, des droits féo¬
de Richelieu et de son noble état-major aux infâ¬
daux ? Enfin,dirons-nous qu'ils n'étaient pas des
mes recommandations de Louis XY concernant la
guerre qu'il avait entreprise de mauvais gré contre
royalistes ceux qui, le 27 octobre encore,
Frédéric dit le Grand, et notamment la bataille de
« énoncèrent le vœu général de la Nation des
Voici un article de l'Avenir national qui peut édi¬Rosbach, perdue par ordre royal?....
Allobroges, libre et indépendante, d'être unie fier nos lecteurs sur la personnalité de M.Mermillod
Seraitencore dans l'empressement apporté en 89
à la nation française pour en faire partie inté¬
« Un correspondant italien de la Gazette de par les glorieux soutiens du trône et de l'autel à dégrante? »
Cologne lui envoie de bien curieux détails et des serler le sol sacré de la patrie, menacée au-dedans
par leurs conspirations permanentes et au dehors
Elle était certainement républicaine cette As¬ renseignements nouveaux sur l'origine de l'in- par la coalition européenne, à laquelle par surcroît
semblée des Allobroges qui, libre de choisir en¬ surection spirituelle de M.Mermillod et sur ses ces fiers patriotes sont allés offrir l'appoint de leur
relations avec la cour de l'ex-empereur.
courage, de leur épée et de leur cravache.
tre le despotisme et la liberté, demanda la pre¬
« II y a de longues années que.M. Mermillod
Est-ce par patriotisme qu'à la suite de nos désas¬
mière annexion à la France républicaine : « Nos se fit présenter à la famille Bonaparte, et lui fit tres de 4814 et de 181S, ils ont faufilé leur fétiche
hommages, — écrivait-elle à la Convention, — servilement la cour. Il avait sans peine gagné obèse parmi les fourgons de l'ennemi, et qu'en sup¬
nos hommages ne sont pas dictés par ces orga¬ l'esprit fanatique de l'impératrice, et ne visait à plément aux énormes contributions de guerre dont
la pauvre France était alors écrasée, ils ajoutaient,
nes corrompus de V ancien régime; ce sont desrien moins qu'à devenir le directeur spirituel ces
nobles paladins si pleins de désintéressement et
de cette dame. Il avait même un fort élégant de grandeur
HOMMES LIBRES qui vous les présentent... Vous
d'âme, ils ajoutaient, dis je, le fameux
nous avez laissés maîtres de nous donner des domicile où il recevait à toute heure les dévotes milliard ditdes émigrés,prélevé sur lamisère publique
de la cour et du voisinage, fort éprises de cet
lois... nous avons émis le vœu d'être réunis à abbé galant.il obtint même de prêcher un carê¬ et la famine, pour indemniser la couardise et la
trahison triomphantes sur les ruines de la patrie.
la République française, non par une simple al¬ me à Sainte-Clotilde et se lia intimement avec
Est-ce par patriotisme que, pendant la guerre si
liance, mais par une union indissoluble. »
celui qu'on a appelé le prêtre-cavalier, M . désastreuse que nous venons de subir, ils ont mis,
aux efforts surhumains de la défense nationale, tou¬
Ce ne furent donc pas, — pour nous servir Bauer.
les entraves matérielles et morales qu'ils ont pu
« Ce qui est plus grave, c'est que M. Mermil¬ tes
de l'expression de l'Assemblée des Allobroges,
découvrir dans l'arsenal d'Escobar et qu'aujourd'hui
— les organes corrompus de l'ancien régime, lod s'était abouché avec l'archevêque Bonne- encore, ils luttent, avec tant d'acharnement et avec
chose et l'évêque Dupanloup, dont i l recevait les mêmes armes, pour le rétablissement d'un régime
mais bien les républicains, les hommes libres le mot d'ordre, pour cette croisade contre l'es¬ maudit
par l'histoire, mais qui les ferait rentrer dans
qui décidèrent l'annexion de la Savoie à la pa¬ prit moderne, où ces prélats cherchent vaine¬ la plénitude de leurs privilèges et des odieux abus
dont ils vivaient jadis, au risque, non-seulement
trie française. En même temps, cette même as¬ ment à s'illustrer.
le relèvement de la France, si noblement
semblée, s'adressant au peuple, disait : « Dé¬
« Mermillod fit même sonder l'ex-empereur d'entraver
et si patriotiquement conduit par j'illustre président
fiez-vous de ces nouveaux prosélytes de la et ses conseillers pour savoir s'il trouverait qu'elle s'est choisi, mais de la rejeter pour jamais
liberté, d'autant plus dangereux qu'ils vous l'appui nécessaire dans le combat qu'il s'apprê¬ dans l'abîme ouvert par la bonapartaille et que les
tait à livrer au gouvernement suisse. MM. Bon- monarchiens associés s'évertuent aujourd'hui à ren¬
feront de grandes protestations de civisme
nechose et Dupanloup peuvent donner de pi¬ dre plus profond encore.
Malheur au sujet rampant de l'ancien régime quants détails sur ces intrigues auxquelles ils
Voudraient-ils nous donner comme patriotiques
qui, tenant, au préjudice de sa patrie, à ses opi¬ ont été gravement mêlés.
les démarches faites par leurs émissaires et à plunions empoisonnées, pourrait manifester des
« Si la France eût été dans une autre posi¬ sieur reprises, auprès du prince chancelier-prussien,
l'amener à considérer le gouvernement républi¬
intentions nuisibles à ses concitoyens. »
tion, ou si les complots avaient été mûrs au mo¬ pour
cain comme n'offrant aucune sécurité,aucune garan¬
On ne viendra pas nous dire que l'annexion ment de l'annexion de la Savoie, i l est fort tie pour l'acquit de notre dette ; mendiant, par ces
fut forcée, qu'elle se fit sous la pression des possible que le canton de Genève eût couru de perfides insinuations, un redoublement de rigueurs
graves dangers.
envers notre pauvre chère patrie, sinon un retour
baïonnettes françaises, que nous subîmes alors
offensif et l'immixtion du vainqueur dans nos ques¬
«
Tout
récemment
encore,
M.
Mermillod
se
la loi du vainqueur, la volonté du plus fort, la rendit en Savoie où i l prononça un discours tions constitutionnelles et gouvernementales. Et, tout
conséquence de l'axiome suivant lequel la force d'une violence incroyable contre son propre récemment encore, est-ce que leur empressement à
la fausse nouvelle qu'une clause secrète
doit primer le droit. Les documents de l'épo¬ gouvernement. Son but était d'intéresser les répandre
du traité de Francfort garantissait, jusqu'à libéra¬
que abondent pour prouver que la liberté en¬ catholiques genevois aux intrigues des Gene¬ tion complète, l'existence telle quelle de l'assemblée
tière fut laissée aux Savoisiens dans le choix vois de son Eglise. Mais i l n'y trouva pas l'ap¬ versaillaise, peut être considéré comme un acte de
pui qu'il espérait.
patriotisme ? Car si leurs feuilles inspirées ont fait
de leur nouveau gouvernement.
« En Suisse, du reste, à part les quelques éclore et propagé ce canard outrageant pour la
Au moment des élections, qui allaient déci¬ prêtres
c'est qu'il fait partie de leurs désirs intimes
obscurs qui ont signe les pétitions, M . France,
et
que
ce
n'est pas là la seule velléité anti-française
der du sort de nos contrées, les commissaires Mermillod n'a trouvé qu'indifférence.Le Vaterqui s'agite dans leur cerveau.
de la Convention Nationale de France firent land lui-même, l'organe de l'ultramontanisme
non! qu'ils ne parlent pas de patriotisme,
une longue proclamation, dans laquelle se trou¬ suisse, manifeste une franche aversion contre pasNon,
plus dans le passé que dans le présent ; cette
vent ces dignes paroles : « Si vous voulez res¬ les tendances et les menées de M. Mermillod. » haute et sainte qualité ne saurait être renvendiquée
pur eux.AuraK on conservé quelque doute à cet égard,
ter sous le joug de vos anciens préjugés, vous
M. Mermillod.
:
que leur conduite présente désillerait tous les yeux.
Aussi nous n'insisterons pas et nous terminerons en
leur déclarant que leurs efforts demeureront fatale¬
ment impuissants, lanl qu'une nouvelle invasion ne
viendra pas fondre sur le pays, et qu'ils ont manqué
une excellente occasion de succès qui leur était ce¬
pendant offerte par la providence, en ne colloquant
pas l'enfant du miracle dans les bagages de Bismark
et en n'obtenant pas dece magnanimevainqueurqu'il
nous impose, comme première condition de paix, la
royauté chambordindonne ; car, depuis bientôt un
siècle, il n'est plus que cettepatriotique manièrede
faire refleurir, pour un matin, la couronne des lys
sur le front meurtri de la France.
publiques dans le département de la Loire, M. Bertholon, le préfet républicain d'alors, à leur tête. Or,
c'est au préfet qu'il appartient d'autoriser les asso¬
ciations de plus de vingt personnes : son concours
à la création de celle-ci était donc la plus certaine et
la meilleure de toutes les autorisations. D'où l'on
voit qu'il s'agissait non seulement d'une société
avouée au grand jour.mais encore d'une société trèscertainement autorisée, ainsi que vient de le procla¬
mer le tribunal compétent.
r
Comment alors expliquer les poursuites?
Elles ont, hélas ! une de ces explications aux¬
quelles il faut si souvent recourir pour pénétrer les
motifs des actes de certains de nos administrateurs
sous ce régime saugrenu qui a nom « la République
sans les républicains ! » M. Ducros, le préfet de la
République dans la Loire, est le Jacques de Tracy
de ce département; il est connu de tous comme
monarchiste et comme clérical. Eh bien ! c'est lui,
M. Ducros, ce n'est pas l'autorité judiciaire, c'est
lui qui a pris l'initiative des poursuites 1 Invoquant
l'article 10 du code d'instruction criminelle, il a
rendu, le 8 octobre 1871, un arrêté par lequel il
ordonnait, d'une façon générale, que « des perqui¬
sitions seraient faites à Saint-Etienne à l'effet de
rechercher la situation de l'association dite :
l'Alliance républicaine. » II y aurait bien à dire, si
l'on voulait, sur ce premier acte de l'instruction,
sur cet ordre de perquisition donné sans spécifica¬
tion de personnes et qui, par la généralité de ses
termes, menaçait à la fois de visites domiciliaires
tous les habitants d'une grande cité de cent dix mille
âmes ! Mais nous ne voulons pas entrer dans les
détails. Nous nous bornerons à ajouter que l'Alliance
comptait 600 ou 700 membres ; qu'on n'en a pour¬
suivi que quarante (les citoyens les plus influents du
parti républicain à Saint-Etienne) ; que dans ce nom¬
bre de quarante prévenus — aujourd'hui quarante
acquittés -— entrent les cinq conseillers généraux
qui font le plus d'opposition à M. Ducros, la plupart
des membres du conseil municipal ;de Saint-Etienne
qu'il a fait dissoudre et les principaux membres de
l'administration départementale qui a précédé la
sienne.
:
iV
Pendant plus d'un an (du 8 octobre 4871, date de
l'arrêté sus-indiqué, au 14 octobre 4872, jour du
jugement), ces honnêtes citoyens ont été sous la
menace de peines qui pouvaient s'élever jusqu'à
quatre ans de prison, 1,000 francs d'amende et dix
ans de privation des droits civiques l (loi du 28 juillet
4848). Et pour comble, à l'audience, on a essayé
de les assimiler aux assassins du préfet de l'Espée !
Leur acquittement en masse est une première
réponse aux calomnies et aux poursuites sans fon*
dément dont ils ont été l'objet. Mais ce n'est pas
assez. Des poursuites de ce genre, qui paraissent
s'attaquer à tout un parti dans un département,
sont une immense faute politique, quand elles ne
sont pas fondées. Les de Tracy ou les Ducros qui
les provoquent sont bien loin de contribuer à l'œu¬
vre d'apaisement que dit poursuivre le gouverne¬
ment de M. Thiers. Ce n'est plus seulement sans
les Républicains, c'est contre les Républicains qu'ils
paraissent entendre la République I j
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