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INTRODUCTION
La dyslexie est un trouble spécifique de l’apprentissage du langage écrit
largement documenté dans la littérature scientifique. Nous rencontrons encore
beaucoup de divergences aujourd’hui quant aux données de prévalence du trouble
dyslexique. En effet, selon les définitions et les critères retenus, les données de
prévalence de la dyslexie varient et dépendent des études. D’une part, nous
retrouvons les études anglophones réalisées sur de larges échantillons, qui donnent
une prévalence entre 2.3% et 12% d’enfants dyslexiques ; d’autre part, nous
retrouvons les quelques études françaises, à plus petite échelle, qui indiquent une
prévalence entre 6 et 8 %. Par exemple, 6.6% des 500 enfants de 10 ans testés ont été
diagnostiqués dyslexiques dans l’étude de Sprenger-Charolles et collaborateurs
(2000). Selon Michel Habib, la dyslexie toucherait environ 8 à 10% de la population
(Habib, 1997).
En contexte dyslexique, il n’est pas rare de rencontrer des troubles associés
récurrents. Ainsi, une dysorthographie étant souvent associée à la dyslexie (Inserm,
2007), le terme de dyslexie-dysorthographie est fréquemment employé. En outre, les
enfants dyslexiques ont souvent des antécédents de troubles du langage oral
(Pennington, 2006). Une étude de 2010 met en évidence, elle, une comorbidité
fréquente entre dyslexie et trouble de l’attention de type TDA/H : Trouble du Déficit
de l’Attention avec ou sans Hyperactivité (Germano, Gagliano et Curatolo, 2010).
Cependant, il existe d’autres troubles associés comme la dysgraphie, dont le lien de
comorbidité avec la dyslexie reste assez peu étudié. Beaucoup d’autres troubles sont
également répertoriés (troubles spécifiques du langage oral, dyscalculie, etc.)
définissant la « constellation des dys », selon Michel Habib (Habib, 2014).
Bien que ce phénomène de comorbidité soit largement documenté, il n’existe
pas de modèle théorique qui permettrait de comprendre et de prédire les associations
de symptômes diagnostiqués en contexte dyslexique (Pennington, 2006). La variabilité
de la comorbidité des troubles en contexte dyslexique pourrait en partie dépendre de
l'existence de sous-types distincts de dyslexies développementales. En effet, des
études récentes suggèrent l’existence de sous-types cognitivement et
neurobiologiquement distincts : un premier sous-type caractérisé par un trouble
phonologique et un deuxième sous-type caractérisé par un trouble de l’empan visuo-
attentionnel (Ans, Carbonnel et Valdois, 1998 ; Valdois, Bosse et Tainturier, 2004 ;
Peyrin et al., 2012 ; Zoubrinetzky et al., 2014).
Dans ce mémoire, nous porterons notre attention sur les troubles du
graphisme, regroupés sous le terme de "dysgraphie", afin d’en étudier les relations
avec la dyslexie développementale, tout en contrôlant d’autres troubles associés
comme la dyspraxie, le TDA/H, etc. Nous nous intéresserons notamment à la relation
potentielle entre la dysgraphie et le(s) déficit(s) cognitif(s) sous-jacent(s) à la dyslexie,