Méthodes
Diverses méthodes reposant sur l’analyse de paramètres bio-
tiques ou abiotiques permettent le suivi de la qualité physi-
cochimique des eaux de manière plus ou moins spécifi que et
complète :
· les analyses physico-chimiques nécessitent de défi nir, en
fonction des objectifs recherches et du site d’étude (zone agri-
cole, région industrielle, etc.), les paramètres à analyser et la
fréquence des analyses. A des fi ns de compréhension de l’état
des phytocénoses présentes, la charge eutrophisante (nitrates,
orthophosphates, phosphore total, ammonium), la pollution
organique (appréciée notamment par la mesure de l’oxygène
dissous et de son pourcentage de saturation, la demande
chimique en oxygène et la demande biologique en oxygène
sur cinq jours), la température et le pH doivent être absolument
connus. D’autres mesures supplémentaires peuvent s’avérer
utiles selon le contexte : teneur en M.E.S. ou transparence de
l’eau (disque de Secchi), paramètres du degré de minéralisa-
tion de l’eau (conductivité, dureté, titre alcalimétrique et titre
alcalimétrique complet, etc.), polluants divers (pesticides, hy-
drocarbures, métaux lourds, etc.). Le prélèvement d’une eau
souterraine à des fi ns d’analyse nécessite le plus souvent l’uti-
lisation de piézomètres ;
· les indicateurs biologiques peuvent être étudiés en complé-
ment des analyses physicochimiques car ils présentent l’avan-
tage d’intégrer le facteur temps (témoins de pollution passée) :
IBGN (indice biologique global normalise) qui est base sur
l’étude du peuplement de la macrofaune benthique, IBD (in-
dice biologique diatomique), indice poissons, IO BS et IO GS
(indice oligochète biologie des sédiments et indice oligochète
des sédiments grossiers), indice mollusques, et en particulier
l’indice biologique macrophytique en rivière (indicateur fl oristi-
que normalise de la qualité trophique des eaux).
Dans le cas des cours d’eau, les analyses physico chimiques de
l’eau permettent de situer l’état de la rivière parmi cinq classes
de qualité d’eau. Les actions qui viseront à améliorer la qualité
physicochimique de l’eau devront toujours chercher à atteindre
la situation de référence qui correspond à une très bonne qualité
d’eau.
Les actions visant à améliorer la qualité physicochimique de
l’eau, si elles se veulent effi caces par la conjugaison de leurs
effets, doivent être entreprises sur la base d’un diagnostic pré-
liminaire réalisé à l’échelle du bassin versant. Ce diagnostic
doit permettre la localisation des sources de pollution de l’eau :
rejets ponctuels (issus des stations d’épuration, des réseaux
de collecte des eaux pluviales, de diverses vidanges, etc.) ou
diffus (pollutions d’origine agricole, lessivage des infrastructu-
res routières, fuites issues de sites industriels). Pour des sys-
tèmes importants, on peut s’appuyer sur le réseau national de
bassin et les règles du système d’évaluation de la qualité des
eaux superfi cielles (SEQEau) pour délimiter la zone où les rejets
doivent être inventoriés prioritairement. Les limites du bassin
d’alimentation en eau étant connues, il faut dresser l’inventaire
des rejets et les évaluer. Le recensement de terrain des rejets
ponctuels, permanents ou sporadiques, est réalisé à la fois par
temps sec et par temps de pluie pour repérer d’éventuels dé-
versements ; puis ces rejets sont analysés en terme de quantité,
de qualité et de fréquence.
Le travail de terrain doit être couplé à une enquête auprès des
administrations compétentes en police des eaux. Les rejets
diffus d’origine agricole sont calculés sur la base de l’occupa-
tion du sol du bassin versant ; la connaissance des données
climatiques (pluviométrie, évapotranspiration), des coeffi cients
de ruissellement et des quantités d’intrants épandus sur les
cultures permet de calculer les volumes ruisselés et d’estimer
les quantités de polluants arrivant dans le milieu récepteur. Les
rejets diffus de métaux lourds et d’hydrocarbures par lessivage
des routes peuvent aussi être estimés. Une fois l’ensemble des
rejets identifi és, quantifi és et cartographiés, leurs effets sur les
milieux aquatiques et semi-aquatiques doivent être évalués par
la mise en œuvre des méthodes précédemment énumérées.
Les rejets identifi és et leurs effets estimés, le gestionnaire
connait alors les sources de pollution mises en cause dans le
dysfonctionnement du cours d’eau ou de la zone humide dont il
s’occupe. Il peut alors fi xer des objectifs et défi nir les moyens à
mettre en œuvre pour les atteindre dans le cadre d’un program-
me de gestion (contrat de rivière, plan de gestion de réserve
naturelle, etc.). Les actions proposées doivent être compatibles
avec les orientations du SDAGE6 ou du SAGE s’il en existe un.
3 Directive 2000/60/CE du Parlement européen et du conseil du 23 octobre 2000 établissant un cadre pour une politique communautaire dans le
domaine de l’eau.
4 Loi n° 2004-338 du 21 avril 2004 portant transposition de la directive 2000/60/CE.
5 En application de la directive cadre, une première liste de 33 substances a été adoptée comprenant des métaux, des pesticides et des hydrocarbures
(décision n° 2455/2001/CE du 20 novembre 2001).
6 Schéma directeur d’aménagement et de gestion des eaux.
CLASSES DE QUALITÉ DE L'EAU
DES COURS D'EAU (SELON LE SEQ-EAU)
Classe de qualité Qualité Interprétation
Bleu très bonne situation de référence
vert bonne pollution possible
jaune moyenne pollution certaine
orange médiocre pollution forte
rouge mauvaise pollution très forte
510 GUIDE DES VÉGÉTATIONS DES ZONES HUMIDES DE PICARDIE
Gestion